João Cidade

De BoyWiki
Cet article est une ébauche. Vous pouvez aider Boywiki en l’améliorant.


Saint Jean de Dieu portant un enfant
ill. pour le livre San Juan de Dios, 1969

João Duarte Cidade, né le 8 mars[1] 1495 à Montemor-o-Novo (Portugal), mort le 8 mars[2] 1550 à Grenade (Espagne), est un saint portugais plus connu sous le nom de saint Jean de Dieu (São João de Deus en portugais, San Juan de Dios en espagnol). Fondateur en Espagne de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Dieu, il fut canonisé en 1690.

De son enfance à sa mort, toute la vie de Jean de Dieu est traversée par la figure du garçon : lui-même d’abord, enfant puis adolescent ; l’Enfant Jésus ; les garçons qui se moquent de lui dans les rues de Grenade ; et enfin les petits miséreux ou orphelins qu’il secoure. Il pourrait aussi en avoir connu d’autres, de façon moins « vertueuse », notamment au Maroc.

L’époque

João Cidade est l’exact contemporain du souverain ottoman Soliman le Magnifique, né le 27 avril 1495 et mort le 7 septembre 1566. Cette époque est agitée de nombreuses convulsions guerrières et religieuses, de découvertes exceptionnelles, d’un grand renouveau de la pensée et des arts.

Ceuta a été conquise par le Portugal en 1415. Gutenberg meurt en 1468. En 1477 la prise de Nancy met un terme à la guerre de Cent Ans. En 1487 Bartolomeu Dias double le cap de Bonne-Espérance.

En 1492, trois ans avant la naissance de João Cidade, la Reconquista espagnole s’achève par la prise de Grenade, dernier royaume musulman d’Espagne. La même année, Christophe Colomb découvre l’Amérique.

Les dominicains Savonarole et Torquemada meurent en 1498, année où Vasco de Gama arrive aux Indes. Le 22 avril 1500, Pedro Alvares Cabral aborde au Brésil et en prend possession au nom du roi du Portugal Manuel Ier (1495-1520).

[Section à réviser et à trier]

Les vies d’un saint

Saint Jean de Dieu et les malades
image pieuse

João Cidade eut tour à tour plusieurs vies très différentes : enfant, vagabond, berger, soldat, libraire, fou, religieux…

Ses biographies sont également fort diverses, depuis la première écrite une trentaine d’années après sa mort, et qui ne dissimule pas certains aspects étranges, voire énigmatiques, jusqu’à des hagiographies tardives, dont l’objectif est plus de façonner la légende d’un saint que de respecter la vérité historique.

Cette vérité, il est difficile aujourd’hui de la reconstruire : manifestement João Cidade n’a jamais voulu tout raconter de son enfance et de sa jeunesse. C’est pourquoi la prudence, sur certains points, commande de s’en tenir à des questions et à des hypothèses, plutôt que de prétendre apporter des réponses précises. Encore faut-il oser poser clairement ces questions, proposer ces hypothèses, au lieu d’afficher un conformisme assez peu crédible.

Enlevé à huit ans par un gyrovague

João Duarte Cidade, fils d’André Cidade et de sa femme Teresa Duarte, naît en 1495 à Montemor-o-Novo au Portugal, au sein d’une famille pieuse de fortune médiocre.[3]

En 1503, à l’âge de huit ans, il disparaît avec un clerc inconnu que sa famille venait d’héberger. Sa mère, minée par l’angoisse et le chagrin, meurt vingt jours plus tard. Son père se retire dans un monastère franciscain de Lisbonne, où il mourra en 1520.[4]

Qui est ce mystérieux clerc, apparu soudainement, et presque aussitôt reparti avec le jeune garçon ? Le petit João l’a-t-il suivi de force (ce qui est peu vraisemblable) ? Ou a-t-il été séduit par sa personnalité ? Peut-être aussi souhaitait-il fuir la fermeture d’esprit d’une famille dévote…

C’est en tout cas la première manifestation d’un trait de caractère qu’il gardera toute sa vie : l’esprit d’aventure, ce mélange de goût du risque et d’attrait pour l’inconnu qu’on trouve souvent chez les garçons attirés par les hommes.

Éduqué par un homme de bien

On ne connaît rien de la vie de João au cours des quatre années suivantes : il reparaît en Espagne à l’âge de douze ans, en 1507. Abandonné par le clerc qui l’avait emmené ? Ou celui-ci était-il mort, ou peut-être incarcéré ? Ou le garçon s’est-il à nouveau enfui ?

Quoi qu’il en soit, il est accueilli à Oropesa (dans la province de Tolède) par Francisco Cid, dit « El Mayoral », au service duquel il devient alors berger. Il garde, dans la campagne environnante, un troupeau de moutons dont le seigneur local a confié la responsabilité au Mayoral.[5]

L’aventure militaire

À l'âge de 28 ans, en 1523, João s’engage dans l’armée espagnole et participe à de nombreuses guerres, la dernière en 1532 dans l’armée de Charles Quint contre les Turcs. C’est pour lui une rude expérience.

Abandonnant la vie militaire, il redevient berger à Oropesa, à Séville, à Ceuta et à Grenade.

Malgré sa pauvreté et son manque de relations sociales, João refuse d’épouser la fille du Mayoral, que celui-ci lui proposait. Que signifie cette générosité, de la part d’un homme qui l’a élevé depuis ses douze ans, et peut-être même avant ? Surtout, que dénote ce refus d’un mariage particulièrement avantageux ? S’agit-il d’un manque d’attirance pour le sexe opposé ?

Attiré par la société islamique

Alors qu’il travaille à la construction des remparts de Ceuta,[6] João est frappé par la conversion à l’islam d’un de ses amis, qui fréquentait des gens « qu’on peut croire de mauvaises mœurs ». Très tenté de le suivre, il s’en ouvre à un prêtre. Celui-ci lui conseille fortement de retourner sans délai en Europe pour échapper à la tentation.[7]

Ce désir de conversion pose question. Le motif en était-il purement religieux — ce qui est difficilement imaginable ? João n’avait-il pas plutôt idée de s’intégrer dans la société musulmane du Rif, traditionnellement très tolérante à l’égard des pratiques pédérastiques ?[8]

L’injonction du prêtre serait alors compréhensible : en tant que directeur de conscience, il aurait pu s’opposer chez João à des motivations religieuses, par la parole, la raison, un approfondissement de la foi chrétienne, etc. Mais tout confesseur sait bien que les tentations sexuelles sont autrement puissantes : seul un éloignement définitif pouvait en venir à bout.

Rencontre avec l’Enfant Jésus

Jean de Dieu et l’Enfant Jésus
image pieuse, 2014

Après de nombreuses vicissitudes, João rentre chez lui. Mais apprenant que ses parents sont morts, il décide de repartir. Il fait peut-être le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui aurait exalté son esprit religieux.

La légende dit qu’un jour, ayant secouru un jeune garçon pauvre, celui-ci se révéla être l’Enfant Jésus, qui lui tendit une grenade en affirmant : « Grenade sera ta croix ».

Un grand pécheur

Lors de sa conversion, João s’accabla d’accusations et de pénitences très lourdes.[9] De quoi s’estimait-il donc à ce point coupable ? Or, selon ses biographes, il n’était ni meurtrier, ni voleur, ni particulièrement porté vers la débauche avec des femmes.

Le libraire

João devient libraire. Il s’occupe avec un soin particulier de ses très jeunes clients, auxquels il donne des conseils de lecture.[10]

Le « fou » de Grenade

À Grenade, ayant entendu les sermons du père Jean d’Avila, João confesse publiquement toutes les erreurs de sa vie passée. Pour clairement montrer son repentir, il parcourt la ville en se frappant la poitrine avec des pierres et en salissant son visage avec de la boue. On dit même qu’il aurait divagué nu dans les rues, où des groupes de garçons se moquaient de lui…

Vu son état, il est déclaré fou et interné dans un hospice, où il reste de nombreuses années.

Au service des pauvres et des orphelins

Saint Jean de Dieu (détail)
Agapit Vallmitjana i Barbany, 1883

Documents secrets

À ce jour, plus de trois siècles après l’avoir proclamé saint, l’Église catholique refuse toujours l’ouverture au public des pièces du procès en canonisation de Jean de Dieu.

Représentation artistique

Saint Jean de Dieu secourant les malades dans l’incendie de l’Hôpital Royal
Manuel Gómez-Moreno González, vers 1880

Saint Jean de Dieu est souvent représenté avec un ou plusieurs jeunes garçons, que ceux-ci soient sujets principaux ou accessoires de l’œuvre.

Voir aussi

Bibliographie

  • Historia de la vida y sanctas obras de Iuã de Dios, y de la instituciõ de su  ordê, y principio de su hospital / côpuesta por el Maestro Frãcisco de Castro. – Granada : Antonio de Libríxa, 1585.
  • San Juan de Dios : primicias históricas suyas / dispuestas y comentadas por Manuel Gómez-Moreno. – Madrid, 1950.

Articles connexes

Notes et références

  1. 8 mars 1495 = 17 mars 1495 selon le calendrier grégorien proleptique. La réforme grégorienne sera adoptée 97 ans plus tard.
  2. 8 mars 1550 = 18 mars 1550 selon le calendrier grégorien proleptique.
  3. « […] fue de nación portoguesa, de un pueblo llamado Montemayor el Nuevo, que es en el obispado de Évora en el reino de Portugal: nació de padres medianos, no ricos ni pobres del todo […] » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 31)
  4. « […] crióse con sus padres hasta edad de ocho años, y de allí, sin sabello ellos, fue llevado por un clérigo a la villa de Oropesa […] » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 31)
  5. « […] vivió mucho tiempo en casa de un buen hombre llamado el Mayoral. Como fue de edad suficiente, lo envió al campo en compañía de otros criados suyos que guardaban ganado; servía de llevar y traer bastimento y lo que era menester para los pastores con toda diligencia, porque como le faltaron los padres en tan tierna edad, procuró de agradar y servir a este buen hombre, en el oficio que está dicho y de pastor, todo el tiempo que en su casa estuvo, por donde le tenían mucha voluntad sus amos, y era querido de todos. » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 31-32)
  6. « […] un día, estando pensando qué haría para dexar el mundo, le dio gran voluntad de pasar a las partes de Africa y ver aquella tierra y estar algún tiempo en ella, y luego lo puso por la obra; y despidiéndose de su ama se fue para Gibraltar, que es frontera de Ceuta. » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 38)
  7. « […] siendo la gente que andaba en las obras maltratada de los ministros del Rey, así de obras como de palabras, como si fueran esclavos, y no pudiendo ellos, por ser frontera, usar de su libertad e irse a tierra de cristianos, algunos de mal sufridos, y como es de creer, de malas costumbres, se iban a tornar moros huyendo a Tituán, que está cerca; entre los cuales fue un compañero de Ioan, con quien había trabado amistad, que sin dalle parte de nada, engañado del demonio, se huyó y se fue a tornar moro. Fue tan grande el dolor que Ioan de Dios sintió de la desventura de su compañero, que no hacía sino llorar y gemir; […] Y ocupado su entendimiento en esta imaginación, y persuadiéndose el demonio que por su culpa había ido, y él no resistiéndole por su flaqueza, vino casi a persuadille que desesperase de poderse salvar, y a que hiciese otro tanto como su compañero. […] fuese a un monasterio de la orden de sant Francisco, que hay allí en Ceuta, y topóle nuestro Señor un fraile docto y de buena vida, con el cual confesó muy de espacio, y le descubrió sus llagas, y él le dio el remedio que por entonces convenía, mandándole expresamente, entre otras cosas, que luego se fuese de aquella tierra, y se pasase a España para amatar de todo punto aquella diabólica tentación, que como tan importante convenía remedio eficaz. » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 40-41)
  8. Voir en particulier Le Maroc inconnu d’Auguste Mouliéras.
  9. « Bendito seais vos, Señor, que es tanta vuestra bondad, que a un tan gran pecador como yo, y que tan mal os lo ha merecido tuvistes por bien el libralle de un engaño tan grande y tentación en que por mis grandes pecados caí […] » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 42)
  10. « […] los persuadía y amonestaba a que leyesen buenos libros, y les daba algunos buenos documentos y especial a los niños. » (Historia de la vida y sanctas obras de Iuan de Dios, 1585, p. 43)