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'''''L’Alcibiade fanciullo a scola''''', traduit en français sous le titre ''Alcibiade enfant à l’école'' ou ''Pour convaincre Alcibiade'', est un livre attribué au philosophe libertin [[Italie|italien]] [[Antonio Rocco]], et publié anonymement à Venise en [[1651]]. | |||
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{{Fiche de références|L’Alcibiade fanciullo a scola|L’Alcibiade fanciullo a scola|alignement= right}} | |||
==Origine et | ==Origine, attribution et histoire de l’œuvre== | ||
Antonio Rocco (1586 – 1653) est un prêtre libertin italien qui étudia à l’Université de Pérouse et de Padoue, puis fut professeur de philosophie. Il fut un des membres de l’''Académie des Inconnus'' (Accademia degli Incogniti). Ayant publié quelques ouvrages de philosophie, il tomba ensuite dans l’oubli. Il aurait écrit ''L’Alcibiade'' en 1630. Ce n’est qu’à partir de 1888, lorsque l’italien Achile Neri<ref>Dans ''Il vero autore dell’ Alcibiade fanciullo a scola'' publié en 1888 dans ''Giornale della litteratua italiana'', tome XII, p. 219-227, Neri s’appuie sur des lettres échangées entre membres de l’Accademia degli Incogniti, et qui font référence à Rocco comme auteur.</ref> lui attribua d’une façon définitive la paternité de ''L’Alcibiade'', qu’il sortit de l’ombre. | |||
Jusque là, le petit livre, publié anonymement en 1651 et 1652 (avec les initiales D.P.A. – peut-être ''Di Padre Antonio''), avait été attribué à différents auteurs, notamment au libertin [[Pietro Aretini]] dit l’Arétin (Divini Pietri Aretini), puis en 1850 à Ferrante Pallavicino (1615 – 1644), un des membres éminents de l’''Académie des Inconnus''. Dès sa publication, son contenu sulfureux lui avait valu une condamnation des autorités, et presque tous les exemplaires furent détruits. On pense que seuls dix d’entre eux survécurent. Le texte, colporté sous le manteau, traversa néanmoins les siècles, réservé à une élite de bibliophiles libertins qui le conservaient en secret. | |||
== | Ce n’est qu’en 1862 qu’une nouvelle édition en italien fut publiée par le français Jules Gay, à 100 exemplaires. Mais la plupart furent détruit à la suite d’un procès. Exilé à Bruxelles, Gay publia une première traduction en français, attribuée à Édouard Cléder. Là encore, le livre déchaîna les passions, fut à nouveau interdit, et la plupart des exemplaires détruits. | ||
Considéré de nos jours comme un chef-d’œuvre de la littérature libertine, il est désormais publié dans différentes éditions, en italien depuis 1988, en français depuis 1999. | |||
==Thèmes développés== | |||
Il s’agit de la relation des rapports entre Alcibiade, un jeune adolescent, et son maître Philotime, ce dernier essayant de convaincre son élève de céder à son entreprise de séduction amoureuse et sexuelle. L’histoire se présente sous forme de dialogue, dans la manière socratique, utilisant nombre de sophismes et de paradoxes philosophiques ironiques. | |||
Le choix du nom ''Alcibiade'' fait référence à l’Alcibiade historique, disciple de [[Socrate]], qui s’exprime dans ''[[Le banquet (Platon)|Le banquet]]'' de Platon et qui était célèbre pour sa beauté ainsi que pour ses nombreux soupirants. Antonio Rocco le met en scène dans un épisode antérieur, vers l’âge de quinze ans, à ''« cet âge où la nature industrieuse se fait un jeu charmant de répandre sur des formes divines des traits indécis, où l’œil amoureux cherche en vain à distinguer les sexes »''. | |||
Philotime, pour sa part, est présenté comme un pédagogue expérimenté et réputé : ''« il n’y avait pas à cette époque de jeune homme vraiment instruit qui n’eût puisé son savoir à la source pure de ce grand homme »''. Il est clair que c’est Socrate lui-même qui est le modèle du personnage – Socrate qui a couché avec Alcibiade lors d'une ''chaste nuit'', épisode qui donna lieu à de multiples interprétations. | |||
==Les sources d’inspiration d’Antonio Rocco== | |||
* [[Platon]], ''[[Le banquet (Platon)|Le banquet]]'' | |||
* [[Plutarque]], ''[[Les amours (Plutarque)|Les amours]]'' et ''[[Vie d’Alcibiade (Plutarque)|Vie d’Alcibiade]]'' | |||
* [[Lucien de Samosate]], ''[[Les amours (Lucien de Samosate)|Les amours]]'' | |||
* Achille Tatius, ''Les amours de Leucippé et Clitophon'' | |||
* [[Boccace]], ''Il corbaccio'' | |||
* Galien, ''De semine'' | |||
* Anonyme, fin du {{s|XII|e}} ou du {{s|XIII|e}}, ''[[Altercatio Ganymedis et Helenae]]'' | |||
==Texte intégral== | |||
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|+ '''Texte original en italien''' : | |||
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|[[L’Alcibiade fanciullo a scola (Texte intégral – 1)|1{{e}} partie]] | |||
|[[L’Alcibiade fanciullo a scola (Texte intégral – 2)|2{{e}} partie]] | |||
|[[L’Alcibiade fanciullo a scola (Texte intégral – 3)|3{{e}} partie]] | |||
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|+ '''Traduction française de 1866''' (attribuée à Édouard Cléder) : | |||
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|[[Alcibiade enfant à l’école (Texte intégral – 1)|1{{e}} partie]] | |||
|[[Alcibiade enfant à l’école (Texte intégral – 2)|2{{e}} partie]] | |||
|[[Alcibiade enfant à l’école (Texte intégral – 3)|3{{e}} partie]] | |||
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==Voir aussi== | |||
===Éditions=== | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Juann Wart, 1652 (in-8)|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Juann Wart, 1652 (in-12)|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Raçon, 1862|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Alcibiade enfant à l’école – Marteau, 1866|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Salerno-Omikron, 1988|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Alcibíades, muchacho, en la escuela – Ultramar-Venus, 1990|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Alcibiade enfant à l’école – Balzac, 1995|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Pour convaincre Alcibiade – Nil, 1999|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Alcibiades the schoolboy – Entimos Press, 2000|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Der Schüler Alkibiades – Männerschwarm, 2002|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Salerno-Faville, 2003|isbd}} | |||
*{{Référence:L’Alcibiade fanciullo a scola/Alcibiade enfant à l’école – H & O-Poche, 2006|isbd}} | |||
===Études sur l’œuvre=== | |||
* Giambattista Baseggio, ''Dissertation sur L’Alcibiade fanciullo a scola, traduite de l’italien de Giamb. Baseggio et accompagnée de notes et d’une post-face par un bibliophile français'' [Pierre Gustave Brunet]. – Paris : Jules Gay, 1861. | |||
===Liens externes=== | |||
* [http://it.wikisource.org/wiki/L'Alcibiade_fanciullo_a_scola Le texte intégral en italien (original de 1652) sur ''Wikisource''] | |||
* [http://fr.wikisource.org/wiki/Alcibiade_enfant_à_l'école Le texte intégral en français (traduction de 1866) sur ''Wikisource''] | |||
* {{en}} [http://www.glbtq.com/literature/rocco_a.html Antonio Rocco dans ''Encyclopedia of Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender and Queer Culture] | |||
===Articles connexes=== | |||
*[[Alcibiade]] | |||
*[[Antonio Rocco]] | |||
*[[Italie]] | |||
==Notes et références== | ==Notes et références== | ||
<references/> | <references /> | ||
[[Catégorie: | {{DEFAULTSORT:Alcibiade fanciullo a scola, L'}} | ||
[[Catégorie:Censure littéraire]] | |||
[[Catégorie:Littérature italienne]] | [[Catégorie:Littérature italienne]] | ||
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Dernière version du 10 septembre 2013 à 19:23
- Pour les articles homonymes, voir Alcibiade (homonymie).
L’Alcibiade fanciullo a scola, traduit en français sous le titre Alcibiade enfant à l’école ou Pour convaincre Alcibiade, est un livre attribué au philosophe libertin italien Antonio Rocco, et publié anonymement à Venise en 1651.
Origine, attribution et histoire de l’œuvre
Antonio Rocco (1586 – 1653) est un prêtre libertin italien qui étudia à l’Université de Pérouse et de Padoue, puis fut professeur de philosophie. Il fut un des membres de l’Académie des Inconnus (Accademia degli Incogniti). Ayant publié quelques ouvrages de philosophie, il tomba ensuite dans l’oubli. Il aurait écrit L’Alcibiade en 1630. Ce n’est qu’à partir de 1888, lorsque l’italien Achile Neri[1] lui attribua d’une façon définitive la paternité de L’Alcibiade, qu’il sortit de l’ombre.
Jusque là, le petit livre, publié anonymement en 1651 et 1652 (avec les initiales D.P.A. – peut-être Di Padre Antonio), avait été attribué à différents auteurs, notamment au libertin Pietro Aretini dit l’Arétin (Divini Pietri Aretini), puis en 1850 à Ferrante Pallavicino (1615 – 1644), un des membres éminents de l’Académie des Inconnus. Dès sa publication, son contenu sulfureux lui avait valu une condamnation des autorités, et presque tous les exemplaires furent détruits. On pense que seuls dix d’entre eux survécurent. Le texte, colporté sous le manteau, traversa néanmoins les siècles, réservé à une élite de bibliophiles libertins qui le conservaient en secret.
Ce n’est qu’en 1862 qu’une nouvelle édition en italien fut publiée par le français Jules Gay, à 100 exemplaires. Mais la plupart furent détruit à la suite d’un procès. Exilé à Bruxelles, Gay publia une première traduction en français, attribuée à Édouard Cléder. Là encore, le livre déchaîna les passions, fut à nouveau interdit, et la plupart des exemplaires détruits.
Considéré de nos jours comme un chef-d’œuvre de la littérature libertine, il est désormais publié dans différentes éditions, en italien depuis 1988, en français depuis 1999.
Thèmes développés
Il s’agit de la relation des rapports entre Alcibiade, un jeune adolescent, et son maître Philotime, ce dernier essayant de convaincre son élève de céder à son entreprise de séduction amoureuse et sexuelle. L’histoire se présente sous forme de dialogue, dans la manière socratique, utilisant nombre de sophismes et de paradoxes philosophiques ironiques.
Le choix du nom Alcibiade fait référence à l’Alcibiade historique, disciple de Socrate, qui s’exprime dans Le banquet de Platon et qui était célèbre pour sa beauté ainsi que pour ses nombreux soupirants. Antonio Rocco le met en scène dans un épisode antérieur, vers l’âge de quinze ans, à « cet âge où la nature industrieuse se fait un jeu charmant de répandre sur des formes divines des traits indécis, où l’œil amoureux cherche en vain à distinguer les sexes ».
Philotime, pour sa part, est présenté comme un pédagogue expérimenté et réputé : « il n’y avait pas à cette époque de jeune homme vraiment instruit qui n’eût puisé son savoir à la source pure de ce grand homme ». Il est clair que c’est Socrate lui-même qui est le modèle du personnage – Socrate qui a couché avec Alcibiade lors d'une chaste nuit, épisode qui donna lieu à de multiples interprétations.
Les sources d’inspiration d’Antonio Rocco
- Platon, Le banquet
- Plutarque, Les amours et Vie d’Alcibiade
- Lucien de Samosate, Les amours
- Achille Tatius, Les amours de Leucippé et Clitophon
- Boccace, Il corbaccio
- Galien, De semine
- Anonyme, fin du XIIe siècle ou du XIIIe siècle, Altercatio Ganymedis et Helenae
Texte intégral
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Voir aussi
Éditions
- L’Alcibiade fanciullo a scola / D. P. A.. – Oranges : Juann Vvart, 1652. – 102-[2] p. ; in-8. (it)Attribué successivement à l’Arétin, à Ferrante Pallavicino, puis à Antonio Rocco.
- L’Alcibiade fanciullo a scola / D. P. A.. – Oranges : Juann Vvart, 1652. – 124-[4] p. ; in-12. (it)Attribué successivement à l’Arétin, à Ferrante Pallavicino, puis à Antonio Rocco. Le texte est précédé d'un sonnet : « Di M.V. a i maestri di scola » et suivi de 4 autres du même M.V.
- L’Alcibiade fanciullo a scola / D. P. A.. – [Paris?] : [s.n.] (Paris : impr. de J. Raçon, 1862). – 2 ff. limin., 106 p. ; In-8. (it)
- Alcibiade enfant à l’école / traduit pour la première fois de l’italien de Ferrante Pallavicini. – Amsterdam : chez l’ancien Pierre Marteau, 1866. – xvi-128 p. ; in-16. (fr)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. Tirage de 550 exemplaires.
- L’Alcibiade fanciullo a scola / Antonio Rocco ; a cura di Laura Coci. – Roma : Salerno Editrice, 1988. – 100 p. : couv. ill. ; 22 cm. – (Omikron ; 27). (it)Index. – ISBN 88-8402-000-X
- Alcibíades, muchacho, en la escuela / Antonio Rocco ; traducción de R. Gual. – Barcelona : Ultramar Editores, 1990. – 144 p. : couv. ill. en coul. ; 20 × 13 cm. – (Colección Venus ; 2). (es)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. – ISBN 84-7386-597-9 (broché)
- Alcibiade enfant à l’école / Antonio Rocco ; édition établie, présentée et annotée par Louis Godbout. – Montréal : Les Éditions Balzac, 1995. (fr)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola.
- Pour convaincre Alcibiade / Antonio Rocco ; préf. de Maria Dimitrakis. – Paris : Nil éd., 1999 (Ligugé : Impr. Aubin). – 120 p. : couv. ill. en coul. ; 19 cm. – (Le cabinet de curiosités). (fr)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. – ISBN 2-84111-133-4 (broché)
- Alcibiades the schoolboy / Antonio Rocco ; translated by J. C. Rawnsley ; afterword by D. H. Mader. – Amsterdam : Entimos Press, 2000. – 120 p. (en)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. – ISBN 9080085758 (broché)
- Der Schüler Alkibiades : ein philosophisch-erotischer Dialog / Antonio Rocco ; übersetzt und mit einem Dossier herausgegeben von Wolfram Setz. – Zweisprachige Ausgabe. – Hamburg : Männerschwarm, 2002. – 256 S. : mit Abbildungen ; 19 × 13 cm. – (Bibliothek rosa Winkel ; 26). (de)(it)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. – ISBN 3-935596-26-X (relié)
- L’Alcibiade fanciullo a scola / Antonio Rocco ; a cura di Laura Coci. – 2. ed. – Roma : Salerno Editrice, 2003. – 116 p. : couv. ill. en coul. ; 19 cm. – (Faville ; 22). (it)ISBN 8884024072
- Alcibiade enfant à l’école / Antonio Rocco ; édition établie, présentée et annotée par Louis Godbout. – Béziers : H & O (La Flèche : Impr. Brodard & Taupin, 2006). – 124 p.-[1] f. de front. : 1 portr., couv. ill. ; 18 cm. – (H & O poche ; 5). (fr)Trad. de : L’Alcibiade fanciullo a scola. Bibliogr., 9 p. – ISBN 9782845471276 (broché)
Études sur l’œuvre
- Giambattista Baseggio, Dissertation sur L’Alcibiade fanciullo a scola, traduite de l’italien de Giamb. Baseggio et accompagnée de notes et d’une post-face par un bibliophile français [Pierre Gustave Brunet]. – Paris : Jules Gay, 1861.
Liens externes
- Le texte intégral en italien (original de 1652) sur Wikisource
- Le texte intégral en français (traduction de 1866) sur Wikisource
- (en) Antonio Rocco dans Encyclopedia of Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender and Queer Culture
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Dans Il vero autore dell’ Alcibiade fanciullo a scola publié en 1888 dans Giornale della litteratua italiana, tome XII, p. 219-227, Neri s’appuie sur des lettres échangées entre membres de l’Accademia degli Incogniti, et qui font référence à Rocco comme auteur.