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'''Extrait''' du récit autobiographique de Jacques Pyerre '''''[[Les embrassades (Jacques Pyerre)|Les embrassades]]'''''.
'''Extrait''' du récit autobiographique de [[Jacques Pyerre]] '''''[[Les embrassades (Jacques Pyerre)|Les embrassades]]'''''.
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==Douzième chapitre==
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===Source===
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*''Les embrassades'' / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 182 p. ; 21 × 13 cm.{{Commentaire biblio|Douzième chapitre, « Au bain de vapeur que les Arabes appellent “hammam” », p.&nbsp;113-117.}}
*''Les embrassades'' / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1{{Exp|er}} juin 1969). – 184 p. ; 21 × 13 cm.{{Commentaire biblio|Douzième chapitre, « Au bain de vapeur que les Arabes appellent “hammam” », p.&nbsp;113-117.}}


===Articles connexes===
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Dernière version du 8 juillet 2014 à 11:49

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Extrait du récit autobiographique de Jacques Pyerre Les embrassades.

Douzième chapitre

La scène se passe au Caire.

Extrait précédent



Au bain de vapeur
que les Arabes appellent « hammam »



[…]

— Ah ! je ne vous l’ai pas dit ? Mais c’est l’heure d’aller au hammam !

— Au hammam ?

— Oui au bain de vapeur, ah ! ce n’est pas l’Administrateur qui a pu vous y mener. Il y a des années qu’il ne peut y mettre les pieds ! Encore des histoires ; mais il eût été dommage que vous ne voyiez pas cela, c’est unique, c’est exceptionnel, cela n’existe nulle part ailleurs. Vous allez en rêver jusqu’à la fin de vos jours.

« Hep ! taxi, Place Kaïrouine ! » Nous étions partis pour le hammam et certes je n’allais rien regretter.

Mais quels dédales de rues, de venelles, de ruelles, de chemins de traverse, de coupe-gorge ! Bien plus tard, tout au cours de ma longue carrière, j’ai songé bien souvent que les tantes avaient le génie de trouver l’introuvable. Des continents, des kilomètres elles font, pour trouver « l’endroit ». Enfin nous arrivâmes, le taxi ne pouvait aller plus loin, la venelle devenant boyau, deux hommes coude à coude pouvaient à peine y passer. Nous fîmes les quelques pas qui nous séparaient de l’établissement et nous entrâmes. C’était une grande pièce rectangulaire, haute de plafond, blanchie à la chaux, des parterres à hauteur d’homme étaient disposés tout au long des murs. Contre une paroi, des matelas étaient posés à cinquante centimètres du sol sur des planches tout au fond de l’immense entrée, une caisse, un vague bureau et, derrière, un vieillard assis en tailleur sur des coussins. L’ensemble ne faisait pas « riche », nous allâmes jusqu’à la caisse, un grand gaillard arriva par la petite porte qui donnait à l’intérieur du bain, c’était un masseur, un deuxième, puis un troisième montrèrent leur tête, ils étaient torse nu, admirablement bâtis et n’avaient autour des reins qu’une sorte de pagne que j’ai su plus tard être une « fouta ». Archibald paya, on remit notre argent, montres et bijoux à la caisse et l’on nous mena dans une autre salle, aussi grande, mais meublée de tables et de chaises, ce qui la faisait paraître plus petite. Les bains qui étaient vastes donnaient sur cette salle. Partout des gens dormaient ; en passant je vis un homme mûr qui enlaçait un enfant. Cela m’excita car l’homme le tenait serré contre lui, le dos de l’enfant contre sa poitrine ; vous m’entendez. L’un et l’autre rêvaient : le plus jeune qu’il était serré par son vrai père qu’il n’avait peut-être plus, et l’homme que la douceur du cou, que le grain de cette peau délicate, appartenaient à quelque vamp incendiaire ou tout simplement que cet enfant lui appartenait.

— Extraordinaire, non ? Tu vois les bains sont ouverts toute la nuit dans les villes arabes ; les plus pauvres moyennant quelque obole viennent y coucher ; il y a de tout, mais attends, tu n’as rien vu.

Nous fûmes déshabillés l’un et l’autre en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Nous essayâmes de nouer notre fouta, mais en vain ; un des gardiens du sérail, un savonneur, un vendeur de je ne sais quoi vint à notre secours ; il mit sur nos têtes de longues serviettes qui tombaient de chaque côté du visage et allaient jusqu’à terre, il nous la fit passer sous le bras, sous l’épaule que sais-je, nous mit aux pieds des socques de bois, que les Italiens appellent soccoli et nous partîmes, ressemblant aux saintes femmes de Jérusalem dont parle la Bible.

— Si on reste comme ça on ne risque pas de nous faire du mal ! À part un porte-jarretelles le déguisement est complet.

— Attends un peu et tu vas voir !

Je vis tout de suite. Tout cet accoutrement était pour faire dix mètres. Enfin vingt peut-être, il fallait passer une porte, puis une autre, puis un corridor, puis un deuxième. Enfin nous arrivâmes. Avant d’entrer, notre guide, masseur-savonneur ou je ne sais quoi, nous fit déshabiller. Sainte Monique, la femme au voile et sa copine devenaient tout d’un coup les Marie-Madeleine’s Sisters. À poil ! La nudité ne m’ayant jamais effrayé et apparemment Archibald non plus nous entrâmes dans la salle ; détail pour l’histoire : j’avais gardé mes socques de bois. Nous entrâmes ; on ne pouvait rien voir tant la vapeur était dense, nous étions au sauna et de nouveau la salle était énorme, mais mes yeux s’habituant à la vapeur et à la pénombre tout à la fois, je vis que cette immense salle donnait sur d’autres que je me mis à explorer, laissant Archibald aux mains de son masseur. Ces grandes voûtes résonnaient de pas, de bruits d’eau, de bruits de mains claquant sur la chair, les masseurs n’y allaient pas de main morte. Dans les autres salles il y avait là toute une petite vie, de grands gaillards dormaient près de bassins d’eau froide, des enfants (dix ans ? treize ans ?) jouaient sous des douches rudimentaires, d’autres se rasaient le pubis sur des carrés de marbre. Quand je vis… le souffle me manque encore. Tout cela était comme dans un brouillard, la chaleur était dense et moite et dans un coin, le plus reculé et le plus sombre, un vieillard, mais qu’il était vieux ! Il était cacochyme. Un vieillard les jambes en l’air se faisait prendre par un de ces enfants ; il ahanait le vieil homme et l’on ne savait ce qui était le plus dur pour lui, et quelle était la raison de ses cris, si c’était de lever les jambes si haut, ou de se faire enfiler ; j’étais à vingt centimètres, regardant cela comme on voit la fête foraine, le vieux ni l’enfant ne faisaient attention à moi ; je me mis à bander incontinent et lorsqu’un de ces gosses arriva près de moi sexe tendu, je me couchai, la tête dans les bras et tout oint, tout mouillé de vapeur, tout ouvert, je le reçus comme Léda avait dû prendre le col du cygne ; sans le moindre effort, je restai là, couché, longtemps, cinq minutes, un quart d’heure ? Je crois qu’il en vint deux ou trois autres. Le temps ne comptait plus, j’étais au sein de l’Islam séculaire, sous ses voûtes et je me donnais comme Marie l’Égyptienne sur le bateau, mais moi je n’avais à payer aucun voyage et mes cheveux ne couvraient pas mon corps. Tout englouti et heureux, j’allai enfin me doucher ; sans y songer je frottai quelques sexes dont certains étaient beaux et dont l’un me fit envie. […]



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Table des matières
et extraits pédérastiques
… Quelques mots
Je suis né à l’ombre des palmiers
Crac ! Voilà le facteur !
Lucien exagère
Ohhhh ! La marine américaine
Ne me parlez plus de Genève !
Tant qu’on est à Gênes il y a du plaisir (extrait)
La Sophonisba fait mon « éducation »
Monsieur l’Administrateur
Une soirée au cinéma
Sur la mer déchaînée (extrait)
Scandale au Caire
Au bain de vapeur que les Arabes appellent « hammam » (extrait)
En route pour le Sud
La fière Albion n’est pas fière du tout
L’hospitalité écossaise
Ma nuit de Walpurgis
Être « l’ami de la famille » ne me retient pas

Voir aussi

Source

  • Les embrassades / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 184 p. ; 21 × 13 cm.
    Douzième chapitre, « Au bain de vapeur que les Arabes appellent “hammam” », p. 113-117.

Articles connexes