Les onze mille verges (Guillaume Apollinaire)

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Les onze mille verges ou Les amours d’un hospodar est un roman érotique de Guillaume Apollinaire, publié en 1907, et simplement signé de ses initiales « G. A. ».

La paternité du texte a été longtemps discutée, car il n’a jamais été revendiqué explicitement. Mais son attribution à l’auteur d’Alcools ne fait plus de doute aujourd’hui.

Les aventures du faux prince roumain Mony Vibescu servent de prétexte à une succession de scènes érotiques très diverses. Malgré une prédilection pour les actes à caractère sadique (homosexuels ou hétérosexuels), Apollinaire garde au récit un ton plaisant, et les exagérations ne sont qu’un aspect de son humour.

Intrigue et extraits

À Bucarest, en 1903, le prince Vibescu et le bandit Cornabœux assistent à une séance secrète du « comité anti-dynastique de Serbie », en présence de la colonelle Natacha Kolowitch, du journaliste parisien André Bar,[1] et d’un pope qui célèbre une messe noire à laquelle sont mêlés deux enfants. → Extrait du chapitre IV

Puis Mony Vibescu se rend à Saint-Pétersbourg, chez le général Kokodryoff dont il est nommé officier d’ordonnance. Malgré des paroles énigmatiques du portier, il pénètre chez le général, où il rencontre l’institutrice Hélène Verdier, avec laquelle il fait l’amour. En repartant, il est témoin d’une scène d’inceste entre le général et son fils. → Extrait du chapitre V

Arrivé sur le front de la guerre russo-japonaise, Vibescu est invité dans leur fourgon par le général Mounine et sa femme Haïdyn, une belle Circassienne avec qui Mony commence à faire l’amour, tandis que le général s’occupe d’un petit Chinois promis au pire destin. → Extrait du chapitre VII

Condamné à mort, le prince Vibescu se confesse et communie dans sa prison, puis il dépucelle et assassine une fillette de douze ans, avant d’être exécuté par flagellation, onze mille soldats japonais lui donnant tour à tour un coup de verge.

Commentaires

Une notice de 1907, citée par Louis Perceau dans sa Bibliographie du roman érotique et reproduite par Michel Décaudin dans la préface à l’édition de 1975 chez Jean-Jacques Pauvert, a sans doute été rédigée avec l’aide d’Apollinaire :

« « Plus fort que le marquis de Sade », c’est ainsi qu’un critique célèbre a jugé Les Onze Mille Verges, le nouveau roman dont on parle à voix basse dans les salons les plus cossus de Paris et de l’étranger.
Ce volume a plu par sa nouveauté, par sa fantaisie impayable, par son audace à peine croyable.
Il laisse loin derrière lui les ouvrages les plus effrayants du divin marquis. Mais l’auteur a su mêler le charmant à l’épouvantable.
[…]
Les scènes de pédérastie, de saphisme, de nécrophilie, de scatomanie, de bestialité se mêlent de la façon la plus harmonieuse.
Sadiques ou masochistes, les personnages des Onze Mille Verges appartiennent désormais à la littérature.
[…]
C’est le roman de l’amour moderne écrit dans une forme parfaitement littéraire. L’auteur a osé tout dire, c’est vrai, mais sans aucune vulgarité.[2]
»

Cavanna, dans Hara-Kiri Hebdo, ne sera pas moins louangeur :

« Vous rigolerez, je vous le jure. Vous aurez peut-être aussi le mal de mer, aussi. Ça secoue. C’est Sade réécrit pour Hara-Kiri, c’est la parodie poussée au monstrueux, c’est les Pieds Nickelés dans la partouze, les Marx Brothers en liquette, c’est énorme, c’est démesuré, c’est endiablé, c’est sain, c’est tonique, ça vous débarbouille les coins sales de la tête à grands jets d’eau claire.[3] »

Film

En 1975, Éric Lipmann fit une adaptation cinématographique du roman, également titrée Les onze mille verges.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Allusion au journaliste André Barre, qui a réellement existé. Il s’opposait à la dynastie serbe des Obrenovitch, annonçant même l’assassinat prochain d’Alexandre Ier, qui eut lieu en effet le 11 juin 1903.
  2. Michel Décaudin, « Préface », in Guillaume Apollinaire, Les onze mille verges ou Les amours d’un hospodar, Éd. Jean-Jacques Pauvert, 1975, p. 16-18.
  3. Cité sur le rabat de couverture de l’édition de 1975, Les onze mille verges ou Les amours d’un hospodar, Éd. Jean-Jacques Pauvert.