Astère-Michel Dhondt

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Astère-Michel Dhondt (né à Machelen-aan-de-Leie le 12 octobre 1937) est un écrivain néerlandais d’origine belge, également auteur d’un livre de photographies et de courts métrages. Il a utilisé d’autres pseudonymes comme Michel Dhondt, Markies van Carabas, Troubadour et Landarbeider. Faute de traductions, cet auteur reste inaccessible, au-delà des seuls paidérastes, en dehors d’un public néerlandophone d’amateurs de littérature.

Biographie

De 1962 à 1968, Dhondt habite à Gand (Belgique), lieu de l’action de son premier roman God in Vlaanderen (« Dieu en Flandre »). En 1968, il déménage à Amsterdam, où il habitait encore en 2007. Il acquiert la nationalité néerlandaise en 1975.

Dhondt est ouvertement pédophile, un thème qui revient beaucoup dans son œuvre.

Commentaires critiques

Sam De Graeve a fait remarquer[1] : « En se basant sur les titres, on peut penser que Dhondt est surtout un auteur religieux. « Dieu » est dans le titre de son premier livre, une allusion au nombre sacré « sept » dans celui du deuxième, et le troisième livre de notre auteur est intitulé Hymnes et prières. Mais le brave catholique qui s’intéresserait à l’achat de Hymnes et prières en avalerait de travers, puisque le thème principal de cet auteur est l’amour entre et pour de jeunes garçons. (…) ».

Selon Daniel Van Ryssel,[2] « Sa thématique pédophile n’est jamais ou rarement rejetée pour des raisons morales, ses points de vue passent et sont considérés comme des bagatelles. La réception critique évoluera, de favorable pour God in Vlaanderen à franchement mauvaise pour De wilde jacht. Michel lui-même pense que le fait d’avoir voulu les rendre moralement acceptables les a déforcés et les a rendu risibles. »

Cette évolution personnelle et stylistique fut au cœur d’un entretien[3] publié en 1978.

Entretien avec l’auteur

Évolution stylistique

Dans tes derniers livres, tu écris avec toujours plus de réserve, il n’est plus question de schémas de tes amours et masturbations comme dans Gezangen en gebeden (« Hymnes et prières »).
— Non, mais Gezangen en gebeden a pris une place très particulière dans mon œuvre. C’est spécifiquement la fin de ma première période en temps qu’écrivain, de ma période belge. Gezangen en gebeden était déjà en phase de gestation pendant que j’écrivais God in Vlaanderen (Dieu en Flandre), Zeven geestige knaapjes (Sept petits garçons spirituels) et De wilde jacht (La chasse sauvage), des récits réalistes que j’ai écrits à la fin de ma période gantoise. Très fortement expérimental : toujours plus de formes conventionelles jetées par-dessus bord, c’était chaque fois plus osé. Un but était aussi de me libérer en tant qu’homme ; le contenu en était expérimental, et était un adieu à la Belgique. Parce que la Belgique est tout mon passé, c’était aussi un adieu à ma jeunesse. Un adieu à tout ce qu’on emprunte à la culture. À proprement parler, il s’agit moins d’un adieu que d’une prise de distance.
Tu as frappé les Belges avec des textes surréalistes, avant que tu ne passes la frontière…
— C’est un peu dadaïsant, et ça évolue progressivement. Les textes en prose étaient documentaires, entre autres cette feuille jaune dépliable (un tableau sur lequel sont enregistrés les heures exactes, les circonstances, les lieux et les suites des contacts sexuels de Dhondt). Je me retourne. Voilà ce que j’ai hérité de vous. D’un point de vue littéraire, une telle forme expérimentale ne permet pas d’aller de l’avant, on ne peut pas continuer à écrire des tableaux pendant toute sa vie. Mais à cette époque, cela m’a été nécessaire pour me pousser vers l’avant, pour aller vivre ma propre vie. Ce n’était pas un aboutissement de mon œuvre. Tu peux y voir les prémisses du développement épistolaire devenu si fécond dans les deux derniers livres, de courts textes agglomérés, même si c’est devenu très différent. Tu dois les voir comme une épaisse mixture d’éléments troubles qui aurait coulé au fond, et au-dessus de laquelle tu vois ensuite se former un joli jus.
(…)

De la paidérastie

Le thème est assez bien entouré de tabous…
— Non non, il n’y a pas du tout de tabous en soi. Il ne s’agit pas toujours de garçons… mais naturellement ils sont bien le sujet principal. Il y a en fait peu d’action. Mais cela non plus n’est pas tabou.
Mais en quatrième page de couverture de ton dernier livre, tu as toi-même écrit : « Ce livre convient brillamment pour susciter de la bonne volonté dans un public qui, dès qu'il s’agit d’un homme et d’un petit garçon, pense encore exclusivement à la tromperie et au sadisme… »
— Mais ce n’est pas un tabou ! C'est l’histoire du Petit Chaperon Rouge et du loup. Le Petit Chaperon Rouge n’a jamais existé, et le loup est mature depuis longtemps. Les tabous proviennent d’anciennes cultures. Coucher avec sa mère est un tabou. Mais des relations avec des petits garçons, ça a toujours existé. Seulement, comme toutes les formes de sexualité, ç’a été complètement poussé sur le côté au dix-neuvième siècle. Parce ce n’était plus utile d’un point de vue économique. Mais ce n’est pas un tabou, c'est une acculturation acquise [trad. libre de « aangeleerde gewenning »].
(…)
Nous sommes ici à bafouiller joliment quand il s’agit de pédophilie, et tu écris au dos de ton livre que tu te bats pour la reconnaissance de la pédophilie.
— Tu ne m’entendras jamais utiliser ce mot. En premier lieu il s’agit d'une sorte d’imitation du grec, un mot qui n’existe même pas dans la langue elle-même. En second lieu, je ne me laisse pas réduire à un thème, parce qu’un seul ne peut me définir. Ce que je fais est absolument normal. Je suis contre la tolérance ! (Il rit de bon cœur). La tolérance suppose d’abord une répression, qui serait ensuite affaiblie.
Ton amour pour ces petits garçons n’est-il pas quelque chose de triste ? Ils grandissent et ils partent. L’amitié ne continue-t-elle pas quand l’amour a disparu ?
— Non, ce serait beau, de rester amis. Mais l’attirance physique s’amenuise. C’est comme ça. C’est triste… mais d’un autre côté… c’est toujours trop vite fini, mais ça se renouvelle chaque année. Le problème est que je n’ai pas, comme dans d’autres relations, affaire à deux mais à quatre personnes. Moi-même, le garçon, et ses parents. On trébuche souvent sur un obstacle. Surtout sur la mère. Tu le remarques quand le garçon devient un peu plus grand. Alors le pouvoir d’attraction de sa mère diminue, et les parents viennent me voir. À ce moment, la mère est devenue jalouse. Avant, elle trouvait que tout allait bien, mais à un tel moment elle va interdire…
C’est comme ça qu’on me met des bâtons dans les roues et que mon travail s’arrête de façon abrupte. Ça devrait durer plus longtemps. C’est un travail culturel. (…)

Bibliographie

Photographies

Articles

  • « De ceremonie : toneelspel », in: Yang 16 (nov. 1965), 17 (jan. 1966) en 18 (mei 1966).
  • « Een zondag in mei », in: Tirade, mei-juni 1966.
  • « Na het spel », in: De Vlaamse Gids, mei 1966.
  • « Kroniek van de roman. 4, Terug naar Oegstgeest », in: Kentering, aug.-sept. 1966.
  • « In een Romaans klooster (tweede versie) », in: Podium, september 1967.
  • « In een Romaans klooster (oorspronkelijke versie) », in: Tirade, oktober 1967.
  • « De pers en Dhondt, analytisch document van de persreacties verschenen over de drie paarse boeken van Astère Michel Dhondt God in Vlaanderen, Zeven geestige knaapjes en De wilde jacht, samengesteld door de schrijver », in: Yang Kahier, oktober 1968.
  • « Grafschriften uit de tijd van keizerinnen en keizers (met foto’s) », in: Podium, maart-april 1969.
  • « Timing », in: Hollands Maandblad, november 1970.
  • « Hongarije », in: Maatstaf, december 1970.
  • « Vier bouwstukken », in: Raam, december 1971.

Prix littéraires

  • Arkprijs van het Vrije Woord, 1966 : reçu pour God in Vlaanderen, ce prix « cherche à empêcher le provincialisme idéologique de limiter la liberté d’expression et de pensée (…). Il encourage ceux qui s’impliquent activement pour la liberté de penser ».[5]
  • Nestor De Tièreprijs, 1966 : reçu pour De ceremonie. Attribué par l’Académie Royale de langue et de littérature néerlandaise de Gand, ce prix couronne des pièces de théâtre originales.[6]

Références et notes

  1. Extrait de l’article de Sam De Graeve (révision du 28 février 2008).
  2. Cet article de 2007 est un témoignage de première main. L’auteur a voulu rencontrer Astère-Michel Dhondt en 1965, après avoir lu God in Vlaanderen, et ce fut le début d’une collaboration aux Yang Kahiers.
  3. 3,0 et 3,1 Johan Diepstraten & Sjoerd Kuyper, « Astère Michel Dhondt : ‘Wat heb je aan papier als het donker is?’ », in: Het nieuwe proza : interviews met jonge Nederlandse schrijvers, Amsterdam, Athenaeum/Loeb Paperbacks, 1978, p. 149-159. Cet entretien est en ligne.
  4. Astère-Michel Dhondt, « Dieu en Flandre », Collection Le plat pays, dirigée par Jacques De Decker (selon Leszek Kowalowski, L’esprit révolutionaire – suivi de Marxisme : utopie et anti-utopie, éd. Complexes, p. 302).
  5. Selon l’article Arkprijs van het Vrije Woord de la Wikipedia néerlandaise (version du 18 mars 2011).
  6. Selon l’article Nestor De Tièreprijs de la Wikipedia néerlandaise (version du 9 novembre 2009).

Cet article est basé sur une traduction remaniée et augmentée de l’article « Astère-Michel Dhondt » de la Wikipedia néerlandaise (version du 22 juin 2010).