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[[Image:1891 Wilhelm von Gloeden 222x300.jpg|thumb|right|Wilhelm von Gloeden en 1891]]
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Le baron '''Wilhelm von Gloeden''' (Schloss Volkshagen, [[16 septembre]] [[1856]] – Taormina, [[16 février]] [[1931]]) est un photographe allemand célèbre et précurseur pour ses photographies d'[[adolescent]]s et de jeunes hommes nus.
Le baron '''Wilhelm von Gloeden''' (Schloss Volkshagen, [[16 septembre]] [[1856]] – Taormina, [[16 février]] [[1931]]) est un photographe allemand célèbre et précurseur pour ses photographies d’[[adolescent]]s et de jeunes hommes nus.


==Biographie==
==Biographie==
Wilhelm von Gloeden est l'un des plus grands photographes de nu masculin. Il est aussi l'un des pionniers de la photographie de plein air.
Wilhelm von Gloeden est l’un des plus grands photographes de nu masculin. Il est aussi l’un des pionniers de la photographie de plein air.


Après avoir étudié l'histoire de l'art à Rostock, il suit une formation de peintre. Pour soigner sa tuberculose, le Baron von Gloeden se rend sur le conseil de son médecin en [[Sicile]] à [[Taormina]] en 1878. Le peintre Otto Geleng qui vit déjà à Taormina lui a parlé de ce lieu paradisiaque. Emerveillé par les paysages siciliens, mais surtout par la beauté sauvage et brute des jeunes paysans, il s'initie à la photographie, aidé aussi bien par les photographes locaux que par son cousin Wilhelm von (ou Guglielmo) Plüschow qui vit à Naples et qui est, lui aussi, fasciné par le corps des jeunes Italiens du Sud.  
Après avoir étudié l’histoire de l’art à Rostock, il suit une formation de peintre. Pour soigner sa tuberculose, le baron von Gloeden se rend sur le conseil de son médecin en Sicile, à [[Taormina]], en [[1878]]. Le peintre Otto Geleng qui vit déjà à Taormina lui a parlé de ce lieu paradisiaque. Émerveillé par les paysages siciliens, mais surtout par la beauté sauvage et brute des jeunes paysans, il s’initie à la photographie, aidé aussi bien par les photographes locaux que par son cousin [[Guglielmo Plüschow|Wilhelm von (ou Guglielmo) Plüschow]] qui vit à [[Naples]] et qui est, lui aussi, fasciné par le corps des jeunes [[Italie|Italiens]] du Sud.


Gloeden devient rapidement célèbre pour ses clichés d'[[éphèbe]]s dont les poses sont très inspirées de l'art antique. Il se dégage de ses photographies de nu masculin une puissance homoérotique peu égalée. Vers 1900, il reçoit la visite d'un autre futur grand photographe du genre, en la personne de [[Rudolph Lehnert]]. Il est rapidement apprécié des esthètes de son temps qui lui commandent des clichés : les écrivains [[Anatole France]], [[Gabriele d'Annunzio]], [[Oscar Wilde]], mais aussi le ''Kaiser'' [[Guillaume II d'Allemagne|Guillaume II]], Edouard VII, le roi d'Angleterre qui popularisa le nudisme, et même le roi du Siam. Plusieurs de ses photographies sont exposées et publiées dans les plus grands magazines spécialiés. Cela peut sembler surprenant compte tenu du contexte [[homophobie|homophobe]] de l'époque. Mais si de nombreuses photographies exhalent le désir homosexuel, elles semblent tolérées du fait de l'alibi de l'héritage culturel grec ; et surtout, aucun des clichés réalisés par Gloeden n'est [[pornographie|pornographique]].  
Gloeden devient rapidement célèbre pour ses clichés d’[[éphèbe]]s dont les poses sont très inspirées de l’art antique. Il se dégage de ses photographies de nu masculin une puissance homoérotique peu égalée. Vers 1900, il reçoit la visite d’un autre futur grand photographe du genre, en la personne de [[Rudolph Lehnert]]. Il est rapidement apprécié des esthètes de son temps qui lui commandent des clichés : les écrivains Anatole France, Gabriele d’Annunzio, [[Oscar Wilde]], mais aussi le ''Kaiser'' Guillaume II, Édouard VII, le roi d’Angleterre qui popularisa le nudisme, et même le roi du Siam. Plusieurs de ses photographies sont exposées et publiées dans les plus grands magazines spécialiés. Cela peut sembler surprenant compte tenu du contexte [[homophobie|homophobe]] de l’époque. Mais si de nombreuses photographies exhalent le désir homosexuel, elles semblent tolérées du fait de l’alibi de l’héritage culturel grec ; et surtout, aucun des clichés réalisés par Gloeden n’est [[pornographie|pornographique]].


[[Image:Portrait_of_two_boys_by_Wilhem_von_Gloeden.jpg|left|thumb|upright=1.2]]
[[Image:Portrait_of_two_boys_by_Wilhem_von_Gloeden.jpg|left|thumb|upright=1.2]]


Au début de la guerre, en 1914, Gloeden décide de rentrer en Allemagne. Lorsqu'il revient à Taormina, il a beaucoup perdu de son inspiration et peu de son goût pour la photographie. Il faut dire que nombre de ses modèles ont péri à la guerre, et que les contraintes des normes sociales sont désormais plus dures. Il meurt en 1931 et repose dans le cimetière protestant de Taormina.
Au début de la guerre, en [[1914]], Gloeden décide de rentrer en Allemagne. Lorsqu’il revient à Taormina, il a beaucoup perdu de son inspiration et peu de son goût pour la photographie. Il faut dire que nombre de ses modèles ont péri à la guerre, et que les contraintes des normes sociales sont désormais plus dures. Il meurt en [[1931]] et repose dans le cimetière protestant de Taormina.


L'un de ses fidèles modèles et ami, Pancrazio Bucini, surnommé Il Moro, hérite du fonds photographique (probablement quelque 7000 clichés). Le fonds est malheureusement saisi en 1933 et 1936 par les fascistes, qui en détruisent environ soixante pour cent, et Il Moro est condamné pour détention de photographies pornographiques. Mais l'oeuvre du Baron est reconnue comme oeuvre d'art et son jeune protégé libéré. Il parvient à récupérer 800 négatifs environ. A sa mort en 1963, Il Moro les laisse à son fils qui les vend à un antiquaire. Depuis 2000, le fonds Wilhelm von Gloeden se trouve au Musée Alinari de Florence. Les tirages collectionnés durant le {{s|XX|e}} par les amateurs du travail de Gloeden sont heureusement nombreux, tout comme les cartes postales ou catalogues d'exposition.
L’un de ses fidèles modèles et amis, Pancrazio Bucini, surnommé “Il Moro”, hérite du fonds photographique (probablement quelque 7000 clichés). Le fonds est malheureusement saisi en [[1933]] et [[1936]] par les fascistes, qui en détruisent environ soixante pour cent, et Il Moro est condamné pour détention de photographies pornographiques. Mais l’œuvre du baron est reconnue comme œuvre d’art et son ancien protégé libéré. Il parvient à récupérer environ 800 négatifs. À sa mort en [[1963]], Il Moro les laisse à son fils, qui les vend à un antiquaire. Depuis [[2000]], le fonds Wilhelm von Gloeden se trouve au Musée Alinari de [[Florence]]. Les tirages collectionnés durant le {{s|XX|e}} par les amateurs du travail de Gloeden sont heureusement nombreux, tout comme les cartes postales ou catalogues d’exposition.


Son œuvre rencontre encore de nos jours un vif intérêt,<ref>Jean-Claude Lemagny, ''Taormina, début de siècle'', Paris, Chêne, 1975.</ref> notamment dans la communauté homosexuelle. [[Roland Barthes]] a préfacé une monographie de Gloeden.<ref>''Taormina : Wilhelm von Gloeden'' (préface de Roland Barthes), Pasadena, Twelvetrees Press, 1997, 3{{e}} édition.</ref> Si aujourd'hui [[Taormina]] continue de s'enorgueillir du séjour de Gloeden, elle n'est plus vraiment un "spot" très couru par les homosexuels.
Son œuvre rencontre encore de nos jours un vif intérêt,<ref>Jean-Claude Lemagny, ''Taormina, début de siècle'', Paris, Chêne, 1975.</ref> notamment dans la communauté homosexuelle. Roland Barthes a préfacé une monographie de Gloeden.<ref>''Taormina : Wilhelm von Gloeden'' (préface de Roland Barthes), Pasadena, Twelvetrees Press, 1997, 3{{Exp|e}} édition.</ref> Si aujourd’hui [[Taormina]] continue de s’enorgueillir du séjour de Gloeden, elle n’est plus vraiment un lieu très couru par les homosexuels.


A Paris, la galerie [http://www.curiositel.com/aubonheurdujour Au Bonheur du Jour], tenue par Madame Nicole Canet, spécialisée dans la photographie ancienne, propose régulièrement des expositions de l'oeuvre de Gloeden et de ses "collègues" Plüschow et Galdi, nommées ''Taormina l'enchanteresse'' (2002), ''Poésies arcadiennes'' (2003), ''Gloedeneries caravagesques'' (2005), ou ''Paradis sicilien'' pour la dernière en 2008. Elles s'accompagnent de l'édition de magnifiques catalogues.
À Paris, la galerie [http://www.curiositel.com/aubonheurdujour Au Bonheur du Jour], tenue par Madame Nicole Canet, spécialisée dans la photographie ancienne, propose régulièrement des expositions de l’œuvre de Gloeden et de ses collègues Plüschow et Galdi : ''Taormina l’enchanteresse'' (2002), ''Poésies arcadiennes'' (2003), ''Gloedeneries caravagesques'' (2005), et ''Paradis sicilien'' pour la dernière en 2008. Elles s’accompagnent de l’édition de magnifiques catalogues.


Les Éditions Textes Gais ont publié en juillet 2008 une biographie de Wilhelm von Gloeden par Roger Peyrefitte. Cet ouvrage comporte également un cahier de 50 nus masculins du photographe. ISBN 978-2-914679-30-5  
Les éditions Textes Gais ont publié en juillet 2008 une biographie de Wilhelm von Gloeden par Roger Peyrefitte. Cet ouvrage comporte également un cahier de 50 nus masculins du photographe (ISBN 978-2-914679-30-5)


On trouve sur la toile un excellent site sur [http://vongloedengayhistory.free.fr/index.html Wilhelm von Gloeden], avec une biographie complète (en anglais et allemand) et de belles photographies d'adolescents nus (notamment d'Il Moro).
On trouve sur l’internet un excellent site sur [http://vongloedengayhistory.free.fr/index.html Wilhelm von Gloeden], avec une biographie complète (en anglais et allemand) et de belles photographies d’adolescents nus (notamment d’Il Moro).


===Sources===
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[[Catégorie:Photographe allemand]]
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[[Catégorie:Naissance en 1856]]
[[Catégorie:Décès en 1931]]
[[Catégorie:Pédéraste allemand]]
[[Catégorie:Pédéraste allemand]]


[[de:Wilhelm von Gloeden]]
[[de:Wilhelm von Gloeden]]
[[en:Wilhelm von Gloeden]]
[[en:Wilhelm von Gloeden]]

Dernière version du 3 mai 2009 à 14:28

Wilhelm von Gloeden en 1891

Le baron Wilhelm von Gloeden (Schloss Volkshagen, 16 septembre 1856 – Taormina, 16 février 1931) est un photographe allemand célèbre et précurseur pour ses photographies d’adolescents et de jeunes hommes nus.

Biographie

Wilhelm von Gloeden est l’un des plus grands photographes de nu masculin. Il est aussi l’un des pionniers de la photographie de plein air.

Après avoir étudié l’histoire de l’art à Rostock, il suit une formation de peintre. Pour soigner sa tuberculose, le baron von Gloeden se rend sur le conseil de son médecin en Sicile, à Taormina, en 1878. Le peintre Otto Geleng qui vit déjà à Taormina lui a parlé de ce lieu paradisiaque. Émerveillé par les paysages siciliens, mais surtout par la beauté sauvage et brute des jeunes paysans, il s’initie à la photographie, aidé aussi bien par les photographes locaux que par son cousin Wilhelm von (ou Guglielmo) Plüschow qui vit à Naples et qui est, lui aussi, fasciné par le corps des jeunes Italiens du Sud.

Gloeden devient rapidement célèbre pour ses clichés d’éphèbes dont les poses sont très inspirées de l’art antique. Il se dégage de ses photographies de nu masculin une puissance homoérotique peu égalée. Vers 1900, il reçoit la visite d’un autre futur grand photographe du genre, en la personne de Rudolph Lehnert. Il est rapidement apprécié des esthètes de son temps qui lui commandent des clichés : les écrivains Anatole France, Gabriele d’Annunzio, Oscar Wilde, mais aussi le Kaiser Guillaume II, Édouard VII, le roi d’Angleterre qui popularisa le nudisme, et même le roi du Siam. Plusieurs de ses photographies sont exposées et publiées dans les plus grands magazines spécialiés. Cela peut sembler surprenant compte tenu du contexte homophobe de l’époque. Mais si de nombreuses photographies exhalent le désir homosexuel, elles semblent tolérées du fait de l’alibi de l’héritage culturel grec ; et surtout, aucun des clichés réalisés par Gloeden n’est pornographique.

Au début de la guerre, en 1914, Gloeden décide de rentrer en Allemagne. Lorsqu’il revient à Taormina, il a beaucoup perdu de son inspiration et peu de son goût pour la photographie. Il faut dire que nombre de ses modèles ont péri à la guerre, et que les contraintes des normes sociales sont désormais plus dures. Il meurt en 1931 et repose dans le cimetière protestant de Taormina.

L’un de ses fidèles modèles et amis, Pancrazio Bucini, surnommé “Il Moro”, hérite du fonds photographique (probablement quelque 7000 clichés). Le fonds est malheureusement saisi en 1933 et 1936 par les fascistes, qui en détruisent environ soixante pour cent, et Il Moro est condamné pour détention de photographies pornographiques. Mais l’œuvre du baron est reconnue comme œuvre d’art et son ancien protégé libéré. Il parvient à récupérer environ 800 négatifs. À sa mort en 1963, Il Moro les laisse à son fils, qui les vend à un antiquaire. Depuis 2000, le fonds Wilhelm von Gloeden se trouve au Musée Alinari de Florence. Les tirages collectionnés durant le XXe siècle par les amateurs du travail de Gloeden sont heureusement nombreux, tout comme les cartes postales ou catalogues d’exposition.

Son œuvre rencontre encore de nos jours un vif intérêt,[1] notamment dans la communauté homosexuelle. Roland Barthes a préfacé une monographie de Gloeden.[2] Si aujourd’hui Taormina continue de s’enorgueillir du séjour de Gloeden, elle n’est plus vraiment un lieu très couru par les homosexuels.

À Paris, la galerie Au Bonheur du Jour, tenue par Madame Nicole Canet, spécialisée dans la photographie ancienne, propose régulièrement des expositions de l’œuvre de Gloeden et de ses collègues Plüschow et Galdi : Taormina l’enchanteresse (2002), Poésies arcadiennes (2003), Gloedeneries caravagesques (2005), et Paradis sicilien pour la dernière en 2008. Elles s’accompagnent de l’édition de magnifiques catalogues.

Les éditions Textes Gais ont publié en juillet 2008 une biographie de Wilhelm von Gloeden par Roger Peyrefitte. Cet ouvrage comporte également un cahier de 50 nus masculins du photographe (ISBN 978-2-914679-30-5)

On trouve sur l’internet un excellent site sur Wilhelm von Gloeden, avec une biographie complète (en anglais et allemand) et de belles photographies d’adolescents nus (notamment d’Il Moro).

Sources

Notes

  1. Jean-Claude Lemagny, Taormina, début de siècle, Paris, Chêne, 1975.
  2. Taormina : Wilhelm von Gloeden (préface de Roland Barthes), Pasadena, Twelvetrees Press, 1997, 3e édition.

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