Carnets noirs (citations)
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Carnets noirs est le titre générique des carnets et journaux intimes de Gabriel Matzneff, dont sont extraites les citations ci-dessous.
Cette camisole de flammes (journal 1953-1962)
Préface
La camisole de flammes, c’est l’adolescence et l’adieu à l’adolescence : ce que Georges Lapassade a nommé « l’entrée dans la vie », — cet âge où nous basculons pour jamais de l’enfance dans la laideur irrémissible du monde des adultes.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, Préface, p. 7 (voir la fiche de référence)
Tout adolescent, sauf à être une nouille ou un arriviste, se sent en marge de la société des adultes, il refuse d’y entrer, il répugne à prendre un état. Les gosses d’aujourd’hui vivent cela, je l’ai vécu quand j’avais leur âge, et Chateaubriand l’a vécu avant nous. Seulement, il ne suffit pas d’être rebelle à seize ans : il s’agit de s’y opiniâtrer dans l’âge adulte, et ça, c’est une autre paire de manches.
Durant l’adolescence, la singularité est le lot d’un grand nombre ; dans l’âge adulte, elle ne peut être le privilège (ou la malédiction) que de quelques-uns.
Durant l’adolescence, la singularité est le lot d’un grand nombre ; dans l’âge adulte, elle ne peut être le privilège (ou la malédiction) que de quelques-uns.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, Préface, p. 8 (voir la fiche de référence)
La seule chose que la société ne nous pardonne pas, c’est de ne pas jouer son jeu, c’est de n’être pas conforme. Être différent, c’est être coupable.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, Préface, p. 8 (voir la fiche de référence)
1953
Mes parents sont les dernières personnes qui puissent me comprendre. Mieux vaut d’ailleurs qu’ils ne me comprennent pas : ils seraient horrifiés.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 14 (voir la fiche de référence)
Quand on voit la façon dont le Christ traite sa mère et ses frères dans l’Évangile, on sourit du baratin ecclésiastique sur « la famille chrétienne ». Il n’y a pas plus de famille chrétienne qu’il n’y a d’État chrétien, de propriété chrétienne ou d’armée chrétienne. Le Christ nous enseigne à haïr tous les liens, toutes les chaînes.
Je me refuse à feindre un amour qui ne se trouve pas dans mon cœur.
Je me refuse à feindre un amour qui ne se trouve pas dans mon cœur.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 15 (voir la fiche de référence)
Dieu, franchement, ça ne me dit pas grand-chose pour l’instant. J’ai d’autres soucis, d’autres désirs. Et, cependant, rencontrer Dieu, ça devrait être tellement plus passionnant que de tripoter les petits garçons.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 15 (voir la fiche de référence)
Curieuse sensation de revoir un garçon que j’ai follement aimé, et dont je n’ai jamais su s’il éprouvait pour moi plus que de la sympathie.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 16 (voir la fiche de référence)
1954
Si j’ai le portrait du tzarévitch Alexis dans ma chambre, ce n’est pas par conviction monarchiste (le seul -isme auquel j’adhère en politique est l’anarchisme), c’est parce que ce garçon massacré à l’âge de quatorze ans figure à mes yeux la beauté de l’enfance, vaincue, souillée par la merde adulte.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 23 (voir la fiche de référence)
Les princes de quinze ans dansent leur sarabande dans mon cœur en flammes.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 24 (voir la fiche de référence)
La vie ascétique ou voluptueuse, mais non la société adulte, frelatée, ignoble.
La cellule ou les pastoureaux. Mais non les chameliers malpropres.
La cellule ou les pastoureaux. Mais non les chameliers malpropres.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 24 (voir la fiche de référence)
Sa joue fraîche sur ma poitrine nue. Moment de bonheur parfait. Il a le même âge que Bernard, et il est ma revanche sur lui.
- Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Paris, La Table Ronde, 1976, p. 24 (voir la fiche de référence)
1955
1956
1957
1958
1959
1960
1961
1962
L’archange aux pieds fourchus : 1963-1964
Vénus et Junon (journal 1965-1969)
Élie et Phaéton (journal 1970-1973)
La passion Francesca : journal 1974-1976
Un galop d’enfer (journal 1977-1978)
Les soleils révolus : journal 1979-1982
Mes amours décomposés : journal 1983-1984
Calamity Gab : journal janvier 1985-avril 1986
La prunelle de mes yeux
Seul volume dont le titre ne comporte aucune indication de date, ni le mot journal ou carnet, La prunelle de mes yeux couvre la période de mai 1986 à décembre 1987.
Les demoiselles du Taranne : journal 1988
Carnets noirs 2007-2008
Mais la musique soudain s’est tue : journal 2009-2013
La jeune Moabite : journal 2013-2016
L’amante de l’Arsenal : journal 2016-2018
Voir aussi
Bibliographie
- Cette camisole de flammes (journal 1953-1962), Paris, La Table Ronde, 1976.
- L’archange aux pieds fourchus : 1963-1964, Paris, La Table Ronde, 1982.
- Vénus et Junon (journal 1965-1969), Paris, La Table Ronde, 1979.
- Élie et Phaéton (journal 1970-1973), Paris, La Table Ronde, 1991.
- La passion Francesca : journal 1974-1976, Paris, Gallimard, 1998.
- Un galop d’enfer (journal 1977-1978), Paris, La Table Ronde, 1985.
- Les soleils révolus : journal 1979-1982, Paris, Gallimard, 2001.
- Mes amours décomposés : journal 1983-1984, Paris, Gallimard, 1990.
- Calamity Gab : journal janvier 1985-avril 1986, Paris, Gallimard, 2004.
- La prunelle de mes yeux, Paris, Gallimard, 1993.
- Les demoiselles du Taranne : journal 1988, Paris, Gallimard, 2007.
- Carnets noirs 2007-2008, Paris, Léo Scheer, 2009.
- Mais la musique soudain s’est tue : journal 2009-2013, Paris, Gallimard, 2015.
- La jeune Moabite : journal 2013-2016, Paris, Gallimard, 2017.
- L’amante de l’Arsenal : journal 2016-2018, Paris, Gallimard, 2019.