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===L’amour des garçons===
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Peyrefitte s’est toujours proclamé [[pédéraste (définition)|pédéraste]] plutôt qu’[[homosexuel (définition)|homosexuel]] : « J’aime les agneaux, disait-il, pas les moutons ».<ref>''Propos secrets'', 1977, p. 188.</ref> Plus encore qu’[[André Gide]], et au contraire d’[[Henry de Montherlant]] dont il fut longtemps l’ami et le complice, il conçut sa carrière littéraire comme une militance courageuse et assidue en faveur de l’amour des garçons.
Peyrefitte s’est toujours proclamé [[pédéraste (définition)|pédéraste]] plutôt qu’[[homosexuel (définition)|homosexuel]] : « J’aime les agneaux, disait-il, pas les moutons »<ref>''Propos secrets'', 1977, p. 188.</ref>. Lors d'un entretien avec le magazine Gai Pied Hebdo en juillet 1983, il précise que le personnage d'[[Adelsward Fersen]] (dont la vie a poussé Roger Peyrefitte à écrire ''[[L'exilé de Capri]]'') le fascinait durant la jeunesse, au moment de sa prise de conscience de la différence entre l'homosexualité et la pédérastie. Plus encore qu’[[André Gide]], et au contraire d’[[Henry de Montherlant]] dont il fut longtemps l’ami et le complice, il conçut sa carrière littéraire comme une militance courageuse et assidue en faveur de l’amour des garçons.


Ce long combat pour la liberté amoureuse ne l’empêcha d’ailleurs pas de manifester en diverses occasions de la sympathie pour la tradition catholique. Il mourut à 93 ans, muni des sacrements de l'Église.
Ce long combat pour la liberté amoureuse ne l’empêcha d’ailleurs pas de manifester en diverses occasions de la sympathie pour la tradition catholique. Il mourut à 93 ans, muni des sacrements de l'Église.

Version du 21 février 2010 à 13:23

Roger Peyrefitte (Castres, 17 août 1907 – Paris, 5 novembre 2000) est un écrivain et historien français qui a milité pour l’acceptation de la pédérastie.

Biographie

Après une courte carrière de diplomate, Roger Peyrefitte fut pendant la seconde moitié du XXe siècle l’un des écrivains français les plus controversés.

À la suite d’études brillantes dans différents collèges religieux (Jésuites et Lazaristes) du Sud-Ouest, puis à la Faculté des lettres de Toulouse, il entra à l’École libre des Sciences politiques, dont il sortit major en 1930. Nommé secrétaire d’ambassade à Athènes en 1933, il quitta ce poste en 1938 suite à un incident avec le jeune protégé d’un amiral grec (épisode romancé ensuite dans Les ambassades). Revenu à Paris, il donne sa démission en octobre 1940 pour raisons personnelles (selon ses écrits, à la suite d’une suspicion de détournement d’un adolescent). Réintégré en mai 1943, il est nommé à Paris. En février 1945, il sera contraint de se retirer de la carrière diplomatique ; la même année marque le début de son activité d’écrivain et d’historien.

Sa vaste culture classique, son érudition, sa connaissance des sujets qu’il aborde de façon très documentée, son style concis et percutant, au vocabulaire très riche, son ironie mordante, son abondante production, font de lui un écrivain français de premier plan, dans la lignée de Voltaire, d’Anatole France et de Marcel Aymé.

Les amitiés particulières

Cet ouvrage, paru en 1944 chez Jean Vigneau, lui apporta d’emblée la notoriété en obtenant le prix Renaudot en 1945. L’auteur y suscitait le scandale en révélant des tendances amoureuses peu orthodoxes : le livre décrit une passion entre deux garçons de quatorze et douze ans, au sein d’un internat catholique à l’atmosphère étouffante. Si la sexualité y est évoquée avec discrétion, elle est néanmoins bien présente en filigrane derrière les sentiments exacerbés des garçons – et parfois, aussi, ceux des adultes. Comme lorsque le jeune Alexandre pose à son ami cette question : « Georges, sais-tu les choses qu’il ne faut pas savoir ? »

On peut lire cette histoire émouvante comme l’affrontement tragique, au sein d’une communauté exclusivement masculine, de deux religions : celle du Christ, et celle du Garçon. Chacun des personnages principaux est peu ou prou traversé par cette lutte entre l’amour mystique et l’amour garçonnier, entre le christianisme officiel et la pédérastie secrètement triomphante. C’est ce caractère quasi mythique, joint à l’érudition de l’auteur, au classicisme du style et à une composition rigoureuse, qui a fait des Amitiés particulières un véritable livre culte.

Vingt ans après sa publication, le roman a été porté à l’écran dans un film de Jean Delannoy (1964), qui reçut un accueil triomphal à la Biennale de Venise. Sans avoir la densité et la profondeur du roman, cette adaptation est remarquablement servie par le jeune Didier Haudepin (Alexandre), Michel Bouquet (le père de Trennes) et Louis Seigner (le père Lauzon).

C’est au cours du tournage en l’abbaye de Royaumont que Roger Peyrefitte tomba amoureux d’Alain-Philippe Malagnac, qui avait alors douze ans et demi[1]. Leur liaison passionnée dura plusieurs années et fut le sujet, entre autres, des récits Notre amour et L’enfant de cœur. C'est pour financer les diverses affaires entreprises par Alain-Philippe Malagnac dans les années 1980 que Roger Peyrefitte vendra ses collections de monnaies, de livres rares et de sculptures antiques. Par la suite, Alain-Philippe Malagnac épousa Amanda Lear et trouva une mort tragique dans l’incendie de leur maison, trois mois seulement après la mort de Roger Peyrefitte.

Historien et auteur satirique

En 1953, Les clés de saint Pierre, où Peyrefitte brocardait le pape Pie XII, fit scandale. Par des allusions voilées, il y prêtait au Souverain Pontife des tendances homosexuelles – par exemple dans le passage où il montre Pie XII en train de se dépouiller de ses vêtements à la manière d’une jolie femme : comme il commence par appeler le pape « Sa Sainteté », cela lui permet d’en parler ensuite en disant toujours « Elle » ; puis il termine par cette phrase, dans laquelle Pie XII retrouve le genre masculin : « Sans doute voulait-il mettre un terme à ce déshabillage qui pouvait ne plus avoir de limites ».

François Mauriac menaça de quitter L’Express si cet hebdomadaire continuait à faire de la publicité pour le livre. L’affrontement entre les deux écrivains devait encore s’exacerber au moment de la sortie du film Les amitiés particulières, et il culmina avec une féroce lettre ouverte publiée par Peyrefitte, qui n’hésita pas à accuser Mauriac d’être un homosexuel caché, et à le traiter de Tartuffe.

Les clés de saint Pierre faisait de nombreuses révélations sur le petit monde du Vatican. Dans Propos secrets, Peyrefitte livre le nom de son informateur, Mgr Léon Gromier, chanoine de Saint-Pierre, Consulteur à la Sacrée Congrégation des Rites et Protonotaire apostolique.[2] Tel que le décrit Peyrefitte, ce prélat éclairé semble avoir été un homme plutôt austère, profondément croyant et de mœurs irréprochables ; mais il était scandalisé par ce qu’il voyait, et il était de ceux qui pensent que faire éclater les scandales est le seul moyen de les faire cesser. Il pourrait avoir servi de modèle au personnage de Mgr Belloro, qui est justement Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites.

Les romans très documentés de Roger Peyrefitte sont fondés sur des faits réels, historiques ou d’actualité. Mais la plupart de ses ouvrages constituent essentiellement des satires, même s’ils sont parfois en-deçà de la réalité (cf. Les ambassades).

Certains de ces ouvrages s’adressent aux spécialistes (Chevaliers de Malte, Les juifs), et même si l’humour de Peyrefitte reste attrayant, certaines de ses œuvres s’avèrent parfois un peu difficile pour le profane (Les Fils de la Lumière).

Dans la plupart de ses œuvres portant sur des sujets contemporains, il n’eut de cesse de mettre au jour l’homosexualité ou la pédérastie de certaines personnalités qui, selon lui, dissimulaient leurs mœurs, comme Henry de Montherlant (dépeint à plusieurs reprises sous le pseudonyme transparent de Lionel de Beauséant), le secrétaire général des Nations unies, ou même le Pape Jean XXIII (« que les familiers du Vatican appelaient Giovanna », écrit-il dans Propos secrets). De plus, Roger Peyrefitte ne manquait pas d’amuser le lecteur en dénonçant diverses turpitudes des personnes qu’il mettait en scène, ce qui le rendait redoutable à fréquenter. Bien que plus rarement, il fit aussi l’éloge de nombreuses personnalités, comme son amie la chanteuse Sylvie Vartan (cf. L’enfant de cœur).

L’amour des garçons

Peyrefitte s’est toujours proclamé pédéraste plutôt qu’homosexuel : « J’aime les agneaux, disait-il, pas les moutons »[3]. Lors d'un entretien avec le magazine Gai Pied Hebdo en juillet 1983, il précise que le personnage d'Adelsward Fersen (dont la vie a poussé Roger Peyrefitte à écrire L'exilé de Capri) le fascinait durant la jeunesse, au moment de sa prise de conscience de la différence entre l'homosexualité et la pédérastie. Plus encore qu’André Gide, et au contraire d’Henry de Montherlant dont il fut longtemps l’ami et le complice, il conçut sa carrière littéraire comme une militance courageuse et assidue en faveur de l’amour des garçons.

Ce long combat pour la liberté amoureuse ne l’empêcha d’ailleurs pas de manifester en diverses occasions de la sympathie pour la tradition catholique. Il mourut à 93 ans, muni des sacrements de l'Église.

Ses œuvres ont été publiées dans de nombreuses langues, en particulier en italien, en anglais, et aussi en grec – à la fin des années 1970, sous la forme de feuilleton dans un journal à grand tirage d’Athènes, Ta Nea, sous le nom de Ροζε Περφιτ (Rozé Perfit).

Œuvres

Œuvres principales

Œuvres mineures

  • Les Œuvres Libres / Roger Peyrefitte, etc. Éd. Arthème Fayard, 1951.
  • « Le petit Arabe », in Arcadie, n° 1, Paris, janvier 1954.
  • « Les clés de saint Pierre », in Arcadie, n° 16, Paris, avril 1955.
  • « Message de vœux », in Arcadie, n° 25, Paris, janvier 1956.
  • « Les clés de saint Pierre, chapitre inédit », in Arcadie, n° 25, Paris, janvier 1956 (republié dans le n° 130, octobre 1964).[5]
  • « Amour en Arcadie », in Arcadie, n° 37, Paris, janvier 1957.
  • « Les jeunes gens de Pompéi », in Arcadie, n° 49, Paris, janvier 1958.
  • « [La Rome des papes] », in Paese Sera, 1958[6]
  • « Allocution prononcée au banquet du cinquième anniversaire », in Arcadie, n° 61, Paris, janvier 1959.
  • « L’enfant, poème de Gabriel d'Annunzio, présentation et traduction par Roger Peyrefitte », in Arcadie, n° 64, Paris, avril 1959.
  • « Pietro Fortini », in Arcadie, n° 86, Paris, février 1961.
  • « La confession d’un Arcadien sous la Renaissance italienne », in Arcadie, n° 111, Paris, mars 1963.
  • « Lettre ouverte à M. François Mauriac, Prix Nobel, membre de l’Académie française », in Arts, Paris, 1er mai 1964.[7]
  • « Arcadie et Les amitiés particulières. Allocution de Roger Peyrefitte », in Arcadie, n° 133, Paris, janvier 1965.
  • Préface de Paris bleu-tendre, Jacques-Louis Delpal, avec la collaboration de Georges Debot, Paris, Éd. du Mont-Cenis (Ultra-guide), 1973.
  • Préface du catalogue de vente publique Collections Roger Peyrefitte, Paris, Jean Vinchon, avril 1974.
  • « Roger Peyrefitte », interview par Jacques Chancel (8 mai 1970), in Radioscopie, vol. 1, Paris, J’ai Lu, 1975.
  • « Les trois roses », in La Nouvelle Revue Française, Paris, Gallimard.[8]
  • « Peyrefitte descend Malraux », in Sortir, novembre 1976.[9]
  • Texte de présentation de La Grèce, notre mère, Yves Brayer, Paris, Éd. Michèle Trinckvel, 1982.
  • Texte de présentation de Paris, raconté par Louis Doucet, photographié par Rosine Mazin, Paris, Sun, 1985.
  • Préface de Angélique à cœur perdu : autobiographie, Michèle Mercier, Paris, Éd. Carrère, 1987.

Théâtre

  • 1960 : Les ambassades, mise en scène d’André Barsacq au Théâtre des Bouffes-Parisiens.

Notes et références

  1. R. Peyrefitte, Propos secrets, 1977, p. 285-289 ; L’enfant de cœur, 1978, p. 9 et 29.
  2. Cet ecclésiastique semble avoir été très au courant de ce qui se passait au Vatican, comme en témoigne Mgr François Ducaud-Bourget : désirant écrire un livre sur la canonisation de Pie X, il avait demandé la communication d’un document au futur cardinal Antonelli, qui refusa en expliquant qu’il s’agissait d'une pièce secrète (ce n’était pas l’actuel cardinal Ennio Antonelli, qui n’avait que dix-huit ans à l'époque, mais le futur cardinal Ferdinando Giuseppe Antonelli, qui en avait près de soixante). Le visiteur éconduit alla voir son vieil ami Mgr Gromier, lequel lui fournit immédiatement ce qu’il désirait : il avait dans sa bibliothèque le document interdit (in François Ducaud-Bourget, La maçonnerie noire ou La vérité sur l’intégrisme, Niort, Éd. Nicolas Imbert, 1974). Voir aussi Propos secrets, 1977, p. 243.
  3. Propos secrets, 1977, p. 188.
  4. Dans l’édition originale de 1959, Peyrefitte avait supprimé ce chapitre, ainsi qu’un autre, à la demande de d’Uckermann, directeur littéraire chez Flammarion (Propos secrets, 1977, p. 230-231).
  5. Peyrefitte avait supprimé ce chapitre, dans l’édition originale de 1955, à la demande de d’Uckermann, directeur littéraire chez Flammarion (Propos secrets, 1977, p. 230-231).
  6. Article mentionné – sous son titre traduit en français – dans Propos secrets, 1977, p. 221.
  7. Le texte intégral de cette lettre ouverte figure dans le Peyrefitte démaquillé d’André du Dognon, 1976, p. 145-158.
  8. Nouvelle mentionnée dans Propos secrets, 1977, p. 230.
  9. Article mentionné dans Propos secrets, 1977, p. 197.

Voir aussi

Bibliographie

Source

Liens externes

Transcriptions

  • En arabe →   روجي بيرفيت   ou   روجيه بيرفيت
  • En grec →   Ροζε Περφιτ   ou   Ροτζερ Περφιτ
  • En russe →   Роджер Пеирефитт