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'''Edward Montier''' est le nom de plume d''''Édouard Alexandre Émile Montier''', avocat, écrivain et éducateur français né le 3 janvier 1870 à Bolbec et mort le 29 août 1954 au Havre. 

Montier est sans doute l'écrivain qui a le plus nettement exprimé la grande tolérance à l'égard des amitiés particulières qui fut une caractéristique discrète mais incontestable d'une minorité d'éducateurs catholiques au cours de la première partie du XXe siècle. Montier a lui-même clairement encouragé ce genre d'amitiés, en s'appuyant sur le témoignage de Jésus qui a manifesté ses tendres sentiments envers saint Jean : " ''En tolérant ces tendresses, Il les approuvait, et, les purifiant, pour ainsi dire, Il nous y conviait''<ref>Edward Montier - ''De l'amitié''. 1910, p. 37.</ref> ".

== Biographie ==

Fils de Pascal Émile Montier, maître-meunier, et de Malvina Clémence Duparc, tous deux natifs de Bolbec, Edward Montier est marqué par l'éducation qu'il reçut, à partir de 1883, au collège ecclésiastique d'Yvetot (d'où Maupassant, qui l'avait précédé une génération plus tôt, fut renvoyé en 1868 pour avoir composé des vers licencieux). Edward Montier y eut comme professeur préféré le père Eugène Julien, futur évêque d'Arras, qu'il appelle dans ses écrits " abbé Bembo " et qui fut son soutien la vie durant.

Son père décède en 1886, quelque temps après avoir assisté, impuissant, à la destruction de son moulin par un incendie. Sa mère est alors contrainte de trouver refuge auprès de membres de sa famille à Rouen.

Son baccalauréat en poche, Edward Montier rejoint sa mère à Rouen, y effectue des études de droit jusqu'à la licence et s'inscrit au barreau de la ville en 1893. En même temps, il se lance en littérature avec un recueil de poèmes, ''L'Idéale jeunesse'', préfacé par Sully Prudhomme. Plusieurs pièces de ce recueil (''Narcisse'', ''Hymne à l'enfant'', ''le Carillon des seize ans'', …) glorifient la beauté des adolescents. 

En décembre 1894 il est amené à succéder à la direction du patronage Saint-Philippe Néri fondé par l'abbé Marie Edmond Auvray<ref>Edward Montier - ''Un curé de France : l'abbé Marie Edmond Auvray, fondateur des Philippins de Rouen, curé bâtisseur de Saint-Léon du Havre''. Bloud et Gay, 1954.</ref> (Le Havre, 13 mai 1864 - Le Havre, 18 janvier 1924) dont il devint le beau-frère en 1905<ref>Acte de mariage n° 110 du 14 novembre 1905 entre Édouard Alexandre Émile Montier et Madeleine Marie Charlotte Auvray. Etat civil de Sainte-Adresse.</ref>. Ce patronage, vite appelé plus brièvement " patronage des Philippins ", fut l'un des plus important patronage de France, en son temps<ref>Loïc Vadelorge - ''Rouen sous la IIIe République. Politiques et pratiques culturelles''. Presses universitaires de Rennes, 2005.</ref>. Montier présida aux destinées des Philippins de Rouen jusqu'en 1927. Très impliqué dans l'éducation des garçons des classes défavorisées, il abandonna en 1915 son métier d'avocat, mais persévéra dans l'écriture de livres destinés à " l'éducation intégrale " de la jeunesse. Il enseigna également les belles lettres au Pensionnat Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rouen. 

Catholique très engagé à gauche et proche du mouvement ''Le Sillon'' de Marc Sangnier (dont fit partie Amédée Guiard - Montier en a fait l'éloge dans l'un de ses livres<ref>Edward Montier - "Un religieux dans le monde, Amédée Guiard", 1872-1915. in : ''Jeunes chefs de file''. Paris, Editions Spes, 1938, pp. 91-120.</ref>), Montier fut attaqué par les anciens combattants rouennais et par l'Action française à la suite du discours pacifiste qu'il avait tenu, en août 1926, à de jeunes garçons allemands venus assister au Congrès de Bierville qui avait réuni, sur la propriété de Marc Sangnier, plus de 4 000 participants de 33 nationalités. En raison des sous-entendus concernant ses mœurs et son influence jugée pernicieuse sur les adolescents, les autorités cléricales prirent la décision de l'éloigner de Rouen : Montier dut abandonner la direction des Philippins et partit enseigner à Nice.
Après sa retraite, Edward Montier se retira à Saint-Jouin-Bruneval, en bord de mer, où il possédait une propriété et où il avait accueilli de jeunes garçons rouennais pour des activités éducatives et récréatives diverses, notamment liées avec la mer. 
En 1905, il avait été reçu membre de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, et en 1925, il avait reçu de l'Académie française le prix Argut pour les Philippins.

== Œuvres ==

* ''L'Idéale Jeunesse'' (préf. Sully Prudhomme), Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1899, 191 p. 

* ''L'âge enclos dans un collège libre'', Paris, Éditions Plon-Nourrit et Cie, 1907, 289 p. 

*''Les Essaims nouveaux'', Paris, Éditions Plon-Nourrit et Cie, 1911, 339 p. 

*''Les amis célèbres de la fable et de l'histoire'', Paris, Éditions Plon-Nourrit et Cie, 1914, 300 p. 

*D''e l'amitié, Suite des propos du Véghel''. Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1910.

*''L'éducation des sentiments''. Paris, Boivin, 1921. 60 p.

*''David et Jonathas'', tragédie biblique en 4 actes, en vers, Rouen, Imprimerie G. Rolland, 1922, 80 p. 

*''Tarsicius ou le Martyr de l'Eucharistie''. Pièce en trois actes avec musique des chœurs et d'orchestre de Henri Vilette. 1924

*''L'Idéal Collège'', Paris, Desclée De Brouwer, 1937, 335 p. 

*''Des amis pour le cœur et pour l'esprit'', Paris, Éditions Spes, 1937, 254 p. 

*''La Crise de la puberté''. Paris, éditions familiales de France, 1938. 127 p.

*''Jeunes chefs de file'', Paris, Éditions Spes, 1938, 254 p. 

*''Contes des temps heureux'', Jean-Renard, 1938, 94 p. 

*''Un curé de France, l'Abbé Marie Edmond Auvray, fondateur des Philippins de Rouen, curé bâtisseur de Saint-Léon du Havre'', Paris, Librairie Bloud & Cie, 1942, 104 p. 

*''L'Éducation des enfants'', Paris, Éditions familiales de France, 1944. 

*''Les Jeunes devant L'avenir'', Paris, Éditions Spes, 1949, 189 p. 

*''La Maison d'Yvetot et sa filiale l'externat Saint-Joseph du Havre'' (préf. Émile Blanchet), Rouen, Wolf, 1951, 213 p. 

*''Monseigneur Julien, évêque d'Arras'', Paris, Beauchesne, 1971 

*''Histoire de Saint-Jouin-Bruneval'', Fécamp, Association du vieux Fécamp, 1978, 278 p.

== Bibliographie ==

Nadine-Josette Chaline - ''Des catholiques normands sous la Troisième République. Crises, combats, renouveaux''. Rouanne, Horvath, 1985. 252 p.

Jean-Claude Féray - " Edward Montier et l'imitation chrétienne de l'amour grec ". In : Edward Montier - ''Les amis célèbres de la fable et de l'histoire''. Quintes-feuilles, 2017.

== Références ==