« Contrepèterie » : différence entre les versions
Contrepèterie |
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La plupart des contrepèteries sont simples, c’est-à-dire qu’elles ne nécessitent que l’interversion de deux sons. Par exemple : « Il faut couper les '''n'''ouilles au sé'''c'''ateur » ; ou encore : « Faites attention à ne pas '''gl'''isser dans la '''p'''iscine ». | La plupart des contrepèteries sont simples, c’est-à-dire qu’elles ne nécessitent que l’interversion de deux sons. Par exemple : « Il faut couper les '''n'''ouilles au sé'''c'''ateur » ; ou encore : « Faites attention à ne pas '''gl'''isser dans la '''p'''iscine ». | ||
Version du 13 juillet 2013 à 18:14
On appelle contrepèterie une sorte de jeu de mots, dans lequel la permutation de deux ou plusieurs sons d’une phrase donne un nouveau sens plus ou moins “inconvenant”.
(D’habitude, on évite de donner la solution d’une contrepèterie.)
Formes
La plupart des contrepèteries sont simples, c’est-à-dire qu’elles ne nécessitent que l’interversion de deux sons. Par exemple : « Il faut couper les nouilles au sécateur » ; ou encore : « Faites attention à ne pas glisser dans la piscine ».
D’autres sont doubles (quatre sons, intervertis deux à deux), voire beaucoup plus complexes, comme celle-ci : « L’aspirant habite Javel » (la solution étant presque impossible à trouver, on la donne exceptionnellement en note[1]).
Beaucoup de contrepèteries hétérosexuelles peuvent être adaptées aux garçons. Ainsi, il suffit d’un léger changement dans l’une des plus anciennement connues (donnée par Rabelais dans son Pantagruel) pour affirmer que « cet enfant de chœur est fou de la messe ». D’autres, dont on trouvera ci-dessous quelques exemples, sont spécifiquement garçonnières, voire pédérastiques.
Histoire du mot
C’est Rabelais, justement, qui semble avoir inventé ce type de jeu de mots, à propos duquel il utilisait le verbe contre-petter (« faire une équivoque »). Mais il faut attendre l’érudit Étienne Tabourot des Accords pour trouver la première attestation du terme contrepèterie, dans son recueil facétieux Les bigarrures du Seigneur des Accords.[2] Or c’est dans le quatrième tome de ce même ouvrage qu’apparaît également, pour la première fois en français, le terme pédéraste.
Contrepèteries garçonnières simples
Déplacement d’un seul son
Le type le plus simple de contrepèterie consiste à déplacer un seul son. En voici un exemple (approximatif, d’ailleurs) :
- Le mineur tire sa houille de bon cœur.
Permutation voyelle/voyelle
La permutation de deux voyelles, bien que simple, donne souvent des résultats intéressants :
- Les élèves se battent dans les cabines.
- Une petite butte aux frais relents d’anis.
- Un homme a mis deux puces dans le cou du garçon.
Comme toujours en matière de contrepèterie, ce n’est pas l’orthographe qui compte, mais la phonétique. Les exemples suivants comportent des voyelles nasales (an, in, on, un) avec diverses variantes orthographiques :
- L’enfant boude quand on touche à son petit banc.
- Il est rentré souplement dans le petit train.
Permutation consonne/consonne
Les permutations de deux consonnes sont assez simples à trouver :
- Le marmiton n’aime pas secouer les nouilles !
- L’enfant de Paris s’est efféminé.
- Est-ce qu’à l’École des Mines on fournit les pioches ?
- La mine de ce garçon inspire de la pitié.
- Ce garçon était pressé pour dîner.
- Les problèmes de mue font renoncer à la chorale !
- Le moine était en train de graver les notices.
- Cet enfant avait une fine appellation.
- J’ai trouvé ce garçon les laissant faire.
- Les garçons se calèrent pour pouvoir mieux se brancher.
- Cet apprenti exhibe ses coudes, et prétend qu’il n’est pas payé !
Parfois, il est opportun d’amener la contrepèterie par une courte introduction :
- Ce que j’aime chez ce garçon, c’est que son tennis est prévisible.
- Quand ses garçons font une bêtise, le moniteur hésite entre le foot et la délation.
- En sortant du concert des Petits Chanteurs d’Édimbourg, il dit : « Magnifique, l’aigu d’Écosse ! »
On peut assister à d’amusants changements de sexe :
- Jeune déjà, tu paraissais taquine.
Permutation voyelle/son complexe
La complication augmente avec la permutation d’une voyelle et d’un son plus complexe, composé de plusieurs phonèmes :
- J’ai été le vaincu de son petit cœur.
- Ça pue dans le car des élèves.
- J’ai vu quatre homards sur un petit bateau.
- Les élèves sont sur les dents quand ça barde.
- Le professeur a vu des élèves sortir des bancs avec des gestes insolites.
- Ce garçon aime jouer avec mes piles de boîtes.
Permutation consonne/son complexe
Dans les phrases suivantes, il convient de permuter une consonne simple avec un groupe de consonnes :
- Les garçons de Troie offraient leurs joues.
- Les jeunes trappistes s’accommodent de leurs petits poux.
Permutation entre deux sons complexes
Lorsque chacun des sons à intervertir est composé de plusieurs phonèmes, les possibilités deviennent presque infinies :
- Il faut éviter de devenir un vieux ridé paisible !
- Les muses habitent ce garçon. (Variante : Ce garçon est habité par les muses.)
- Beaucoup de gamins montrent leur dos à Trouville.
- Avec les garçons, ces innocentes caresses doivent-elles entrer dans les fautes ?
- L’enfant de chœur traverse joyeusement le verger de sa cure.
- Il a subi des sets au cours de tennis.
Contrepèteries garçonnières doubles
Lorsqu’elles s’enchaînent logiquement, deux contrepèteries dans la même phrase peuvent démultiplier l’effet comique :
- Une masse de perturbateurs rentra dans la classe, et en un instant tous les bancs furent vidés.
- Dans les pensionnats, il y a toujours un petit feu de poutres entre les pièces du fond.
Notes et références
- ↑ Découper en six parties, puis les lire en sens inverse :
L’ | a | spir | ant | habite | Javel - ↑ Le plus ancien exemplaire que possède la Bibliothèque nationale de France est de 1585 : Les bigarrures du seigneur des Accords. Quatriesme livre. Mais différents auteurs évoquent des éditions en 1572 (apparition de contrepèterie), en 1582 et en 1584 (apparition de pédéraste).