Claudius, boy of ancient Rome (William Deneen)

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Claudius, boy of ancient Rome (Claudius, garçon de la Rome antique) est un court métrage didactique en couleurs de William Deneen, produit en 1964 par Encyclopaedia Britannica Films. Il décrit la vie d’un jeune Romain de l’Empire, et son amitié exclusive pour un petit esclave.

Intrigue

Claudius dans une rue de Rome.

Claudius, le fils aîné d’une riche famille de Rome au IIe siècle, éprouve une vive amitié pour son jeune esclave Vistus. Les deux garçons, qui ont douze ou treize ans, ne se quittent presque jamais. Ils fréquentent ensemble l’école tenue par l’esclave grec Callisthenes – malgré son rang subalterne, Vistus a pu y accéder en raison de son intelligence. Le reste du temps est occupé par leurs jeux, discussions et bagarres amicales (seuls contacts corporels entre eux).

Claudius et Vistus regardent passer des soldats romains.

Leurs caractères comme leurs physiques sont assez différents pour évoquer une complémentarité nourrissant leur lien affectif : Claudius, un petit brun râblé et au visage carré, est manifestement le meneur du couple ; souvent exubérant, parfois indiscipliné ou coléreux, il contraste avec un Vistus plus calme, un peu renfermé, plus svelte aussi et aux cheveux châtain clair.

Un soir Vistus annonce que son père Alexis, né en Gaule, a sollicité auprès du pater familias la liberté pour lui et pour toute sa famille. Claudius, bouleversé par cette nouvelle, craint de perdre alors son ami, qui retournerait dans sa province d’origine.

Claudius n’a plus goût à rien après l’accident de son ami.

Un jour, les deux garçons passent à proximité d’un char attelé. Claudius, malgré Vistus qui lui rappelle que c’est interdit, monte sur le char, y entraîne son compagnon et lance l’attelage. Mais au bout de quelques instants, la vitesse et les cahots font chuter Vistus, qui est grièvement blessé à la tête. Ramené à la maison, il y est soigné pendant plusieurs jours, veillé par Claudius qui regrette son imprudence et qui perd le goût de toute chose, priant ardemment les dieux pour la guérison de son ami.

Tristesse et colère.

Celui-ci se rétablit enfin, et les deux garçons reprennent leurs jeux. Mais quelques semaines plus tard Vistus annonce à son jeune maître que la demande d’affranchissement a été acceptée, et qu’il va s’en aller avec sa famille dès le lendemain. À ces mots Claudius s’emporte, alléguant que Vistus lui appartient, et que c’est donc lui seul qui aurait pu l’affranchir. Le soir, sur sa couche, il donne libre cours à sa douleur, arrachant même de son cou la bulle d’or qui manifeste sa condition d’enfant libre.

L’adieu.

Le lendemain, il ne se montre pas quand la famille de Vistus prend la route. Malgré sa nouvelle liberté, le jeune affranchi s’attriste de ne pas voir son ami. Mais finalement Claudius apparaît et le rattrape : s’approchant une dernière fois pour lui dire adieu, il lui offre en souvenir sa bulle d’or, qui symbolise à la fois l’enfance et la liberté.

Thématiques

La principale réussite psychologique du film est la représentation d’un amour-amitié asymétrique entre deux garçons. Asymétrique non seulement en raison de leur différence de statut social, mais surtout parce qu’à l’évidence l’un aime plus que l’autre : tout montre en effet que Claudius est beaucoup plus épris de Vistus que l’inverse.

Claudius apprend que Vistus est affranchi.

En outre, la question qui se pose à Claudius est celle qui réside au cœur de tout amour – y compris et surtout l’amour pour un garçon : celui que j’aime m’appartient-il, ou dois-je accepter sa liberté ? « Tu m’appartiens. Je suis propriétaire de ta vie »,[1] dit tout d’abord Claudius en apprenant l’affranchissement de Vistus. Avant d’accepter son départ, le lendemain, et de lui offrir la bulle d’or. Ce renoncement douloureux témoigne qu’il est parvenu à la maturité affective : « C’est ainsi que se termine l’histoire du garçon Claudius, et que commence l’histoire de l’homme Claudius ».[2]

On peut ainsi prêter à plusieurs aspects du film une dimension symbolique : opposition entre esclavage et liberté – thème fondamental de l’œuvre ; embrasement par le feu divin de la passion amoureuse (Claudius devant l’autel de Jupiter) ; accident de char, qui rappelle peut-être le mythe de l’attelage dans le Phèdre de Platon ; etc.

Vraisemblance

L’ensemble de cette histoire charmante et un peu triste est vraisemblable. Quelques détails feront cependant froncer le sourcil des spécialistes :

  • 3e minute : Le professeur grec tient un rouleau où il lit un passage de la Cyropédie de Xénophon (Livre premier, chapitre III, 8e partie).[3] Mais la typographie de ce manuscrit grec est complètement anachronique : en effet, les lettres minuscules et l’espacement entre les mots ne furent inventés qu’au Moyen-Âge (l’accentuation systématique date de la même époque).
  • 7e minute : L’Arabe de passage lors d’un repas familial a un visage vraiment très européen. De plus, comme le père, il se lave les mains beaucoup trop vite – il semble donc manquer d’habitude et ne pas connaître les véritables usages.
  • 8e minute : Toutes les mosaïques visibles chez Claudius dissimulent soigneusement les parties génitales des personnages. À aucun moment non plus les garçons ne se dénudent, ne serait-ce que partiellement : cette pudibonderie est plus anglo-saxonne que romaine.
  • 8e et 16e minutes : La bulle était habituellement donnée à un bébé bien avant qu’il puisse faire une quelconque promesse. En outre, elle était strictement personnelle, ce qui interdisait d’en faire cadeau ensuite à quiconque ; et de toute façon on ne l’enlevait que vers l’âge de seize ans – âge que Claudius est encore loin d’avoir atteint.
  • 13e et 15e minutes : Psychologiquement et socialement, enfin, il n’est guère vraisemblable qu’Alexis et sa famille quittent la maison de leur maître, où ils ont toujours été bien traités, dès le lendemain de l’affranchissement, et sans tenir aucun compte de l’amitié entre les deux enfants.

Est-il besoin de préciser qu’à aucun moment l’éventualité de relations physiques intimes entre les deux amis n’est évoquée ? Les historiens des mœurs savent pourtant que les jeunes patriciens s’initiaient souvent à la sexualité avec un des petits esclaves de la famille.

Langues

Les commentaires, qui ont essentiellement pour but d’expliquer différents aspects de la vie romaine, sont en anglais. Chose plus originale : les quelques dialogues sont en latin, avec sous-titrage anglais (il faut reconnaître cependant que l’accent britannique des jeunes protagonistes les rend assez peu crédible).

Une version avec les dialogues en anglais aurait été publiée en même temps que celle en latin.

Tournage

Le tournage a été réalisé en Espagne, en particulier à Las Matas (près de Madrid),[4] en même temps et dans le même cadre que le long métrage d’Anthony Mann The fall of the Roman Empire. Cela explique qu’un petit film de cette sorte ait pu bénéficier, pour certaines scènes, d’une somptuosité de décors digne d’un grand péplum hollywoodien.

L’intrigue de The fall of the Roman Empire prend place à la fin du règne de Marc-Aurèle et pendant celui de Commode, de 180 à 192. Par cohérence, en particulier pour les décors de la ville de Rome, on peut dater de la même époque l’histoire de Claudius et Vistus.

Le héros du film ne peut donc en aucune manière être confondu avec l’empereur Claude, mort en l’an 54. De plus, il semble aimé par sa famille, et l’on voit brièvement son père ; alors que l’empereur du même nom, orphelin de père à l’âge d’un an, fut notoirement rejeté et dénigré par sa mère en raison de ses handicaps, réels ou supposés.

Fiche technique

Titre original : Claudius, boy of ancient Rome
Réalisation : William Deneen
Conseiller : John Eadie
Musique : Fred Jacobs
Production : Encyclopaedia Britannica Films
Date de sortie : 1964
Format d’écran : 4/3
Langue de tournage : anglais, latin
Durée : 16 minutes

Distribution

Claudius : ?
Vistus : ?
Callisthenes : ?
Alexis : ?

Voir aussi

Articles connexes

Films similaires de William Deneen

Profitant des mêmes décors, William Deneen réalisa en 1964 deux autres petits films ayant pour thème l’empire romain : Julius Caesar : the rise of the Roman Empire, et Life in ancient Rome.

Plusieurs autres de ses courts métrages mettent en scène des garçons :

Téléchargement

Claudius, boy of ancient Rome est aujourd’hui dans le domaine public. Il peut être téléchargé légalement et gratuitement sur Internet Archive, à la page « Claudius: Boy of Ancient Rome (Latin Dialogue) (1964) » (pour la qualité d’image, préférer si possible le fichier MPEG4 de 365,9 Mo).

Notes et références

  1. « You belong to me. I own your life. » (14e minute)
  2. « That ends the tale of Claudius the boy, and begins the tale of Claudius the man. » (16e minute)
  3. Voici ce texte en transcription moderne :
    Σάκᾳ δέ, φάναι τὸν ᾿Αστυάγην, τῷ οἰνοχόῳ, ὃν ἐγὼ μάλιστα τιμῶ, οὐδὲν δίδως; Ὁ δὲ Σάκας ἄρα καλός τε ὢν ἐτύγχανε καὶ τιμὴν ἔχων προσάγειν τοὺς δεομένους ᾿Αστυάγους καὶ ἀποκωλύειν οὓς μὴ καιρὸς αὐτῷ δοκοίη εἶναι προσάγειν. Καὶ τὸν Κῦρον ἐπερέσθαι προπετῶς ὡς ἂν παῖς μηδέπω ὑποπτήσσων·Διὰ τί δή, ὦ πάππε, τοῦτον οὕτω τιμᾷς; Καὶ τὸν ᾿Αστυάγην σκώψαντα εἰπεῖν·Οὐχ ὁρᾷς, φάναι, ὡς καλῶς οἰνοχοεῖ καὶ εὐσχημόνως; Οἱ δὲ τῶν βασιλέων τούτων οἰνοχόοι κομψῶς τε οἰνοχοοῦσι καὶ καθαρείως ἐγχέουσι καὶ διδόασι τοῖς τρισὶ δακτύλοις ὀχοῦντες τὴν φιάλην καὶ προσφέρουσιν ὡς ἂν ἐνδοῖεν τὸ ἔκπωμα εὐληπτότατα τῷ μέλλοντι πίνειν.
    Il s’agit d’un dialogue entre Cyrus à douze ans et son grand-père Astyage, au sujet du bel échanson de ce dernier. Faut-il voir dans le choix de ce texte une discrète allusion à Ganymède, l’échanson et l’aimé de Zeus ?…
  4. Samuel Bronston, producteur de The fall of the Roman Empire, fit construire dans les années 60 à Las Matas, sur la commune de Las Rozas de Madrid, les studios cinématographiques les plus grands d’Europe, qui n’eurent pas le succès escompté en raison de difficultés financières. Il est enterré à proximité, et une rue porte son nom.