Histoires arabes (Khati Cheghlou)

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Histoires arabes est un recueil de plusieurs centaines d’historiettes arabes, suivies de divers poèmes, chansons, énigmes et proverbes. Le tout, paru à Paris en 1927, est traduit en français par un compilateur anonyme qui se désigne comme “Khati Cheghlou”.

Une petite partie de ces textes concernent les garçons et les rapports pédérastiques.

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Histoires arabes

L’auteur

Masqué sous le pseudonyme de Khati Cheghlou, le rédacteur de ce recueil est plus vraisemblablement européen qu’indigène. En arabe dialectal marocain, خَطي شَغلو (xaṭiy šaġluw) signifie “celui qui néglige son travail” – peut-être un fonctionnaire peu zélé…

Il s’agit sans doute d’un colon lettré, ayant à la fois une bonne connaissance du monde arabo-berbère et une solide culture française.

À l’évidence, ce compilateur et traducteur anonyme résidait au Maroc, « du folklore oral duquel les historiettes de ce recueil sont surtout tirées ».[1] L’ensemble est donc surtout représentatif de ce pays : même les récits non situés précisément, ou situés dans d’autres régions du monde musulman, sont ici racontés à la manière marocaine et en reflètent la mentalité particulière.

Les histoires

Ces historiettes ne ressemblent guère à ce qu’un Français appellerait des « histoires drôles ». Ce sont plutôt des saynètes, des anecdotes plus ou moins scabreuses, prêtant à sourire plus qu’à rire, et que les hommes se racontent sans fin entre amis, notamment pendant les longues soirées du ramadan.

Bien que la plupart de ces textes concernent des relations entre hommes et femmes, le compilateur n’a pas hésité à y mêler deux douzaines d’anecdotes pédérastiques. S’y ajoutent quelques récits qui, sans être à proprement parler pédérastiques, renseignent sur l’implication quotidienne des jeunes garçons dans la vie sexuelle des adultes. Enfin, on trouve de rares textes – surtout des poèmes, chants ou proverbes – où le sexe de l’être aimé n’est pas précisé, et qui peuvent donc s’appliquer aussi bien à des garçons qu’à des filles.

Malgré ces audaces du rédacteur, son honnêteté est prise en défaut au moins une fois, lorsqu’il transforme en jeune fille l’un des garçons aimés par Abû Nuwâs.

Vocabulaire abusif

En 1927, beaucoup de Français ne faisaient pas une différence bien nette entre pédérastie et homosexualité ; et l’on employait donc à tort et à travers des termes comme « éphèbe » ou « giton », par exemple. C’est pourquoi certains textes, à propos d’un seul et même adolescent, peuvent parler alternativement de « jeune garçon », puis de « jeune homme ». Il ne faut pas plus s’y tromper que lorsqu’on lit, dans certaines traductions très approximatives du Coran, qu’au paradis les croyants seront servis par des « jeunes gens » – alors que le texte original évoque bel et bien des enfants ( وِلْدَانٌ= wildānũ )[2] ou des garçons ( غِلْمَانٌ= ġilmānũ ).[3]

Les thèmes garçonniers

Parmi les sujets prêtant à plaisanterie dans les histoires pédérastiques de ce recueil, on remarque en particulier :

  • certains milieux musulmans, avec de nombreux tartuffes qui emploient des ruses hypocrites pour parvenir à leurs fins auprès de jeunes garçons ;
  • les puissants – rois ou vizirs – qui tour à tour sévissent contre la licence sexuelle ou transgressent eux-mêmes impunément les règles religieuses ;
  • la famille, mise à mal dans quelques anecdotes incestueuses ;
  • Marrakech, qui fait figure de capitale de la pédérastie, ainsi que les Djebala (habitants du Rif), encore plus portés sur les garçons que les autres Marocains.

Abû Nuwâs, poète incomparable en même temps que héros libertin, est évoqué à de nombreuses reprises. Il symbolise en quelque sorte la persistance irréductible de l’amour des garçons, de Baghdad à Marrakech, de Hârûn ar-Rachîd jusqu’à l’époque coloniale.

Extraits

Extraits pédérastiques et garçonniers des Histoires arabes

Voir aussi

Source

Articles connexes

Notes et références

  1. « Avertissement », in Khati Cheghlou (réd.), Histoires arabes, Paris, A. Quignon (Bibliothèque du bon vivant), 1927, p. 8.
  2. Sourate 56, L’événement, verset 17 ; sourate 76, L’homme, verset 19.
  3. Sourate 52, Le Tûr, verset 24.