Le Secret de Geri
Le secret de Geri est le titre de la réédition par Quintes-feuilles, en 2002, de la nouvelle Geri, ou un premier amour écrite par Louis Beysson et parue en 1876, à Lyon, chez Aimé Vingtrinier. Cette réédition a ignoré les enrobages de précaution qui ont permis la transformation de la nouvelle en roman et sa réédition chez E. Dentu, en 1884, sous le tire Un amour platonique ; elle a néanmoins pris en compte les corrections stylistiques introduites par Louis Beysson dans Un amour platonique, d’où la nécessité d’un nouveau titre pour la nouvelle : Le Secret de Geri.
L’auteur : Louis Beysson
Né à Lyon le 26 février 1856, Louis Besson de son vrai nom était fils d’un riche courtier en soie de la ville, Louis Marie Fleury Besson (1857-1883) et de Marie Louis Françoise Aimerine Harmet (1833-1918). Il fit ses études secondaires principalement au collège Saint-Michel de Fribourg. C’est dans ce collège qu’il éprouva une amitié particulière pour un jeune Italien dont le prénom transposé dans la nouvelle est Geri.
Il suivit ensuite l’École des Beaux-Arts de Lyon en ambitionnant de vivre de son pinceau, mais s’engagea d’abord dans le journalisme comme correspondant de guerre du Salut public en Tunisie, puis en littérature – occasion de modifier l’orthographe de son patronyme en Beysson – avec un roman, Mousseline (1882), dont il tira une pièce de théâtre, suivi de deux volumes de vers (Bismarck à Warzin et Napoléon IV) et une pièce Un Fils du Christ.
Louis Beysson revint ensuite à la peinture et après le succès de son premier tableau représentant une locomotive monstre, exposé au salon de Lyon en 1885, il se fit une spécialité des trains, des voies ferrées et des gares.
Il épousa une artiste peintre, Marie Céleste Rigoulot (1863-1949), mère célibataire, dont il eut une fille, Marie Estelle Louise Besson (1897-1948). Louis Beysson est mort au hameau du Bidon, commune de Champagne au Mont d’or, dans la banlieue nord-ouest de Lyon le 7 août 1912, après une douloureuse maladie.
Résumé de la nouvelle
Envoyé dans un collège religieux en Suisse, le jeune Victor est pris d’une immense tristesse liée à un sentiment de solitude dont il craint de périr jusqu’au jour où, après s’être endormi dans un oratoire qui était son refuge, il est réveillé par un garçon d’« une grâce inexprimable » qui lui sourit et lui tient la main. Victor se jette dans ses bras, le presse sur son cœur, et découvre que le garçon comprend mal son langage : il est italien et se prénomme Geri. Leur sympathie et leur amour va d’abord s’exprimer par leurs regards.
Geri, de santé délicate, occupe une chambre isolée dans le pensionnat, mais les deux adolescents se croisent au réfectoire et se rencontrent dans le verger du collège. Victor s’éprend à la folie de Geri au visage d’ange : « Autour de lui rayonnait un charme inexprimable qui éclairait le ciel le plus sombre, me faisait aimer les arbres, la prairie du verger, en transformant merveilleusement tout ce qu’il approchait. »
Lorsque le supérieur annonce un jour aux pensionnaires que Geri va quitter l’établissement, Victor est désespéré : « Un glaive qui m’eût percé jusqu’au fond du cœur ne m’aurait pas atteint plus mortellement que ces cruelles paroles ». Lors d’une cérémonie où lui et Geri échangent autour du prêtre des objets symboliques, Victor, bouleversé par l’expression de tristesse de son ami qui semble lui dire adieu, perd connaissance.
Dès lors, il va tout faire pour que Geri ne quitte pas l’établissement et surtout pour le revoir, aussi souvent qu’il le peut. À chaque rencontre, Geri exprime son amour, son attachement éternel à Victor, mais lui cache un secret qui se traduisent par des larmes. Le lecteur découvre avant la fin du roman les raisons des larmes de Geri.
Éléments communs aux récits d’amitiés particulières
Tous les grands récits en langue française d’amitiés particulières, du Secret de Geri aux Amitiés particulières de Roger Peyrefitte, en passant par Dédé d’Achille Essebac, et Antone Ramon d’Amédée Guiard ont un pensionnat catholique pour cadre. Ces amitiés restent, par définition, chastes et pures, ce qui n’empêche pas leur condamnation formelle par l’Église, mais qui explique peut-être la relative bienveillance des prêtres.
Dans Les Garçons, qui a aussi pour cadre un collège religieux, Montherlant peint d’autres passions, que l’on peut qualifier de pédérastiques. Celles-ci débordent du cadre strict des amitiés particulières.
Le Secret de Geri et Dédé sont les deux romans qui ont le plus de points communs.