« Supplice du feu » : différence entre les versions
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Le supplice du feu est une méthode d’exécution particulièrement cruelle, qui consiste à disposer le condamné sur un bûcher de bois et à y mettre le feu. Il s’agit essentiellement d’une pratique d’origine religieuse.
Historique
Le supplice du feu a été pratiqué :
- par les autorités romaines, pour réprimer les premiers chrétiens, en raison de leur refus de s’intégrer dans le cadre des cultes officiels ;
- contre les sorciers, les juifs ou les adeptes d'autres religions minoritaires ;
- contre les dissidents religieux, tels qu’hérétiques ou apostats ;
- contre les homosexuels, pédérastes et pédophiles, par imitation de l’épisode biblique racontant la destruction de Sodome par le feu céleste.
En revanche, le supplice du feu semble n’avoir jamais été appliqué dans la civilisation islamique, malgré la grande importance donnée par le Coran à l’épisode de Sodome et à la punition divine contre le « peuple de Lôt » (قَوْم لُوط qawm luwṭ).
Condamnations au bûcher de pédérastes et pédophiles
Par ordre chronologique :
- Gilles de Rais, maréchal de France, pendu puis brûlé à Nantes le 26 octobre 1440, pour l’enlèvement, le viol et le meurtre de nombreux jeunes garçons.
- Benoît Gréalou, prêtre brûlé vif à Cahors en 1536.
- Le 8 octobre 1540, le Parlement de Paris confirme que Nicolas Ferry, négociant à Moulins, devra être soumis à la question pour savoir s’il a ou non commis sur Antoine Mullet, 13 ans, le crime de sodomie dont il est accusé ; s’il avoue, il sera brûlé en place publique, ses cendres seront dispersées et ses biens confisqués ; s’il persiste dans ses dénégations, il sera fouetté publiquement à trois reprises, puis définitivement banni du royaume, et ses biens seront confisqués.[1]
- Jean Dadon, professeur, pendu et brûlé à Paris le 1er février 1586 pour avoir sodomisé un de ses jeunes élèves.[2]
- Richard Renvoisy (né vers 1520), chanoine et maître de chœur de la Sainte-Chapelle de Dijon, brûlé vif à Dijon le 6 mars 1586 pour sa relation avec un des petits chanteurs dont il avait la charge.
- Jean Imbert Brunet, prêtre d’Ollioules brûlé en avril 1601.
- Charles Auvré, relieur de missels, étranglé et brûlé à Paris le 9 février 1602, pour avoir sodomisé des jeunes garçons.[3]
- François Beaupled, tisserand, pendu et brûlé à Laval le 18 août 1611, pour avoir sodomisé le jeune Blaise Gérard Bonnetier, 13 ans, violé une fillette de 9 ans, et copulé avec une chèvre.[4]
- Gervais Liénard, vigneron, étranglé et brûlé à Champigny le 21 juillet 1612, pour avoir brutalement sodomisé le jeune Thibaut Valeran, fils d’un fermier, âgé de 13 ans et demi.[5]
- Toussaint Boudier, garçon-chirurgien, pendu et brûlé à Berthiay le 19 août 1623, pour avoir sodomisé plusieurs personnes, dont le jeune Léopold Bougeran.[6]
- Jean Perier, garçon d’hôtel, étranglé et brûlé à Chef-Boutonne le 4 juin 1624, pour avoir sodomisé Gérard Le Riche, 11 ans et demi.[7]
- Deux jeunes garçons espagnols brûlés à Madrid le 21 mars 1626.
- Le 16 juillet 1633, la Cour du Parlement de Paris condamne Léonard Moreuil, chirurgien, à être pendu et brûlé pour avoir sodomisé Michel Morgaron, 13 ans, avoir copulé avec sa sœur Catherine, 11 ans, et les avoir incité à commettre l’inceste.[8]
- Le 24 novembre 1650, après appel interjeté d’un premier jugement rendu le 23 septembre, le Parlement de Paris condamne définitivement Félix Simon, charpentier à Fresnay, à être pendu et brûlé pour crime de sodomie et empoisonnement sur la personne d’André des Rosiers, 16 ans, décédé le 29 août précédent.[9]
- René Du Tertre, laboureur, brûlé vif à Sourches le 19 janvier 1680, pour avoir sodomisé son fils Jacob.[10]
- Étienne-Benjamin Deschauffours, proxénète homosexuel (né vers 1690), coupable d’enlèvements, de castration et de meurtre sur plusieurs jeunes garçons, est brûlé à Paris le 24 mai 1726.
- Le prêtre capucin défroqué Jacques-François Pascal (né vers 1733) est roué et brûlé en place publique à Paris le 10 octobre 1783, pour avoir, le 3 octobre, tenté de violer un garçon de 14 ans, Jacques Gressier, et l’avoir grièvement blessé de nombreux coups de couteau en raison de sa résistance.[11]
Notes et références
- ↑ Dr Ludovico Hernandez, Les procès de sodomie aux xvie, xviie et XVIIIe siècles : publiés d’après les documents judiciaires conservés à la Bibliothèque nationale, Paris, Bibliothèque des Curieux, 1920, p. 11-14. – Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 88.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 90.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 91.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 91.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 91.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 91.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 92.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 92-94.
- ↑ Dr Ludovico Hernandez, Les procès de sodomie aux xvie, xviie et XVIIIe siècles : publiés d’après les documents judiciaires conservés à la Bibliothèque nationale, Paris, Bibliothèque des Curieux, 1920, p. 24-29.
- ↑ Maurice Lever, Les bûchers de Sodome, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1985, p. 223.
- ↑ Jeffrey Merrick, « “Brutal passion” and “depraved taste” : the case of Jacques-François Pascal », in Jeffrey Merrick, Michael Sibalis, ed., Homosexuality in French history and culture, Binghamton, The Haworth Press, 2001, p. 85-103.