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{{Extrait|id=1179197|Le génie mâle qui apparaît vers la douzième année, avec son trop et son défaut, le monde créé ne suffit pas pour sa faim. Il se dérive en fureur de connaître, il se dérive en goût du sacrifice, il se dérive en tendresses, en rêves de gloire, en fous dons de soi ; épuisé le réel, il veut encore et saute chez les ombres : il va à Dieu de toute l’espèce. | {{Extrait|id=1179197|Le génie mâle qui apparaît vers la douzième année, avec son trop et son défaut, le monde créé ne suffit pas pour sa faim. Il se dérive en fureur de connaître, il se dérive en goût du sacrifice, il se dérive en tendresses, en rêves de gloire, en fous dons de soi ; épuisé le réel, il veut encore et saute chez les ombres : il va à Dieu de toute l’espèce. | ||
{{Réf Livre|référence=Essais (Montherlant)/Gallimard-La Pléiade, 1963|page=31|section=''La relève du matin'', « Le jeudi de Bagatelle »}}}} | {{Réf Livre|référence=Essais (Montherlant)/Gallimard-La Pléiade, 1963|page=31|section=''La relève du matin'', « Le jeudi de Bagatelle »}}}} | ||
{{Extrait|id=5281600|C’est environ l’âge de treize ans que la plupart des êtres mâles atteignent à leur plus grande richesse d’âme. | |||
{{Réf Livre|référence=Essais (Montherlant)/Gallimard-La Pléiade, 1963|page=72|section=''La relève du matin'', « La gloire du collège »}}}} | |||
{{Extrait|id=5062735|Les enfants ne nous intéressent qu’autant que nous pouvons bêtiser avec eux. Dans leur prime saison, qui ne les aime ! « Qu’il est gentil ! » — « Oh, le mignon ! » : la mièvre sentimentalité, les ineptes zézaiements. Mais, onze ans accomplis, fini de plaire ; on les traite avec agacement et dédain. Rien d’étonnant : c’est que leur âme est née. Quand leur âme sera morte — elle meurt chez le plus grand nombre aux alentours de la dix-huitième année, — la sympathie et l’attention reviendront d’elles-mêmes. | |||
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{{Extrait|id=2674325|Oui, ces gamins de treize à dix-sept ans, cette vie désordonnée et disloquée, c’est le champ de l’action de Dieu. | |||
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{{Extrait|id=9562887|Quand, ''sans que je le veuille,'' auprès d’un enfant, tout ce qu’il y a en moi de mauvais et de factice reste au fond, se refuse aux lèvres, à tel point que mon sens moral peut s’éteindre, cet enfant à mes côtés par sa seule présence fait l’épreuve de mes actes ; quand ''volontairement,'' auprès de lui, je fais un choix, renonce à certaines expressions de moi-même dont je ne distingue pas assez clairement quels fruits elles porteraient dans une nature autre que la mienne ; quand ma langue s’adapte, s’efforce de serrer de plus près ma pensée afin d’en dégager la ligne pour un esprit simple ; quand j’aborde cet être, non pour les sottes relations du monde, ni même celles où l’on échange avec feu des idées, tandis que les âmes s’ignorent et s’indiffèrent, mais pour travailler et créer en lui selon son bien ; — ne reconnaissez-vous pas que l’attitude où cet enfant me dispose est en tout point celle que nous devrions avoir à l’égard de la société ? | |||
{{Réf Livre|référence=Essais (Montherlant)/Gallimard-La Pléiade, 1963|page=107|section=''La relève du matin'', « Devoir d’aînesse et devoir français »}}}} | |||
{{Extrait|id=6277519|Ô dur et douloureux enfantement ! La voix naissait : une extraordinaire chose qu’une voix de treize ans (qui occupe si peu de place) soit seule dans toute une grande église ! Elle naissait, elle montait, pure comme un rayon de lumière, mais fragile, et manifestement sans défense, et si nue qu’on en avait de la gêne, la crainte d’être indiscret. | |||
{{Réf Livre|référence=Essais (Montherlant)/Gallimard-La Pléiade, 1963|page=116|section=''La relève du matin'', « Trois variations sur le thème : Maîtrises »}}}} | |||
{{Extrait|id=5450890|Ce premier mouvement d’un cœur d’enfant qui est beau comme toute l’intelligence humaine. | |||
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{{Extrait|id=7674218|Ne voyant rien à la vraie richesse de l’enfance, en revanche nous lui en prêtons une qu’elle n’a pas. | |||
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{{Extrait|id=8696064|{{personnage|Malatesta}} : En quelque tribunal qui soit au monde, il suffit de voir les têtes des juges pour savoir que l’accusé est innocent. | |||
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{{Extrait|id=1255877|{{personnage|Malatesta}} : Entre tous tes visages, y compris même celui de la volupté, il n’en est aucun que j’adore comme le visage-de-ton-mensonge-à-tes-parents. | |||
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===''Le maître de Santiago'' ([[1947]])=== | ===''Le maître de Santiago'' ([[1947]])=== | ||
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===''La guerre civile ([[1965]])=== | ===''La guerre civile'' ([[1965]])=== | ||
==Poésie== | ==Poésie== | ||
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===Articles connexes=== | ===Articles connexes=== | ||
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Henry de Montherlant est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages principaux et de nombreux textes secondaires, œuvres dont sont extraites les citations ci-dessous.
Dans chaque catégorie, les œuvres sont classées par ordre chronologique de publication.
Romans
Le songe (1922)
Les bestiaires (1926)
Les célibataires (1934)
Les jeunes filles (1936-1939)
Le chaos et la nuit (1963)
La Rose de sable (1967)
Les garçons (1969-1973)
→ Voir à la page Les garçons (citations)
Un assassin est mon maître (1971)
Thrasylle (1983)
→ Voir à la page Thrasylle (citations)
Essais, œuvres autobiographiques, carnets et correspondance
La relève du matin (1920)
L’âge de treize ans chez les garçons me semble aussi à part, aussi nettement distinct des douze et des quatorze ans. Brève année éclatante ! Sénèque a un mot voluptueux, pour dire que la splendeur de l’enfance paraît surtout à sa fin, comme les pommes ne sont jamais meilleures que lorsqu’elles commencent à passer. À treize ans, l’enfance jette son feu avant de s’éteindre. Elle traverse de ses dernières intuitions les premières réflexions de l’adolescence. L’intelligence est sortie de la puérilité, sans que l’obscurcissent encore les vapeurs de la vie pathétique qui va se déchaîner dans quelques mois. Avant de s’en aller pour sept ans dans de redoutables oscillations, l’être se repose une minute en un merveilleux et émouvant équilibre. Jamais cet esprit n’aura plus de souplesse, plus de mémoire, plus de rapidité à concevoir et à saisir, jamais ses dons ne se montreront plus dépouillés. Il n’est rien qu’on ne puisse demander à un garçon de treize ans.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin (1920), p. 24 (voir la fiche de référence)
Le génie mâle qui apparaît vers la douzième année, avec son trop et son défaut, le monde créé ne suffit pas pour sa faim. Il se dérive en fureur de connaître, il se dérive en goût du sacrifice, il se dérive en tendresses, en rêves de gloire, en fous dons de soi ; épuisé le réel, il veut encore et saute chez les ombres : il va à Dieu de toute l’espèce.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « Le jeudi de Bagatelle », p. 31 (voir la fiche de référence)
C’est environ l’âge de treize ans que la plupart des êtres mâles atteignent à leur plus grande richesse d’âme.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « La gloire du collège », p. 72 (voir la fiche de référence)
Les enfants ne nous intéressent qu’autant que nous pouvons bêtiser avec eux. Dans leur prime saison, qui ne les aime ! « Qu’il est gentil ! » — « Oh, le mignon ! » : la mièvre sentimentalité, les ineptes zézaiements. Mais, onze ans accomplis, fini de plaire ; on les traite avec agacement et dédain. Rien d’étonnant : c’est que leur âme est née. Quand leur âme sera morte — elle meurt chez le plus grand nombre aux alentours de la dix-huitième année, — la sympathie et l’attention reviendront d’elles-mêmes.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « La gloire du collège », p. 72 (voir la fiche de référence)
Oui, ces gamins de treize à dix-sept ans, cette vie désordonnée et disloquée, c’est le champ de l’action de Dieu.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « La gloire du collège », p. 98 (voir la fiche de référence)
Quand, sans que je le veuille, auprès d’un enfant, tout ce qu’il y a en moi de mauvais et de factice reste au fond, se refuse aux lèvres, à tel point que mon sens moral peut s’éteindre, cet enfant à mes côtés par sa seule présence fait l’épreuve de mes actes ; quand volontairement, auprès de lui, je fais un choix, renonce à certaines expressions de moi-même dont je ne distingue pas assez clairement quels fruits elles porteraient dans une nature autre que la mienne ; quand ma langue s’adapte, s’efforce de serrer de plus près ma pensée afin d’en dégager la ligne pour un esprit simple ; quand j’aborde cet être, non pour les sottes relations du monde, ni même celles où l’on échange avec feu des idées, tandis que les âmes s’ignorent et s’indiffèrent, mais pour travailler et créer en lui selon son bien ; — ne reconnaissez-vous pas que l’attitude où cet enfant me dispose est en tout point celle que nous devrions avoir à l’égard de la société ?
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « Devoir d’aînesse et devoir français », p. 107 (voir la fiche de référence)
Ô dur et douloureux enfantement ! La voix naissait : une extraordinaire chose qu’une voix de treize ans (qui occupe si peu de place) soit seule dans toute une grande église ! Elle naissait, elle montait, pure comme un rayon de lumière, mais fragile, et manifestement sans défense, et si nue qu’on en avait de la gêne, la crainte d’être indiscret.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « Trois variations sur le thème : Maîtrises », p. 116 (voir la fiche de référence)
Ce premier mouvement d’un cœur d’enfant qui est beau comme toute l’intelligence humaine.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « Trois variations sur le thème : Maîtrises », p. 117 (voir la fiche de référence)
Ne voyant rien à la vraie richesse de l’enfance, en revanche nous lui en prêtons une qu’elle n’a pas.
- Henry de Montherlant, Essais, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1963, La relève du matin, « Trois variations sur le thème : Maîtrises », p. 117 (voir la fiche de référence)
Chant funèbre pour les morts de Verdun (1924)
Les olympiques (1924)
Aux fontaines du désir (1927)
La petite infante de Castille (1929)
Mors et vita (1932)
Service inutile (1935)
L’équinoxe de septembre (1938)
Le solstice de juin (1941)
Un voyageur solitaire est un diable (1961)
Textes sous une occupation (1963)
Carnets
Correspondance Henry de Montherlant – Roger Peyrefitte (1983)
Théâtre
L’exil (1929)
Philippe : Collège, collège, tout est collège ! Ce que nous savons le mieux, c’est notre commencement.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, L’exil (1929), p. 27 (voir la fiche de référence)
Philippe : Il n’y a rien d’immoral comme de résister. Un désir non satisfait remonte dans l’esprit et le hante, empoisonne l’organisme et toute la vie, tandis que s’il est exécuté, c’en est fini, on n’y pense plus.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, L’exil (1929), p. 43 (voir la fiche de référence)
Philippe : Je suis un enfant et je le sais.
Geneviève : Si tu l’étais tant que cela, tu ne le saurais pas, et tu t’en défendrais.
Philippe : Il y a en moi un enfant, qui vit, et un homme, qui le regarde vivre.
Geneviève : L’homme devrait bien parfois lui tirer les oreilles.
Philippe : L’homme dit : « Laissons-le jouer. »
Geneviève : Si tu l’étais tant que cela, tu ne le saurais pas, et tu t’en défendrais.
Philippe : Il y a en moi un enfant, qui vit, et un homme, qui le regarde vivre.
Geneviève : L’homme devrait bien parfois lui tirer les oreilles.
Philippe : L’homme dit : « Laissons-le jouer. »
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, L’exil (1929), p. 49 (voir la fiche de référence)
Ancrons en nous l’idée, d’ailleurs si juste, de la folie de l’adolescence, qui nous permet de leur pardonner.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, L’exil, « Préface de l’édition originale » (1929), p. 8 (voir la fiche de référence)
Dans les amitiés d’un ton chaud que j’avais eues au collège, j’étais toujours l’aîné de plusieurs années. Sans doute, dans ces amitiés, c’était moi qui avais la sensibilité la plus vive, et qui, de cœur, donnais davantage ; mais je restais le « grand », le protecteur, le « directeur ».
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, L’exil, « Préface de l’édition originale » (notes de 1954), p. 9-10 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé (1936)
Pasiphaé : Ô ma destinée, je te tends les bras ! Que longuement, à longs traits, je puisse enfin boire à ce que j’aime ! Ô beau jour !
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 84 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé : Pour toi, et pour la plupart des hommes, c’est un jour comme les autres. Pour moi c’est un jour qui me verra faire un acte dont j’ai envie. Est-ce que tu les comprends, ces mots : faire un acte dont on a envie ? Mais non, tu ne les comprends pas. Vraiment aimer, vraiment souffrir, vraiment désirer, tous bavardent de cela comme s’ils savaient ce que c’est, et la plupart le soupçonnent à peine.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 84 (voir la fiche de référence)
Le Chœur : Malheureuse, oui, malheureuse ! Non pas d’être encagée, mais de croire l’être. Malheureuse, oui, malheureuse, de buter contre des barreaux qui n’existent pas.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 86 (voir la fiche de référence)
Le Chœur : Il n’y a ni ténèbres, ni gouffres, ni rien de la sorte. Il n’y a pas de partie obscure de l’âme. Supposé qu’elle commette une confusion, toute la nature est confusion. Ce n’est pas sa passion qui est malsaine ; ce qui est malsain, c’est sa croyance que sa passion est malsaine. Ô fumées honteuses du cerveau de l’homme ! Zeus a bien dit : « Misérable race des hommes, qui toujours va chercher la souffrance hors de celles qui lui sont destinées. » Certes, les agitations des hommes sont une honte. Ils ne valent pas d’être si tourmentés.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 86 (voir la fiche de référence)
Le Chœur : Ainsi les hommes, le bonheur est sous eux, mais ils ne veulent pas y boire, à cause de raisons bêtes. J’ai pour leur bêtise un dégoût profond.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 87 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé : Tous voient ce que je vois, et nul ne le désire. Pourquoi être différente des autres, sans l’avoir voulu, sans rien y pouvoir ? Le printemps des Crétois est en fleurs. La chienne appelle le chien, et reçoit une réponse. La louve appelle le loup, et reçoit une réponse. Mais moi il n’y a que l’anathème pour le cri de ma chair et de mon cœur.
Le Chœur : Si elle souffre du jugement qu’elle porte sur son acte, je la blâme. Mais si elle souffre seulement de l’anathème qui accueillerait cet acte, qui ne l’excuserait ?
Pasiphaé : Au fond de moi, je ne sens pas que ce que je vais faire est mal ; et je ne m’explique pas pourquoi ce le serait. Et le ciel me regarde, et la mer, et ils ne me condamnent pas.
Le Chœur : Si elle souffre du jugement qu’elle porte sur son acte, je la blâme. Mais si elle souffre seulement de l’anathème qui accueillerait cet acte, qui ne l’excuserait ?
Pasiphaé : Au fond de moi, je ne sens pas que ce que je vais faire est mal ; et je ne m’explique pas pourquoi ce le serait. Et le ciel me regarde, et la mer, et ils ne me condamnent pas.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 87-88 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé : Les jugements des hommes nous couvrent comme des vers.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 90 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé : Parfois, à des heures de faiblesse, la mauvaise tentation m’assaille, de me trahir pour devenir pareille aux autres, et de charger des bonheurs qui ne sont pas les miens. Et pour me défendre contre cette tentation, je ne trouve que moi-même, toujours moi-même. Mais n’est-ce pas bien ainsi ?
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 91 (voir la fiche de référence)
Pasiphaé : Que m’importe le mépris ? La poussière couvre bien les rois qui chevauchent. Heureuse ou malheureuse, innocente ou coupable, je suis ce que je suis, et ne veux être rien d’autre. Que ferais-je, si je ne fais ce que les autres craignent de faire ? Au delà de notre patrie, il y a une autre patrie, celle de tous les êtres qui sont hors du commun. Non pas la face voilée, mais la face au grand jour (elle se dévoile), avec tout ce qu’il y a de lisible, pour tous, sur cette face, j’irai à ce que j’ai voulu, sans fierté comme sans remords.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Pasiphaé (1936), p. 91 (voir la fiche de référence)
Si Pasiphaé se croyant coupable est plus intéressante pour le poète, Pasiphaé se croyant innocente est plus intéressante pour le philosophe, pour celui aux yeux de qui la charité n’est pas cette charité dont on nous assomme de nos jours, mais une autre charité : celle qui tente d’inculquer aux hommes une attitude raisonnable devant la vie. Si Pasiphaé se croyant coupable est un personnage pathétique, Pasiphaé se croyant innocente est un personnage exemplaire. L’humanité n’a pas attendu le christianisme pour décréter fautes des actes qui ne sont des fautes ni selon la nature ni selon la raison ; le christianisme n’a fait que reprendre, en les mettant à la mode, les défaillances de l’esprit qu’il avait trouvées.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Présentation de Pasiphaé (1938), p. 78-79 (voir la fiche de référence)
La reine morte (1942)
→ Voir à la page La reine morte (citations)
Fils de personne ou Plus que le sang (1943)
→ Voir à la page Fils de personne ou Plus que le sang (citations)
Un incompris (1943)
Pierre : On parlait il y a trente ans de « l’amour libre ». Mais tout amour est une servitude.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Un incompris (1943), p. 318 (voir la fiche de référence)
Malatesta (1946)
Porcellio : Vous êtes un magnifique démon, et les démons ont toujours seize ans.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Malatesta (1946), p. 356 (voir la fiche de référence)
Malatesta : En quelque tribunal qui soit au monde, il suffit de voir les têtes des juges pour savoir que l’accusé est innocent.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Malatesta (1946), p. 365 (voir la fiche de référence)
Malatesta : Entre tous tes visages, y compris même celui de la volupté, il n’en est aucun que j’adore comme le visage-de-ton-mensonge-à-tes-parents.
- Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Malatesta (1946), p. 393 (voir la fiche de référence)
Le maître de Santiago (1947)
Demain il fera jour (1949)
Celles qu’on prend dans ses bras ou Les chevaux de bois (1950)
La ville dont le prince est un enfant (1951)
Port-Royal (1954)
Brocéliande (1956)
La mort qui fait le trottoir (1959)
Le cardinal d’Espagne (1960)
L’embroc (1963)
La guerre civile (1965)
Poésie
Encore un instant de bonheur (1934)
Œuvres mineures — Divers
Citations dans les œuvres de Roger Peyrefitte
La mort d’une mère (1950)
Henry de Montherlant :
Je ne reconnais aucun devoir, hors celui du libre arbitre.
Je ne reconnais aucun devoir, hors celui du libre arbitre.
- Roger Peyrefitte, La mort d’une mère, Flammarion, 1950, p. 26
Dialogue entre Henry de Montherlant et Roger Peyrefitte :
— Les sentiments se mettent dans les livres. Dans la vie, je ne connais que les sensations : elles suffisent à mon bonheur.
— Entre l’ange et la bête, vous n’hésitez pas ! Mais cela vous est un peu particulier. Pour le reste des hommes, la civilisation a toujours consisté à faire passer l’ange avant la bête.
— Mais moi aussi, je veux des anges, des anges en chair et en os ! Les anges n’ont pas besoin de mères. Malheureusement, notre époque honore les mères et non les anges.
— Les sentiments se mettent dans les livres. Dans la vie, je ne connais que les sensations : elles suffisent à mon bonheur.
— Entre l’ange et la bête, vous n’hésitez pas ! Mais cela vous est un peu particulier. Pour le reste des hommes, la civilisation a toujours consisté à faire passer l’ange avant la bête.
— Mais moi aussi, je veux des anges, des anges en chair et en os ! Les anges n’ont pas besoin de mères. Malheureusement, notre époque honore les mères et non les anges.
- Roger Peyrefitte, La mort d’une mère, Flammarion, 1950, p. 35
Propos secrets (1977)
Henry de Montherlant :
Vous, vous aimez les beaux. Moi, j’aime les pauvres.
Vous, vous aimez les beaux. Moi, j’aime les pauvres.
- Roger Peyrefitte, Propos secrets, Paris, Albin Michel, 1977, chap. 4, p. 58 (voir la fiche de référence)
Émissions
Voir aussi
Bibliographie
Éditions utilisées
- Montherlant, Henry de. Essais / préf. par Pierre Sipriot. – [Paris] : Éd. Gallimard, 1963 (Mayenne : Impr. Floch, 16 octobre 1963). – XLII-1606 p. : jaquette ill. ; 18 × 11 cm. – (Bibliothèque de la Pléiade ; 167). (fr)Contient : La relève du matin ; Chant funèbre pour les morts de Verdun ; Aux fontaines du désir ; Un voyageur solitaire est un diable ; Mors et vita ; Service inutile ; L’équinoxe de septembre ; Le solstice de juin ; Carnets (années 1930 à 1944) ; Textes sous une occupation. Index des Carnets p. 1363-1369.
- Montherlant, Henry de. Théâtre / préf. de Jacques de Laprade, préf. complémentaire de Philippe de Saint Robert. – [Paris] : Éd. Gallimard, 1972 (Dijon : Impr. Darantiere, 20 décembre 1972). – LX-1412 p. : jaquette ill. ; 18 × 11 cm. – (Bibliothèque de la Pléiade ; 106). (fr)Contient : L’exil ; Pasiphaé ; La reine morte ; Fils de personne ou Plus que le sang ; Un incompris ; Malatesta ; Le maître de Santiago ; Demain il fera jour ; Celles qu’on prend dans ses bras ou Les chevaux de bois ; La ville dont le prince est un enfant ; Port-Royal ; Brocéliande ; La mort qui fait le trottoir (Don Juan) ; Le cardinal d’Espagne ; L’embroc ; La guerre civile ; Notes de théâtre. Index bibliographique p. LIII-LIX.