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'''John Henry Mackay''' | '''John Henry Mackay''' est un écrivain germanophone [[anarchisme|anarchiste]] et [[militance pédérastique|militant de la cause paidérastique]]. Fils unique d’un père écossais et d’une mère allemande, il est né le [[6 février]] [[1864]] à Greenock, près de Glasgow, (Écosse), et mort le [[16 mai]] [[1933]] à Stahndorf, près de [[Berlin]] ([[Allemagne]]). | ||
== Biographie et œuvres anarchistes == | == Biographie et œuvres anarchistes == | ||
John Henry | John Henry Mackay n’a pas encore atteint l’âge de deux ans lorsque son père, qui travaille dans les assurances maritimes, décède. Sa mère, Louise Ehlers, le ramène en Allemagne, à Hambourg, d’où elle est originaire. John reçoit dès lors une éducation allemande et, à l’exception de ses nombreux voyages à l’étranger, vivra le reste de son existence dans le pays maternel. La famille est aisée, de sorte que John Henry Mackay peut embrasser la carrière d’écrivain sans avoir à gagner sa vie. Il publie des nouvelles, des poèmes, et après un séjour à [[Londres]] et en [[Suisse]], ses plus fameux poèmes anarchistes, sous le titre de ''Sturm'' (''Tempête''), en [[1888]]. En [[1891]], son essai ''Die Anarchisten'' obtient un succès international : il est traduit en huit langues. En [[1898]], il publie une biographie de Max Stirner, l’auteur du célèbre ''Der Einziger und sein Eigentum'' (''L’unique et sa propriété'', [[1845]]), qui engendrera la frange individualiste de l’anarchie. | ||
La personnalité de John Henry Mackay charme le compositeur Richard Strauss qui mettra deux de ses poèmes en musique : ''Morgen'' (''Lendemain'') et ''Heimliche Aufforderung'' (''Appel secret''). À la mort de sa mère, en [[1902]], Mackay hérite d’une fortune suffisante pour persister à remplir sa vocation d’écrivain. Il continue de publier des nouvelles, une pièce, et en [[1920]], une autobiographie qui est aussi un essai sur le thème de l’anarchisme : ''Der Freiheitssucher'' (''Le chercheur de liberté''). La crise économique et monétaire de la décennie 1920 dévalue dramatiquement le capital hérité de sa mère, de sorte que John Henry MacKay meurt dans la pauvreté, le 16 mai 1933. | |||
== Militantisme paidérastique == | == Militantisme paidérastique == | ||
Comme beaucoup | Comme beaucoup au début du {{s|XX|e}}, John Henry Mackay déplorait que les revendications du Comité Scientifique Humanitaire ([[Wissenschaftliche Humanitäre Komitee]], ou WHK), le mouvement créé par le Docteur [[Magnus Hirschfeld]] et quelques amis pour l’abolition du [[paragraphe 175 du Code pénal allemand]], reposent sur une théorie insatisfaisante sinon erronée : la théorie des « ''échelons sexuels intermédiaires'' »<ref>Ce sera le titre donné à la revue remarquablement savante éditée, à partir de [[1899]], par le Comité Scientifique Humanitaire : ''[[Jahrbuch für sexuelle Zwischenstufen (revue)|Jahrbuch für sexuelle Zwischenstufen]]'' (''Annuaire des échelons sexuels intermédiaires'').</ref>. D’une part, cette théorie rendait mal compte de l’amour des garçons, et d’autre part, le WHK accordait, en conséquence, peu de place à cette forme d’amour dans ses revendications. C’est la raison pour laquelle John Henry Mackay choisit de se lancer, sous le pseudonyme de Sagitta, dans une sorte de [[militantisme]] en faveur de la paidérastie, un militantisme qui prendra exclusivement une forme littéraire, alors que celle de son ami [[Benedict Friedländer]] aura une forme plus scientifique.<ref>Benedict Friedländer, ''[[Die Liebe Platons im Lichte der modernen Biologie (Benedict Friedländer)|Die Liebe Platons im Lichte der modernen Biologie]]. Gesammelte kleinere Schriften'', Treptow/Berlin, B. Zack, 1909.</ref> | ||
En [[1905]], il publie dans ''[[Der Eigene (revue)|Der Eigene]]'' (la revue de tendance anarchisante, favorable à la paidérastie, fondée en [[1896]] par [[Adolf Brand]] et dont le titre est inspiré de l’œuvre de Max Stirner), un premier poème plaidant cette cause. Il lance le projet, sur souscription, de six livres regroupés sous le titre des ''[[Die Bücher der namenlosen Liebe (John Henry Mackay)|Livres de l’amour sans nom]]''. En dépit du faible nombre de signataires de la souscription, les deux premiers volets – ''[[Die namenlose Liebe, ein Bekenntnis (John Henry Mackay)|Die namenlose Liebe, ein Bekenntnis]]'' (''L’amour sans nom, un témoignage'') et le poème ''[[Wer sind wir? (John Henry Mackay)|Wer sind wir?]]'' (''Qui sommes-nous ?'') – paraissent en [[1906]]. Le manque de souscripteurs retarde la sortie des autres volets prévus, dont un roman autobiographique (''[[Fenny Skaller (John Henry Mackay)|Fenny Skaller]]''). | |||
Les retentissants scandales de Berlin qui visent Eulenburg et l’entourage homosexuel et pacifiste de l’empereur d’Allemagne Guillaume II, influent sur ses intentions initiales : John Henry Mackay rédige un pamphlet, ''[[Gehoer! Nur einen Augenblick! (John Henry Mackay)|Gehoer! Nur einen Augenblick!]]'' (''Écoute ! Rien qu’un instant !''), lequel, partant de ces scandales, défend l’homosexualité et la paidérastie. Largement diffusé grâce à l’appui financier de Benedict Friedländer, ce pamphlet est saisi par la police, puis interdit en [[1909]], à l’issue d’un procès coûteux, qui démoralise Sagitta. Les six volets des ''Livres de l’amour sans nom'' paraîtront néanmoins plus tard sous le manteau, à Berlin en [[1913]], avec la mention de Paris comme lieu de publication fictif pour déjouer la [[censure]]. En [[1924]] paraîtra une seconde édition. | |||
( | En [[1926]], John Henry Mackay fait paraître un roman, ''[[Der Puppenjunge (John Henry Mackay)|Der Puppenjunge : die Geschichte einer namenlosen Liebe aus der Friedrichstrasse]]'' (''Le garçon poupée : histoire d’un amour sans nom de la Friedrichstrasse''). | ||
Enfin, en [[1932]] paraît son dernier livre, ''Abrechnung'' (''Bilan''), qui constitue une sorte de justification rétrospective de son œuvre. | |||
La plupart des livres de Mackay concernant l’amour des garçons ont été republiés, les uns par la société Mackay qui siège à Fribourg-en-Brisgau, et d’autres par les éditions MännerschwarmSkript de Hambourg. Ses principaux titres ont été traduits en anglais, la plupart par [[Hubert Kennedy]], à qui nous devons aussi l’une des biographies de John Henry Mackay. | |||
== Bibliographie== | |||
===Œuvres de Mackay=== | |||
* ''Die Bücher der namenlosen Liebe'' / von Sagitta. 2 vol. Berlin, Verlag rosa Winkel, 1979. | |||
* ''Fenny Skaller : ein Leben der namenlosen Liebe'' / Sagitta. Fribourg-en-Brisgau, Hundert Sagittas/Mackay-Gesellschaft, 1977.<br>Publié également à Hamburg par MännerschwärmSkript Verlag, 2007, avec une présentation de Friedrich Kröhnke. | |||
* ''Der Freiheitssucher'' / John Henry Mackay. Berlin-Charlottenburg, Autopublication, 1920. | |||
* ''Die gedachte Welt'' / John Henry Mackay. Edité par Edward Mornin. Frankfurt/Main, Peter Lang, 1989. | |||
* ''Der Puppenjunge : die Geschichte einer namenlosen Liebe aus der Friedrichstrasse'' / Sagitta. Fribourg-en-Brisgau, Hundert Sagittas/Mackay-Gesellschaft, 1977. | |||
===Biographies et études sur Mackay=== | |||
* | * Dobe, Friedrich. ''John Henry Mackay als Mensch''. Coblence, Plato, 1987. | ||
* Hamecher, Peter. Die Tragik des Andersseins (Über Sagittas “Bücher der namenlosen Liebe”). ''Die Aktion'' 4 (1914), p. 430-436. | |||
* Kennedy, Hubert. ''Anarchist der Liebe : John Henry Mackay als Sagitta''. Berlin, AurorA, 1988. | |||
* Kennedy, Hubert. ''Dear Tucker''. San Francisco, Peremptory Publications, 1991. [Correspondance Mackay-Tucker] | |||
* Kennedy, Hubert. « Das Geheimnis von Sagitta ». ''Capri : Zeitschrift für Schwule Geschichte'' 1 (1987), p. 4-19. | |||
* Kennedy, Hubert. « Hiding in the open : John Henry Mackay’s “A Farewell” ». ''Paidika : the Journal of Paedophilia'' 2:3 (1991), p. 48-57. | |||
== Notes et références == | |||
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[[Catégorie:Écrivain allemand]] | |||
[[Catégorie:Pédéraste allemand]] |
Dernière version du 27 août 2012 à 21:03
John Henry Mackay est un écrivain germanophone anarchiste et militant de la cause paidérastique. Fils unique d’un père écossais et d’une mère allemande, il est né le 6 février 1864 à Greenock, près de Glasgow, (Écosse), et mort le 16 mai 1933 à Stahndorf, près de Berlin (Allemagne).
Biographie et œuvres anarchistes
John Henry Mackay n’a pas encore atteint l’âge de deux ans lorsque son père, qui travaille dans les assurances maritimes, décède. Sa mère, Louise Ehlers, le ramène en Allemagne, à Hambourg, d’où elle est originaire. John reçoit dès lors une éducation allemande et, à l’exception de ses nombreux voyages à l’étranger, vivra le reste de son existence dans le pays maternel. La famille est aisée, de sorte que John Henry Mackay peut embrasser la carrière d’écrivain sans avoir à gagner sa vie. Il publie des nouvelles, des poèmes, et après un séjour à Londres et en Suisse, ses plus fameux poèmes anarchistes, sous le titre de Sturm (Tempête), en 1888. En 1891, son essai Die Anarchisten obtient un succès international : il est traduit en huit langues. En 1898, il publie une biographie de Max Stirner, l’auteur du célèbre Der Einziger und sein Eigentum (L’unique et sa propriété, 1845), qui engendrera la frange individualiste de l’anarchie.
La personnalité de John Henry Mackay charme le compositeur Richard Strauss qui mettra deux de ses poèmes en musique : Morgen (Lendemain) et Heimliche Aufforderung (Appel secret). À la mort de sa mère, en 1902, Mackay hérite d’une fortune suffisante pour persister à remplir sa vocation d’écrivain. Il continue de publier des nouvelles, une pièce, et en 1920, une autobiographie qui est aussi un essai sur le thème de l’anarchisme : Der Freiheitssucher (Le chercheur de liberté). La crise économique et monétaire de la décennie 1920 dévalue dramatiquement le capital hérité de sa mère, de sorte que John Henry MacKay meurt dans la pauvreté, le 16 mai 1933.
Militantisme paidérastique
Comme beaucoup au début du XXe siècle, John Henry Mackay déplorait que les revendications du Comité Scientifique Humanitaire (Wissenschaftliche Humanitäre Komitee, ou WHK), le mouvement créé par le Docteur Magnus Hirschfeld et quelques amis pour l’abolition du paragraphe 175 du Code pénal allemand, reposent sur une théorie insatisfaisante sinon erronée : la théorie des « échelons sexuels intermédiaires »[1]. D’une part, cette théorie rendait mal compte de l’amour des garçons, et d’autre part, le WHK accordait, en conséquence, peu de place à cette forme d’amour dans ses revendications. C’est la raison pour laquelle John Henry Mackay choisit de se lancer, sous le pseudonyme de Sagitta, dans une sorte de militantisme en faveur de la paidérastie, un militantisme qui prendra exclusivement une forme littéraire, alors que celle de son ami Benedict Friedländer aura une forme plus scientifique.[2]
En 1905, il publie dans Der Eigene (la revue de tendance anarchisante, favorable à la paidérastie, fondée en 1896 par Adolf Brand et dont le titre est inspiré de l’œuvre de Max Stirner), un premier poème plaidant cette cause. Il lance le projet, sur souscription, de six livres regroupés sous le titre des Livres de l’amour sans nom. En dépit du faible nombre de signataires de la souscription, les deux premiers volets – Die namenlose Liebe, ein Bekenntnis (L’amour sans nom, un témoignage) et le poème Wer sind wir? (Qui sommes-nous ?) – paraissent en 1906. Le manque de souscripteurs retarde la sortie des autres volets prévus, dont un roman autobiographique (Fenny Skaller).
Les retentissants scandales de Berlin qui visent Eulenburg et l’entourage homosexuel et pacifiste de l’empereur d’Allemagne Guillaume II, influent sur ses intentions initiales : John Henry Mackay rédige un pamphlet, Gehoer! Nur einen Augenblick! (Écoute ! Rien qu’un instant !), lequel, partant de ces scandales, défend l’homosexualité et la paidérastie. Largement diffusé grâce à l’appui financier de Benedict Friedländer, ce pamphlet est saisi par la police, puis interdit en 1909, à l’issue d’un procès coûteux, qui démoralise Sagitta. Les six volets des Livres de l’amour sans nom paraîtront néanmoins plus tard sous le manteau, à Berlin en 1913, avec la mention de Paris comme lieu de publication fictif pour déjouer la censure. En 1924 paraîtra une seconde édition.
En 1926, John Henry Mackay fait paraître un roman, Der Puppenjunge : die Geschichte einer namenlosen Liebe aus der Friedrichstrasse (Le garçon poupée : histoire d’un amour sans nom de la Friedrichstrasse).
Enfin, en 1932 paraît son dernier livre, Abrechnung (Bilan), qui constitue une sorte de justification rétrospective de son œuvre.
La plupart des livres de Mackay concernant l’amour des garçons ont été republiés, les uns par la société Mackay qui siège à Fribourg-en-Brisgau, et d’autres par les éditions MännerschwarmSkript de Hambourg. Ses principaux titres ont été traduits en anglais, la plupart par Hubert Kennedy, à qui nous devons aussi l’une des biographies de John Henry Mackay.
Bibliographie
Œuvres de Mackay
- Die Bücher der namenlosen Liebe / von Sagitta. 2 vol. Berlin, Verlag rosa Winkel, 1979.
- Fenny Skaller : ein Leben der namenlosen Liebe / Sagitta. Fribourg-en-Brisgau, Hundert Sagittas/Mackay-Gesellschaft, 1977.
Publié également à Hamburg par MännerschwärmSkript Verlag, 2007, avec une présentation de Friedrich Kröhnke. - Der Freiheitssucher / John Henry Mackay. Berlin-Charlottenburg, Autopublication, 1920.
- Die gedachte Welt / John Henry Mackay. Edité par Edward Mornin. Frankfurt/Main, Peter Lang, 1989.
- Der Puppenjunge : die Geschichte einer namenlosen Liebe aus der Friedrichstrasse / Sagitta. Fribourg-en-Brisgau, Hundert Sagittas/Mackay-Gesellschaft, 1977.
Biographies et études sur Mackay
- Dobe, Friedrich. John Henry Mackay als Mensch. Coblence, Plato, 1987.
- Hamecher, Peter. Die Tragik des Andersseins (Über Sagittas “Bücher der namenlosen Liebe”). Die Aktion 4 (1914), p. 430-436.
- Kennedy, Hubert. Anarchist der Liebe : John Henry Mackay als Sagitta. Berlin, AurorA, 1988.
- Kennedy, Hubert. Dear Tucker. San Francisco, Peremptory Publications, 1991. [Correspondance Mackay-Tucker]
- Kennedy, Hubert. « Das Geheimnis von Sagitta ». Capri : Zeitschrift für Schwule Geschichte 1 (1987), p. 4-19.
- Kennedy, Hubert. « Hiding in the open : John Henry Mackay’s “A Farewell” ». Paidika : the Journal of Paedophilia 2:3 (1991), p. 48-57.
Notes et références
- ↑ Ce sera le titre donné à la revue remarquablement savante éditée, à partir de 1899, par le Comité Scientifique Humanitaire : Jahrbuch für sexuelle Zwischenstufen (Annuaire des échelons sexuels intermédiaires).
- ↑ Benedict Friedländer, Die Liebe Platons im Lichte der modernen Biologie. Gesammelte kleinere Schriften, Treptow/Berlin, B. Zack, 1909.