« Cratère G175 du Louvre » : différence entre les versions
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Sur la face B, Zeus barbu et habillé avance en tendant vers Ganymède son bras gauche et son sceptre (qu’on peut voir aussi comme une lance). La face A montre le jeune prince troyen nu, qui marche dans le même sens en poussant un cerceau de la main | Sur la face B, Zeus barbu et habillé avance en tendant vers Ganymède son bras gauche et son sceptre (qu’on peut voir aussi comme une lance). La face A montre le jeune prince troyen nu, qui marche dans le même sens en poussant un cerceau de la main droite, tout en tenant un coq de la main gauche. Les deux personnages sont couronnés. | ||
Le corps de Ganymède est athlétique, et déjà marqué par une largeur d’épaules signalant la [[puberté]]. En revanche, les organes génitaux restent assez petits et complètement impubères, selon le canon classique de la beauté masculine en Grèce. Une longue [[chevelure]] blonde descend jusqu’au milieu du dos, ce qui accentue l’aspect juvénile. | Le corps de Ganymède est athlétique, et déjà marqué par une largeur d’épaules signalant la [[puberté]]. En revanche, les organes génitaux restent assez petits et complètement impubères, selon le canon classique de la beauté masculine en Grèce. Une longue [[chevelure]] blonde descend jusqu’au milieu du dos, ce qui accentue l’aspect juvénile. | ||
En Grèce, le coq était couramment utilisé comme [[cadeau|présent]] par les hommes qui courtisaient un [[garçon]]. On est donc là dans un contexte de poursuite et de [[séduction]] amoureuse, vraisemblablement au début de la relation entre les deux amants. Quant au jeu du cerceau, il connote la jeunesse du garçon : on a encore affaire à un [[enfant]] ({{lang|grc|παις}} ''pais''), qui peut avoir entre douze et quatorze ans, et non pas | En Grèce, le coq était couramment utilisé comme [[cadeau|présent]] par les hommes qui courtisaient un [[garçon]]. On est donc là dans un contexte de poursuite et de [[séduction]] amoureuse, vraisemblablement au début de la relation entre les deux amants. Quant au jeu du cerceau, il connote la jeunesse du garçon : on a encore affaire à un [[enfant]] ({{lang|grc|παις}} ''pais''), qui peut avoir entre douze et quatorze ans, et non pas à un [[éphèbe]] au sens propre (grand [[adolescent]]). | ||
Le sceptre de Zeus, pointé en avant vers le cerceau de Ganymède, fait référence à une [[symbole sexuel|symbolique sexuelle]] évoquant la [[sodomisation]]. Comme pour souligner cette allusion, le sceptre est situé presque à mi-corps du dieu, tandis que les [[hanche]]s et les [[cuisse]]s du garçon se détachent dans l’anneau du cerceau. | Le sceptre de Zeus, pointé en avant vers le cerceau de Ganymède, fait référence à une [[symbole sexuel|symbolique sexuelle]] évoquant la [[sodomisation]]. Comme pour souligner cette allusion, le sceptre est situé presque à mi-corps du dieu, tandis que les [[hanche]]s et les [[cuisse]]s du garçon se détachent dans l’anneau du cerceau. | ||
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*John Davidson Beazley, ''Paralipomena : additions to ''Attic black-figure vase painters'' and ''Attic red-figure vase-painters (Oxford, 1972) = ''Par'' : 342.<br>Aussi ''Add²'' : 193. | *John Davidson Beazley, ''Paralipomena : additions to ''Attic black-figure vase painters'' and ''Attic red-figure vase-painters (Oxford, 1972) = ''Par'' : 342.<br>Aussi ''Add²'' : 193. | ||
*[[Kenneth James Dover]], ''[[Greek homosexuality (Kenneth James Dover)|Greek homosexuality]]'' : R348. | *[[Kenneth James Dover]], ''[[Greek homosexuality (Kenneth James Dover)|Greek homosexuality]]'' (London, Gerald Duckworth, 1978) : R348. | ||
==Voir aussi== | ==Voir aussi== |
Dernière version du 26 septembre 2013 à 11:57
Le cratère à oreillettes à figures rouges immatriculé G175 et conservé au musée du Louvre[1] (Paris) est une céramique grecque antique représentant sur une face Zeus pointant un sceptre, et sur l’autre Ganymède tenant un coq et jouant au cerceau. La réalisation de cette œuvre clairement pédérastique est attribuée à l’artiste anonyme aujourd’hui connu sous la dénomination de “Peintre de Berlin”.
Deux faces pour une seule œuvre
Les vases de la Grèce antique comportent souvent plusieurs dessins, dont le sujet est parfois assez différent. Dans le cas du cratère G175, l’unité de l’œuvre est évidente : il s’agit d’un seul ensemble qui s’étend sur les deux flancs du vase.
Description
Ce cratère à oreillettes, en forme de cloche, a une hauteur de 33 cm pour un diamètre de 33 cm également. Il porte deux figures rouges sur fond noir qui illustrent le mythe de Zeus, roi des dieux, et de son jeune amant Ganymède, fils du roi Tros et frère cadet d’Ilos, le fondateur de la ville de Troie.
Sur la face B, Zeus barbu et habillé avance en tendant vers Ganymède son bras gauche et son sceptre (qu’on peut voir aussi comme une lance). La face A montre le jeune prince troyen nu, qui marche dans le même sens en poussant un cerceau de la main droite, tout en tenant un coq de la main gauche. Les deux personnages sont couronnés.
Le corps de Ganymède est athlétique, et déjà marqué par une largeur d’épaules signalant la puberté. En revanche, les organes génitaux restent assez petits et complètement impubères, selon le canon classique de la beauté masculine en Grèce. Une longue chevelure blonde descend jusqu’au milieu du dos, ce qui accentue l’aspect juvénile.
En Grèce, le coq était couramment utilisé comme présent par les hommes qui courtisaient un garçon. On est donc là dans un contexte de poursuite et de séduction amoureuse, vraisemblablement au début de la relation entre les deux amants. Quant au jeu du cerceau, il connote la jeunesse du garçon : on a encore affaire à un enfant (παις pais), qui peut avoir entre douze et quatorze ans, et non pas à un éphèbe au sens propre (grand adolescent).
Le sceptre de Zeus, pointé en avant vers le cerceau de Ganymède, fait référence à une symbolique sexuelle évoquant la sodomisation. Comme pour souligner cette allusion, le sceptre est situé presque à mi-corps du dieu, tandis que les hanches et les cuisses du garçon se détachent dans l’anneau du cerceau.
Origine et conservation
Originaire de l’Attique, ce vase attribué au “Peintre de Berlin” date des années 500 à 490 avant l’ère commune, ce qui le situe au tout début du Ve siècle, ou « siècle de Périclès ».
Après avoir fait partie de la collection Campana, il a été acquis en 1861 par le musée du Louvre. Il y est conservé au Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (salle 43, vitrine 9).
Références catalographiques
- Musée du Louvre : G175.
- John Davidson Beazley, Attic red-figure vase-painters, 2nd ed. (Oxford, 1963) = ARV² : 206, 124.
- John Davidson Beazley, Paralipomena : additions to Attic black-figure vase painters and Attic red-figure vase-painters (Oxford, 1972) = Par : 342.
Aussi Add² : 193. - Kenneth James Dover, Greek homosexuality (London, Gerald Duckworth, 1978) : R348.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Page de l’œuvre sur le site officiel du Louvre.
Notes et références
- ↑ Musée du Louvre : 48° 51′ 40″ Nord, 2° 20′ 09″ Est.