Femme
Les femmes peuvent occuper des positions très diverses dans un contexte pédérastique : selon les cas, elles sont mères ou épouses, compréhensives ou adversaires, ou même complices.
Le pédéraste et sa mère
Comme pour l’homosexualité, il existe un mythe selon lequel le lien entre un pédéraste et sa mère serait d’une nature particulière — généralement plus intense que la normale. Certains psychologues ont même cru y trouver l’origine des tendances pédérastiques.
Il semble en réalité que le lien fils-mère, essentiel chez tous les humains, se manifeste de façon aussi variable chez les pédérastes que dans la population générale. Il y a partout des mères autoritaires, voire castratrices, ou trop aimantes, ou pas assez, ou déséquilibrées, ou insuffisantes, ou tout simplement normales : chacune de ces catégories de mères donne naissance à des fils homosexuels, ou pédérastes, ou hétérosexuels, ou encore coréphiles.
Indépendamment de l’aspect sexuel, il est possible que le pédéraste répète plus ou moins inconsciemment, dans sa relation avec les garçons, des comportements qu’il a connus chez sa mère lorsqu’il était enfant. Cela est naturel, puisqu’il en va de même pour tout homme — père, éducateur, etc.
Au début du IXe siècle, Zubaydä bint Jaåfar, mère du jeune calife Al-Amîn, voulait que son fils ait des héritiers malgré son goût pour les garçons. Dans ce but, elle introduisait auprès de lui des « garçonnes » (ġulâmiyyât), jeunes filles coiffées et habillées comme des garçons.
Roger Peyrefitte a écrit La mort d’une mère, une réflexion émouvante sur ses rapports avec sa mère.
La mère du garçon
Très souvent, du moins dans le monde moderne, la mère d’un garçon est un élément essentiel de la relation avec le pédéraste. Selon les cas, elle peut s’y opposer ou l’accepter, voire la favoriser — même si cette connivence reste le plus souvent tacite.
L’épouse du pédéraste
Un certain nombre de pédérastes sont mariés, ou l’ont été. Parfois l’épouse ignore l’attirance de son mari pour les garçons. Lorsqu’elle en a connaissance, son attitude peut aller de l’hostilité à l’acceptation, en passant par toutes les nuances intermédiaires.
La femme d’André Gide, Madeleine, a souffert toute sa vie d’être aimée de façon purement spirituelle et désincarnée.
Marion Zimmer Bradley (1930 – 1999), auteur de science-fiction et épouse de Walter H. Breen, alias “J. Z. Eglinton”, était dès l’origine au courant des penchants pédérastiques de son époux, et elle les acceptait pleinement.
Compréhension féminine
De nombreuses femmes ont un regard plus ou moins compréhensif sur la pédérastie. Parmi elles figurent de grands esprits et des personnalités remarquables :
- Marie de Gournay (1565 – 1645), femme de lettre, fille spirituelle de Montaigne, ne voulait pas condamner « ce que Socrate a pratiqué », car selon elle « la pederastie est louable ».
- Annie Besant (1847 – 1933), socialiste féministe, dirigeante de la Société théosophique, mère adoptive de Jiddu Krishnamurti, amie de Charles Webster Leadbeater (surnommé « l’évêque aux garçons ») et de Robert Baden-Powell, créatrice du scoutisme indien, militante de l’indépendance de l’Inde.
- Colette (1873 – 1954), auteur de Colette à Paris, Le pur et l’impur, etc.
- Marguerite Yourcenar (1903 – 1987), auteur de Mémoires d’Hadrien, L’œuvre au noir, etc.
- Mary Renault (1905 – 1983), auteur de nombreux romans historiques sur la Grèce antique.
- Simone de Beauvoir (1908 – 1986), philosophe et écrivaine, signataire de la pétition de 1977 au Parlement contre la majorité sexuelle et de la lettre ouverte du 26 janvier 1977.
- Françoise Dolto (1908 – 1988), pédiatre et psychanalyste pour enfants, signataire de la pétition de 1977 au Parlement contre la majorité sexuelle.
- Béatrix Beck (1914 – 2008), secrétaire d’André Gide, auteur de La prunelle des yeux.
- Christiane Rochefort (1917 – 1998), auteur de Printemps au parking, Archaos ou Le jardin étincelant, Encore heureux qu’on va vers l’été, Les enfants d’abord, signataire de la lettre ouverte du 26 janvier 1977 contre la majorité sexuelle.
- Françoise d’Eaubonne (1920 – 2005), écrivaine féministe, biographe de Verlaine et Rimbaud, signataire de la lettre ouverte du 26 janvier 1977 contre la majorité sexuelle.
- Isabelle Holland (1920 – 2002), écrivaine pour enfants et adultes, auteur de L’homme sans visage.
- Gisela Bleibtreu-Ehrenberg (née en 1929), sociologue, ethnologue, sexologue et écrivaine, auteur de Der pädophile Impuls – wie lernt ein junger Mensch Sexualität?, etc.
- Germaine Greer (née en 1939), universitaire et écrivaine féministe, auteur de The beautiful boy.
- Danièle Sallenave (née en 1940), écrivaine membre de l’Académie française, signataire de la lettre ouverte du 26 janvier 1977 contre la majorité sexuelle.
- Élisabeth Badinter (née en 1944), philosophe et écrivaine féministe, auteur de XY, de l’identité masculine.
- Anne Querrien (née en 1945), sociologue et urbaniste, signataire de la lettre ouverte du 26 janvier 1977 contre la majorité sexuelle.
- Anne-Marie Hueber (née en 1948), auteur de La séduction inachevée.
- Catherine Millet (née en 1948), écrivaine, signataire de la lettre ouverte du 26 janvier 1977 contre la majorité sexuelle.
- Marcela Iacub (née en 1964), juriste, chercheuse et essayiste, militante de la liberté sexuelle.
- Marie-Pierre Foissy-Aufrère, première femme conservateur du Musée Calvet d’Avignon, organisatrice en 1989 d’une exposition autour du tableau de Jacques-Louis David La mort de Bara, accompagnée de l’ouvrage collectif La mort de Bara, de l’évènement au mythe, autour du tableau de Jacques-Louis David.
D’autres personnalités, comme la photographe Sally Mann (née en 1951), contribuent à entretenir autour des enfants et des adolescents une pensée libre, voire libertaire.
Hostilité féminine
L’émergence du néo-puritanisme, à partir du milieu des années 1970, a mis en avant de nombreuses femmes adeptes d’un antipédophilisme souvent virulent. On peut citer, parmi bien d’autres, la journaliste canadienne Denise Bombardier, l’assistante sociale belge Marie-France Botte, la juriste marocaine Najat Anwar, l’actrice française Carole Bouquet, la magistrate Martine Bouillon, ou encore la politicienne Ségolène Royal.
Parfois cet antipédophilisme est plus nuancé, comme chez Latifa Bennani, créatrice de l’association L’Ange Bleu.
Femmes complices
L’affaire d’Outreau (2001-2005) a rappelé que des femmes pouvaient participer à des actes sexuels avec des garçons, ou même les organiser, comme ce fut le cas de Myriam Badaoui.
Il arrive aussi que des femmes vivent des liaisons plus ou moins durables avec des garçons — par exemple, aux États-Unis, Mary Kay Letourneau et l’un de ses élèves, âgé de douze ans au début de leur relation. Cependant, lorsque des poursuites sont engagées, on peut souvent noter une forme de sexisme judiciaire : pour des faits équivalents, il n’est pas rare que les femmes soient beaucoup moins lourdement condamnées que des hommes.