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Académie française
 
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Compléments sur l'Académie française et son dictionnaire
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Fondée en [[1635]] par Richelieu, l’'''Académie française''' est une institution dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue [[français]]e.
Fondée en [[1635]] par Richelieu, l’'''Académie française''' est une institution dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue [[français]]e.


Elle se compose de quarante membres élus par cooptation. Intégrée à l’Institut de [[France]], elle est la première de ses cinq académies.
Composée de quarante membres élus par cooptation, intégrée à l’Institut de [[France]], elle est la première de ses cinq académies. Elle édite de façon très irrégulière un dictionnaire qui est censé servir de norme et de référence aux écrivains.


==Vocabulaire==
==Vocabulaire==


Les mots '''[[pédérastie (définition)|pédérastie]]''' et '''[[pédéraste (définition)|pédéraste]]''' sont absents des trois premières éditions du ''Dictionnaire de l’Académie française'' (1694, 1718, 1740), malgré leur apparition en français dès [[1580]] pour le premier et [[1584]] pour le second.


==Pédérastie et académiciens français==
Ce n’est qu’en [[1762]], avec la quatrième édition, que ces définitions apparaissent :
*[[Jacques-Louis Valon de Mimeure]] ([[1659]] – [[1719]]), élu le [[19 avril]] [[1707]] au 3{{Exp|e}} fauteuil : menin du Grand Dauphin, il fut en [[1682]] l’un des exilés du grand scandale homosexuel et pédérastique des “italianisants”.
 
*PÉDÉRASTE. s.m. Celui qui est adonné à la pédérastie.
 
*PÉDÉRASTIE. s.f. Passion, amour honteux entre des hommes.
 
Inchangée pour la cinquième édition (1798), la définition devient plus imprécise et plus inexacte encore dans la sixième ([[1835]]), ce qui n’empêchera pas de la maintenir jusqu’à la huitième édition (1935) :
 
*PÉDÉRASTIE. s. f. Vice contre nature.
 
La neuvième édition (en cours de publication depuis [[1992]]) est enfin plus correcte :
 
*'''PÉDÉRASTE''' n. m. {{s-|XVI|e}}. Emprunté du grec ''paiderastês,'' « qui aime les jeunes garçons », lui-même composé à l’aide de ''pais, paidos,'' « enfant », et ''erastês,'' « qui aime passionnément ».<br>Homme attiré par les jeunes garçons, qui entretient avec eux un commerce charnel. •&nbsp;Par une extension abusive. Homosexuel.''
 
*'''PÉDÉRASTIE''' n. f. {{s-|XVI|e}}. Emprunté du grec ''paiderastia,'' de même sens, lui-même dérivé de ''paiderastês,'' « pédéraste ».<br>Attirance éprouvée par un homme pour les jeunes garçons ; désigne aussi le commerce charnel d’un homme et d’un jeune garçon. •&nbsp;Par une extension abusive. Homosexualité masculine.
 
Cette même édition ignore toujours l’adjectif '''[[pédérastique (définition)|pédérastique]]''', ainsi qu’'''[[éphébophile (définition)|éphébophile]]''' et '''[[éphébophilie (définition)|éphébophilie]]'''. Mais elle voit apparaître les mots '''[[pédophile (définition)|pédophile]]''' et '''[[pédophilie (définition)|pédophilie]]''', ainsi que l’expression '''[[amitié particulière]]''' :
 
*'''PÉDOPHILE''' n. {{s-|XIX|e}}. Composé de ''pédo-&nbsp;I'' et de ''-phile,'' tiré du grec ''philos,'' « ami ».<br>Se dit d’une personne adulte qui cherche la satisfaction de ses désirs sexuels auprès d’enfants, en usant généralement de violence ou en ayant recours à la prostitution. ''Un, une pédophile. Les pédophiles encourent des sanctions pénales.'' •&nbsp;Adjt. Relatif à l’exploitation sexuelle des enfants. ''Réseau pédophile. Les sites pédophiles de l’internet.''
 
*'''PÉDOPHILIE''' n. f. {{s-|XX|e}}. Dérivé de ''pédophile.''<br>Attirance sexuelle ressentie par un adulte pour des enfants ; perversion du pédophile. •&nbsp;Par ext. Ensemble de pratiques visant ou incitant à l’exploitation sexuelle des enfants.
 
*'''PARTICULIER''' [...] 3. [...] Spécialt. ''Amitiés particulières,'' lien sentimental et physique entre deux personnes de même sexe.
 
Au mot '''AMITIÉ''' se trouve la même définition, mais au singulier : ''Amitié particulière.''
 
Il est étrange que, parallèlement à l’apparition de notices enfin exactes, complètes et neutres pour '''pédéraste''' et '''pédérastie''', on constate une série d’erreurs flagrantes et un net parti pris moralisateur pour '''pédophile''' et '''pédophilie''' : origines qui ignorent les mots grecs correspondants ; définitions inadéquates, puisqu’elles incluent des allusions à la violence, à la [[prostitution]], à la [[perversion]] et à l’exploitation ; enfin, citations mentionnant uniquement des tics de langage journalistiques.
 
La définition d’'''amitié particulière''', bien que moins négative, reste également imparfaite.
 
Comme le ''Dictionnaire de l’Académie française'' n’est jamais corrigé en cours de rédaction, sans doute faudra-t-il attendre la dixième édition pour que les académiciens corrigent ces erreurs en tenant compte d’auteurs comme [[René Schérer]] et [[Tony Duvert]] ; et peut-être aussi de [[Gabriel Matzneff]], dont l’œuvre a remis en usage les termes '''[[philopède (définition)|philopède]]''' et '''[[philopédie (définition)|philopédie]]'''.
 
==Pédérastie et académiciens==
 
Certains membres de l’Académie française ont été mêlés d’une façon ou d’une autre à des affaires de pédérastie, ou ont écrit sur ce sujet. Ils sont répertoriés ci-dessous par ordre d’admission :
 
*Jacques-Louis Valon de Mimeure ([[1659]] – [[1719]]), élu le [[19 avril]] [[1707]] au 3{{Exp|e}} fauteuil : menin du Grand Dauphin, il fut en [[1682]] l’un des exilés du grand scandale homosexuel et pédérastique des “italianisants”.


*[[Henri-Charles de Coislin]] ([[1697]] – [[1732]]), élu le [[2 juin]] [[1710]] au 25{{Exp|e}} fauteuil : évêque de Metz, il fut accusé d’avoir tenté d’abuser d’un [[enfant de chœur]], mais [[Louis XIV]] l’innocenta pour une raison inconnue.
*[[Henri-Charles de Coislin]] ([[1697]] – [[1732]]), élu le [[2 juin]] [[1710]] au 25{{Exp|e}} fauteuil : évêque de Metz, il fut accusé d’avoir tenté d’abuser d’un [[enfant de chœur]], mais [[Louis XIV]] l’innocenta pour une raison inconnue.


*[[Henry de Montherlant]] ([[1895]] – [[1972]]), élu le [[24 mars]] [[1960]] au 29{{Exp|e}} fauteuil : ami de [[Roger Peyrefitte]], auteur entre autres de ''[[La relève du matin]]'', ''[[Encore un instant de bonheur]]'', ''[[La ville dont le prince est un enfant]]'', ''[[Les garçons]]'', ''[[Moustique]]''.
*[[Henry de Montherlant]] ([[1895]] – [[1972]]), élu le [[24 mars]] [[1960]] au 29{{Exp|e}} fauteuil : auteur de ''[[La relève du matin]]'', ''[[Encore un instant de bonheur]]'', ''[[La ville dont le prince est un enfant]]'', ''[[Les garçons (Montherlant|Les garçons]]'', ''[[Moustique]]'', il entretint une longue amitié avec [[Roger Peyrefitte]].
 
*[[Marguerite Yourcenar]] ([[1903]] – [[1987]]), élue le [[6 mars]] [[1980]] au 3{{Exp|e}} fauteuil : auteur de ''[[Mémoires d’Hadrien]]'' et de ''[[L’œuvre au noir]]'', traductrice de poésies grecques dans ''[[La couronne et la lyre]]''.


==Opinions de pédérastes==
==Opinions de pédérastes==
L’Académie française a souvent été critiquée pour son conformisme et sa médiocrité. On lui a reproché aussi de n’avoir pas accueilli dans ses rangs des écrivains aussi remarquables que [[Molière]], [[André Chénier]], [[André Gide]] ou [[Gabriel Matzneff]].


==Voir aussi==
==Voir aussi==
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===Articles connexes===
===Articles connexes===
*[[Henri-Charles de Coislin]]
*[[Henry de Montherlant]]
*[[Louis de Vermandois]]
*[[Louis de Vermandois]]
*[[Marguerite Yourcenar]]
*[[pédéraste (définition)]]
*[[pédérastie (définition)]]
*[[pédophile (définition)]]
*[[pédophilie (définition)]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==
<references />
<references />

Version du 11 mai 2009 à 22:22

Fondée en 1635 par Richelieu, l’Académie française est une institution dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française.

Composée de quarante membres élus par cooptation, intégrée à l’Institut de France, elle est la première de ses cinq académies. Elle édite de façon très irrégulière un dictionnaire qui est censé servir de norme et de référence aux écrivains.

Vocabulaire

Les mots pédérastie et pédéraste sont absents des trois premières éditions du Dictionnaire de l’Académie française (1694, 1718, 1740), malgré leur apparition en français dès 1580 pour le premier et 1584 pour le second.

Ce n’est qu’en 1762, avec la quatrième édition, que ces définitions apparaissent :

  • PÉDÉRASTE. s.m. Celui qui est adonné à la pédérastie.
  • PÉDÉRASTIE. s.f. Passion, amour honteux entre des hommes.

Inchangée pour la cinquième édition (1798), la définition devient plus imprécise et plus inexacte encore dans la sixième (1835), ce qui n’empêchera pas de la maintenir jusqu’à la huitième édition (1935) :

  • PÉDÉRASTIE. s. f. Vice contre nature.

La neuvième édition (en cours de publication depuis 1992) est enfin plus correcte :

  • PÉDÉRASTE n. m. XVIe siècle. Emprunté du grec paiderastês, « qui aime les jeunes garçons », lui-même composé à l’aide de pais, paidos, « enfant », et erastês, « qui aime passionnément ».
    Homme attiré par les jeunes garçons, qui entretient avec eux un commerce charnel. • Par une extension abusive. Homosexuel.
  • PÉDÉRASTIE n. f. XVIe siècle. Emprunté du grec paiderastia, de même sens, lui-même dérivé de paiderastês, « pédéraste ».
    Attirance éprouvée par un homme pour les jeunes garçons ; désigne aussi le commerce charnel d’un homme et d’un jeune garçon. • Par une extension abusive. Homosexualité masculine.

Cette même édition ignore toujours l’adjectif pédérastique, ainsi qu’éphébophile et éphébophilie. Mais elle voit apparaître les mots pédophile et pédophilie, ainsi que l’expression amitié particulière :

  • PÉDOPHILE n. XIXe siècle. Composé de pédo- I et de -phile, tiré du grec philos, « ami ».
    Se dit d’une personne adulte qui cherche la satisfaction de ses désirs sexuels auprès d’enfants, en usant généralement de violence ou en ayant recours à la prostitution. Un, une pédophile. Les pédophiles encourent des sanctions pénales. • Adjt. Relatif à l’exploitation sexuelle des enfants. Réseau pédophile. Les sites pédophiles de l’internet.
  • PÉDOPHILIE n. f. XXe siècle. Dérivé de pédophile.
    Attirance sexuelle ressentie par un adulte pour des enfants ; perversion du pédophile. • Par ext. Ensemble de pratiques visant ou incitant à l’exploitation sexuelle des enfants.
  • PARTICULIER [...] 3. [...] Spécialt. Amitiés particulières, lien sentimental et physique entre deux personnes de même sexe.

Au mot AMITIÉ se trouve la même définition, mais au singulier : Amitié particulière.

Il est étrange que, parallèlement à l’apparition de notices enfin exactes, complètes et neutres pour pédéraste et pédérastie, on constate une série d’erreurs flagrantes et un net parti pris moralisateur pour pédophile et pédophilie : origines qui ignorent les mots grecs correspondants ; définitions inadéquates, puisqu’elles incluent des allusions à la violence, à la prostitution, à la perversion et à l’exploitation ; enfin, citations mentionnant uniquement des tics de langage journalistiques.

La définition d’amitié particulière, bien que moins négative, reste également imparfaite.

Comme le Dictionnaire de l’Académie française n’est jamais corrigé en cours de rédaction, sans doute faudra-t-il attendre la dixième édition pour que les académiciens corrigent ces erreurs en tenant compte d’auteurs comme René Schérer et Tony Duvert ; et peut-être aussi de Gabriel Matzneff, dont l’œuvre a remis en usage les termes philopède et philopédie.

Pédérastie et académiciens

Certains membres de l’Académie française ont été mêlés d’une façon ou d’une autre à des affaires de pédérastie, ou ont écrit sur ce sujet. Ils sont répertoriés ci-dessous par ordre d’admission :

  • Jacques-Louis Valon de Mimeure (16591719), élu le 19 avril 1707 au 3e fauteuil : menin du Grand Dauphin, il fut en 1682 l’un des exilés du grand scandale homosexuel et pédérastique des “italianisants”.

Opinions de pédérastes

L’Académie française a souvent été critiquée pour son conformisme et sa médiocrité. On lui a reproché aussi de n’avoir pas accueilli dans ses rangs des écrivains aussi remarquables que Molière, André Chénier, André Gide ou Gabriel Matzneff.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références