« Joseph Charrier » : différence entre les versions

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Jean-Claude Féray - Un paidéraste devant la justice des hommes au XIXe siècle, en Algérie « le cas Pacotte & Raynaud ». Bulletin Quintes-feuilles hors-série n°9. [https://www.quintes-feuilles.com/wp-content/uploads/BQ-F-HS9.pdf]
Jean-Claude Féray - Un paidéraste devant la justice des hommes au XIXe siècle, en Algérie « le cas Pacotte & Raynaud ». ''Bulletin Quintes-feuilles'' hors-série n°9. [https://www.quintes-feuilles.com/wp-content/uploads/BQ-F-HS9.pdf]
 
== Références ==

Version du 7 août 2020 à 08:25

Joseph Charrier né à Philippeville (Algérie) le 28 juillet 1858 et décédé à Aix-en-Provence le 23 septembre 1895, à 36 ans, est un paidéraste qui a fait l’objet d’un rapport d’expertise psychiatrique en raison de récidives d’attentats à la pudeur commis sur de jeunes garçons, puis d’un internement en l’asile d’aliénés d’Aix-en-Provence.

Importance du rapport d’expertise des docteurs Pacotte et Raynaud d’Alger

Publié en 1895 dans les Archives de l’Anthropologie criminelle du professeur Alexandre Lacassagne, ce rapport d’expertise a été l’un des éléments qui ont permis au psychiatre Richard von Krafft-Ebing (1840-1902) d’étendre le concept de pédophilie dont il est le créateur et qu’il n’avait conçu qu’hétérosexuelle (sous l’appellation de paedophilia erotica), à l’homosexualité[1] : la pédérastie, en dépit de ses spécificités, s’est ainsi trouvée « récupérée » et regroupée à tort sous le terme générique de pédophilie.

Singularité du cas Joseph Charrier

Fils et dix-neuvième enfant de colons français installés en Algérie, Joseph Charrier était un homme intelligent et éduqué qui a cherché à bénéficier de la clémence du jury d’assises devant lequel il pensait devoir comparaître en plaidant l’irresponsabilité pénale d’actes qu’il condamnait lui-même moralement[2]. Il a ainsi fourni au Dr Lucien Raynaud matière à psychiatriser son cas. Raynaud s’est appuyé sur un concept encore en vogue en son temps : la dégénérescence psychique. Pacotte et Raynaud, puis les deux médecins de l’hôpital de Mustapha en Algérie, Charles Trabut et Eugène Battarel ont proposé au préfet du département d’Alger d’interner Joseph Charrier à l’asile d’aliénés d’Aix-en-Provence, ce qui fut décidé le 16 novembre 1894.

Joseph Charrier constitue ainsi l’un des très rares cas (peut-être unique) de paidéraste interné en asile en raison de ses mœurs et d’un manque de contrôle de ses pulsions.

Métiers de Joseph Charrier

Joseph Charrier a exercé de nombreux métiers, mais celui retenu dans les documents d’archives est professeur. Il a en réalité peu enseigné, sinon comme précepteur, et a gagné sa vie surtout comme journaliste. Il s’est essayé à la littérature et à la poésie : les poèmes qu’il composait étaient à la gloire des garçons. Aussi bien Lucien Raynaud que le médecin directeur de l’asile d’Aix-en-Provence, le Dr Édouard Dauby ont reconnu ses talents et ont admis la beauté de ses poèmes dans leurs rapports à son sujet. Peut-être, Joseph Charrier s’il n’avait pas été incarcéré puis interné en asile, aurait-il pu publier une plaquette de ses vers consacrés à l’enfance.

Sort après internement

Le sort de Joseph Charrier est connu grâce aux registres de l’asile d’aliénés Montperrin d’Aix-en-Provence[3]. Déprimé et taciturne en raison de son internement dans un asile loin de son pays natal, Joseph Charrier a néanmoins cédé à ses pulsions avec le jeune infirmier chargé de surveiller le dortoir où il dormait. Âgé de dix-huit ans, l’infirmier, nommé Félix Bourdon, après avoir cédé à trois reprises à Joseph Charrier, s’est refusé à continuer des relations qui constituaient une faute professionnelle. Son supérieur hiérarchique, à qui il s’était confessé, l’a déplacé à la surveillance d’un autre dortoir. Cette décision a entraîné le désespoir de Joseph Charrier, qui s’est suicidé par pendaison, au petit matin du 23 septembre 1895.

Source

Jean-Claude Féray - Un paidéraste devant la justice des hommes au XIXe siècle, en Algérie « le cas Pacotte & Raynaud ». Bulletin Quintes-feuilles hors-série n°9. [1]

Références

  1. Jean-Claude Féray – Grecques les mœurs du hanneton ? Histoire du mot pédérastie et de ses dérivés en langue française. Quintes-feuilles, 2004, p. 87-92.
  2. Dr Raynaud – Perversion du sens génital [lettre de Joseph Charrier au Dr Raynaud]. Annales de psychiatrie et d'hypnologie dans leurs rapports avec la psychologie et la médecine légale. 1898, 139-141.
  3. Archives départementales des Boûches-du-Rhône. Registres de l’asiles d’aliénés Montperrin d’Aix-en-Provence. Registre 44 – Placements office Hommes et Femmes (03/01/1894-21/11/1894) folio 159.