Andrérastie

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Version datée du 22 septembre 2019 à 22:29 par Calame (discussion | contributions) (Citations de Matzneff et Peyrefitte + dessin de Soulas)

L’andrérastie est l’attirance érotique qu’éprouvent des garçons à l’égard d’hommes adultes.

Un garçon attiré par les hommes est un andréraste. Cela n’implique pas du tout qu’il soit homosexuel.

Définition

Andréraste étreignant son amant adulte
(pastel de June Bonnemain, 2019)

Symétriquement à la pédérastie, qui est l’attirance érotique qu’éprouvent les hommes pour les garçons, l’andrérastie est l’attirance érotique qu’éprouvent les garçons pour les hommes.

Un couple homme-garçon comprend donc habituellement un pédéraste et un andréraste.

Pour plus de précisions sur l’étymologie, l’histoire et la signification de ces deux termes, on peut se reporter à l’article détaillé sur la définition de l’andrérastie.

Un processus psychologique lié à l’adolescence

L’andrérastie est très répandue chez les garçons préadolescents et adolescents, alors même qu’ils ressentent aussi une attirance certaine pour les filles de leur âge ou pour les femmes adultes — voire même pour des garçons plus jeunes ou du même âge. L’adolescence est en effet l’époque de la découverte de l’amour et de la sexualité, en partie grâce aux expériences multiples que beaucoup s’autorisent.

L’intérêt particulier que les garçons portent aux hommes adultes est conforté par leur désir d’être guidés dans différents domaines. Ils choisissent pour cela une personne qui à la fois leur ressemble — étant du même sexe — et qui présente pourtant des différences notables — d’âge, d’expérience, de physique. L’homme est ainsi pour le garçon un modèle librement choisi, contrairement aux membres de sa famille et aux professeurs, qui lui sont imposés.

La plupart des garçons andrérastes deviendront définitivement hétérosexuels à l’âge adulte, même s’ils ont vécu des liaisons longues ou nombreuses avec des hommes. Penser que l’homosexualité risque de « s’attraper » par de telles pratiques est une croyance erronée d’un autre siècle.

L’andrérastie dans l’histoire

L’Antiquité

June Bonnemain, dans une courte étude intitulée « Des ancêtres de l’andréraste »,[1] analyse huit épigrammes de l’Anthologie grecque — 14, 105, 109, 161, 177, 200, 205 et 246 — dans lesquelles sont évoqués des garçons désirant manifestement s’unir à des hommes, parfois dès avant l’âge de douze ans.

Négation puritaine moderne

La notion même de désir sexuel exprimé par un garçon à l’égard d’un homme est aujourd’hui refusée par de nombreuses personnes. Alors que tout éducateur, tout prêtre, en connaît par expérience la réalité.

En 2015, Don Gino Flaim, prêtre de la ville italienne de Trente, affirmait dans une émission télévisée :

« Je suis beaucoup allé dans les écoles, les enfants je les connais, et malheureusement, il y a des enfants qui cherchent de l’affection parce qu’ils n'en reçoivent pas chez eux. Ils peuvent parfois tomber sur un prêtre qui cède, et ça je peux le comprendre. »

Ces propos réalistes, qui ont provoqué un tollé médiatique, lui ont valu d’être rapidement suspendu.

La négation la plus radicale de l’andrérastie est venue des pays anglo-saxons, qui ont inventé à la fin du XXe siècle la notion de « viol statutaire » : toute pénétration sexuelle entre un adulte et un mineur — même consentant, même demandeur, même pénétrant l’adulte — est alors considérée juridiquement comme un viol, et punie comme tel.

Citations

With a relaxation of taboos and legal pressures, open discussion and knowledge would replace ignorance, and the boys themselves would be better able to decide whether to go after—or accept the interest of—this man or that. (For such desires aren’t exclusively one-sided; modern psychiatric evidence indicates that the boys themselves often make the first move.)

Si les tabous et les pressions judiciaires diminuaient, le débat ouvert et la connaissance remplaceraient l’ignorance, et les garçons eux-mêmes seraient mieux capables de décider s’ils recherchent tel ou tel homme — ou s’ils acceptent son intérêt pour eux. (Car de tels désirs ne viennent pas toujours du même côté ; la psychiatrie moderne a prouvé que les garçons eux-mêmes prennent souvent l’initiative.)

It’s been well known to psychiatrists for many years—and to boarding school headmasters for generations before that—that very often it’s the younger boy who makes the first affectionate gesture, or even the first overtly sexual gesture, to the older boy or man.

Depuis de nombreuses années les psychiatres savent — et avant eux des générations de directeurs d’internats — que c’est très souvent le plus jeune qui fait le premier geste tendre, ou même le premier geste ouvertement sexuel, à l’égard d’un garçon plus âgé ou d’un homme.

N’importe quelle personne qui aime les gosses peut témoigner qu’ils draguent ferme ou (ce qui revient au même) excellent dans l’art de se faire draguer. J’ai dragué beaucoup de moins de seize ans, mais beaucoup de moins de seize ans m’ont dragué.

Il y a des gosses qui sont très sages, c’est exact, mais il y a aussi des gosses qui sont très putes. Putes n’est d’ailleurs pas le mot juste. Simplement, ils rêvent de baisers « comme au cinéma », de caresses, d’étreintes et du reste. Certains n’aiment pas les adultes et réservent leurs faveurs aux enfants de leur âge ou plus jeunes qu’eux (gamin, j’étais ainsi), mais il en est d’autres à qui l’idée de coucher avec un grand/une grande ne déplaît nullement.

Les très jeunes sont tentants. Ils sont aussi tentés. Je n’ai jamais arraché ni par la ruse ni par la force le moindre baiser, la moindre caresse.

S’il y a un âge où un garçon a besoin de contacts sexuels, c’est l’adolescence. La société adulte n’a aucun droit de lui interdire d’étancher cette soif.

Un garçon de quatorze ou quinze ans, même s’il est très épris de vous, sait obscurément qu’il ne passera pas toute sa vie dans vos bras.

Il n’est pas de bonheur qui n’ait sa source et sa fin dans les sens, mais le charme de l’enfance est de promettre avant de pouvoir tenir. Encore tient-elle volontiers, à un âge que ne soupçonnent pas les bonnes gens. L’auteur de Lolita a étonné en dévoilant l’existence des « nymphettes ». Les satyrisques étaient les petits compagnons des satyres, les panisques de Pan et, si l’occasion leur en était offerte, les Lolitos supplanteraient les Lolitas.
   … Que deviendraient les familles,
   Si les cœurs des jeunes garçons
   Étaient faits comme ceux des filles ?

Le chevalier de Boufflers, qui était pédéraste, fait semblant de poser là une question qu’il avait résolue : les cœurs des garçons sont aussi ardents que ceux des filles et leurs corps plus précoces et plus exigeants.

Dessin de Soulas pour Le Petit Gredin, 1982

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Bulletin trimestriel Quintes-feuilles, n° 16, Paris, Quintes-feuilles, 2019, p. 7-10 (rubrique « Libre expression »).