Le charmeur de serpent (Jean-Léon Gérôme)
Pour les articles homonymes, voir Charmeur de serpent.Le charmeur de serpent est une œuvre réalisée vers 1880[1] par le peintre académique français Jean-Léon Gérôme (1824 – 1904).
Cette peinture de 83,8 sur 122,1 cm est exposée au Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown (Massachusetts, États-Unis).
Description
Le charmeur de serpent
Appartenant au courant de l’orientalisme, cette œuvre représente un groupe d’hommes enturbannés assis contre un mur de faïence bleue, admirant un jeune garçon nu et vu de dos. Celui-ci tient dans ses mains les deux extrémités d’un python[2] qui s’enroule autour de son torse. Un vieil homme, assis en tailleur à droite du garçon, joue de la flûte pour « charmer » le serpent.
Les motifs muraux permettent de situer cette scène dans le palais de Topkapi à Istanbul — alors que les montreurs de serpents se produisaient plutôt dans les rues du Caire. Gérôme commet souvent de telles invraisemblances, n’hésitant pas à mêler plusieurs sources documentaires éloignées dans l’espace ou dans le temps. Il avait fait plusieurs séjours en Égypte (1856, 1868, 1869, 1874), puis en Syrie et en Turquie (1875 et 1879).
Érotisme de l’œuvre
Le tableau est empreint d’une charge érotique certaine : la nudité du garçon, la symbolique phallique du serpent, le regard des hommes assis, dont les visages impassibles ne permettent pas de dire s’ils admirent le jeu dangereux avec le serpent ou le jeune corps tourné face à eux. On remarque que les fesses du garçon se trouvent à un point fort de la composition, au tiers inférieur droit, dans l’axe de la flûte tenue par le vieil homme.
Néanmoins, si la dimension érotique est réelle, elle reste discrète grâce à l’usage de plusieurs éléments de distanciation : l’impassibilité des spectateurs, la représentation de dos du garçon nu, le recours à la symbolique, mais aussi le jeu des regards successifs, le spectateur regardant les hommes qui regardent le garçon.
Notes et références
- ↑ Selon les sources, la date indiquée est 1870, 1879 ou 1880 — parfois avec une certaine incohérence, comme dans la brochure du Musée d’Orsay Jean-Léon Gérôme : l’histoire en spectacle (2010), qui indique successivement « 1880 » dans le communiqué de presse (p. 7, 11, 15) et « vers 1870 » à la page de l’œuvre (p. 57 et 66), avec toujours le même titre erroné : « Le Charmeur de serpents ».
- ↑ L’animal, d’une longueur manifestement supérieure à trois mètres, pourrait être un Python de Seba, le plus grand des serpents africains. On rencontre cette espèce à l’état naturel en Afrique tropicale et centrale, en particulier au Soudan et au Tchad, d’où il est facile de l’exporter vers l’Égypte.
