Hervé (Maurice Balland) – XV

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XV




Le père Albin commence sérieusement à s’inquiéter. Depuis bientôt trois semaines, les vacances sont terminées, les cours ont repris dans les écoles, et il n’a pas encore revu Hervé. Pourquoi donc son ami n’est-il pas venu le voir ? S’est-il passé quelque chose à la maison ? Il n’ose poser de questions au père Léger. Et cela pour deux raisons. D’abord par crainte de renforcer les soupçons que celui-ci nourrit à son endroit. Ensuite, à l’inverse, il redoute que ses préoccupations au sujet de la famille Morin ne laisse deviner qu’il est au courant des relations existant entre Brigitte et son supérieur, ce qui rendrait celui-ci encore plus hargneux.

Il éprouve un malaise grandissant chaque fois qu’il est en présence du père Léger. Lorsque, avec ses confrères, il participe aux exercices de la communauté, il se sent gauche, emprunté, ne sachant exactement où se placer. Ni trop loin de son supérieur, ni tellement près de crainte qu’un regard, un geste mal interprété, ne traduise l’inquiétude ou le soupçon de part et d’autre.

Il ne parvient pas à dégager son esprit de la révélation que lui a faite Hervé. Il essaye de comprendre comment Madame Morin est arrivée à dominer le père Léger pourtant si à cheval sur les principes. Aurait-il un cœur si sensible sous une apparente froideur ? S’est-il laissé prendre par une tendre pitié envers la mère d’Hervé en désarroi ? Brigitte est-elle si assoiffée de mâle pour avoir réussi à le faire vaciller puis finalement culbuter ? En fin de compte, lui aussi n’a pu résister à la puissance de l’instinct sexuel !

« Après tout, se dit le père Albin, c’est leur affaire ! Si un jour un scandale éclate, les gens seront étonnés, du moins ceux qui ne se doutent de rien. Puis cela fera un sujet de plus pour une comédie du boulevard à la Feydeau ! Tandis que mon comportement avec Hervé et les autres garçons, c’est une autre histoire ! Mon Dieu, que tout cela est compliqué. Mais pourquoi donc Hervé ne vient-il pas ? »


Les autres garçons, par contre, étaient revenus dans leur salle de jeu au grenier, toujours intéressés au judo avec Paul, par le train de Benoît et les collages sur la table où Bernard et Léon excellent, puis surtout par les projections dont ils étaient si friands. Seul Hervé manquait.

Le père Albin, tourmenté, éprouvait moins d’attrait à ces séances du jeudi qu’il commençait à trouver périlleuses. Une fois, Benoît amena son petit frère Pierre âgé de onze ans et demi, presque douze.

— Il aimerait voir les films et faire marcher l’appareil. Ça lui fera du bien. Savez-vous ce qu’il m’a dit l’autre jour ? « Je sais, pour avoir un gosse, il faut un papa, une maman et un péché. » C’est-y pas drôle ça ? Vous vous rendez compte, il croit que c’est mal de se tirer sur le zizi. Il faudrait lui prouver le contraire.

— D’accord, mais pas maintenant. Je dois absolument rester à mon bureau, j’ai un travail très urgent à terminer et, en plus, j’attends quelqu’un. Je vous fais confiance. Allez là-haut, je vous y laisse seuls. Débrouille-toi avec ton petit frère, tu es capable de lui faire la leçon aussi bien que moi, sinon mieux. Bernard va venir, il t’aidera, pour ça il est bon aussi, il le sucera, tu verras ! À propos, sais-tu ce que devient Hervé ? Je ne l’ai pas vu depuis la rentrée, et cela m’inquiète !

— Oui, ça a l’air d’aller mal chez lui, et je sais qu’il a beaucoup de devoirs à faire, alors il ne sort presque plus. Moi-même, je ne le vois pas.

Resté à sa table, le père essaye d’occuper son temps. S’il a refusé le service demandé par Benoît, c’est que pour l’instant il n’y voit pas d’intérêt et, de surcroît, il trouve que c’est risqué tant qu’il ne sait pas pourquoi Hervé ne vient pas.


Il vit le garçon le samedi suivant. « Enfin ! » pensa-t-il, quelque peu rassuré. Élève maintenant en deuxième année au collège, c’est le jour où Hervé n’a pas de cours dans l’après-midi. On est à la fin du premier mois de l’année scolaire et il arrive tout joyeux en brandissant son livret de notes mensuelles.

— Ça y est ! J’ai quand même obtenu la mention Bien.

Il se précipite dans les bras du père Albin puis, incontinent, prend sa place privilégiée sur les genoux de son ami comme si de rien n’était, aucun nuage n’ayant terni son affection. Il est même vêtu, moulé plutôt, d’un pull et d’un pantalon ajustés, de couleur foncée pour lui éclaircir le teint, ainsi que cela lui avait été suggéré durant les vacances. Délicate attention qui n’échappa pas au père Albin, et même lui apporta quelque réconfort propre à faire s’envoler les dernières traces d’inquiétude.

Calé comme dans un fauteuil, les cuisses écartées pour faciliter les douces privautés de son ami, il explique pourquoi il a tant tardé à venir. Ce n’est pas l’envie qui lui manquait, mais le temps pour le faire. Dès le retour de La Varenne, il y a eu la rentrée scolaire à préparer. Ne pouvant compter sur Françoise, sa mère l’a prié de l’accompagner dans les magasins. Il lui a fallu rendre service à diverses personnes de la cité. Et puis l’abbé Nicolas l’a presque réquisitionné pour l’aider à faire quelques rangements à la chapelle. D’un ton agacé, Hervé rapporte alors quelques réflexions du curé :

— Il m’a demandé comment ça va avec vous ; si je vous vois souvent ; si je me sens bien à l’aise avec vous ; si j’écoute bien vos conseils. Il a même voulu savoir si quelquefois je ne restais pas trop longtemps seul avec vous. Mais qu’est-ce que ça peut bien lui foutre, hein !

Reprenant son air heureux, le garçon affirme :

— Enfin, vous voyez, je n’ai pas trouvé un moment pour venir ici. Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui me manquait, je vous assure.

Assurance que sur-le-champ il prouve par une chaude bise donnée à son ami qui pourtant n’est pas convaincu et, à part soi, trouve peu valables les raisons données par le garçon. Et voilà que le visage d’Hervé prend un air grave. Le V de ses sourcils se dessine. N’étant resté en effet qu’à la surface de ses tourments, enfin il se décide et, franchement, révèle sa souffrance. C’est que tout va mal à la maison. L’affaire des forges ne s’arrange pas et son père est de plus en plus absent.

— Ce n’est pas gai, vous savez. Mais surtout papa me manque pour ma technologie. En deuxième année, c’est plus difficile encore. J’ai eu beaucoup de mal pour m’en tirer pendant les quinze premiers jours. Alors j’ai bûché autant que j’ai pu. Je n’osais pas venir vous voir tant que je n’étais pas certain d’obtenir une bonne note. Je ne voulais pas vous faire de peine, mais, vous savez, ça m’a beaucoup coûté et vous m’avez beaucoup manqué. Enfin, ça y est, j’ai eu un Bien.

— Que je t’embrasse encore, ça vaut bien cela ! Mais tu sais, tu m’as beaucoup manqué aussi. Crois-tu que je n’étais pas inquiet de ne pas te voir ? Enfin, me voilà tranquille, et je partage avec toi la satisfaction d’avoir dégotté cette mention Bien, tu es un chic garçon !

Pour créer une ambiance, le père alors tourne le bouton du poste de radio proche de sa table. On entend une guitare. Hervé tend l’oreille. Par coïncidence, on mouline des chansons de son idole. Enfoncé dans les bras de son ami, la tête appuyée contre son épaule, il ferme les yeux pour écouter.

La vue de ce visage tout contre le sien transporte en rêve le père aux jours heureux des vacances. Il se voit dans le lit, au petit matin, près d’Hervé, passant de longs moments à le contempler avant que le garçon ne s’éveille. Il est tout contre lui, face à face, enfermé dans le même cocon de tiède chaleur des corps juxtaposés. La lumière déjà radieuse du jour naissant s’insinue à travers la fente des volets, atténue la pénombre, permet de voir le visage de son petit ami encore profondément endormi. Ses traits sont reposés, détendus. Les cils de ses yeux fermés se dessinent parallèlement aux sourcils rectilignes à la base du front dégagé. Un léger sourire lui distend à peine les lèvres et lui confère un air angélique. C’est bien le mot, le père a près de lui, contre lui, un ange qui le ravit en extase durant ces minutes. Il enfouit ses doigts dans l’abondante et souple chevelure, caresse les joues, les oreilles, le cou, les épaules, puis sous les draps distingue le dos invisible où pourtant il ne décèle pas d’ailes, puis, suivant les lignes du corps tout en savourant au toucher la douceur satinée de la peau tiède, il progresse vers les hanches qu’il contourne, passe sur le nombril qu’il chatouille de son index, glisse sa main vers le pubis et enfin parvient à découvrir que son ange est sexué. Alors, le sourire du chérubin s’élargit, sa conscience s’éveille, ses yeux se dessillent puis son regard s’illumine et, l’œil devenu malicieux, se laisse envahir par les douceurs sensuelles que lui procure la main experte de son ami le comblant de bonheur dès les premières secondes d’une journée nouvelle.

Présentement, au son de la guitare, le père titille doucement l’adolescent qui garde les yeux fermés, un sourire béat sur les lèvres. Pour le garçon, surgit également en la mémoire l’évocation d’heureux instants des vacances :

— Vous vous souvenez, dans le lit, chaque matin, c’est comme ça que j’étais réveillé. Que c’était bon ! J’aurais tant voulu que ça dure une éternité.

Montés au grenier pour y fêter la mention Bien selon leur rituel intime, au cours de leurs ébats, Hervé a encore beaucoup de choses à dire. Enlacé à son ami, il lui souffle à l’oreille une surprenante nouvelle : c’est que sa mère a trouvé le livre et l’a emporté. Le père sursaute :

— Elle ne t’a pas grondé au moins parce que tu avais ce bouquin, je suppose ?

— Oh, que non ! Imaginez-vous ! Elle le dévore comme si elle avait tout à apprendre.

« Pourquoi ? songe le père. Dans le but sans doute d’informer sa fille Françoise qui commence à lui poser des problèmes. »

— Dites donc, j’y pense, suggère le garçon, il y a dans le livre un chapitre sur la façon de faire l’amour sans risquer de se flanquer un gosse. C’est peut-être ça qu’elle regarde pour quand elle est avec l’autre. Vous vous rendez compte, si j’avais autre petit frère…

Tandis qu’il proposait cette idée, son regard s’était fait profond et lointain…


La saison d’automne ne fut pas merveilleuse et l’hiver franchement mauvais. Une vilaine grippe s’abattit comme une épidémie sur la ville. Hervé ne fut pas épargné et dut s’aliter dès le début des vacances de Noël. Informé, le père Albin s’empressa de lui faire une visite.

— Je peux t’embrasser, tu n’es pas contagieux ?

Le garçon a le visage défait, la crise, violente au début, l’ayant laissé prostré. On voit dans ses yeux ardents que la fièvre n’est pas encore totalement tombée, à moins que ce ne soit la joie de voir son ami, ou aussi peut-être le désir tenace de se tirer au plus tôt du lit pour étudier sa technologie.

Madame Morin avait reçu le père de façon fort aimable. Cependant, le surcroît de travail la rendait nerveuse. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, en plus d’Hervé, Simone et Charles étaient alités et, comble d’embarras, son mari était absent pour les fêtes.

Il ne fut pas possible pour les deux amis de rester en tête-à-tête. Charles occupait l’autre lit et Madame Morin sans cesse allait et venait d’une pièce à l’autre.

— J’ai de la chance d’être tombé malade pendant les vacances. Je ne manquerai pas l’école. Il faut que je travaille pour conserver mon Bien et vous faire plaisir.

Que n’avait-il pas dit ! Brigitte l’ayant entendu, piquée au vif dans sa fierté de mère, fit remarquer d’un ton qu’elle essaya de rendre doucereux :

— Hervé est sérieux, gentil avec son père et moi, travailleur aussi. Je ne puis que lui faire des compliments.

Mais l’orgueil qui la taraude lui fit ajouter d’une voix acerbe :

— J’ai pourtant l’impression qu’il fait cela surtout pour vous. Enfin, je vous remercie, vous avez une bonne influence sur lui.

Les sentiments profonds de son âme surgissant, elle profite d’une oreille attentive, et vide les griefs qui lui emplissent le cœur. De sa voix rêche, elle se plaint de Charles et de Simone qui n’en font qu’à leur tête, de Françoise qui ne l’aide en aucune façon et commence à courir après les garçons :

— Elle m’inquiète. Pourvu qu’elle ne se fasse pas prendre au jeu avec eux. Elle ne m’écoute plus. Elle s’entend mieux avec son père qui sait comment la prendre. Malheureusement, il n’est presque jamais là.

En effet, le conflit des forges s’est très mal terminé. Les syndicats impuissants devant La Commission Centrale n’ont pu empêcher celle-ci de parvenir à ses fins et de les fermer. Bon nombre d’ouvriers furent licenciés et parmi eux dans les premiers Monsieur Morin qui, jugé élément indésirable, ne parvint pas à obtenir d’embauche dans les autres entreprises de la ville. À défaut d’emploi stable, il en fut réduit à accepter des remplacements ici ou là, ce qui désormais l’oblige à de fréquents et parfois longs déplacements. « Voyez, tout le monde nous a lâchés », s’écrie Brigitte qui, intarissable, en arrive à dévoiler des aspects troubles de la situation.

— Heureusement que j’ai le père Léger pour me remonter le moral. Il me comprend bien, lui.

Elle explique que bientôt, grâce à lui, les choses allaient quelque peu s’améliorer. Il est en effet à la veille de leur obtenir un appartement dans l’un des immeubles terminés. Le père Albin s’en réjouit et croit que la conversation va en rester là quand, à son grand étonnement, Brigitte insiste de façon inquiétante. Il apprend que son mari s’oppose au déménagement, poussé par le curé de Sainte-Thérèse désireux de maintenir aussi longtemps que possible sur sa paroisse des fidèles lui rendant de précieux services. Ce contre quoi elle s’insurge et se révolte :

— S’il veut rester ici, je l’y laisserai. Moi, j’irai dans le logement neuf. Je n’en peux plus. Et puis le père Léger m’aidera à tenir le coup, même si au besoin il nous faudra aller ailleurs, comme ça, tout sera clair !

L’avalanche de paroles a surpris le père Albin qui regarde la femme d’un air étonné, estimant, à part soi, que, consciemment ou non, elle a trop parlé et imprudemment dévoilé les projets qu’elle rumine avec son supérieur. Il se sent coincé, dans une situation ambiguë qui ne présage rien de bon et s’attend à une catastrophe imminente. « Et dans tout cela, pense-t-il qu’adviendra-t-il d’Hervé et de moi-même ? »

C’est l’esprit fort préoccupé et le cœur chaviré qu’il embrasse son petit ami et quitte la baraque avec précipitation comme s’il fuyait pour échapper à une femme fatale.


Quelques jours plus tard, on put lire dans un journal local un article fielleux au sujet de la reconstruction du couvent. On y accusait les pères d’être des profiteurs, des privilégiés, valets des politiciens et des magouilleurs alors que tant de gens dans la ville croupissent encore dans des baraques. Songez ! Pour eux, un grand bâtiment capable de loger cinquante familles alors qu’ils ne sont que dix à l’occuper !

Le père Léger, furieux, brandit le journal et, les yeux exorbités, prend à témoin le ciel et ses confrères, assurant avoir agi en toute conscience et dans la légalité pour leur bien et aussi rebâtir la chapelle si nécessaire dans le quartier éloigné de l’église paroissiale la plus proche.

Les avis sont partagés. Les uns admettent que cette résurrection a renoué avec le passé. D’autres estiment dommage que par des murs neufs, la communauté se soit quelque peu coupée du peuple. Le père Albin cherche une voie moyenne, persuadé que la vérité, comme souvent, se trouve en partie dans chaque point de vue. Il fait alors remarquer que de vivre dans ces murs n’entrave en aucune façon le dévouement de ses confrères et de lui-même envers tant de gens dans la ville et que le journaliste a méconnu leur action, les ayant ainsi mal jugés. Croyant bien faire, il ajoute :

— Tenez ! Notre supérieur s’intéresse de près aux personnes de la Cité des Peupliers, il est même prêt d’obtenir un logement pour les Morin.

Que n’a-t-il pas dit ! Aussitôt, le père Léger bondit et, l’œil en feu, s’écrie :

— Comment savez-vous cela ?

— Mais, c’est Madame Morin elle-même qui me l’a dit. Et elle y compte bien malgré les réticences de son mari.

Il a certainement trop parlé car, médusé, il essuie cette verte réplique :

— Mon père, je déplore que vous alliez chez cette personne. Je vous prierai de vous en abstenir à l’avenir. Et surtout ne vous croyez pas habile avec vos insinuations. D’ailleurs vos agissements avec son fils, comme avec d’autres enfants, sont fort sujets à caution. Vous auriez intérêt à vous tenir sur vos gardes !

Le ton monte dangereusement mais, par chance, c’est l’heure pour chacun de vaquer à ses occupations. La discussion en reste là non sans laisser à tous un goût amer, l’impression que bientôt la communauté aura de pénibles heures à vivre.

En allant à son bureau, le père Albin se souvient que l’abbé Nicolas avait déjà, lui aussi, posé de bien insidieuses questions à Hervé. « Que de mauvais présages en tout cela, songe-t-il. Que va-t-il advenir ? Seigneur, ayez pitié ! »

Les choses se tassèrent pour un temps. On avait à préparer les fêtes pour l’inauguration officielle du couvent après l’achèvement des travaux et dont la date était fixée au dimanche après Pâques.


Depuis plusieurs semaines, Hervé s’entretenait avec son ami au sujet d’un travail proposé par le professeur d’histoire et réalisé avec une équipe de camarades. Cette besogne passionna les garçons et le père Albin même y participa en leur fournissant divers renseignements. Le travail terminé, Hervé, non sans fierté, le lui montra donc avant de le remettre au professeur.

— Tenez, regardez, c’est l’histoire de notre ville.

Ensemble, ils parcourent les feuillets du dossier. Le père estime le document bien fait, intéressant et en profite pour souligner certains points capables de nourrir la réflexion de son petit ami.

— As-tu compris maintenant la raison lointaine du conflit des forges dans lequel ton père, hélas ! s’est trouvé impliqué, ce qui n’a pas arrangé la situation à la maison ? Vois-tu aussi pourquoi tant de familles sont encore en baraques et beaucoup d’entre elles n’ont pas l’espoir d’en sortir de sitôt ? Il y a encore beaucoup à faire. Et dire que sur la Place d’Armes encore en ruines la reconstruction de l’église principale n’est pas même commencée.

Puis, pour changer le cours des idées et amener une note optimiste, il propose :

— Viens, on va aller voir le jardin du couvent. L’Hôtel de Ville et la Sous-Préfecture sont achevés, maintenant il est débarrassé des baraquements qui l’encombraient. On a pu le reconstituer comme il était autrefois. Tu sais, le couvent sera inauguré dans quinze jours. Tu viendras, je compte sur toi !



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