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Une traduction française de cet essai, sous le titre ''L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées'', augmenté de notes secondaires et d’une présentation, a été publiée en [[2018]] par les éditions [[Quintes-feuilles]].<ref>Erich Bethe, ''L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées'', traduit de l’allemand, présenté et annoté secondairement par Jean-Claude Féray, Quintes-feuilles, 2018. 118 pages. ISBN 978-2-9551399-5-0</ref>
Une traduction française de cet essai, sous le titre ''L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées'', augmenté de notes secondaires et d’une présentation, a été publiée en [[2018]] par les éditions [[Quintes-feuilles]].<ref>Erich Bethe, ''L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées'', traduit de l’allemand, présenté et annoté secondairement par Jean-Claude Féray, Quintes-feuilles, 2018. 118 pages. ISBN 978-2-9551399-5-0</ref>
 
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==L’auteur==
==L’auteur==

Version du 14 juillet 2019 à 17:41

« Die dorische Knabenliebe : ihre Ethik, ihre Idee » est un article du philologue allemand Erich Bethe, paru en 1907 dans la revue Rheinisches Museum für Philologie de Leipzig.[1] Il a été republié en 1983 par Wolfram Setz chez l’éditeur Rosa Winkel.

Une traduction française de cet essai, sous le titre L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées, augmenté de notes secondaires et d’une présentation, a été publiée en 2018 par les éditions Quintes-feuilles.[2]

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Die dorische Knabenliebe

L’auteur

Né le 2 mai 1863 à Stettin, ville de Poméranie aujourd’hui en Pologne, et mort à Leipzig le 19 octobre 1940, Erich Bethe est un philologue allemand, formé dans les universités de Bonn et de Göttingen, et qui enseigna la philologie classique essentiellement à Leipzig.

Il est l’oncle du physicien Hans Bethe (1906-2005), prix Nobel de physique en 1967, qui collabora à l’élaboration de la première bombe nucléaire états-unienne.

Travaux antérieurs

Avant Erich Bethe, seuls deux philologues allemands avaient osé traiter de la pédérastie grecque selon les codes et usages universitaires : K. O. Müller (1797-1840) et M. H. E. Meier (1796-1855).

Karl Otfried Müller, dans le troisième volume de son ouvrage Geschichten Hellenischer Stämme und Städte, traite en 1824 de la pédérastie dorienne, de manière honnête mais trop succincte.[3]

En 1837, Moritz Hermann Eduard Meier publie dans la Allgemeinen Encyclopädie der Wissenschaften und Künste un long article intitulé « Päderastie ».[4] Mais en dépit de sa grande érudition, il ne prend en compte que la forme « platonique » de cet amour.

La thèse défendue par Bethe

Erich Bethe n’est donc pas le premier à avoir avancé l’idée (aujourd’hui considérée comme non démontrée) que la pédérastie a d’abord été une institution des peuples doriens ; lesquels, descendus des montagnes du Nord, auraient introduit et répandu l’amour des garçons dans toute la Grèce, lors de leurs migrations et de leurs conquêtes. Mais il est celui qui a le plus contribué à répandre cette thèse.

S’appuyant sur l’analyse de textes grecs classiques, il défend d’abord l’idée que l’amour pédérastique était pour les Doriens une institution très codifiée (notamment en ce qui concerne le rapt), hautement respectée et même sacrée.

Il démontre aussi que pour ce peuple guerrier, à l’origine, l’amant (l’éraste) était censé transmettre ses qualités viriles et ses vertus guerrières (résumées par le mot ἀρετή) à son aimé (l’éromène).

Il pose ensuite cette question : aux époques archaïques, par quel moyen les Doriens croyaient-ils que ces vertus étaient transmises ?

En se basant essentiellement sur les inscriptions rupestres de l’île de Théra (aujourd’hui appelée Santorin) ainsi que sur les données anthropologiques touchant les idées que les peuples primitifs se faisaient du souffle, de l’urine ou du sperme comme des émanations de l’âme (observations chez les Papous de Nouvelle-Zélande), il avance une thèse audacieuse : que les premiers Doriens imaginaient transmettre les vertus guerrières d’un éraste adulte à un éromène adolescent par le coït pédérastique, et en particulier par le sperme.

Bethe rapproche enfin la pédérastie dorienne de celle d’autres groupes guerriers, notamment les samouraïs du Japon.

Réception et postérité de la thèse de Bethe

L’article de Bethe fit sensation lors de sa parution. Il marque une étape dans la mesure où, pour la première fois, un universitaire parlait de manière positive et sans périphrases de la pédérastie grecque, en abordant de manière frontale le versant sexuel de la question, sans le dénigrer, mais cherchant au contraire, en tant que scientifique, à lui trouver une explication rationnelle.

Il fut critiqué par des collègues allemands (Anatol Semenov, Albert Ruppersberg) ou français (Henri-Irénée Marrou, Félix Buffière), mais trouva également des défenseurs et des continuateurs parmi les philologues plus versés en anthropologie, comme le Finlandais Rolf Lagerborg et le Français Henri Jeanmaire.

Plus récemment, le philologue allemand Harald Patzer (1910-2005) a développé la thèse de Bethe dans son ouvrage Die griechische Knabenliebe.[5] Il confirme que, selon lui, la relation pédérastique chez les Doriens était censée transmettre les vertus viriles et guerrières d’un homme à un adolescent. Il précise ensuite que cet amour a persisté, chez les Grecs des époques ultérieures, dans son rôle de transmission de vertus entre éraste et éromène ; mais alors ces vertus, au lieu d’être guerrières, étaient avant tout morales et civiques.

Aujourd’hui, l’étude de Bethe est considérée par la plupart des hellénistes comme une étape relativement dépassée dans la connaissance des conceptions amoureuses des Grecs de l’Antiquité.


Extrait

À Thèbes, à Théra et en Crète, l’union du couple masculin ne s’effectuait pas sans une consécration religieuse. Il y a là, pour nos consciences, un objet de grand étonnement, mais cela prouve que l’amour des garçons était pour les Doriens une chose sacrée. En vérité, cela ne fait que confirmer ce que d’autres témoignages nous enseignent ; mais un tel enseignement ne peut être reçu que par ceux qui, surmontant leurs préjugés moraux, conçoivent la recherche historique comme un travail scientifique.[6]


Voir aussi

Bibliographie

  • Bethe, Erich. « Die dorische Knabenliebe : ihre Ethik, ihre Idee », in Rheinisches Museum für Philologie, p. 438-475. – Leipzig, 1907.
  • Bethe, Erich. L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées / trad. de l’allemand, présenté et annoté secondairement par Jean-Claude Féray. – Paris : Quintes-feuilles, 2018. – 117 p. – ISBN 978-2-9551399-5-0
  • Buffière, Félix. Éros adolescent : la pédérastie dans la Grèce antique. – Paris : Les Belles Lettres, 2007. – 704 p.
  • Lagerborg, Rolf. Die platonische Liebe. – 1926.
    (Traduction de Den platoniska kärleken, Bonnier, 1915.)
  • Patzer, Harald. Die griechische Knabenliebe. – Wiesbaden, 1982.

Liens externes

Articles connexes

Références

  1. Erich Bethe, « Die dorische Knabenliebe : ihre Ethik, ihre Idee », in Rheinisches Museum für Philologie, 1907, p. 438-475.
  2. Erich Bethe, L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées, traduit de l’allemand, présenté et annoté secondairement par Jean-Claude Féray, Quintes-feuilles, 2018. 118 pages. ISBN 978-2-9551399-5-0
  3. Karl Otfried Müller, Geschichten Hellenischer Stämme und Städte, 3. Band, Die Dorier : vier Bücher, 2. Abtheilung, S. 289-298, Breslau, Verl. Josef Max und Komp., 1824.
  4. M. H. E. Meier, « Päderastie », in Allgemeinen Encyklopädie der Wissenschaften und Künste, 3. Section « O-Z », 9. Theil « Pacholenus – Palermo-Seide », S. 147-189, Leipzig, F. A. Brockhaus, 1837. Cet article a été traduit et considérablement étendu par Georges Hérelle, sous le pseudonyme de L. R. de Pogey-Castries, pour donner un volume intitulé en français Histoire de l’amour grec dans l’Antiquité (Paris, Stendhal, 1930).
  5. Harald Patzer, Die griechische Knabenliebe, Wiesbaden, Franz, 1982. 131 pages.
  6. Erich Bethe, « L’amour des garçons chez les Doriens : leur morale, leurs idées », p. 36.