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'''''[[Le Roi des aulnes (Michel Tournier)|Le Roi des aulnes]]''''' est un roman de [[Michel Tournier]], dont sont extraites les '''[[citations dans BoyWiki|citations]]''' ci-dessous. Il est nommé d’après le titre d’une ballade de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], ''[[Erlkönig (Johann Wolfgang von Goethe)|Erlkönig]]''. Paru en [[1970]], il a obtenu le [[prix Goncourt]] la même année.<br>Le réalisateur allemand Volker Schlöndorff en a donné une adaptation cinématographique en [[1996]].
'''''[[Le Roi des aulnes (roman)|Le Roi des aulnes]]''''' est un roman de [[Michel Tournier]], nommé d’après le titre d’une ballade de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]] (''[[Erlkönig]]''). Paru en [[1970]], il a obtenu le Prix Goncourt la même année.<br>Le réalisateur allemand Volker Schlöndorff en a donné une adaptation cinématographique en [[1996]].


Ce roman se compose de six parties :
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===Articles connexes===
===Articles connexes===
*[[Le Roi des aulnes (roman)|''Le Roi des aulnes'' (roman)]]
*[[Le Roi des aulnes (Michel Tournier)|''Le Roi des aulnes'' (Michel Tournier)]]
*[[Michel Tournier]]
*[[Michel Tournier]]


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Dernière version du 30 juin 2013 à 15:18

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Le Roi des aulnes

Le Roi des aulnes est un roman de Michel Tournier, dont sont extraites les citations ci-dessous. Il est nommé d’après le titre d’une ballade de Goethe, Erlkönig. Paru en 1970, il a obtenu le prix Goncourt la même année.
Le réalisateur allemand Volker Schlöndorff en a donné une adaptation cinématographique en 1996.

Ce roman se compose de six parties :

I. Écrits sinistres d’Abel Tiffauges
II. Les pigeons du Rhin
III. Hyperborée
IV. L’Ogre de Rominten
V. L’Ogre de Kaltenborn
VI. L’Astrophore

Citations

Écrits sinistres d’Abel Tiffauges

Nestor (cité le 16 mars 1938) :
Il n’y a sans doute rien de plus émouvant dans la vie d’un homme que la découverte fortuite de la perversion à laquelle il est voué.

Abel Tiffauges :
Il reprochait aux bons pères – pasteurs de jeunes garçons par profession pourtant – d’ignorer qu’un enfant n’est beau que dans la mesure où il est possédé, et qu’il n’est possédé que dans la mesure où il est servi. L’Enfant Jésus sur les épaules de Christophe est à la fois porté et emporté. C’est là tout son rayonnement. Il est enlevé de vive force, et très humblement et péniblement soutenu au-dessus des flots grondants. Et toute la gloire de Christophe est d’être à la fois bête de somme et ostensoir. Dans la traversée du fleuve, il y a du rapt et de la corvée.

Abel Tiffauges :
Je ne crois pas que les enfants aient un sens esthétique très développé. On ferait d’étranges découvertes, je pense, si l’on s’avisait d’enquêter parmi eux pour savoir ce qu’ils entendent par beau et laid. Mais la plupart sont sensibles au prestige de la force, et plus encore à celui d’une force secrète, magique, celle qui sait peser sur les points faibles de la grise réalité pour la faire céder par pans entiers et l’obliger à livrer les trésors qu’elle cache.

Abel Tiffauges :
L’amour – prôné in abstracto – est persécuté avec acharnement dès qu’il revêt une forme concrète, prend corps et s’appelle sexualité, érotisme. Cette fontaine de joie et de création, ce bien suprême, cette raison d’être de tout ce qui respire est poursuivi avec une hargne diabolique par toute la racaille bien-pensante, laïque et ecclésiastique.

Abel Tiffauges (13 mai 1938) :
L’une des inversions malignes les plus classiques et les plus meurtrières a donné naissance à l’idée de pureté.
La pureté est l’inversion maligne de l’innocence. L’innocence est amour de l’être, acceptation souriante des nourritures célestes et terrestres, ignorance de l’alternative infernale pureté-impureté. De cette sainteté spontanée et comme native, Satan a fait une singerie qui lui ressemble et qui est tout l’inverse : la pureté. La pureté est horreur de la vie, haine de l’homme, passion morbide du néant. Un corps chimiquement pur a subi un traitement barbare pour parvenir à cet état absolument contre nature. L’homme chevauché par le démon de la pureté sème la ruine et la mort autour de lui. Purification religieuse, épuration politique, sauvegarde de la pureté de la race, nombreuses sont les variations sur ce thème atroce, mais toutes débouchent avec monotonie sur des crimes sans nombre dont l’instrument privilégié est le feu, symbole de pureté et symbole de l’enfer.

Abel Tiffauges (30 octobre 1938) :
L’école devrait prendre garde qu’à force de craindre que les enfants ne souffrent d’une quelconque inadaptation, elle n’en fasse tout à coup des suradaptés.
Le suradapté est heureux dans son milieu, « comme un poisson dans l’eau ». Et aussi bien le poisson est typiquement suradapté à l’eau. Ce qui veut dire que son bonheur est d’autant plus fragile qu’il est plus complet. Car si l’eau devient trop chaude, ou trop salée, ou si son niveau baisse... Alors, il vaut mieux être simplement et même médiocrement adapté à l’eau, comme le sont les animaux amphibies, lesquels ne sont tout à fait heureux ni dans l’humide, ni dans le sec, mais s’accommodent moyennement de l’un et de l’autre.

Abel Tiffauges :
L’enfant de douze ans a atteint un point d’équilibre et d’épanouissement insurpassable qui fait de lui le chef-d’œuvre de la création. Il est heureux, sûr de lui, confiant dans l’univers qui l’entoure et qui lui paraît parfaitement ordonné. Il est si beau de visage et de corps que toute beauté humaine n’est que le reflet plus ou moins lointain de cet âge. Et puis, c’est la catastrophe. Toutes les hideurs de la virilité – cette crasse velue, cette teinte cadavérique des chairs adultes, ces joues râpeuses, ce sexe d’âne démesuré, informe et puant – fondent ensemble sur le petit prince jeté à bas de son trône. Le voilà devenu un chien maigre, voûté et boutonneux, l’œil fuyant, buvant avec avidité les ordures du cinéma et du music-hall, bref un adolescent.
Le sens de l’évolution est clair. Le temps de la fleur est passé. Il faut devenir fruit, il faut devenir graine. Le piège matrimonial referme bientôt ses mâchoires sur le niais. Et le voilà attelé avec les autres au lourd charroi de la propagation de l’espèce, contraint d’apporter sa contribution à la grande diarrhée démographique dont l’humanité est en train de crever. Tristesse, indignation. Mais à quoi bon ? N’est-ce pas sur ce fumier que naîtront bientôt d’autres fleurs ?

Abel Tiffauges :
Ni tabac ni alcool désormais. Les enfants ne fument, ni ne boivent.

Abel Tiffauges :
Comment ai-je été assez fou pour croire que cette société exécrée laisserait vivre et aimer en paix un innocent caché parmi la foule ?

Abel Tiffauges :
Le code pénal. Quelle lecture ! La société déculottée exhibe ses parties les plus honteuses, ses obsessions les plus inavouables.

Abel Tiffauges :
Qu’est-ce qu’une petite fille ? Tantôt petit garçon « manqué », comme on dit, plus souvent encore petite femme, la petite fille proprement dite n’est nulle part. C’est d’ailleurs ce qui donne aux écolières un air si gentiment comique : ce sont des femmes naines. Elles trottinent sur leurs courtes jambes en balançant les corolles de leurs jupettes que rien ne distingue – sinon la taille – des vêtements des femmes adultes. C’est vrai aussi de leur comportement. J’ai souvent vu des fillettes très jeunes – trois ou quatre ans – avoir à l’égard des hommes une attitude très typiquement et comiquement féminine, sans équivalent dans la conduite des petits garçons à l’égard des femmes. Alors pourquoi les petites filles puisqu’il n’y a pas de petites filles ?
Je crois que la petite fille n’existe pas en effet. C’est un mirage de symétrie. En vérité la nature ne sait pas résister aux sollicitations de la symétrie. Parce que les adultes sont hommes ou femmes, elle a cru nécessaire que les enfants fussent jeunes garçons ou fillettes. Mais la fillette n’est qu’une fausse fenêtre, du même ordre fallacieux que les tétons des hommes ou la seconde cheminée de certains grands paquebots.

L’Ogre de Kaltenborn

Abel Tiffauges :
Pour scandaleuse qu’elle puisse paraître au premier abord, l’affinité profonde qui unit la guerre et l’enfant ne peut être niée. [...] Je me demande si la guerre n’éclate pas dans le seul but de permettre à l’adulte de faire l’enfant, de régresser avec soulagement jusqu’à l’âge des panoplies et des soldats de plomb.

Abel Tiffauges :
Sur la ligne qui va de l’animal à l’homme, l’enfant se situe ainsi au-delà de l’adulte et doit être considéré comme suprahumain, surhumain.

Abel Tiffauges :
Admirable ambiguïté de la phorie qui veut qu’on possède et maîtrise dans la mesure où l’on sert et s’abnie !

Abel Tiffauges :
À l’opposé des fesses des adultes, paquets de viande morte, réserves adipeuses, tristes comme les bosses du chameau, les fesses des enfants vivantes, frémissantes, toujours en éveil, parfois haves et creusées, l’instant d’après souriantes et naïvement optimistes, expressives comme des visages.

L’Astrophore

Abel Tiffauges :
Un grand soleil rouge s’est levé tout à coup devant ma face. Et ce soleil était un enfant.
Un ouragan vermeil m’a jeté dans la poussière, comme Saul sur le chemin de Damas, foudroyé par la lumière. Et cet ouragan était un jeune garçon.

Voir aussi

Bibliographie

Édition utilisée

  • Le Roi des aulnes / Michel Tournier. – [Paris] : Gallimard, 1970 (Mayenne : Impr. Floch). – 400 p. ; 20 × 14 cm. – (Collection Soleil ; 282). (fr)

Articles connexes