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Le samedi soir nous poussions sa mère dans sa chambre et nous regardions des vidéos. Films d'horreur et de sexe. Gerard n'a jamais profité de moi. J'y allais de moi-même, il ne m'a jamais menacé et ne m'a jamais donné de conseils au cas où la police me mettait en prison si cela se savait, ou quoi. Au contraire, il me faisait lire des magazines super soft<ref>En néerlanglais dans le texte</ref> où des pédophiles expliquaient combien ils aimaient les enfants et comment faire la différence entre un bon et un mauvais pédophile. Et que le « jeune » dans une relation entre un plus vieux et un plus jeune pouvait quand même toujours dire non. Comme s'il fallait encore me l'expliquer.
Le samedi soir nous poussions sa mère dans sa chambre et nous regardions des vidéos. Films d'horreur et de sexe. Gerard n'a jamais profité de moi. J'y allais de moi-même, il ne m'a jamais menacé et ne m'a jamais donné de conseils au cas où la police me mettait en prison si cela se savait, ou quoi. Au contraire, il me faisait lire des magazines super soft<ref>En néerlanglais dans le texte.</ref> où des pédophiles expliquaient combien ils aimaient les enfants et comment faire la différence entre un bon et un mauvais pédophile. Et que le « jeune » dans une relation entre un plus vieux et un plus jeune pouvait quand même toujours dire non. Comme s'il fallait encore me l'expliquer.


Plus tard personne n'a voulu me croire mais je savais très bien ce que je faisais, quand j'étais avec Gerard, et en fait je trouvais injuste qu'il en risquât beaucoup plus que moi. C'est pourquoi je me sentais parfois coupable si je m'ennuyais en sa présence. J'avais essayé tous les numéros de plats à emporter du traiteur chinois, deux fois. Je connaissais des dizaines de positions pour le faire avec une femme, mais je n'avais que Gerard pour se faire des pipes. J'ai devenu décidément bon en judo. Mais Gerard restait plus fort. <nowiki>[...]</nowiki>
Plus tard personne n'a voulu me croire mais je savais très bien ce que je faisais, quand j'étais avec Gerard, et en fait je trouvais injuste qu'il en risquât beaucoup plus que moi. C'est pourquoi je me sentais parfois coupable si je m'ennuyais en sa présence. J'avais essayé tous les numéros de plats à emporter du traiteur chinois, deux fois. Je connaissais des dizaines de positions pour le faire avec une femme, mais je n'avais que Gerard pour se faire des pipes. J'ai devenu décidément bon en judo. Mais Gerard restait plus fort. <nowiki>[...]</nowiki>
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En route vers Vossemere j'ai demandé à Gerard : — Y-a-il un rapport en baiser et mourir ?<br>
En route vers Vossemere j'ai demandé à Gerard : — Y-a-il un rapport entre baiser et mourir ?<br>
Les essuie-glaces de la Renault crissaient joyeusement sur le pare-brise. Le radiateur faisait bourdonner l'air sec dans la voiture et nous tanguions le long des trous d'eau dans le revêtement de la route. Les rafales de pluie tambourinaient sur le toit. Je fermai le col de ma veste. Il n'y avait pas grand chose de plus à voir par le pare-brise avant : un mur de pluie gris, percé ici et là par un paire de phares. C'était une jolie pensée : que nous étions encerclé d'eau et quand même au chaud et au sec, et nous filions comme un boulet, comme un oeuf, à travers l'espace humide. J'étais content d'être assis près de Gerard dans la vieille Renault. Je regardai de côté, sa main sur le levier de vitesses et sa chemise de bûcheron et les boucles de sa barbe.<br>
Les essuie-glaces de la Renault crissaient joyeusement sur le pare-brise. Le radiateur faisait bourdonner l'air sec dans la voiture et nous tanguions le long des trous d'eau dans le revêtement de la route. Les rafales de pluie tambourinaient sur le toit. Je fermai le col de ma veste. Il n'y avait pas grand chose de plus à voir par le pare-brise avant : un mur de pluie gris, percé ici et là par un paire de phares. C'était une jolie pensée : que nous étions encerclé d'eau et quand même au chaud et au sec, et nous filions comme un boulet, comme un oeuf, à travers l'espace humide. J'étais content d'être assis près de Gerard dans la vieille Renault. Je regardai de côté, sa main sur le levier de vitesses et sa chemise de bûcheron et les boucles de sa barbe.<br>
— Que dis-tu ? demanda-t-il.<br>
— Que dis-tu ? demanda-t-il.<br>

Version du 20 septembre 2013 à 09:12

Achter het licht ( Derrière la lumière ) est le début littéraire de Willem Beelen[1], une nouvelle parue en 1998, pendant les années de tempête médiatique liées à l' l'affaire Dutroux. Le parcours d'un garçon de treize ans victime consentante de ses propres carences morales et d'un mentor entreprenant et qui trouvera la rédemption dans les bras de sa petite amie.


L'auteur

Willem Beelen

Willem Beelen (Neerpelt, 1967) est un écrivain belge. Il a étudié la sociologie et l'anthropologie à l'université de Louvain, fut journaliste, est scénariste d'une série télévisée policière dans laquelle sévissent parfois d'affreux pédophiles.

Résumé

Achter het licht, 1998

Suite à un larcin insolent, Jurgen, âgé de treize ans, devient un exclu, le souffre-douleur de sa classe. Le même jour, il rencontre Gerard, un médecin du travail de trente-quatre ans qui s'installe au village avec sa mère handicapée. Gerard le tire d'affaire en lui proposant un job de vacances. Il lui apprend aussi à se défendre, à se connaître et à baiser. Après deux mois de ce programme, Jurgen n'est plus le même garçon. L'amour est absent de leur relation, mais pas la tendresse. Jurgen a bientôt une petite amie, Veerle, avec qui il met en pratique quelques préliminaires appris chez Gerard. Quand le directeur du collège découvre que Jurgen a falsifié des billets d'excuse chapardés chez Gerard, le garçon se sent trahi et le dénonce. Gerard se retrouve en prison et Jurgen passe ses samedis chez un thérapeute qui ne le libère pas des préjugés sur les victimes. C'est Veerle qui lui apporte la rédemption en venant lui faire l'amour.

Extraits


Ik was net dertien toen ik de Mont Blanc-vulpen van Dirk Jan Kuitenbrouwer pikte en even later Gerard leerden kennen: een man van vierendertig met wie ik, voor het eerst in mijn leven, echte seks bedreef, zonder dat ik ooit van hem heb gehouden. [...][2]

J'avais juste treize ans quand j'ai piqué le stylo Mont Blanc de Dirk Jan Kuitenbrouwer et qu'un peu plus tard j'ai connu Gerard : un homme de trente-quatre ans avec qui, pour la première fois de ma vie, j'ai eu des rapports sexuels, sans que je l'aie jamais aimé. [...]





Ik had bijna elke dag seks die zomer. Gerard zei dat ik hem moest zien als een gids, een mentor. En ik leerde ook heel veel van hem.

Ik leerde op zijn computer werken, hij kocht spelletjes voor mij en huurde ninja-films. Ik leerde timmeren en metselen. Ik leerde verschillende judogrepen. Ik leerde zijn moeder verschonen. En ik leerde alles over seks.

Eerst masseerde hij me van top tot teen met Nivea-olie, zodat ik mijn lekkere plekjes leerde kennen: achter mijn oren, in mijn nek, iets onder mijn oksels, in de holte van mijn rug, achter mijn ballen, in de plooi van mijn knie en aan de zolen van mijn voeten. Daarna leerde hij mij masseren. Hoe ik met mijn duimen moest draaien, hoe vanuit mijn polsen kneden...

Gerard had ongeveer dezelfde lekkere plekjes als ik. Maar hij vond het ook fijn als ik zijn hele neus in mijn mond nam. En als hij dat bij mij deed, vond ik daar niets aan.

Lijf-tegen-lijfmassage was mijn favoriet: ik ging boven op hem liggen en we begonnen allebei te kronkelen vanuit ons hele lijf. Gerard liet me de verschillende manieren zien waarop je kan pijpen: (...)[3]

[...]

J'ai baisé presque chaque jour cet été-là. Gerard disait que je devais le voir comme un guide, un mentor. Et il m'en a beaucoup appris.

J'ai appris à travailler sur son ordinateur, il m'achetait des jeux et louait des films de ninjas. J'ai appris la menuiserie et la maçonnerie. J'ai appris différentes prises de judo. J'ai appris à changer sa mère. Et j'ai tout appris sur le sexe.

D'abord il me massait de la tête au pied avec de la crème Nivea, pour que j'apprenne à connaître mes points sensibles. Derrière mes oreilles, dans mon cou, juste sous mes aisselles, aux creux de mon dos, derrière mes couilles, dans le pli de mon genou et à la plante de mes pieds. Ensuite il m'a appris à masser. Comment il faut tourner avec les pouces, comment pétrir en utilisant les poignets...

Gerard avait à peu près les mêmes points sensibles que moi, mais il aimait aussi que je prenne son nez tout entier dans ma bouche. Et quand il me le faisait, je n'y trouvais rien de spécial.

Le massage corps-à-corps était mon préféré : je me couchais sur lui et nous nous tortillions tous deux de tout nos corps. Gerard m'a fait voir les différentes manières de tailler des pipes : (...)





[...]

Op zaterdagavond schoven we zijn moeder in haar kamer en keken we video's. harde horror en seks. Gerard heeft nooit van mij geprofiteerd. Ik was er altijd zelf bij, hij heeft me nooit bedreigd en hij maakte me ook geen dingen wijs als zou de politie mij in de gevangenis stoppen als het uitkwam, of zo. Integendeel, hij liet me supersofte Nederlandse tijdschriften lezen waarin pedofielen schreven hoeveel ze wel van kinderen hielden en hoe je een goede van een slechte pedofiel kon onderscheiden. En dat de ‘jongere’ in een relatie tussen een oudere en een jongere ook altijd ‘nee’ kon zeggen. Alsof ze me dat nog moesten vertellen.

Achteraf wou niemand me geloven maar ik wist heel goed waar ik mee bezig was, toen met Gerard, en eigenlijk vond ik het niet eerlijk dat hij zoveel meer riskeerde dan ik. Daarom voelde ik me soms ook schuldig als ik me verveelde in zijn buurt. Ik had alle nummers van de afhaalchinees gehad, en nog eens, Ik kende tientallen standjes om met een vrouw te doen, maar had alleen Gerard om mee te pijpen. Ik was beslist goed geworden in judo. Maar Gerard bleef toch altijd sterker. [...][4]

[...]


Le samedi soir nous poussions sa mère dans sa chambre et nous regardions des vidéos. Films d'horreur et de sexe. Gerard n'a jamais profité de moi. J'y allais de moi-même, il ne m'a jamais menacé et ne m'a jamais donné de conseils au cas où la police me mettait en prison si cela se savait, ou quoi. Au contraire, il me faisait lire des magazines super soft[5] où des pédophiles expliquaient combien ils aimaient les enfants et comment faire la différence entre un bon et un mauvais pédophile. Et que le « jeune » dans une relation entre un plus vieux et un plus jeune pouvait quand même toujours dire non. Comme s'il fallait encore me l'expliquer.

Plus tard personne n'a voulu me croire mais je savais très bien ce que je faisais, quand j'étais avec Gerard, et en fait je trouvais injuste qu'il en risquât beaucoup plus que moi. C'est pourquoi je me sentais parfois coupable si je m'ennuyais en sa présence. J'avais essayé tous les numéros de plats à emporter du traiteur chinois, deux fois. Je connaissais des dizaines de positions pour le faire avec une femme, mais je n'avais que Gerard pour se faire des pipes. J'ai devenu décidément bon en judo. Mais Gerard restait plus fort. [...]





[...]

Onderweg naar Vossemeren vroeg ik Gerard: ‘Bestaat er een verband tussen vrijen en doodgaan?’
De ruitenwissers van de Renault zwiepten vrolijk over de ruiten, de radiator bromde droge lucht in de wagen en we dansten langs de putten in het wegdek. Regenvlagen roffelden neer op het dak. Ik ritste de kraag van mijn jas dicht. Er was niet veel meer te zien door de voorruit: een grijze muur regen, waar af en toe een of twee koplampen doorheen braken. Het was een prettige gedachte: dat we omringd waren door water en toch helemaal warm en droog, en we schoten als een kogel, als een ei, door de vochtige ruimte. Ik zat graag naast Gerard in de oude Renault. Ik keek opzij naar zijn hand op de versnellingspook en naar het houthakkershemd en naar de krullen in zijn baard.
‘Wat zeg je?’ vroeg hij.
‘Hoe zit dat eigenlijk met vrijen en doodgaan?’ Ik legde mijnj hand op zijn hand op de pook.
‘Wat heb je nu weer gelezen?’ vroeg Gerard. ‘Ik moet eigenlijk op de weg letten, hoor... ik, eh... Wat zou dat eigenlijk...?’
Ik legde mijn hood tegen zijn schouder.
‘Ik heb niets gelezen,’ look ik. Ik had en moeilijke duitse film gezien. ‘Maar ik bedoel, als ik klaarkom, dan verlies ik iets. Iets glipt uit me weg en mijn hart bonkt, en hoeveel heb ik daarvan? Kan ik een leven lang blijven vrijen of ga ik dood als het op is?’ Ik wou weten hoe het zat met dat gele licht dat uit mijn neus en oren lekte als ik met hem vree.
‘Je moet niet schuldig voelen’ zei Gerard. ‘Vroeger zeiden ze dat je er blind van kon worden, of dat je een scheve rug zou krijgen. Maar dat is allemaal niet waar. Het is heel normaal.’
‘Juist,’ zei ik. Ik zag in dat hij te oud was om mijn vraag te begrijpen en dus draaide ik me om, drukte mijn neus tegen de zijruit, deinde mee met de vering van de auto en blies een symmetrische condensvlek op het veiligheidsglas[6].

[...]

En route vers Vossemere j'ai demandé à Gerard : — Y-a-il un rapport entre baiser et mourir ?
Les essuie-glaces de la Renault crissaient joyeusement sur le pare-brise. Le radiateur faisait bourdonner l'air sec dans la voiture et nous tanguions le long des trous d'eau dans le revêtement de la route. Les rafales de pluie tambourinaient sur le toit. Je fermai le col de ma veste. Il n'y avait pas grand chose de plus à voir par le pare-brise avant : un mur de pluie gris, percé ici et là par un paire de phares. C'était une jolie pensée : que nous étions encerclé d'eau et quand même au chaud et au sec, et nous filions comme un boulet, comme un oeuf, à travers l'espace humide. J'étais content d'être assis près de Gerard dans la vieille Renault. Je regardai de côté, sa main sur le levier de vitesses et sa chemise de bûcheron et les boucles de sa barbe.
— Que dis-tu ? demanda-t-il.
— Qu'en est-il réellement, à propos de baiser et mourir ? Je mis ma main sur la sienne, posée sur le levier.
— Qu'as-tu à nouveau lu ? demanda Gerard. Je devrais me concentrer sur la route, hein... je, eh... Qu'en serait-il... ?
— J'appuiai la tête contre son épaule.
— Je n'ai rien lu, mentis-je. J'avais vu un film allemand difficile. Mais je veux dire, si je jouis, alors je perds quelque chose. Quelque chose s'écoule hors de moi et mon coeur bat la chamade, et quelle quantité en ai-je ? Puis-je continuer à baiser tout au long de ma vie, ou bien est-ce que je mourrai quand elle sera épuisée ? Je voulais savoir ce qu'il en était de cette lumière jaune qui s'échappait de mon nez et de mes oreilles quand je baisais avec lui.
— Tu ne dois pas te sentir coupable, dit Gerard. Autrefois on disait que ça rendait aveugle, ou bossu. Mais ce n'est pas du tout vrai. C'est très normal.
— Juste, dis-je. Je me rendis compte qu'il était trop vieux pour comprendre ma question, et en conséquence je me suis retourné, le nez contre la vitre latérale, ballotté au rythme de la suspension et ai soufflé une tache de buée symétrique sur la vitre de sécurité.



Bibliographie

  • Achter het licht : novelle / Willem Beelen, Uitgeverij Kontakt, Amsterdam/Antwerpen, 1998.

ISBN : 9025423809

Notes

  1. Un pseudonyme.
  2. P. 7.
  3. P.51.
  4. P.59-60.
  5. En néerlanglais dans le texte.
  6. P.60-61.