Discussion:Gabriel Matzneff

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Version datée du 19 janvier 2020 à 12:57 par Calame (discussion | contributions) (Report d'une intervention de Skanda + réflexions sur Gabriel Matzneff et sur les différentes formes d'amour)
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Gabriel Matzneff est-il digne de BoyWiki ?

[L’intervention de Skanda a été recopiée depuis la page de discussion de l’article Consentement rétrospectif.]

[…] En revanche, je me demande si Gabriel Matzneff est bien représentatif, je veux dire si on peut le prendre en compte comme un écrivain digne de figurer dans Boywiki. Il semble n'avoir aimé que de très jeunes filles. Quant aux jeunes garçons, il semble en avoir baisé quelques-uns, mais n'en a jamais aimé un seul. Mais je peux me tromper, car je n'ai guère lu Matzneff.

--Skanda (discussion) 13 janvier 2020 à 16:24 (UTC)

On ne peut contester la place de Gabriel Matzneff dans l’encyclopédie garçonnière qu’est BoyWiki, puisqu’il a vécu et reconnu des relations avec des garçons. De plus, son militantisme pour les amours intergénérationnelles couvre clairement les deux sexes (il suffit, pour s’en convaincre, de regarder les pages dédiées à ses citations). Sa vie et son œuvre offrent donc un intérêt certain pour les pédérastes, comme le montrent les discussions à ce sujet sur La Garçonnière.
Bien que possédant la quasi-totalité de ses livres, j’avoue ne les avoir pas encore tous lus. Mais il me semble quand même que vous êtes un peu injuste à son égard, et que votre regard sur son vécu manque d’un certain équilibre. Je m’explique.
Oui, il a « aimé » beaucoup de très jeunes filles. Mais dans de nombreux cas, son ami Montherlant aurait appelé ça de l’Hamour — amour-passion très sentimental, et en partie aveugle, qui engendre souvent plus de souffrance que de bonheur. Depuis l’époque médiévale de l’amour courtois, l’Occident s’est habitué à voir cela comme un bienfait ; mais les Grecs antiques étaient plus lucides, qui considéraient cet emballement comme dangereux et douloureux (c’est d’ailleurs le sens originel du mot « passion »).
On trouve des réflexions intéressantes à ce sujet dans un article récent (et par ailleurs très critiquable) de l’hebdomadaire Le Point : Michka Assayas – « Mon "prédateur" était une prédatrice ».
Matzneff n’a pas attendu les hystériques actuels (dont la plupart ne connaissent rien aux garçons) pour prendre conscience des problèmes que peut poser l’exaltation affective : à la page des citations tirées des Moins de seize ans, rubrique « L’île des Bienheureux », on voit qu’il considère même ce risque comme « le seul argument sérieux contre l’amour des moins de seize ans ».
Pour ce que j’en sais, les relations de Matzneff avec des garçons ont été plus paisibles qu’avec les filles, et peut-être donc plus saines, voire plus bénéfiques pour les intéressés. Vous pensez qu’il les a « baisés » ; je dirais plutôt qu’il a « fait l’amour » avec eux — cette expression française, bien éloignée de l’anglo-saxon « to have sex », nous rappelle qu’il y a presque toujours une part de sentiment dans un rapport sexuel, fût-il aussi vénal. Les évocations qu’il fait de certains petits Philippins (par exemple dans Harrison Plaza) sont très affectueuses. Jouissance amicale et partagée, c’est déjà beaucoup dans une vie — dans deux vies —, et il n’y a là rien de moralement condamnable (il faut, encore et toujours, relire les judicieuses réflexions de Montherlant sur ce thème.)
Même en France, Matzneff a vécu autrefois de belles amours garçonnières, que la prudence lui interdisait de raconter d’une façon trop précise. Il a fréquenté en particulier les milieux scouts, grâce à son ami Jean Léopold (auteur, sous le pseudonyme Jean-Claude Alain, de plusieurs Signe de piste illustrés par Michel Gourlier).
En plus de l’amour-passion et de l’amour-plaisir, il existe un autre amour, qui est l’amitié amoureuse sur le long terme. Pour un couple hétérosexuel, cela peut être la relation conjugale. Dans un couple pédérastique, la composante sexuelle est très présente pendant la préadolescence et l’adolescence du plus jeune ; mais en général, ça se transforme ensuite en une amitié non sensuelle, souvent très fidèle. Je ne crois pas que Matzneff — contrairement à Montherlant et à Peyrefitte — ait connu cette forme de relation durable. À chacun son génie !…
--Calame (discussion) 19 janvier 2020 à 12:55 (UTC)