Masturbation (Fournier, Bégin)

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L’article masturbation du Dictionnaire des sciences médicales édité par C. L. F. Panckoucke (1812-1822) a été rédigé par les docteurs Fournier et Bégin, et publié en 1819.

Comme le montre la bibliographie qui lui est jointe, ce texte s’inspire essentiellement des thèses puritaines anti-masturbatoires conçues par le médecin suisse Samuel Auguste Tissot à partir de 1760. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ces théories pseudoscientifiques ont le plus souvent été diffusées par des pasteurs protestants et par des médecins allemands, avant de se répandre plus largement au XIXe siècle vers la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Auteurs

[à compléter]

Texte intégral

Après correction des erreurs typographiques, on a conservé l’orthographe d’époque.




MASTUPRATION , s. f., mastupratio, ou manustupratio : de manus, main, et de stupro, je corromps. Voyez masturbation.

(f. v. m.)


MASTURBATION , s. f., manustupratio : de manus, main, et du verbe stupro, je déshonore, je corromps. Divers auteurs ont employé les mots mastupration, manustupration ; mais celui que nous consacrons ici a généralement prévalu. Tout le monde sait en quoi consiste l’acte que désignent ces différentes expressions. Nous devons donc nous occuper moins de définir cet acte lui-même, que d’exposer les causes qui portent les jeunes gens et les enfans à s’y livrer ; que d’indiquer les effets qui sont les funestes résultats de sa fréquente réitération ; et enfin, que de faire connaître les moyens hygiéniques et médicinaux les plus convenables, soit pour préserver tous les sujets de l’habitude funeste de la masturbation, soit pour remédier aux désordres nombreux qu’elle entraîne après elle.

Les maladies qui sont le produit des excès de l’onanisme deviennent plus fréquentes, à mesure que les sociétés modernes atteignent un plus haut degré de civilisation. Cette opinion, qui est généralement adoptée par les médecins observateurs, semble reposer sur les faits les plus nombreux et les mieux constatés ; elle est le résultat de la pratique des hommes les plus recommandables qui ont exercé ou qui exercent encore la médecine dans les grandes villes de l’Europe. Cependant ce résultat funeste, indiqué par l’observation médicale, ne doit pas être regardé comme nécessairement lié aux perfectionnemens successifs de l’état social. Celui-ci ne le produit que d’une manière secondaire ; et l’on conçoit très-bien qu’il serait possible, en faisant disparaître les circonstances qui favorisent et qui entretiennent la corruption des mœurs publiques, sinon d’anéantir la déplorable pratique de la masturbation, du moins de diminuer considérablement le nombre de ses victimes. Combien d’autres avantages n’accompagneraient-ils pas cet effet heureux, que l’on pourrait facilement obtenir en attachant plus d’importance à l’éducation morale des enfans, éducation presque entièrement négligée chez les modernes, qui s’occupent plus de hâter le développement de l’esprit, et de faire promptement acquérir à la jeunesse des connaissances variées, que de cultiver ses facultés morales, et de les diriger vers la pratique de la vertu.

C’est surtout chez les jeunes personnes de l’un et l’autre sexe, que la masturbation fait le plus de ravages ; d’autant plus fatale alors qu’elle frappe, pour ainsi dire, la société dans ses élémens, et tend directement à la détruire, en énervant, dès leurs premiers pas, les sujets les plus propres à concourir efficacement à sa conservation et à sa splendeur. Combien ne voyons-nous pas en effet de ces êtres affaiblis, décolorés, également débiles de corps et d’esprit, ne devoir qu’à la masturbation, principal objet de leurs pensées, l’état de langueur et d’épuisement où ils sont plongés ! Désormais, incapables de défendre la patrie ou de la servir par d’honorables et utiles travaux, ils traînent au milieu de la société, qui les méprise, une vie qu’ils ont rendue nulle pour les autres, et souvent à charge à eux-mêmes. Le moraliste et le législateur doivent donc, autant que le médecin, s’occuper de cet objet important, et chercher à prévenir des désordres aussi funestes ; mais c’est à ce dernier qu’il appartient spécialement d’indiquer, et les effets de l’un des fléaux les plus redoutables, et les moyens les plus propres à le combattre.

Ce n’est jamais le besoin physique d’apaiser la stimulation qu’exerce sur les organes génitaux, le sperme accumulé dans les vésicules séminales, qui engage les sujets impubères à se procurer les plaisirs honteux de la masturbation. Cette cause peut bien agir chez ceux qui sont plus âgés ; quelquefois même elle pousse l’homme le plus sage et le plus réservé à recourir à ce moyen ; mais ce n’est chez lui qu’un moment d’égarement qu’une irritation violente a pu seule produire, et qui ne dégénère pas facilement en habitude. Avant la puberté, au contraire, une sensibilité exaltée invite souvent, par une sorte d’instinct, par une inquiétude vague, l’enfant à porter la main aux organes de la génération ; et lorsqu’une vive sensation a été la suite de l’excitation qu’il a produite, ignorant à quels résultats fâcheux peut entraîner la réitération fréquente du même acte, il répète, pour ainsi dire sans motif, ce qu’il avait fait par hasard. Alors, à mesure qu’il avance dans la funeste carrière qu’il s’est ouverte, par une conséquence malheureuse des lois de l’économie vivante, il ressent d’autant plus vivement la velléité d’une telle sensation, qu’il l’a éprouvée plus souvent.

L’un de nous a connu une petite fille qui, dès l’âge de quatre ans, se livrait, comme par instinct, à la masturbation. À huit ans, on découvrit ce vice, et l’on employa inutilement pour la corriger tout ce que la prudence peut inspirer. Lorsqu’on liait ses mains, elle parvenait à ses fins soit en rapprochant ses cuisses et en leur faisant exercer des mouvemens convenables, soit en s’asseyant sur un meuble propre à favoriser l’acte de l’onanisme. Cette enfant vivait dans une parfaite ignorance de l’amour et de ses plaisirs ; ses organes seuls la rendaient ingénieuse à découvrir les moyens d’apaiser leur ardeur. Déjà, dans un âge si tendre, les parties génitales et les mamelles étaient développées comme à douze ans. À ce dernier âge, époque où elle mourut dans un état de marasme dégoûtant, ces mêmes parties avaient tous les caractères de la puberté, si ce n’est qu’elles portaient l’empreinte et les flétrissures de la vieillesse. Cette infortunée, dans ses derniers momens, avait incessamment la main sur ses parties sexuelles, et elle expira en se masturbant.

C’est le développement du système nerveux ; c’est la prédominance de son action sur celle des autres parties de l’organisme, qui sont les causes les plus puissantes de la masturbation. Cette habitude désastreuse est rarement contractée par les sujets vigoureux dont les appareils musculaire ou gastrique sont très-développés ; ils éprouvent plutôt le besoin d’exercer leurs membres ; celui de satisfaire leur appétit occupe trop leur imagination, pour qu’ils aient en quelque sorte le temps de se livrer à d’autres sensations.

Le développement excessif de la sensibilité nerveuse, qui est la source de tant d’actions louables et de tant de vices ; cette cause, qui, suivant la direction qu’elle reçoit, donne naissance aux productions les plus admirables du génie, ou à ces ouvrages informes qui attestent seulement la force et les écarts de l’imagination, peut être le résultat d’une disposition naturelle des organes, ou le produit de l’éducation première. L’enfance de l’homme, aussi bien que celle de tous les autres animaux, est remarquable par la prédominance du système nerveux sur tous les appareils organiques de l’économie. Chez tous les jeunes sujets, en effet, les parties centrales de ce système, telles que le cerveau et le prolongement rachidien, ont acquis une organisation presque complette alors que les organes locomoteurs et le reste de la machine sont encore dans un état relatif d’imperfection. Les organes des sens eux-mêmes, quoique inhabiles à l’époque de la naissance, se développent avec rapidité, et parviennent bientôt à exécuter parfaitement leurs fonctions. C’est immédiatement après la première enfance, à cette époque où les facultés du nouvel être commencent à se développer avec énergie, qu’il court les plus grands dangers. Si alors un hasard malheureux, ou trop souvent des attouchemens étrangers, lui révèlent, en quelque sorte, un nouveau sens, il se forme vers les organes génitaux une concentration plus ou moins vive des forces de la vie, et le sujet, entraîné par un plaisir trompeur, se livre avec fureur à un vice qui doit bientôt le perdre, ou attirer sur lui des maux plus terribles que la mort même.

Les enfans sont, pour ainsi dire, surabondamment pourvus de sensibilité, et c’est de la direction que cette faculté recevra que dépend le sort de leur vie entière. Il arrive quelquefois que, par une disposition spéciale de l’organisme, les parties génitales, naturellement très-développées, très-sensibles, deviennent promptement un centre d’action, vers lequel se portent les forces vitales : alors elles entraînent machinalement le sujet à des actes solitaires dont il ne pénètre nullement le but, et le conduisent ensuite malgré lui à la masturbation. C’est ainsi que nous avons vu des enfans très-jeunes avertir leurs parens de ce qu’ils éprouvaient, et les prier de les mettre hors d’état de se tourmenter continuellement. Il existe même un très-grand nombre d’exemples d’enfans encore au berceau qui éprouvaient de violentes et continuelles érections, et qui étaient ainsi engagés à stimuler encore leurs organes par des attouchemens que l’instinct seul déterminait, et à les entretenir dans un état presque permanent d’excitation. Or, il est évident que plus un sujet approchera de cet état extrême dans lequel les organes de la génération ont devancé le reste de l’économie, et qui constitue chez l’homme adulte un tempérament très-remarquable, que plusieurs personnes proposent de nommer génital ; plus l’enfant aura le système nerveux susceptible de ressentir de vives impressions, et de produire des concentrations rapides et énergiques de la sensibilité, plus aussi les causes qui provoquent l’action des parties sexuelles agiront sur lui avec énergie et détermineront facilement de funestes effets.

Les enfans, dans un âge même très-peu avancé, sont déjà tourmentés par un besoin vague de connaître, par une curiosité extrême, qui sont également remarquables, à cette époque de la vie, chez les sujets de l’un et l’antre sexe. C’est l’observation de cette susceptibilité excessive de l’enfance à saisir avec avidité tout ce qui peut lui procurer des sensations vives, qui a, dans tous les temps, engagé les parens jaloux de conserver dans leur famille le culte des bonnes mœurs, à ne se permettre jamais, en présence de leurs enfans, même en présence des plus jeunes, aucun discours qui puisse diriger leur esprit vers des objets dont la connaissance ne doit leur être révélée par la nature que beaucoup plus tard. Chez les modernes, ce respect pour l’enfance est, en général, moins grand que chez les anciens : rien de si ordinaire que de voir des personnes âgées ne pas se contraindre dans leurs discours ou dans leurs actions, supposant, si le sujet est très-jeune, qu’il n’y comprendra rien, ou, sous le prétexte non moins spécieux, s’il est plus âgé, qu’il est déjà instruit et qu’il n’y a plus rien à craindre pour lui. Imprudens ! qui ne voient pas que, dans l’un et l’autre cas, ils allument dans l’imagination de ces êtres si inflammables, un incendie qui peut les consumer. De nos jours, la première éducation que reçoivent les enfans dans la maison paternelle est donc semée, dans son cours, de nombreux écueils dont on doit s’efforcer de garantir les mœurs et par conséquent la santé des sujets qui, par le développement régulier de leur corps, par la finesse de leurs organes, et le plus ordinairement par vivacité de leur esprit, donnent les plus belles espérances. Nous ne nous appesantirons pas ici sur les discours et les actions des domestiques ; nous ne peindrons pas surtout les provocations que font souvent des femmes abominables aux organes des enfans confiés à leurs soins : nous avons vu ces malheureuses exciter des érections chez des enfans à peine privés de la mamelle ; d’autres, plus infâmes encore, se livrer, avec de petits garçons, aux simulacres du coït. La plume se refuse à retracer d’aussi odieuses turpitudes ; mais puisqu’elles existent, il est indispensable de les signaler, afin que les parens, dont la négligence coupable a laissé d’aussi horribles désordres s’introduire dans leurs maisons, à l’avenir plus attentifs, veillent sans cesse à ce qu’ils ne se reproduisent plus.

C’est principalement dans les établissemens publics, où sont réunis en grand nombre les jeunes gens de l’un et l’autre sexe, que se développe avec facilité l’habitude de la masturbation. L’éducation publique est sans contredit un des résultats les plus avantageux de la civilisation perfectionnée : par elle, une multitude de connaissances, qui seraient hors de la portée des fortunes médiocres, sont mises à la disposition de presque tous les citoyens ; l’émulation y étant fortement excitée par les récompenses et les distinctions accordées aux succès, elle est éminemment propre à rendre les progrès plus rapides, le développement des facultés intellectuelles plus complet. Mais, par combien de graves inconvéniens ces avantages ne sont-ils pas atténués ? et, pour ne pas sortir de notre sujet, combien n’est-il pas difficile d’exercer sur des enfans ainsi rassemblés, une surveillance propre à prévenir, d’une manière efficace, la corruption des mœurs ? Nous devons le dire ici, il paraît certain que dans les lycées, cette surveillance était moins active que dans les anciens colléges. Nous avons vu, dans les premiers, l’acte de la masturbation, pour ainsi dire public, être avoué sans honte, exercé sans pudeur. On a vu, presque sous les yeux des maîtres, d’infimes provocations exciter, parmi les élèves, des excès dont le médecin était trop souvent appelé à combattre les suites. Nous avons su enfin, et non sans la plus vive indignation, que les plus âgés d’entre ces malheureux, déjà corrompus, recouraient à la main des plus jeunes, et les forçaient, soit par les menaces, soit par des sévices, à leur prêter un ministère abominable. Il serait cependant inexact de dire que des excès analogues n’ont pas été observés dans les anciens établissemens d’instruction. C’est ainsi, qu’au rapport de Tissot, on trouve, dans un journal qui paraissait à Berne, de son temps, et qui avait pour titre : Excerptum totius italicæ et helveticæ litteraturæ (année 1759), que tous les élèves d’un collége trompaient quelquefois, par une détestable manœuvre, l’ennui et le sommeil que leur inspiraient les leçons d’une métaphysique scolastique qu’un très-vieux professeur leur faisait en dormant (Œuvres complètes de Tissot, in-8°. Paris, 1809, tom. iii, pag. 298).

Telles sont les circonstances principales qui favorisent la dépravation des mœurs, et qui hâtent le développement de la masturbation chez les jeunes garçons. Une partie des mêmes causes produit, chez les jeunes filles, des effets analogues. On a cependant, en général, un peu plus de retenue devant elles ; on respecte davantage leur innocence que celle des sujets de l’autre sexe ; aussi l’onanisme fait-il parmi elles moins de ravages, et produit-il des désordres moins multipliés. Naturellement plus timides et plus cachées que les jeunes garçons, les effets de leur réunion, quoiqu’ils soient encore très-fâcheux, le sont cependant moins que celle de ces derniers. Toutefois, une coupable négligence, dans les pensionnats de jeunes demoiselles, y laisse fréquemment introduire les désordres de la masturbation. Cette pratique est dissimulée, aux yeux impénétrans ou inattentifs des maîtresses, sous le voile de l’amitié, poussée, chez les adolescentes, dans un grand nombre de cas, jusqu’au scandale. Les liaisons les plus intimes sont formées sous ce spécieux prétexte ; un même lit reçoit souvent les deux amies ; et, par un raffinement inouï, l’on voit de jeunes filles se déchirer l’épiderme léger qui recouvre les lèvres, et se donner des baisers ensanglantés, afin de mieux attester, et l’ardeur qui les dévore et leur fidélité. Nous avons vu des billets de ces jeunes filles, à peine âgées de onze à douze ans, dont les expressions brûlantes et passionnées nous faisaient frémir. La lecture clandestine de certains livres, dans lesquels d’abjects auteurs se sont efforcés de retracer, avec les couleurs les plus vives, les déplorables égaremens des sens, est une autre circonstance non moins funeste, qui hâte la corruption des mœurs chez les filles. On peut affirmer que cette lecture des romans, qui devient avec tant de facilité l’objet d’une véritable passion pour les jeunes personnes, est aujourd’hui l’une des causes les plus actives de leur dépravation.

Chez elles, comme chez les jeunes garçons, les organes génitaux peuvent être naturellement doués d’une prédominance excessive d’action, qui maîtrise toutes les affections, tous les mouvemens de l’économie, et qui les porte à titiller sans cesse la partie de ces organes, qui est le siége de la sensibilité la plus exquise. Souvent, de très-petites filles sont ainsi entraînées, par une sorte d’instinct, à la masturbation. L’influence qu’exerce sur elles la disposition organique dont nous parlons, et qui est la source de ce tempérament que M. Hallé a justement caractérisé en le nommant utérin ; la manière dont leur physique et leur moral sont modifiés par cette organisation, et les circonstances diverses dans lesquelles les femmes usurpent les droits, et exercent les fonctions d’un autre sexe, en abusant du développement quelquefois prodigieux du clitoris, ont été exposés dans un article spécialement destiné à ce sujet. Voyez clitorisme.

Faut-il parler des instrumens variés et des procédés bizarres qu’une imagination dépravée a souvent mis en usage pour se procurer de honteux plaisirs ? On a vu, il y a peu de temps, un jeune homme de vingt à vingt-deux ans, se présenter à la clinique de l’Hôtel-Dieu, portant, à la racine de la verge, une bobèche de chandelier, dans laquelle il s’était introduit le pénis, qui, s’étant gonflé par l’érection, n’avait pu être retiré. La constriction était si forte, que la partie, considérablement tuméfiée au devant de l’étranglement, semblait prête à se gangréner, et il fallut les plus grandes précautions pour parvenir, au moyen de tenailles et autres instrumens, à dégager la verge sans la blesser. On trouve, dans les observateurs, que tantôt un anneau de cuivre, tantôt une clef, tantôt un briquet, ont servi à de jeunes garçons à se procurer des plaisirs que de vives douleurs ont bientôt interrompus ; et la chirurgie n’a pu, le plus ordinairement, qu’avec peine, parvenir à dégager la verge étranglée par ces instrumens (Sabatier, Médecine opératoire, tom. iii, pag. 482, ire édit. Paris, 1796). Un jeune homme prenant un bain, imagina un moyen aussi singulier que bizarre de se masturber. Il introduisit le pénis dans le trou pratiqué à la baignoire pour en faire écouler l’eau ; mais bientôt le gonflement du gland devint tel, qu’il lui fut impossible de le retirer de ce trou, où il se trouva aussi serré que dans un étau. Les cris affreux de cet insensé, firent accourir à son secours, et ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à le délivrer des entraves qu’il s’était forgées dans son honteux délire. On sait que des hommes dépravés et usés par la masturbation, emploient, pour titiller le canal de l’urètre, des corps pointus, tels que des brins de paille, des morceaux de bois, de grosses épingles, etc. Souvent ces corps, s’échappant et pénétrant dans la vessie, ont servi de noyau à des calculs considérables.

Chez les femmes, des corps étrangers nombreux, introduits dans un moment d’égarement, soit dans l’urètre, soit dans le vagin, y étant restés, ont nécessité les secours de la chirurgie pour en être extraits après un temps plus ou moins long. Voyez corps étrangers.

Dernièrement encore, une femme s’est présentée chez l’un de nos confrères, pour être délivrée d’une douleur insupportable aux parties génitales. Au toucher, on reconnut un corps dur et inerte situé à la partie supérieure du vagin, dont la membrane muqueuse était gonflée de telle sorte qu’elle semblait embrasser ce corps et le retenir avec force. Il fallut beaucoup de soins, et plus d’une tentative, pour parvenir à le saisir et à l’extraire, et l’on reconnut. alors qu’il consistait en un gros bouchon de liége. Il est indubitable, malgré les dénégations que la honte inspira à la patiente, que c’est en se servant du goulot d’une bouteille, pour satisfaire aux égaremens de son imagination, qu’elle éprouva l’accident dont nous venons de parler.

Les effets terribles qu’entraînent après eux les excès dans le coït, ou l’habitude funeste de la masturbation, ont été l’objet des travaux des médecins les plus célèbres de tons les temps ; tous se sont appliqués à décrire de la manière la plus vive l’état déplorable dans lequel ces deux causes peuvent jeter les personnes les plus robustes. Suivant eux, l’excitation continuelle des organes génitaux est susceptible de donner naissance à presque toutes les maladies aiguës ou chroniques qui peuvent déranger l’harmonie de nos fonctions. C’est ainsi qu’ils ont vu des fièvres de différens caractères, des altérations organiques diverses, des consomptions plus on moins rapides, des affections excessivement variées du système nerveux, être les suites plus ou moins funestes de ces excès, également condamnés par le moraliste et par le médecin. Cependant, les auteurs les plus estimables se sont plutôt occupés de donner, en quelque sorte, la liste des maladies nombreuses que peut produire la masturbation, que de démontrer, d’une manière évidente, par quel mécanisme cette cause entraînait après elle les effets observés. Par exemple, Aëtius nous dit qu’à la suite des excès dans l’acte de la génération, l’estomac se dérange, le corps entier s’affaiblit ; l’on devient pâle et maigre ; les yeux se cavent, etc. (Tetrab. iii, serm. iii, c. 34). Ainsi Lommius, dans ses Commentaires sur Celse, dit que les émissions trop fréquemment réitérées du sperme produisent une foule de maux ; tels que des apoplexies, des léthargies, des épilepsies, des tremblemens, des paralysies, des spasmes, des cécités, et des gouttes excessivement douloureuses (Comment. de sanit. Tuend.). Il est évident que la lecture de ces passages laisse dans l’esprit une sorte de vague qui ne lui permet pas d’ajouter une confiance entière à la réalité des phénomènes dont il y est fait mention ; et que, non-seulement l’homme étranger aux connaissances médicales, mais le médecin lui-même, ne pourront se rendre compte d’une telle variété d’effets produits par une même cause. Ces assertions générales ont de plus l’inconvénient de faire soupçonner les écrivains d’exagération ; de diminuer l’importance de leurs conseils ; et de faire mépriser par les jeunes gens, un danger qu’ils croient ne pas exister. C’est après avoir examiné le rôle important que jouent, dans l’économie animale, les organes génitaux de l’un et l’autre sexe ; après avoir étudié la manière d’agir des causes qui les excitent et les effets ordinaires de leur action modérée, que nous nous efforcerons de montrer, d’après les lois de la saine physiologie, à quels maux leur excitation continuelle peut donner naissance. Dans ces recherches diverses, l’observation attentive des faits sera notre seul guide ; nous éviterons de tomber dans les exagérations que les auteurs se sont permises : la nature ici parle assez haut ; on défigure, en les surchargeant, les tableaux qu’elle nous présente, et loin de servir sa cause, on affaiblit par là les leçons qu’elle nous donne.

L’appareil organique qui constitue chez l’homme et chez la femme, les parties qui servent à la génération, est lié par la sympathie la plus étroite au système nerveux et à l’appareil digestif. Cette union était indispensable à l’exécution régulière des fonctions génératrices. En effet, c’est en faisant une impression plus ou moins vive sur les organes des sens, que les individus d’un sexe agissent sur les sujets du sexe opposé, et excitent en eux ces désirs brûlans qui ont le coït pour objet. C’est au moyen de la sensibilité nerveuse, ainsi exaltée, que les organes génitaux se montent, pour ainsi dire, sur le ton qui les rend habiles à exécuter convenablement les fonctions dont ils sont chargés. L’influence que les parties centrales du système nerveux exercent sur l’appareil génital, et qui fait entrer celui-ci dans un état d’orgasme plus ou moins violent, à l’occasion d’une impression reçue par l’autre, se manifeste aussi en sens inverse : les organes de la génération, irrités par le sperme accumulé dans ses réservoirs, jettent souvent le centre cérébral dans un état d’excitation qui ne lui permet plus d’agir librement, et qui rend l’homme insensible à la voix trop faible de la raison expirante. On peut considérer, dans la jeunesse, ces deux parties importantes de l’organisme, le cerveau et les organes sexuels, comme deux foyers qui se renvoient mutuellement les impressions qu’ils reçoivent, et qui s’excitent l’un l’autre de la manière la plus directe et la plus énergique. Ainsi, dans les transports que détermine la vue d’une belle femme ; dans ceux non moins vifs, peut-être, que provoque le souvenir des plaisirs que sa possession nous a fait goûter, les effets de l’exaltation des facultés intellectuelles prouvent combien l’organe de la pensée agit avec force sur les parties génitales ; ainsi, l’homme adulte, entraîné par la stimulation de l’appareil générateur, à des actions que sa volonté réfléchie désapprouve, et dont il déplorera l’extravagance lorsque le calme sera rétabli, nous montre combien est grande l’influence de ces derniers sur les déterminations du moi. On connaît les effets de cette irritation excessive des organes génitaux, qui donne naissance au satyriasis et à la nymphomanie ; on a souvent remarqué les effets non moins extraordinaires d’une continence forcée (Voyez ces mots) ; tous attestent la vivacité et l’énergie des rapports dont nous parlons.

C’est la méditation attentive de ces faits nombreux et singulièrement variés, qui nous explique comment l’exercice habituel des parties génitales, soit par le coït, soit par la masturbation, peut maîtriser à tout âge la volonté des sujets, et les forcer de se livrer aux actes qui ont pour résultat la cessation momentanée de l’excitation vénérienne. Chez presque tous ces malheureux, victimes de la fougue de leur tempérament, des regrets amers suivent immédiatement l’action honteuse qu’ils viennent d’accomplir ; mais, à mesure que les organes se reposent, les résolutions qu’ils avaient prises, et qu’ils croyaient inébranlables, se dissipent ; et bientôt le souvenir de la sensation qu’ils ont éprouvée, ou de nouveaux plaisirs promis par une imagination exaltée, les font évanouir complétement. L’un de nous a connu un jeune homme, qui, depuis l’époque d’une puberté trop précoce, se livrait à la masturbation, et qui en éprouvait, à dix-huit ans, les effets les plus fâcheux. Ce jeune homme était doué des qualités les plus brillantes de l’esprit ; sa raison avait toute la maturité de l’âge viril ; il était éclairé par de profondes études, et connaissait tout le danger où l’entraînait le goût irrésistible qui le portait avec violence aux plaisirs solitaires de l’onanisme. Il prenait la résolution de ne plus s’y livrer ; mais il y revenait incessamment, et disait, désespéré de ne pouvoir observer, après chaque sacrifice honteux, les salutaires résolutions qu’il prenait sans cesse : j’ai en moi deux volontés ; l’une qui résiste, et l’autre qui m’entraîne ; celle-ci, pour me séduire, use du subterfuge le plus adroit, et me dit toujours : ce sera la dernière fois…… Cet infortuné a péri.

L’appareil digestif n’a pas, avec les organes génitaux, des rapports moins intimes et moins nécessaires que le système nerveux. Il est évident, en effet, qu’il serait impossible à l’être le mieux organisé, de fournir à la dépense excessive de force qu’entraîne l’acte de la génération, si la machine n’était abondamment pourvue de matériaux réparateurs convenablement élaborés. Une des circonstances qui favorisent le plus l’action génitale, est, ainsi qu’on le sait, la stimulation modérée du système gastrique par une alimentation choisie et par une légère quantité de liqueurs alcooliques. Lorsqu’on s’est observé attentivement dans ces momens où la vie est plus active, où tous les mouvemens de la machine sont plus accélérés et plus énergiques, on s’aperçoit bientôt que le centre épigastrique est le siége d’une sensation agréable, qui semble augmenter les forces, et rendre plus faciles les efforts auxquels on va se livrer. Ce n’est pas sans y avoir été conduits par des observations exactes et multipliées, que les anciens physiologistes, et presque de notre temps encore, notre immortel Bichat, avaient été conduits à placer dans les viscères situés au voisinage du diaphragme le siége exclusif des passions. Il est effectivement remarquable que toutes les sensations vives qui ont un rapport plus ou moins direct avec la conservation ou le bonheur de notre être, retentissent, pour ainsi dire, vers le centre épigastrique, et y déterminent un sentiment agréable ou pénible qui ajoute singulièrement à la satisfaction ou à la peine que l’on ressent. Que ce sentiment ait son siége dans le diaphragme, comme le voulaient Buffon, Barthez, et autres savans ingénieux ; ou dans le ganglion sémilunaire, situé au devant des piliers de ce muscle, comme le pense encore M. Richerand ; ou enfin dans la membrane muqueuse de l’estomac, ainsi que M. Broussais se croit fondé à l’établir : c’est ce qu’il est difficile de déterminer. Mais ce qui est hors de doute, c’est que cette sensation existe, et qu’après l’avoir éprouvée, l’on observe que les fonctions du principal organe de la digestion sont modifiées de la manière la plus manifeste, ce qui vient à l’appui de la dernière de ces opinions.

C’est par une conséquence de cette union sympathique de l’appareil digestif et reproducteur, que l’exercice modéré de celui-ci a pour effet d’éveiller l’estomac, d’exciter son action, de rendre l’appétit plus vif et les digestions plus rapides. Les jeunes gens qui commencent à abuser des femmes, ou à se livrer à la pratique de la masturbation, sont surtout remarquables sous ce rapport ; on les voit, le plus ordinairement, tourmentés alors par un besoin presque insatiable d’alimens, manger à toute heure du jour sans que leur accroissement fasse des progrès proportionnés à cette consommation excessive. Bientôt, au contraire, la pâleur de leur teint, la faiblesse et la maigreur de leur corps, indiquent, d’une manière indubitable, qu’il existe chez eux une irritation qui détourne les matériaux nutritifs, et qui arrête le développement de l’organisme.

Ces considérations préliminaires, auxquelles il nous eût été facile de donner plus d’étendue, permettent déjà de prévoir que c’est sur le système nerveux et sur l’appareil digestif que les excès de la masturbation devront porter leur principale influence. L’expérience prouve en effet que c’est à la lésion de ces deux ordres d’organes que doivent être rapportées la plupart des maladies nombreuses qui sont les résultats de cette funeste habitude, et la pathologie vient éclairer et confirmer ici les conséquences déduites de l’observation physiologique.

Les personnes qui abusent d’elles-mêmes éprouvent fréquemment, après chaque émission du fluide séminal, ou après la simple convulsion des muscles éjaculateurs, lorsque, à raison de l’âge du sujet, cette émission ne peut pas encore avoir lieu, un affaiblissement très-marqué des facultés intellectuelles ; cette faiblesse est même portée, dans certains cas, jusqu’à rendre impossible le travail le plus léger, et entraîner irrésistiblement au sommeil. D’abord elle se dissipe après un temps très-court, et les fonctions cérébrales se rétablissent dans toute leur intégrité ; mais insensiblement un temps plus long est indispensable pour obtenir ce résultat, et enfin la perte entière de l’énergie de la faculté de penser devient permanente. « Je sens, écrivait un malade à Tissot, je sens que le sentiment est chez moi considérablement émoussé, le feu de l’imagination extrêmement ralenti, le sentiment de l’existence infiniment moins vif ; tout ce qui se passe à présent me paraît presque un songe ; j’ai plus de peine à concevoir, moins de présence d’esprit, et je me sens dépérir de jour en jour. » (ouvrage cité, p. 234). Les autres parties du système nerveux participent à la débilité profonde de l’encéphale. Les organes des sens, et spécialement celui de la vue, perdent incessamment leur sensibilité, et deviennent enfin inhabiles à remplir leurs fonctions. Frédéric Hoffmann rapporte plusieurs observations où ces funestes résultats ont été très-remarquables : un jeune homme, dit-il, qui s’était adonné dès l’âge de quinze ans aux excès de la masturbation, contracta une faiblesse extrême de la vue. À vingt-trois ans, lorsqu’il voulait se livrer à la lecture, il éprouvait des étourdissemens analogues à ceux de l’ivresse, et qui ne lui permettaient pas de continuer longtemps ce léger travail ; les pupilles étaient excessivement dilatées, et les paupières habituellement très-pesantes. Quoiqu’il mangeât beaucoup, il était cependant d’une maigreur extrême. Le même auteur dit avoir vu plusieurs sujets chez lesquels l’amaurose avait été déterminée par les excès du coït ou par ceux plus funestes encore de l’onanisme (Oper. omn., t. iii, p. 193). Tous les praticiens ont eu de fréquentes occasions de vérifier l’exactitude de ces faits, dont on trouve de nombreux exemples dans les ouvrages de Boerhaave, de Van Swiéten, de Tissot, etc. ; nous-mêmes nous en avons vu plusieurs ; mais, lorsque les observations sont déjà très-multipliées, il est inutile d’en ajouter de nouvelles, qui ne font que reproduire, sans avantage pour la science, des détails déjà universellement connus.

Il existe des sujets chez lesquels l’exercice trop souvent répété des organes de la génération, loin de jeter le système nerveux dans une asthénie plus ou moins profonde, y détermine, au contraire, une irritation sympathique très-considérable. Ainsi, cette cause a souvent entretenu ou développé des douleurs habituelles le long des principaux nerfs ; elle a donné naissance, chez plusieurs sujets, à une susceptibilité nerveuse extrême, et portée au point de rendre pour eux très-pénible l’impression la plus légère des corps extérieurs. Enfin, l’habitude de la masturbation a déterminé dans quelques cas l’aliénation complette, soit passagère, soit permanente des facultés intellectuelles ; on a vu une manie plus ou moins intense ne pas reconnaître d’autre cause. Mais une des affections nerveuses qu’elle occasionne le plus souvent, c’est l’épilepsie. Cette maladie, évidemment due à l’irritation du système nerveux, est un des résultats les plus ordinaires des excès de l’onanisme ; et, il est très-peu de médecins qui n’aient observé des cas où elle a été produite, entretenue ou aggravée par l’habitude de cette pratique pernicieuse.

Il résulte de tous ces faits que la même cause produit ici des effets opposés, tantôt l’affaiblissement ; et tantôt l’irritation du système nerveux. Ce résultat de l’observation des maladies n’étonnera point les praticiens judicieux ; et ils savent qu’il dépend d’une loi générale de l’économie vivante, dans laquelle l’exercice trop violent et trop longtemps continué des organes sensibles produit en eux et dans les parties avec lesquelles ils sympathisent, ou un affaiblissement considérable, ou une exaltation très-manifeste de la sensibilité nerveuse. C’est en vertu de cette loi que les excès dans les travaux de l’esprit donnent naissance, soit à la diminution de l’activité cérébrale, soit à l’excitation trop vive de l’encéphale, qui devient alors le siége d’une congestion plus ou moins considérable ; sous l’influence des études trop prolongées, on observe, dans quelques cas, une véritable suspension de l’exercice des facultés intellectuelles, qui sont, d’autres fois, dans un état manifeste d’exaltation. Il en est absolument de même pour les organes des sens ; leur action continuée trop longtemps, tantôt en émousse la susceptibilité, et les rend presque insensibles à l’action des corps extérieurs ; tantôt, au contraire, elle y produit une irritation plus ou moins intense qui rend leur usage douloureux, et qui donne lieu à de fausses perceptions. À quelles dispositions organiques la diversité de ces résultats est-elle liée ? Il nous est impossible de répondre à cette question d’une manière satisfaisante : nous observons les faits, nous cherchons à déterminer les rapports qui existent entre eux ; mais le mécanisme intime suivant lequel ils sont produits et enchaînés les uns aux autres dans les corps vivans, nous restera probablement toujours inconnu.

L’excitation continuelle des organes de la génération exerce, ainsi que nous l’avons dit précédemment, sur l’appareil digestif une influence non moins vive que sur le système nerveux. Il convient, avant d’examiner les effets de cette influence du système génital sur les organes chargés de l’élaboration des matériaux nutritifs, de rappeler ici un des résultats les plus généraux de l’observation des maladies ; résultat que de nombreuses autopsies cadavériques ont toujours confirmé : c’est que, dans les affections chroniques, quel que soit l’organe irrité, l’on voit le canal alimentaire, d’abord étranger à la maladie, contracter peu à peu une irritation secondaire qui se joint à celle qui existait primitivement, et qui vient hâter la perte du sujet. Ainsi, que le poumon, la plèvre, le péritoine, les membres même, soient le siége d’une phlegmasie latente et désorganisatrice qui épuise l’économie, la chaleur âcre et la sécheresse de la peau, la fréquence et le resserrement du pouls, la difficulté des digestions, et surtout cette diarrhée terrible que les auteurs ont si justement nommée colliquative, viennent presque toujours compliquer, ainsi qu’on le dit, l’affection principale, et précipiter la perte du malade. Or, ces symptômes sont évidemment ceux qui caractérisent l’irritation du canal intestinal ; et, suivant que leur durée avant la mort aura été plus ou moins considérable, on pourra, lors de l’ouverture du cadavre, annoncer avec une certitude presque complette, que l’on trouvera dans ce canal une phlegmasie plus ou moins étendue, et passée, dans le plus grand nombre des cas, à l’état d’ulcération. C’est ainsi que plusieurs fois, et récemment encore, à l’hôpital militaire de Strasbourg, l’un de nous a trouvé, chez quelques sujets que des caries ou des ulcères considérables des membres avaient conduits au tombeau, et qui, avant leur mort, avaient été tourmentés par la fièvre dite hectique et par la diarrhée colliquative, le tube intestinal enflammé dans toute son étendue, et présentant des ulcérations multipliées, à bords élevés et rouges, à fond grisâtre, et larges comme une pièce de deux ou de trois francs. M. Broussais, qu’il faut toujours citer lorsque l’on examine quelque partie de l’histoire des maladies chroniques, a fait un très-grand nombre d’observations analogues, et a constamment trouvé sur les sujets, dans le cas dont il s’agit ici, les traces de l’inflammation secondaire du canal alimentaire.

L’excitation immodérée des organes génitaux établit, dans cet appareil organique, une irritation permanente qui a, sur les principaux viscères chargés de la digestion, une influence absolument semblable à celle qu’exercent les autres parties de l’économie, bien qu’elle soit plus rapide dans ses effets. Ainsi, tandis que le malheureux qui se livre au funeste penchant de la masturbation perd à la fois ses forces physiques et morales, le canal alimentaire, sympathiquement irrité, semble, dans les premiers temps, redoubler d’efforts pour réparer les pertes excessives qu’éprouve la machine ; mais à mesure que l’excitation génitale devenue habituelle perpétue et augmente le mal, les fonctions de l’appareil digestif se troublent ; une susceptibilité extrême de l’estomac, et une diarrhée qui devient progressivement plus considérable, en annoncent l’inflammation secondaire plus ou moins vive. Il semble que les efforts que les organes de la digestion sont obligés de faire dans les premiers momens de la maladie, soient une cause qui rende leur affection consécutive plus facile, et qui favorise l’effet de la sympathie qui les unit à l’appareil génital. Cependant l’affection du canal alimentaire a très-souvent lieu sans avoir été précédée de son activité plus grande, et il est très-ordinaire de voir des sujets chez lesquels la masturbation a déterminé de suite tous les symptômes qui caractérisent l’irritation morbide de l’estomac et des intestins. Nous avons connu un jeune homme qui éprouvait presque constamment, après les excès dans le coït, de vives coliques, suivies d’une diarrhée abondante, et accompagnées d’un ténesme insupportable. Le repos, les boissons gommeuses, l’usage des alimens farineux et d’une petite quantité de vin rouge dissipaient bientôt ces accidens, qui le jetaient quelquefois dans un état alarmant de langueur et de faiblesse.

Telle est la manière dont les organes digestifs sont affectés chez le plus grand nombre des sujets par la fréquente réitération de la désastreuse pratique de l’onanisme. Cependant ceux qui ont le système gastrique très-sensible, et qui sont prédisposés aux affections nerveuses, sont plus spécialement exposés alors aux diverses névroses des organes de la digestion, et à l’hypocondrie, qui a le plus ordinairement sa cause dans l’irritation peu intense, mais permanente, de la partie gastro-hépatique de l’appareil digestif. Dans ce cas, à l’influence directement exercée sur le cerveau par les systèmes génital et gastrique irrités, se joint une sensation de faiblesse générale qui résulte de l’impossibilité dans laquelle l’estomac se trouve de pouvoir remplir ses fonctions ; et cette réunion d’impressions désagréables jette promptement le sujet dans une mélancolie profonde, qu’il est excessivement difficile de dissiper.

Indépendament de l’action que les organes génitaux, continuellement irrités par la masturbation, exercent sur les deux appareils organiques dont nous venons d’examiner les lésions secondaires, ils agissent encore de la manière la plus dangereuse et la plus énergique sur les organes de la voix et de la respiration. Les physiologistes ont signalé depuis long-temps le lien sympathique qui unit l’appareil vocal à celui de la génération ; on sait quelles modifications remarquables la puberté, et même chez la plupart des animaux le développement annuel de l’excitation génitale, amènent dans la force et dans l’étendue de la voix. Il est peu de personnes qui n’aient remarqué combien les excès du coït, et ceux de l’onanisme surtout, influent sur le développement de l’organe vocal, et sur l’étendue et la variété des sons qu’il produit. Il résulte également des faits les plus nombreux et les mieux constatés que les personnes qui s’abandonnent à ces habitudes, sont presque toujours remarquables par le développement incomplet de leur thorax, et par la promptitude avec laquelle l’exercice le plus léger rend chez elles la respiration difficile et précipitée. Presque tous ces infortunés contractent, soit des catarrhes chroniques, soit des affections plus profondes de l’organe pulmonaire, et finissent par périr dans un état complet de phthisie. Il serait superflu de rapporter ici des observations qui viennent à l’appui de ces propositions : quel est le médecin qui, dans une pratique même peu étendue, n’a pas vu plusieurs exemples de ces altérations organiques produites évidemment par l’exercice trop fréquent des organes de la génération ? Dans quelques cas plus rares, des palpitations et même des lésions considérables du cœur et des gros vaisseaux n’ont reconnu d’autre cause chez des sujets que la vigueur de leur constitution a fait résister pendant un temps assez considérable à la pratique destructive de l’onanisme, et qui ont pu, malgré leurs excès, atteindre un âge assez avancé.

L’observation attentive des phénomènes qui se manifestent pendant le coït, a fait donner une explication assez satisfaisante du mécanisme suivant lequel sont produites ces lésions diverses de l’appareil respiratoire et des organes centraux de la circulation. Pendant l’excitation extrême des organes génitaux qui précède et surtout qui accompagne l’émission du sperme, l’homme semble être plongé dans un véritable accès d’épilepsie : alors le visage devient rouge, la respiration est plus accélérée, les membres sont agités de mouvemens convulsifs ; et le sujet, tout entier à la sensation vive qu’il éprouve, ne peut en être distrait par aucun moyen extérieur. Or, pendant la durée de ces efforts, le sang est accumulé dans la poitrine, et le cœur, qui redouble d’activité, le chasse avec vigueur soit dans le poumon qu’il doit rapidement traverser, soit vers la tête, qui est alors le siége d’une congestion sanguine manifeste, et que, dans quelques cas, on a vu portée jusqu’à l’apoplexie. C’est ainsi que s’expliquent ces morts subites qui ont lieu pendant, ou immédiatement après le coït, lorsqu’on l’exerce à l’issue d’un repas copieux. Mais pendant les efforts considérables que fait l’organe central de la circulation pour se débarrasser du liquide dont l’abondance est prête à l’accabler, la précipitation de ses mouvemens peut donner lieu à des palpitations plus ou moins violentes, ou ses cavités peuvent acquérir cette disposition organique qui est le premier degré des anévrysmes. C’est alors que le poumon, en agissant avec précipitation sur le sang qui est soumis en trop grande quantité à son élaboration, semble contracter ces premières irritations, qui, augmentées sans cesse par la répétition des mêmes actes, donneront un jour naissance à la phthisie. Jean Dolæus rapporte qu’un homme fut saisi pendant le coït d’une palpitation si violente, qu’il aurait succombé, s’il ne se fût arrêté tout à coup (Encyclopedia medica dogmatica ; in-4°. Francfort, 1691, lib. ii, cap. 6). Félix Plater nous a transmis l’histoire d’un homme qui, s’étant marié une seconde fois dans un âge déjà avancé, éprouva, en consommant son mariage, une suffocation si violente, qu’il fut obligé de suspendre ses efforts. Toutes les fois qu’il voulait s’approcher de sa femme, le même accident se manifestait et ne lui permettait pas de satisfaire ses désirs. Alors, désespéré de ce contretemps fâcheux, il se livra à une multitude de charlatans, parmi lesquels il y en eut un qui lui persuada qu’il l’avait guéri, et qui lui recommanda de pousser hardiment l’opération jusqu’à la fin. L’essai ne fut pas d’abord favorable ; mais, rassuré par la promesse de son guérisseur, le malade voulut passer outre et mourut dans l’acte même (Observat., lib. i, p. 174). M. Richerand a consigné dans sa Nosographie chirurgicale l’observation d’un nommé Corroy, garçon d’amphithéâtre à l’hôpital de la Charité, qui, rentrant un soir, dans un état presque complet d’ivresse, avec une fille, périt dans la nuit au milieu des transports auxquels il se livra. On reconnut, à l’ouverture du cadavre, que cette mort subite était due à la rupture d’un anévrysme de la crosse de l’aorte, dont rien pendant la vie n’avait annoncé la dilatation, qui devait être, par-conséquent, encore peu considérable.

L’exercice fréquent des organes génitaux apporte aussi des modifications importantes dans la structure et dans la sensibilité de ces organes eux-mêmes. Ainsi les enfans qui se livrent à la funeste habitude de la masturbation sont remarquables par le développement prématuré des parties extérieures de la génération. Chez les jeunes garçons, le pénis et le scrotum sont beaucoup plus considérables que l’âge du sujet ne le comporte ; les petites filles ont également les grandes lèvres plus longues, la vulve plus développée que ces parties ne devraient l’être. Mais, dans l’un et l’autre sexe, en acquérant ainsi un accroissement plus que naturel, les organes extérieurs de la génération sont aussi plus mous, plus flasques que dans l’état ordinaire, et leur érection est plus lente et moins complette. La masturbation a pour effet consécutif de hâter l’époque de la puberté chez les deux sexes. Ainsi, il n’est pas rare de voir des garçons de neuf à dix ans, dans nos climats, dont le pubis est couvert d’un duvet assez épais, et dont les testicules sécrètent du sperme encore limpide, il est vrai, et mal préparé. Ces remarques sont de la plus haute importance dans la pratique de la médecine, puisque, dans le cas où l’état de la santé d’un sujet fait présumer qu’il se livre à l’onanisme, l’aspect et le développement de ses parties génitales, pourront, dans un très-grand nombre de circonstances, changer ces présomptions en certitudes, et indiquer l’emploi des moyens propres à le corriger de cette pernicieuse habitude.

Si l’on compare entr’eux les effets du coït et ceux de la masturbation, il restera démontré que les causes qui se réunissent pour rendre dangereux les excès du premier, agissent avec beaucoup plus d’énergie dans la seconde, et que plusieurs circonstances propres à celle-ci viennent rendre plus graves les résultats de sa fréquente réitération. On sait que, pendant les jouissances solitaires et humiliantes qu’il se procure, celui qui est adonné à l’onanisme se tient, pendant un temps quelquefois très-long, dans un état de roideur générale et permanente de tout le corps. Il est difficile d’expliquer par quel mécanisme cette tension extrême des muscles est favorable à l’acte dont nous parlons ; mais il est bien certain que, chez presque tous les sujets, elle est indispensable à l’accomplissement de cet acte ; souvent même elle est poussée si loin que des crampes très-douloureuses en sont le résultat, et que la fatigue qu’elle détermine oblige l’acteur à prendre un moment de relâche et à suspendre un instant ses efforts. Il suffit d’observer les circonstances qui accompagnent la masturbation, pour voir que le système nerveux doit être affecté de la manière la plus directe, non seulement par les contractions violentes et continues qu’il entretient dans tout le système musculaire, et par les sensations physiques les plus vives ; mais encore par la tension prodigieuse de l’imagination, qui doit s’exalter au point de représenter avec la plus grande vivacité, à des sujets affaiblis, les objets fantastiques de leurs transports honteux. Une seconde cause qui rend l’onanisme plus dangereux que les excès du coït, résulte de ce qu’il est beaucoup plus facile de se livrer à l’un que d’abuser de l’autre. En effet, lorsqu’un homme s’adonne avec intempérance aux plaisirs naturels de l’amour, les fatigues qui en résultent pour sa compagne, peuvent prévenir son épuisement ; aucune considération, aucun frein ne sont au contraire susceptibles d’arrêter celui qui abuse de lui-même. Le premier est ordinairement obligé d’attendre un moment opportun pour se livrer à ses excès ; tous les instans conviennent au second : il lui suffit d’un moment de solitude pour se procurer de funestes jouissances. Celui-ci porte sans cesse avec lui l’aiguillon qui le tourmente ; il trouve alternativement son imagination qui excite ses organes, et ses organes qui enflament son imagination ; tandis que l’autre, ému seulement par les personnes de l’autre sexe, peut trouver dans l’absence un remède facile. Enfin, nulle cause ne distrait celui qui s’abandonne à l’onanisme, au lieu que mille circonstances viennent sans cesse distraire et reposer l’esprit de celui qui a le goût des femmes. Parlerons-nous ici du sentiment de tristesse et du mécontentement intérieur que l’on éprouve après s’être livré à la masturbation ? Cette sensation pénible, que l’on ne ressent jamais près d’une femme que l’on aime ou qui plaît, est un obstacle à ce que les organes se rétablissent dans leur état naturel, à ce que les pertes soient promptement et facilement réparées ; elle contribue par conséquent à rendre les effets de l’onanisme plus durables et plus dangereux.

La lésion profonde des organes les plus importans de l’économie occasione, ainsi que nous l’avons vu, des maladies aiguës ou chroniques diverses qui ont leur cause prochaine dans la lésion, soit du système nerveux, soit des viscères qui servent à la respiration et à la circulation, soit des différentes parties de l’appareil digestif. Mais, il faut le dire, les affections aiguës de ces organes ne sont pas les suites les plus fréquentes de la masturbation ; et les maladies chroniques elles-mêmes qu’elle entraîne après elle ne constituent, pour ainsi dire, que le dernier terme d’une carrière que d’autres maux ont rendue pénible à parcourir. Ainsi, l’épuisement du système nerveux occasione une diminution considérable de la mémoire, qui finit souvent par s’éteindre d’une manière complette ; l’application la plus légère devient pénible aux malheureux qui ont contracté la funeste habitude de l’onanisme ; ils abandonnent bientôt les études les plus agréables, les travaux qui exigent le moindre degré d’attention. Les forces musculaires suivent les progrès de la dégradation morale. Rien de plus ordinaire que de rencontrer dans les grandes villes des adolescens qui marchent le tronc déjà courbé et vacillant ; incapables qu’ils sont de supporter la moindre fatigue, ils présentent aux yeux étonnés les caractères de la caducité réunis aux habitudes et aux prétentions de la jeunesse. Les yeux enfoncés, ternes et abattus, le visage étiolé, le front couvert de rides, le corps réduit à ne plus présenter qu’uné charpente osseuse et décharnée, ils portent empreints sur toutes leurs parties les signes de l’affaiblissement radical de leur constitution physique et de leurs facultés intellectuelles. C’est alors que se développent chez ceux qui se rappellent ce qu’ils ont été et qui voient ce qu’ils auraient pu devenir, ces mélancolies profondes, ce dégoût absolu pour toutes les jouissances de la vie, qui se terminent trop souvent par le suicide. C’est dans ces circonstances, que, chez d’autres, paraissent ces hypocondries qui les éloignent de la société et leur font éprouver des maux que leur sensibilité exquise rend très-pénibles, mais qui paraissent imaginaires au vulgaire inattentif. C’est à cette époque, et après avoir souffert plus ou moins long-temps, suivant la vigueur de leur constitution, que les gastrites et les entérites chroniques se manifestent, ou que les inflammations désorganisatrices du poumon, que tant d’excès ont développées, terminent l’existence déplorable des jeunes gens qu’asservit le fatal penchant à la masturbation.

Citons à l’appui de tout ce qui vient d’être dit sur les dangereux effets de l’onanisme, l’observation suivante extraite l’excellente Dissertation de Tissot ; elle nous semble être une de celles qui présentent le tableau le plus complet des désordres nombreux qu’entraîne après elle cette habitude funeste : « L. D*****, horloger, avait été sage et avait joui d’une bonne santé jusqu’à l’âge de dix-huit ans. À cette époque, il se livra à la masturbation, qu’il réitérait tous les jours, souvent jusqu’à huit fois. L’éjaculation était toujours précédée et accompagnée d’une légère perte de connaissance et d’un mouvement convulsif dans les muscles de la tête, qui la retiraient fortement en arrière, pendant que le cou se gonflait extraordinairement. Il ne s’était pas écoulé un an, qu’il commença à sentir une grande faiblesse après chaque acte ; cet avis ne fut pas suffisant pour le corriger : son âme, déjà livrée toute entière à ces infamies, n’était plus capable d’autres idées ; et les réitérations de son crime devinrent tous les jours plus fréquentes, jusqu’à ce qu’il se trouva dans un état qui lui fit craindre la mort. Sage trop tard, le mal avait déjà fait tant de progrès, qu’il ne pouvait être guéri ; et les parties génitales étaient devenues si irritables et si faibles, qu’il n’était plus besoin d’un nouvel acte de la part de cet infortuné pour faire épancher la semence. L’irritation la plus légère procurait sur-le-champ une érection imparfaite, qui était immédiatement suivie d’une évacuation de cette liqueur, qui augmentait journellement sa faiblesse. Le spasme qu’il n’éprouvait auparavant que dans le temps de la consommation de l’acte, et qui cessait en même temps, était devenu habituel, et l’attaquait souvent sans aucune cause apparente et d’une façon si violente, que, pendant tout le temps de l’accès, qui durait quelquefois quinze heures, et jamais moins de huit, il éprouvait, dans toute la partie postérieure du cou, des douleurs si violentes, qu’il poussait, non pas des cris, mais des hurlemens ; il lui était impossible, pendant tout ce temps, d’avaler rien de liquide ou de solide. La voix était devenue enrouée ; mais je n’ai pas remarqué qu’elle le fût davantage dans le temps de l’accès. Il perdit totalement ses forces ; obligé de renoncer à sa profession, incapable de tout, accablé de misère, il languit presque sans secours pendant quelques mois ; d’autant plus à plaindre, qu’un reste de mémoire, qui ne tarda pas à s’évanouir, ne servait qu’à lui rappeler sans cesse les causes de son malheur, et à l’augmenter de toute l’horreur des remords. J’appris son état, je me rendis chez lui ; je trouvai moins un être vivant qu’un cadavre gisant sur la paille, maigre, pâle, sale, répandant une odeur infecte, presque incapable d’aucun mouvement. Il perdait souvent par le nez un sang pâle et aqueux ; une bave lui sortait continuellement de la bouche ; attaqué de la diarrhée, il rendait les excrémens dans son lit sans s’en apercevoir ; le flux de semence était continuel ; les yeux chassieux, troubles, éteints, n’avaient plus la faculté de se mouvoir ; le pouls était extrêmement petit, vite et fréquent ; la respiration très-gênée, la maigreur excessive, les pieds œdémateux. Le désordre de l’esprit n’était pas moindre : il était sans mémoire, sans idées, incapable de lier deux phrases, sans réflexion, sans autre sentiment que celui de la douleur, qui revenait avec les accès au moins tous les trois jours. Être bien au dessous de la brute, spectacle dont on ne peut concevoir l’horreur, l’on avait peine à reconnaître que ce malheureux avait appartenu autrefois à l’espèce humaine. » Après l’usage de quelques remèdes antispasmodiques, cet infortuné succomba.

Si l’on rapproche cette observation, et plusieurs autres dans lesquelles on voit la plus légère excitation provoquer l’émission du sperme, de celle de ce berger du Languedoc dont il a été parlé (Voyez cas rares, t. iv, p. 238), et qui, s’étant adonné à la masturbation à l’âge de quinze ans, devint bientôt tellement insensible à l’action des stimulans ordinaires, qu’il eut recours, pour déterminer l’éjaculation, à un instrument tranchant, avec lequel il se fendit la verge, peut-être à mille reprises, depuis le gland jusqu’au scrotum, et qui, arrivé là et ne pouvant continuer son opération, avait employé une tige de bois, avec laquelle il allait titiller immédiatement les orifices des canaux éjaculateurs ; si, disons-nous, l’on rapproche ces observations, l’on sentira combien il faut se tenir en garde contre les résultats trop généralisés de quelques faits sur la manière dont se comporte la sensibilité, et l’on sera de plus en plus pénétré de étendue des modifications que l’organisation individuelle apporte dans la manière d’agir du système nerveux.

Mille autres observations attesteraient ici, si nous voulions en exposer les détails effrayans, l’étendue des désordres que peut occasioner la masturbation. D’après tout ce que nous avons dit de l’influence de cet acte honteux et funeste sur les principaux organes de l’économie, il est facile de se faire une idée des variétés nombreuses que doivent nécessairement présenter, chez les différens sujets, les accidens qui en sont les suites déplorables. En effet, suivant la prédominance relative de tel organe ou de tel système organique sur le reste de la machine, l’influence sympathique s’exercera plus vivement sur eux ; et tantôt le centre cérébral, tantôt les organes thoraciques, tantôt les viscères abdominaux, seront le siége principal de la maladie. L’action nerveuse, exaltée dans quelques cas, sera diminuée ou totalement pervertie dans d’autres : de là des douleurs, des spasmes, des convulsions chez certaines personnes ; une faiblesse plus ou moins profonde, ou des épilepsies plus ou moins rebelles chez des sujets autrement organisés. Toujours cependant, quel que soit l’effet produit, la même cause aura détruit la santé ; mais, suivant la constitution individuelle, suivant les relations plus ou moins intimes des organes, les résultats seront divers. C’est à la physiologie pathologique, qui, de nos jours, est née des travaux de Bichat et de son école, et qui doit désormais servir de base à l’édifice entier de la médecine moderne, qu’il appartient d’éclairer le praticien, et de lui développer les raisons encore trop peu connues de ces différences ; celles-ci seront toujours inexplicables pour celui qui se contente de placer à côté du nom des agens extérieurs, ou des actions diverses des organes vivans, le nom des nombreuses affections morbides que ces causes peuvent occasioner.

Jusqu’ici, en exposant la manière dont sont produites les maladies variées que l’habitude de la masturbation entraîne après elle, nous n’avons pas tenu compte de la perte matérielle du sperme, qui résulte de cet acte. Cependant, presque tous les médecins anciens ou modernes qui ont écrit sur le sujet qui nous occupe, ont spécialement attribué à l’évacuation trop abondante du fluide séminal les maux nombreux qui sont les résultats ordinaires de l’abus des plaisirs vénériens. Suivant eux, et leur opinion, fondée sur l’observation inattentive des faits, est encore aujourd’hui généralement adoptée ; suivant eux, la liqueur spermatique est une matière précieuse, qui doit rester en dépôt, pendant un temps plus ou moins long, dans ses réservoirs, afin que ses parties les plus fluides, absorbées et portées dans le torrent de la circulation, puissent aller stimuler tous les organes, rendre toutes les fonctions plus énergiques. Il est encore plusieurs écrivains qui considèrent le sperme comme un stimulant qui rend les animaux plus vigoureux, qui augmente leur courage, et qui imprime à leurs facultés intellectuelles une activité particulière ; ils pensent que son émission, trop fréquemment réitérée, non-seulement prive l’animal de tous ces avantages, mais occasione encore des maladies, qui toutes sont caractérisées par l’asthénie la plus manifeste.

Cette doctrine repose entièrement sur la théorie de l’humorisme ; elle nous semble être une des dernières parties de ce système erroné, qui ont échappé, pour ainsi dire, à la critique, et l’un des derniers retranchemens derrière lequel se défendent encore quelques partisans qui lui sont demeurés fidèles. Aucune observation directe ne prouve cependant, d’une manière positive, que le sperme résorbé soit porté dans toutes les parties du corps, et devienne ainsi une des causes de leur excitation. Si tous les animaux mâles, surtout à l’époque du rut, sont plus sauvages, plus vifs, plus vigoureux ; si leur chair exhale alors une odeur plus forte et plus pénétrante, cela ne démontre aucunement la réalité de cette stimulation directe dont nous parlons : la sécrétion du liquide séminal est elle-même secondaire à l’excitation de toutes les parties et spécialement à celle des organes génitaux. Il en est absolument de même lorsque l’adolescent devient pubère ; les changemens remarquables qui surviennent dans tout son être commencent à se manifester avant que le sperme ait été sécrété, et ils font des progrès rapides, alors même que cette liqueur est encore dans un état évident d’imperfection. Mais, dit-on, ces phénomènes généraux, qui caractérisent la puberté chez l’homme, ne se manifestent pas avec autant d’énergie, ni chez les femmes, ni chez les sujets qu’une mutilation cruelle a privés des organes sécréteurs de la semence. Cette observation, qui est très-juste, indique seulement que la révolution qui a lieu chez les femmes et chez les eunuques à l’époque de la puberté, ne trouvant pas dans ces derniers une organisation semblable à celle des hommes non mutilés, ne produit pas les mêmes résultats ; mais puisque cette excitation générale se manifeste cependant, il est évident que son apparition n’est pas due à la sécrétion du sperme.

Est-il vrai que l’abstinence rigoureuse des plaisirs de l’amour soit une cause puissante de l’énergie morale, de l’étendue et de la perfection des facultés intellectuelles ? Cette assertion n’est pas mieux prouvée que la précédente. La continence absolue a pu être imposée à certaines personnes, afin que, libres des soins qu’exigent une femme et des enfans, elles fussent entièrement détachées des intérêts terrestres ; mais elle n’a jamais eu, ni pour but, ni pour effet, de rendre les hommes à qui elle était prescrite plus spirituels ou plus courageux. Il est cependant vrai de dire que l’exercice trop fréquent des organes génitaux nuit aux fonctions cérébrales ; maïs cette observation rentre dans la loi commune de toutes les actions vitales : l’économie vivante ne peut pas en exécuter plusieurs en même temps avec une égale perfection, et l’usage continuel et exclusif d’un organe ou d’un appareil organique nuit nécessairement à l’action de toutes les autres parties. Toutefois, l’homme qui est convenablement organisé, celui qu’une constitution saine rend également apte à l’usage de tous ses organes, et pour qui les plaisirs de l’amour ne sont qu’un délassement à d’autres travaux, ne pensera jamais que l’accumulation dans ses vésicules séminales d’une petite quantité de matière albumino-gélatineuse soit une condition indispensable à l’exercice régulier de ses facultés intellectuelles. Mille exemples prouveraient ici, s’il en était besoin, que si la continence a semblé, dans quelques cas, augmenter la force de la volonté, assertion qui est loin d’être juste, il s’est montré dans toutes les contrées du monde une multitude de guerriers, d’artistes et de savans, chez lesquels cette vertu ne fut pas nécessaire pour assurer leurs succès. Ils paraissent avoir été pénétrés de cette maxime, dont la justesse est généralement reconnue, que si l’abus est nuisible, l’abstinence entière de l’usage de nos organes ne l’est pas moins. Ne pourrait-on pas, à l’appui de notre opinion, citer l’exemple de ces personnages sexagénaires qui, bien que privés de cette abondance de sperme qui stimule les organes de la génération, jouissent cependant de cette étendue, de cette puissance de facultés intellectuelles qui annoncent la plus grande virilité ? Milton avait cinquante-trois ans lorsqu’il entreprit son poëme admirable ; Voltaire et Buffon étaient octogénaires, et conservaient encore la profondeur de leurs pensées, l’élégance et la vigueur de leur style, etc.

Enfin, la pathologie n’est pas plus favorable à l’hypothèse que nous combattons, que l’observation physiologique. Il est inexact de dire que les maladies causées par la trop fréquente émission du sperme sont de nature asthénique. Nous savons actuellement à quelles modifications intérieures est liée, dans le plus grand nombre des cas, cette faiblesse musculaire que l’on a donnée comme le caractère fondamental des affections adynamiques. C’est principalement à l’irritation des organes intérieurs et surtout des viscères digestifs, que l’on doit en attribuer la présence ; et si, chez certains sujets, le système nerveux est plongé dans la stupeur à la suite des excès de la masturbation, il est, chez d’autres, dans un état d’excitation manifeste, sans que pour cela la faiblesse générale soit moins considérable. S’il était vrai que la perte du fluide séminal fût la cause matérielle des effets terribles qu’entraîne après elle l’habitude de l’onanisme, comment pourrait-il se faire que ces mêmes effets fussent observés chez les femmes, qui, ainsi qu’on le sait, ne font aucune perte de ce genre ? Comment se manifesteraient-ils chez les jeunes gens avant la puberté, et même chez les enfans encore au berceau, ainsi que nous l’avons plusieurs fois observé ? Il résulte donc de ces raisonnemens et des autres preuves dont on pourrait les appuyer, que la continence ne donne point l’aptitude aux travaux importans de l’esprit et du corps ; mais que ces travaux, soutenus avec cette ténacité, cet enthousiasme, qu’on remarque dans quelques grands hommes, éteignent, anéantissent même les désirs de nos sens : c’est ainsi que l’on peut expliquer la continence dans laquelle vécurent les Pascal et les Newton.

Plusieurs médecins ont déjà dit que les résultats déplorables de la masturbation ne sont point en rapport avec la perte matérielle que cet acte occasione. Nous ajouterons que nous avons connu un jeune homme, qui, en se livrant à cette funeste pratique, comprimait, au moment de l’éjaculation, la partie la plus reculée du canal de l’urètre, et s’opposait ainsi avec tant d’efficacité à la sortie du sperme, que, non-seulement il ne s’en échappait pas une seule goutte pendant la contraction spasmodique des muscles du périnée, mais que l’urine, évacuée immédiatement après, n’en présentait aucune trace ; cependant la fatigue qui succède aux efforts de ce genre était, malgré ces précautions, aussi grande ; les forces diminuaient aussi réellement, et la maigreur faisait des progrès aussi rapides que si l’évacuation spermatique eût été complette.

Une règle générale dans les actions de l’économie vivante, est que les irritations permanentes, à quelques organes qu’elles appartiennent, qu’elles entraînent, ou non, au dehors une partie plus ou moins considérable des matériaux liquides de la machine, ont pour effet immédiat l’amaigrissement général du sujet, à cette époque même où il consomme une quantité plus considérable d’alimens que dans l’état de santé. Par quelles voies s’échappent alors les molécules organiques ? Cette question n’a point encore occupé les savans qui, depuis Sanctorius, se sont attachés à déterminer la part que chaque évacuation naturelle prend à la déperdition journalière des substances ingérées. Il semble seulement démontré, d’après les observations les plus exactes et les plus variées, que les progrès de l’émaciation générale ne sont pas, dans le plus grand nombre de cas, en rapport direct avec l’abondance des pertes appréciables qui ont lieu, soit par la suppuration, soit par d’autres sécrétions naturelles ou accidentelles qui accompagnent les affections chroniques des divers organes. C’est ainsi qu’une pleurésie latente, une névralgie opiniâtre et intense, des excès immodérés dans les travaux de l’esprit, ont souvent jeté les sujets dans le marasme le plus complet, avec autant de rapidité que la phthisie accompagnée des crachats les plus abondans, ou que l’usage le plus immodéré des plaisirs de l’amour.

En traitant ici de la masturbation, nous avons spécialement eu pour objet de considérer cette habitude dans l’enfance ou dans l’extrême jeunesse, parce que c’est alors qu’elle exerce les plus cruels ravages sur l’organisme. Toutefois, nous aurions pu parler de l’onanisme dans les différens âges de la vie ; car, bien que chez l’adulte il n’ait pas des effets aussi terribles que chez les jeunes sujets, il en produit cependant de très-graves. Ainsi, il n’est pas fort rare de voir des hommes faits perdre la mémoire, être affectés de douleurs continuelles, et tomber enfin dans le marasme le plus complet à la suite de ces honteux excès. Les personnes de l’un et l’autre sexe qui se sont abandonnées à cette pratique s’y adonnent souvent avec une telle passion, que le coït n’a plus d’attraits pour elles ; il en est même qui ont absolument renoncé à cet acte naturel. Les habitans du Nord sont moins sujets à se livrer à la masturbation que ceux du Midi, et cette différence s’explique par le plus haut degré de développement de la sensibilité chez ces derniers. C’est surtout parmi les habitans de l’Afrique et des contrées méridionales de l’Asie, que les adultes se familiarisent avec la pratique de l’onanisme. Dans tous les pays mahométans, dans tous ceux enfin où la polygamie est permise, les femmes, excitées par l’ardeur du climat, apaisent l’orgasme vénérien qui les tourmente par une foule de moyens factices. Nous ne décrirons pas ici les instrumens inventés par une industrieuse dépravation, et dont on fait un commerce scandaleux dans les principales villes de l’Europe ; nous nous bornerons à faire connaître un moyen qu’emploient les voluptueuses Japonaises, moyen qui s’est introduit chez les Chinoises, et, dit-on, dans les sérails de l’Inde. Il consiste en deux boules creuses, d’une égale grosseur, et composées d’une feuille extrêmement mince de laiton ; ces boules sont quelquefois dorées. L’une est absolument vides ; dans l’autre se trouve une balle moins grosse de quelques lignes que la boule elle-même ; ce qu’on reconnaît parfaitement en secouant celle-ci. Cette dernière se nomme le mâle ; lorsqu’on la pose sur une table après l’avoir agitée, elle vacille et produit un bruit particulier qui résulte du roulement de la balle qu’elle recèle dans sa cavité. Quand on tient dans la main les deux boules à côté l’une de l’autre, on éprouve une espèce de frémissement qui dure longtemps et qui se renouvelle au moindre mouvement. Ce petit frémissement, cette secousse légère mais longtemps continuée, font les délices des dames japonaises et chinoises. Voici comment elles se servent de ces instrumens : elles introduisent d’abord la boule vide dans le vagin, et la mettent en contact avec le museau de tanche, puis elles mettent l’autre boule en contact avec la première. Alors le plus léger mouvement des cuisses, du bassin, ou même la plus légère érection des parties extérieures de la génération mettent en jeu les deux boules, et déterminent une titillation qu’on prolonge à volonté. Ces boules sont de grosseur diverse ; mais leur plus grand volume n’excède pas celui d’un gros œuf de pigeon. Le corps qui est renfermé dans la boule mâle est, dit-on, du mercure à l’état liquide ; cependant les voyageurs ne sont pas tous d’accord sur ce point. ils assurent que les femmes, lorsqu’elles prolongent cette bizarre manière de se masturber, tombent dans un état convulsif qui va quelquefois jusqu’à simuler le tétanos, et qu’alors elles supplient ceux qui les environnent de les délivrer de ces dangereux agens de leurs plaisirs ; mais revenons à l’objet principal de cet article.

Les conseils du médecin sont presque toujours plus utiles et plus efficaces quand ils ont pour objet de prévenir les maladies, que lorsqu’il faut les combattre. C’est surtout relativement aux affections nombreuses que la masturbation détermine chez les personnes de l’un et l’autre sexe, que cette observation est applicable ; trop souvent, malgré l’usage des moyens les mieux indiqués, malgré les soins les plus attentifs, il est impossible de détruire cette habitude funeste, et de sauver ceux qu’elle conduit à leur perte. Ils méritent donc la plus grande attention, ces préceptes qui ont pour but de prévenir, dans les jeunes gens, le goût dépravé des jouissances solitaires ; ils doivent exciter un intérêt d’autant plus vif, que l’onanisme fait de jour en jour des victimes plus nombreuses parmi les sujets que les dispositions organiques les plus favorables semblaient devoir rendre plus utiles à la société.

Nous avons examiné, en commençant cet article, quelques-unes des circonstances de l’éducation, soit particulière, soit publique, qui sont les causes les plus actives et les plus efficaces de la corruption prématurée des mœurs des jeunes gens. La simple énumération de ces circonstances suffit pour indiquer les moyens propres à les faire disparaître ; les principaux d’entre ces moyens sont : un respect sans bornes pour l’innocence des enfans, et l’exercice de la surveillance la plus active sur les personnes qui les approchent : combien ne pourrions-nous pas citer de jeunes gens qui ont été conduits à la masturbation par les domestiques de l’un et l’autre sexe chargés de veiller sur eux ou de pourvoir à leurs besoins ! Relativement aux colléges, les dispositions intérieures que nécessite cette surveillance, qui doit être beaucoup plus sévère encore, appartiennent à l’administration de ces utiles établissemens. Nous dirons seulement ici, et d’honorables exemples appuieraient notre proposition, si nous croyions devoir les rapporter, que des chefs intelligens et jaloux de faire respecter les bonnes mœurs par les jeunes gens confiés à leurs soins, sauront toujours atteindre ce but, et faire en sorte qu’elles ne soient pas outragées, comme on le voit trop souvent dans les institutions publiques.

Disons-le, l’éducation que la jeunesse reçoit dans nos sociétés modernes, éducation qui a essentiellement pour but le développement rapide des facultés intellectuelles, semble favorable au développement du goût de la masturbation. Suivant le système aujourd’hui généralement adopté, on ne laisse pas acquérir au corps toute la force et toute la vigueur dont il est susceptible ; les enfans, après le travail intellectuel qui leur est journellement imposé, et qui absorbe presque tout leur temps, restent le plus ordinairement oisifs, ou ne se livrent qu’à des jeux futiles qui ne les intéressent que légèrement. Ce n’est que vers l’âge de quinze à vingt ans que l’on s’occupe de rendre leur corps souple, léger et adroit ; encore ces qualités physiques étant très-peu estimées, on n’accorde aux exercices qui les font acquérir qu’une importance très-secondaire. Cependant, en augmentant et en régularisant, en quelque sorte, l’emploi des forces physiques, la gymnastique influe singulièrement sur la justesse et l’étendue de l’esprit ; elle modifie surtout d’une manière directe les habitudes morales. L’enfant, dont le corps a été en mouvement pendant une partie de la journée, celui dont l’esprit a été continuellement occupé par des objets agréables, qui, en piquant sa curiosité, lui ont fait acquérir des connaissances nouvelles ; l’adolescent que la vue de la campagne et la jouissance des plaisirs qu’elle présente ont entretenu dans un état permanent d’activité, ne songe pas à ses sens lorsqu’il se retire pour se livrer au repos ; son imagination captivée par d’autres objets, et son corps fatigué par les exercices violens ne lui laissent pas le loisir de se livrer à cette inquiétude vague qui tourmente }es enfans oisifs.

Nous ne voulons pas reproduire ici les raisonnemens que le philosophe de Genève et ceux qui ont marché sur ses traces ont, pour ainsi dire, accumulés contre le système actuel d’éducation. Nous abandonnons ce sujet, qui est de la plus haute importance dans tous les états civilisés, et qui sert de base à l’édifice entier de l’état social, à ceux qui en ont fait l’objet spécial de leurs méditations. Il nous semble seulement qu’il serait possible, en combinant avec sagesse l’éducation physique à l’éducation intellectuelle, de rendre le système entier plus complet et moins défectueux. Les anciens, qui s’étaient occupés avec la plus grande sollicitude des moyens propres à former pour la patrie des citoyens utiles, avaient parfaitement senti l’importance de la gymnastique ; ils pensaient que le développement presque complet des diverses parties du corps devait précéder l’étude des sciences ; et que les exercices de la gymnastique étaient compatibles avec l’acquisition des connaissances pratiques qui sont indispensables pour donner à l’homme un sens droit, un esprit dégagé de tous les préjugés, et l’amour de la vertu, sans laquelle il n’y a de bonheur, ni pour les citoyens, ni pour la société. Toutefois, il est juste d’observer que, de nos jours, le domaine des sciences s’étant considérablement aggrandi, il faut plus de temps à nos enfans pour terminer leur éducation qu’il n’en fallait à ceux des anciens, et que ceux-ci comptaient un nombre assez peu considérable de véritables savans. Ainsi, la Grèce posséda peu de citoyens comparables à Pythagore, Lycurgue, Solon, Hippocrate, Socrate, Platon, Aristote, Épaminondas, Thémistocle, Périclès ; Rome vit naître un petit nombre d’hommes tels que Scipion l’Africain, les Gracques, Varron, les deux Caton, Cicéron, Virgile, Horace, Ovide, Tite Live, Tacite, Pline, Plaute, etc. Mais, de nos jours, ces génies célèbres, l’honneur de leur patrie, sont encore rares, et ne se développent peut-être pas en proportion des soins que donne l’enseignement des sciences chez les modernes. Il nous semble, en un mot, que le but auquel doit tendre un bon système d’éducation, pour le plus grand nombre des sujets, n’est pas celui que nous atteignons ordinairement ; nous enseignons à nos enfans une multitude de connaissances qui leur sont inutiles, et qu’ils seront forcés d’oublier ensuite, et nous leur laissons complétement ignorer ce qui est, pour tous les hommes, de la plus haute importance, les devoirs que la société impose à tous les citoyens, et le mépris que méritent les préjugés qui opposent tant de résistance au perfectionnement de l’état social. Mais revenons à notre sujet, loin duquel nous nous sommes peut-être laissés entraîner.

Lorsqu’un état général de langueur, la décoloration de la face, la maigreur du corps, jointes à la fétidité de l’haleine et à la présence autour des yeux, d’un cercle bleuâtre plus ou moins étendu, font présumer qu’un enfant se livre à quelques pratiques secrettes, il faudra ne pas perdre un instant pour s’assurer de la cause du mal. C’est alors qu’il s’agit de combattre l’emploi désordonné des facultés physiques et morales, qu’il est nécessaire, en les attaquant à leur naissance, de s’opposer à ce que les actions nuisibles ne deviennent habituelles. On devra donc surveiller l’enfant ; et si l’on parvient, soit par la réunion des signes indiqués et l’inspection des parties génitales, soit en le surprenant sur le fait, soit enfin en obtenant de lui l’aveu de sa faute, à reconnaître avec certitude qu’il se livre à la masturbation, les moyens propres à le corriger doivent être sur-le-champ mis en usage ; mais ils devront varier suivant l’âge du sujet, suivant sa constitution, et suivant l’état de ses facultés intellectuelles.

L’enfant est-il très-jeune, et par conséquent hors d’état d’apprécier les motifs qui doivent le détourner de son action, il faut agir sur lui d’une manière entièrement physique. Si l’on reconnaît que les organes génitaux prématurément développés sont, par l’irritation qui s’y est fixée, la cause qui l’engage à se livrer à la masturbation, des bains tièdes fréquemment réitérés, des applications émollientes sur les parties, l’usage des boissons émulsionnées et des alimens mucilagineux seront les remèdes les plus convenables. Ils devront même être mis en usage, comme moyens auxiliaires, à toutes les autres époques de la vie, lorsqu’il existera dans l’appareil génital une irritation considérable et habituelle. Mais dans les cas où le sujet, indocile, ou violemment entraîné par son penchant dépravé, ne pourrait s’empêcher de porter les mains à ses organes sexuels, il conviendra d’assurer l’effet de ces moyens par l’emploi de quelques appareils mécaniques propres à enchaîner sa volonté. C’est ainsi que la ligature des mains pendant la nuit ; l’application sur les parties génitales d’une lame de cuir ou de métal, qui s’oppose aux attouchemens que l’on veut prévenir ; l’usage habituel, pendant le jour, d’un caleçon, dont l’ouverture placée en arrière ne puisse permettre au malade d’exciter ses organes, seront très-convenables pour atteindre le but qu’on se propose. M. Delacroix, mécanicien habile et très-connu dans la capitale, a inventé plusieurs appareils aussi ingénieux qu’efficaces pour s’opposer, chez les enfans des deux sexes, à la fureur de l’onanisme. M. Lafond, chirurgien-herniaire, est aussi l’auteur d’un caleçon que l’on porte le jour et la nuit, et qui remplit fort bien le même objet. L’on devra d’ailleurs varier ces moyens, les combiner entre eux suivant les cas ; l’indication étant une fois bien établie, il sera toujours facile de déterminer quels sont les agens les plus propres à la remplir.

Lorsque le sujet qui se livre au goût funeste de l’onanisme est plus âgé ; lorsqu’il a atteint, ou même dépassé l’époque de la puberté, il est impossible de recourir par la contrainte aux appareils mécaniques, qui sont d’un secours si grand dans un âgé moins avancé. C’est alors sur ses facultés intellectuelles qu’il faudra diriger spécialement les efforts que l’on fera pour le corriger. Son esprit a-t-il été cultivé par les préceptes heureux d’une éducation libérale, ne vous livrez pas à de vaines déclamations sur l’infamie de sa conduite, sur l’énormité du crime dont il se rend coupable ; abstenez-vous de lui dire que son action est contraire aux lois divines et humaines : ces exagérations morales ne réussissent jamais près des jeunes gens, qui, plus que les hommes plus âgés, veulent être dirigés par leur intérêt immédiat. Trop longtemps, peut-être, l’on a essayé de conduire les hommes avec des préceptes abstraits ; la morale et la vertu, qui ne sont que l’habitude des actions utiles à la société, doivent être appuyées désormais sur des intérêts réels, et non sur des hypothèses. Que le jeune homme sache donc que celui qui détruit volontairement ses forces, et qui se rend incapable d’être utile à ses concitoyens, ne doit rien attendre d’eux qu’un mépris mérité. Montrez-lui dans les effets immédiats de la masturbation, dans cette faiblesse qui la suit toujours, dans la langueur du corps et de l’esprit qu’elle produit constamment, les avant-coureurs d’un état plus grave ; qu’il compare les avantages nombreux que la santé et la vigueur procurent dans toutes les circonstances de la vie, avec l’état de nullité physique et morale qui est le résultat funeste de l’onanisme. Exaltez par tous les moyens possibles l’esprit de votre élève, développez-y ces sentimens généreux dont la jeunesse semble si avide, et le succès sera probablement la récompense de vos efforts.

À ces préceptes généraux, il sera convenable que le médecin judicieux joigne encore d’autres conseils. Il devra surtout avoir pour objet de changer les habitudes du malheureux que la masturbation conduit à sa perte. Il prescrira le séjour de la campagne ; et là, la chasse, la culture de quelques plantes, toutes les occupations de la vie champêtre, seront recommandées au malade. Un régime nourrissant, mais dans lequel ne devront point entrer les substances excitantes, telles que les viandes noires ou les vins très-spiritueux ; un exercice soutenu et poussé jusqu’à l’extrême fatigue ; un sommeil de peu de durée, et l’usage d’un lit solide et même dur, contribueront puissamment au succès du traitement. Le malade est-il forcé de rester à la ville, les mêmes moyens devront être mis en usage ; ainsi les exercices de la gymnastique, tels que la danse, l’équitation, l’escrime, la paume, etc., offriront des ressources précieuses que l’on ne devra jamais négliger. Mais un des moyens les plus efficaces, un de ceux qui devront être prescrits dans tous les temps, c’est le bain froid. Pendant l’été, le sujet pourra se livrer, en le prenant, à l’exercice de la natation, qui ne fera qu’ajouter à ses bons effets. Ce moyen, lorsque les malades peuvent le supporter sans danger, s’oppose d’une manière très-énergique aux concentrations locales de la sensibilité, en même temps qu’il attire les forces vitales à l’extérieur, et favorise leur égale répartition. Voyez bains.

Nous ne pouvons trop insister sur les avantages de la gymnastique ; elle est applicable à tous les âges, à tous les sexes ; elle devrait entrer essentiellement dans l’éducation publique. Nous avons à Paris un exemple remarquable de ses heureux résultats dans le bel établissement que dirige M. Amoros : on prendrait pour de véritables prodiges les succès qui accompagnent déjà les utiles efforts des enfans confiés à ses soins. Il n’est point de jours que les personnes qui sont témoins de leurs exercices ne lui payent un véritable tribut d’admiration ; tous les spectateurs s’accordent à dire que M. Amoros aura bien mérité de la nation française qui l’a adopté, et tous font des vœux pour voir s’étendre encore son utile entreprise. Joignons nos suffrages à tant de suffrages ; invitons les parens à lui confier leurs enfans ; et puissions-nous contribuer à fixer l’attention du gouvernement sur cet établissement et sur le philanthrope qui le dirige avec tant d’habileté !

Un tel ensemble d’actions exercées sur les personnes qui se livrent au funeste penchant de l’onanisme, en maintenant leur corps et leur esprit dans un état permanent d’activité, et en dirigeant leurs efforts vers des objets qui augmentent l’énergie de l’un et de l’autre, sont plus efficaces pour déraciner cette habitude déplorable, que de froides et tristes représentations qui, laissant les choses dans le même état, augmentent encore l’affaiblissement des facultés morales : il semble, dans ce cas, voir le pédagogue de la fable faisant un sermon à l’imprudent qui se noie, au lieu de lui offrir des moyens de salut.

Une remarque qui ne doit pas être omise ici, c’est que l’étude dans laquelle on s’isole avec tant de charme pendant les grandes calamités de la vie, doit être sévèrement défendue ; en exaltant l’imagination, et en laissant au corps toutes ses forces, elle semble favoriser d’une manière très puissante le goût de l’onanisme. Si quelques livres doivent être permis pour occuper l’esprit du malade pendant ses momens de repos, que ce soient des ouvrages de physique et d’histoire naturelle, qui excitent sa curiosité, et l’engagent à se livrer, soit à des expériences faciles, soit à des excursions botaniques qui lui procureront un exercice aussi utile qu’agréable. La règle la plus importante à observer dans ce cas, est de ne jamais laisser le malade dans l’oisiveté ; il importe assez peu quelles occupations il choisisse ; ce qui est nécessaire, c’est qu’il travaille, et que le sommeil devienne, à la fin de la journée, un besoin qu’il satisfasse sans songer à stimuler ses organes génitaux.

Quant à ces êtres que leur éducation négligée laisse, pour ainsi dire, sans moyens de défense contre les habitudes dépravées qu’ils contractent trop souvent, il est excessivement difficile d’agir sur eux d’une manière efficace, lorsque les causes qui les entraînent vers la masturbation sont très-énergiques. Quels moyens en effet employer alors ? Les représentations morales ? elles sont presque toujours infructueuses ; les menaces ou les châtimens ? les coupables bravent les uns, et se dérobent aux autres en cachant leur action à tous les yeux. Le régime, les exercices violens, les travaux pénibles ; tout ce qui peut détourner l’imagination des objets qui la fixent habituellement, tels sont les moyens les plus convenables. Mais trop souvent ils sont infructueux, et, malgré tous les soins, le mal fait des progrès rapides.

Dans les cas où la force du tempérament, où celle, souvent plus puissante, de l’habitude, sont trop impérieuses, et que tous les moyens employés sont inefficaces, il en reste un dernier, que l’on pourra mettre en usage avec succès chez plusieurs sujets : c’est l’amour. Combien d’êtres, de l’un et l’autre sexe, le mariage n’a-t-il pas corrigés de l’habitude funeste de la masturbation ? Il sera donc convenable, si des considérations puissantes ne s’y opposent pas, de chercher à établir entre l’infortuné que l’onanisme entraîne à sa perte, et une femme aimable, une liaison dont l’effet certain sera de le corriger. Nous avons connu le père d’un jeune homme, qui, voyant son fils résister à tous les motifs qui pouvaient l’engager à s’abstenir de la masturbation, et ne sachant plus quel moyen mettre en usage pour le sauver, lui donna enfin une femme, dont l’influence le corrigea bientôt. Il semble qu’alors le doux ascendant que l’objet de nos affections les plus tendres exerce sur nous, soit plus puissant que toutes les considérations morales, que les exercices les plus violens de la gymnastique.

Chez les jeunes filles, les mêmes principes devront guider le médecin dans le choix des moyens propres à les corriger de l’habitude de l’onanisme. C’est la mère qui sera spécialement chargée du traitement de la malade ; elle seule possède son entière confiance, et son empire sur elle est plus puissant et mieux établi que celui du médecin. Elle devra donc lui faire vivement sentir que le bonheur de la femme étant fondé sur les sentimens qu’elle inspire à ceux qui l’entourent, elle n’a pour plaire, et par conséquent pour être heureuse, que les qualités aimables que la nature et l’éducation développent dans son esprit, que les attraits qui orneront son corps. Alors elle lui montrera combien les jouissances clandestines de la masturbation s’opposent au développement des unes et des autres, et seront, par la suite, nuisibles au bonheur de sa vie. Ces considérations devront être, en quelque sorte, soutenues par un régime convenable, par des bains, par des applications locales, si l’irritation des parties est considérable. Ce n’est pas tout encore, le titre de mère impose des devoirs rigoureux, et doux à la fois ; celle dont la fille s’est livrée à l’indigne habitude qui nous occupe, ne la quittera pas un seul instant ; elle veillera nuit et jour sur elle ; elle partagera son lit, afin de s’opposer aux attentats que, dans le sommeil même, son imagination exciterait en elle.

La réunion de tous les moyens dont il vient d’être question semble être, en général, plus efficace chez les jeunes filles que chez les sujets de l’autre sexe : cela dépendrait-il de ce que la coquetterie est chez les femmes, même dans un âge encore peu avancé, un levier plus puissant pour diriger leur conduite, que ceux que l’on peut mettre en usage chez les jeunes garçons ?

Lorsque la masturbation a produit des désordres considérables dans l’économie, lorsque des maladies plus ou moins graves en sont les résultats funestes, la première condition à remplir, celle sans laquelle il est absolument impossible d’obtenir la guérison du sujet, est qu’il cessera de se livrer aux actions qui ont entraîné la perte de sa santé. Ce premier avantage obtenu, soit par la persuasion, soit par la contrainte, la maladie secondaire sera traitée comme si elle dépendait de toute autre cause. Dans les cas d’affaiblissement considérable du physique et du moral, les véritables praticiens ont senti qu’il était souvent très-difficile de réparer les forces du sujet. Boerhaave, Gotter, Tissot, et d’autres médecins distingués, en ont fait la triste expérience ; ils ont souvent trouvé, disent-ils, à la suite de la masturbation, l’estomac si faible, qu’il ne pouvait supporter k présence des substances toniques qu’ils faisaient parvenir dans sa cavité. Ce sont ces irritations plus ou moins vives des organes intérieurs, coïncidant avec l’adynamie générale, qui rendent difficile le traitement des maladies produites par les excès de l’onanisme. Toutefois, si le système nerveux semble seul débilité, les bons alimens, l’exercice du corps, les bains froids, seront convenables ; si les organes thoraciques sont le siége d’une inflammation latente, les substances adoucissantes et mucilagineuses devront être mises en usage. Mais l’irritation du système gastrique exigera surtout la plus grande circonspection dans la manière de vivre, et spécialement dans l’emploi des excitans que la faiblesse extérieure fait trop souvent prodiguer alors. Il est même des cas, où, malgré l’état général de débilité, les viscères thoraciques ou abdominaux étant violemment irrités, il sera convenable de recourir à une ou deux légères applications de sangsues sur les régions correspondantes, avant de songer à donner au malade des substances alimentaires. Mais des détails plus étendus sur les soins particuliers que réclament les diverses affections qui peuvent être la suite de la masturbation seraient déplacés ici, et nous entraîneraient bien au delà des bornes que nous ne devons pas franchir ; ils appartiennent nécessairement aux articles dans lesquels il est spécialement traité de chacune de ces maladies.

(fournier et bégin)


instruction courte mais intéressante sur les suites fâcheuses auxquelles on expose la santé par la pollution volontaire ; in-8°. Paris, 1775.

boerner (Christian-Friedrich),[1] Praktisches Werk von der Onanie ; c’est-à-dire, Traité pratique sur l’onanisme ; in-8°. Leipzig, 1780.

gruner (Christianus-Gottofredus),[2] Dissertatio de masturbatione ; in-4°. Ienæ, 1784.

vogel (S. G.),[3] Unterricht fuer Aeltern, Erzieher und Kinderaufseher, wie das Laster der Selbstbeflekung am sichersten zu entdecken, zu verhuelen und zu heilen ; in-8°. Stendal, 1786.

huschke, Dissertatio de masturbatione ; in-4°. Ienæ, 1788.

boetticher (J. G.),[4] Winke fuer Aeltern, Erziehier und Juenglinge, die Selbstbeflekung betreffend ; c’est-à-dire, Conseils aux parens, aux instituteurs et aux jeunes gens concernant la masturbation ; in-8°, Koenigsberg, 1791.

weise, Dissertatio de signis manustuprationis certioribus ; in-4°. Erfordiæ, 1792.

kurze Geschichte eines Onaniten, der sich selbst kurirt hat ; c’est-à-dire, Histoire abrégée d’un masturbateur, qui s’est guéri lui-même ; in-8°. Gera, 1795.

rothe (J. V.), Von der wahren Ursache der Selbstbeflekung und Ausschweifung in der Liebe, nebst der einzigen Heilmitteln ; c’est-à-dire, De la véritable cause de la masturbation et du libertinage dans l’amour, avec les seuls moyens pour y remédier ; in-8°. Leipzig, 1798.

laube, Dissertatio de singulari super onanismi vitio sententiâ ; in-4°. Francofurti ad Viadrum, 1798.

goldstein, Dissertatio de manustuprationis noxâ, tenerè in dubium vocatâ ; in-8°. Francofurti ad Viadrum, 1798.

salzmann (Christian-Gotthilf),[5] Ueber die heimlichen Suenden der Jugend ; c’est-à-dire, Sur les péchés secrets de la jeunesse ; in-8°. Leipzig, 1799.

canestrini (Antonius), Onanismus medicè, politicè et moraliter consideratus ; in-8°. Oenopontis, 1801.

becker (G. W.),[6] Verhuetung und Heilung der Onanie ; c’est-à-dire, Moyens de prévenir et de guérir l’onanisme ; in-8°. Leipzig, 1802.

curdisc (August-Heinrich), Das wahre Gemælde der Selbstbeflekung, die Ursachen und Folgen ; c’est-à-dire, Le véritable tableau de la masturbation, ses causes et ses suites ; in-8°, Brême, 1802.

inze (A. L.), Ueber das zerstoerende Laster der Selbstbeflekung ; c’est-à-dire, Sur le vice destructeur de la masturbation ; in-8°. Rostock, 1802.

kuegelgen (K. J.), Die Leiden des jungen Huberts, oder die Folgen der Onanie ; c’est-à-dire, Les souffrances du jeune Hubert, ou les suites de la masturbation ; in-8°. Andernach, 1805.

dachne (C. F. A.), Ueber den Nachtheil welchen das tiefe Stillschweigen unserer Erzicher in Ruecksicht des Geschlechtstriebs nach sich zieht ; c’est-à-dire, Des inconvéniens qu’entraîne le silence de nos instituteurs, relativement à l’instinct de l’amour ; in-8°. Leipzig, 1807.

tissot (Pierre),[7] De morbis ex manustupratione. V. Appendix ad dissertationem de febribus biliosis.

Cet ouvrage a été traduit, ou plutôt refait en français, par l’auteur, sous ce titre : L’onanisme. Dissertation sur les maladies produites par la masturbation.

La dernière édition fait partie des Œuvres complettes de Tissot, publiées à Paris, par M. Hallé, en 1809.



Voir aussi

Source

  • Dictionnaire des sciences médicales / par une société de médecins et de chirurgiens… – Paris : C. L. F. Panckoucke, 1812-1822. – 60 vol. ; in-8°.
    Articles mastupration et masturbation : t. 31, MAR-MED, 1819, p. 100-135.

Articles connexes

Notes et références

  1. Christian Friedrich Börner ou Boerner (Dresde, 6 novembre 1683 – Leipzig, 19 novembre 1753), théologien luthérien allemand.
  2. Christian Gottfried Gruner (Sagan, 8 novembre 1744 – Iéna, 5 décembre 1815), médecin et historien de la médecine allemand.
  3. Samuel Gottlieb von Vogel (Erfurt, 14 mars 1750 – Rostock, 19 janvier 1837), médecin allemand.
  4. Johann Gottlieb Bötticher (Stargard, 1677 – Copenhague, janvier 1762), médecin allemand.
  5. Christian Gotthilf Salzmann (Sömmerda, 1er juin 1744 – Schnepfenthal, 31 octobre 1811), pasteur et pédagogue protestant allemand.
  6. Gottfried Wilhelm Becker, alias Godefroy Becker ou Guillaume Boulanger (Leipzig, 22 février 1778 – Leipzig, 17 janvier 1854), médecin et écrivain populaire allemand.
  7. Samuel Auguste André David Tissot (Grancy, 20 mars 1728 – Lausanne, 13 juin 1797), médecin suisse, auteur de l’Avis au peuple sur sa santé, publié en 1761, et de L’onanisme, qui connut soixante-trois éditions entre 1760 et 1905. (Pierre était en réalité le prénom de son père.)