Les embrassades (Jacques Pyerre)
Les embrassades est un récit autobiographique paru en 1969 sous le pseudonyme Jacques Pyerre. Il retrace la jeunesse très délurée d’un homosexuel français, dont l’enfance et le début de l’adolescence se passent au Maroc, avant divers déplacements en Suisse, en Italie, en Égypte, etc.
Le titre évoque plaisamment celui du roman Les ambassades (paru en 1951), de même que le pseudonyme Jacques Pyerre fait écho au nom de l’auteur Roger Peyrefitte. Une suite intitulée La fin des embrassades (1969, réédition en 1973) joue sur la même équivoque.
Qualités et originalité
Authenticité
Dans la préface, l’auteur revendique l’authenticité de ces mémoires :
« | Je n’insiste que sur une chose que je tiens à affirmer : tout ce que je raconte est rigoureusement vrai ; bien sûr, c’est écrit, bien sûr les histoires sont conditionnées, amenées, ce qui est le contraire de la vie, où tout arrive pêle-mêle et impromptu tout à la fois ; mais tout est authentique.[1] | » |
Loin des méditations moroses ou nombrilistes de certains écrivains plus connus, et même plus talentueux, il raconte avec autant de franchise que de joie de vivre son enfance en Afrique du Nord française, enfance déjà toute peuplée d’hommes et de garçons ; puis son adolescence, encore plus avide de plaisirs défendus, et enfin quelques épisodes partiellement pédérastiques de sa jeunesse. La suite est d’inspiration plus classiquement homosexuelle.
Un abusé très consentant
En employant le jargon actuel, on pourrait dire le jeune héros des Embrassades est une « petite victime » de multiples « abus sexuels ». Mais lorsqu’il se décide à parler (à « rompre la loi du silence », comme diront plus tard les journalistes populistes), c’est pour affirmer qu’il était lui-même, dès avant l’âge de dix ans, un infatigable provocateur d’adultes. Et que ce qu’il a vécu sans directement le provoquer a tout de même été accueilli avec beaucoup de plaisir et d’empressement.
Un faux souvenir de viol incestueux
Outre ces témoignages de première main, on note avec intérêt l’invraisemblable histoire que le héros, déjà grand adolescent, invente pour se rendre intéressant au yeux d’un amant occasionnel, en racontant qu’il a autrefois été violé par son propre père. Ce grossier canular, avec le portrait de l’auditeur aussi culpabilisé que concupiscent, est en soi une pièce d’anthologie.
Extraits
… Quelques mots |
Je suis né à l’ombre des palmiers |
Crac ! Voilà le facteur |
Lucien exagère |
Ohhhh ! La marine américaine |
Ne me parlez plus de Genève ! |
Tant qu’on est à Gênes il y a du plaisir (extrait) |
La Sophonisba fait mon « éducation » |
Monsieur l’Administrateur |
Une soirée au cinéma |
Sur la mer déchaînée (extrait) |
Scandale au Caire |
Au bain de vapeur que les Arabes appellent « hammam » (extrait) |
En route pour le Sud |
La fière Albion n’est pas fière du tout |
L’hospitalité écossaise |
Ma nuit de Walpurgis |
Être « l’ami de la famille » ne me retient pas |
Voir aussi
Édition
- Les embrassades / Jacques Pyerre. – Paris : Jérôme Martineau, 1969 (Le Chesnay : Presses des Yvelines, 1er juin 1969). – 184 p. ; 21 × 13 cm.
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Les embrassades, 1969, p. 12-13.