« Pédérastie active (P.-D. Rast) » : différence entre les versions
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Dernière version du 23 novembre 2010 à 15:37
Pédérastie active est un roman érotique français, à thème pédérastique et homosexuel, signé du pseudonyme P.-D. Rast et paru en 1907.
Résumé
Le narrateur, qui habite un bourg de la campagne beauceronne, commence par s’intéresser à Albert, quinze ans, et aussi à son petit frère Philippe, qui a déjà reçu contre rémunération les hommages du meunier local.
Après avoir pratiqué avec eux toutes les délices de la sodomie, il rencontre leur grand frère Thomas, qui relate ses premières expériences sexuelles à l’âge de onze ans : seul d’abord, ou avec un adolescent de seize ans ; puis avec un berger du cru et un solide charretier ; et enfin, vers ses treize ans, avec un camarade de classe.
De nombreux autres passages évoquent des rapports homosexuels entre jeunes gens.
Analyse
Patrick Cardon, dans sa présentation de la réédition de Pédérastie active en 1993, fait quelques remarques sur la vie sexuelle très libre dans certaines campagnes françaises au début du XXe siècle :
| « | La réputation de l’érotisme début-de-siècle est plutôt celle d’un grand raffinement et d’une grande perversité. Ce texte nous montre au contraire un monde proche de la nature, celui que connaissaient nos paysans qui formaient alors une partie très importante de la population active. Ce monde est aujourd’hui disparu en Occident “moderne” mais il se trouve encore à nos portes, et nous ne parlons pas uniquement ici des frontières, puisque votre voisin vient peut-être de là-bas, et ne “vit pas comme vous”. La disparition économique de certaines couches de population fait disparaître l’objet de certains désirs. Pasolini put voir, tout au long de sa maturité, disparaître des campagnes pour se fondre dans de grands immeubles des banlieues, et se transformer, toute une population paysanne dont les fils ne répondaient plus à son désir de rudesse.[1] | » |
En réaction à la « culture gaie » et urbaine qui apparaît en France (après les États-Unis) à partir de 1980, Patrick Cardon rappelle qu’en une époque pas si lointaine, et à la campagne, les catégories sexuelles étaient bien moins marquées :
| « | P.-D. Rast, également, sait s’effacer pour décrire ce qu’on pourrait désigner vulgairement comme la vie sexuelle du prolétariat des campagnes. Le narrateur n’est pas visiblement de leur bord. Il dispose d’une chambre à coucher et boit du champagne. Mais s’il raconte ses aventures avec Albert, c’est pour nous le présenter. Ensuite, c’est Albert qui raconte, puis Thomas. Que racontent-ils : qu’on aime les femmes mais qu’on a du plaisir avec les hommes. La crainte de l’enfantement, le coût de la prostituée amènent “tout naturellement” les garçons et les hommes à s’apprécier mutuellement. Dans tous les lieux : école municipale, asile départemental, caserne, grange ; et dans tous les métiers : meuniers, dragons, chasseurs alpins, charretiers, scieurs de long. Sont-ce vraiment des fantasmes de bourgeois ? Comme on se plaît encore trop souvent à le dire chez nous qui sommes urbanisés à près de cent pour cent et qui avons tendance à croire, et notre mode de vie nous pousse à l’amnésie, que toutes les facilités sont données par la ville et son anonymat. Cette ville où l’État est omniprésent et surveille et gère tous nos plaisirs.[2] |
» |
Un trait remarquable du style de l'œuvre est l’emploi, tout au long du récit, de nombreux termes péjoratifs pour désigner la sexualité (cochon, saletés, souiller, saligaud, etc.). Malgré son ton militant, le narrateur reste donc marqué par la culpabilisation de l’homosexualité, de la pédérastie, et de la sexualité en général, qui était alors inculquée aux rejetons de la bourgeoisie.
Érotisme
Roger Peyrefitte, dans Propos secrets, commente ainsi sa découverte de Pédérastie active à l’âge de dix-huit ans :
| « | Je fis venir d’une librairie parisienne (la Bibliothèque des Curieux, rue de Furstenberg) une littérature spéciale : Hombres de Verlaine ; Pédérastie active, signée P. D. Rast, le seul livre pédérastique que j’eusse prêté à Montherlant, qui me l’a rendu avec un : « C’est dégoûtant ! » d’écœurement. Sans mentir, je me suis masturbé mille fois sur cet ouvrage. Chacun a son registre personnel d’excitation. Ce livre est lié pour moi aux premières effervescences de la mienne.[3] | » |
Extraits
Les chapitres sans lien actif correspondent à des récits strictement homosexuels, qui n’ont pas été reproduits ici.
| Préface | 1ère partie, Chapitre I | 1ère partie, Chapitre II |
| 1ère partie, Chapitre III | 1ère partie, Chapitre III bis | 1ère partie, Chapitre IV |
| 2ème partie, Chapitre I | 2ème partie, Chapitre II | 2ème partie, Chapitre III |
| 2ème partie, Chapitre IV | 2ème partie, Chapitre V | 2ème partie, Chapitre VI |
Voir aussi
Bibliographie
Éditions
- Pédérastie active / P.-D. Rast. – London ; Paris : Société des Bibliophiles, 1907. – 164 p. ; 20 × 14 cm.
- Pédérastie active : 1907 / par P.-D. Rast ; choix et présentation Patrick Cardon. – London ; Lille : Éd. Gai Kitsch Camp, 1993 (Lille : Impr. Grimbert, 16 février 1993). – 108 p. : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 21 × 15 cm. – (Cahiers Gai Kitsch Camp, ISSN 0998-4372 ; 18. Curiosa ; 1). ISBN 2-908050-17-X
