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*''Les embrassades'' / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 182 p. ; 21 × 13 cm.{{Commentaire biblio|Premier chapitre, « Je suis né à l’ombre des palmiers », p. 15-17.}} | *''Les embrassades'' / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 182 p. ; 21 × 13 cm.{{Commentaire biblio|Premier chapitre, « Je suis né à l’ombre des palmiers », p. 15-17.}} | ||
===Articles connexes=== | |||
*[[Maroc]] | |||
*[[Phallus]] | |||
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Version du 6 août 2013 à 14:52
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Extrait du récit autobiographique de Jacques Pyerre Les embrassades.
Premier chapitre
Je suis né à l’ombre des palmiers, dans l’odeur des jasmins et des roses, si prisées dans tout l’Orient. Leur senteur baigne encore mes premiers souvenirs auditifs qui sont ceux des muezzins appelant à la prière plusieurs fois par jour et déchirant l’air bleu de leur voix rauque. Mes yeux, tout enfant, se portaient continuellement vers ces minarets que je voyais mal, car le soleil m’empêchait de les fixer, et autour desquels le vol plan et noir des hirondelles me charmait.
Freud fait remonter les plus profonds désirs au sein de la nourrice ; soyons franc, je ne me souviens pas de ma nourrice ; j’imagine que j’ai dû en avoir une comme tout le monde ; elle ne m’a laissé aucun souvenir. C’était plutôt les énormes masses des tours de ces mosquées qui me fascinaient ; je vivais la tête vers le ciel ; plus tard je peux dire que j’ai vécu la tête à hauteur de braguette… mais n’anticipons pas. Ce qui est sûr, c’est que j’admirais à deux ans et partout en ville, car les cités arabes n’en manquent pas, comme chez nous les églises, les chapelles, les reposoirs et autres sanctuaires ; j’admirais donc les minarets, qui, comme d’immenses phallus veillaient sur moi.
Cette idée de phallus et de minaret liés ensemble prit vraiment naissance lorsque j’eus dix ans. Mais avant de voir comment, je dois vous dire qui j’étais et comment j’étais.
Mon père était fonctionnaire à Rabat ; il avait une bonne position. Nous habitions une grande maison blanche entourée de grenadiers, de figuiers, d’hibiscus et d’un beau jardin dont s’occupait Mohammed, un superbe gaillard de dix-huit ans qui devint vite, lorsque j’en eus l’âge, mon compagnon de jeux favori.
J’étais rose, blond, potelé, si charmant que Mère se gardait bien de couper mes boucles qui me tombaient sur le front et comme c’était la mode à l’époque, en guise de sarrau je fus affublé, et cela au moins jusqu’à six ans, de ravissantes robes en dentelles ou guipures qui me firent toujours envie quand plus tard je les vis portées par de véritables jeunes filles. Je mentirais en disant que je me prive d’en mettre quelquefois, mais enfin il faut une occasion, un bal de folles ou une fête de charité pour une vieille caroline malade et qui prend sa retraite.
Je voyais ma mère comme on voit une allégorie ; le climat la fatiguait et elle passait son temps, nonchalante, sur des chaises longues. Père était un homme austère, vêtu d’alpaga noir, on le voyait peu et durant toute ma vie je l’ai très peu rencontré. Il regimba toujours contre le fait que l’on m’ait appelé Poupette. Ce fut d’abord : Oh ! le beau Poupou ! Puis, Poupounet, ensuite on ne put s’empêcher de tomber dans « Poupette », c’était l’évidence, car il n’y avait pas de plus bel enfant à dix lieues à la ronde. J’étais la sœur du jeune Lord Fauntleroy que l’on voit toujours dans les livres d’images, souriant et couvert de dentelles ; malheureusement j’aurais dû être son frère car je m’appelais Jacques, Michel, prénoms de mes deux grands-pères.
Mais Poupette il y avait et Poupette je restai ; ma mère ne m’appela plus jamais que comme cela. Dieu ait son âme, la chère femme, car m’eût-elle dès l’enfance vêtu de cuir comme on le fit pour le Vert Galant et eussé-je été élevé au pain frotté d’ail, que j’aurais été le même. Voyez-vous, je vous fais ma première confidence : je sus très vite que je n’aimais que les hommes et rien ne me rendit jamais plus heureux. Je ne fus jamais fidèle à aucun, mais ma fidélité resta inébranlable au sexe et disons-le au pluriel, aux beaux sexes.
Je n’eus pas autour de mon berceau les bonnes et les mauvaises fées comme chez la Comtesse de Ségur, mais tout autour de ma ville, dans ce beau pays qu’était, et que demeure, le Maroc, où je suis né, les minarets phalliques sous l’ombre desquels je marchais à longueur de journée, ombres qui dessinaient dans toute la cité de splendides roses des vents dont les points cardinaux étaient les plus belles bites qu’un petit garçon qui commençait à les aimer, pouvait rêver.
… Quelques mots |
Je suis né à l’ombre des palmiers |
Crac ! Voilà le facteur |
Lucien exagère |
Ohhhh ! La marine américaine |
Ne me parlez plus de Genève |
Tant qu’on est à Gênes il y a du plaisir (extrait) |
La Sophonisba fait mon éducation |
Monsieur l’Administrateur |
Une soirée au cinéma |
Sur la mer déchaînée (extrait) |
Scandale au Caire |
Au bain de vapeur que les musulmans appellent hammam (extrait) |
En route pour le Sud |
La fière Albion n’est pas fière du tout |
L’hospitalité écossaise |
Ma nuit de Walpurgis |
Être « l’ami de la famille » ne me retient pas |
Voir aussi
Source
- Les embrassades / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 182 p. ; 21 × 13 cm.Premier chapitre, « Je suis né à l’ombre des palmiers », p. 15-17.