Quand mourut Jonathan (65)
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« Ouais ! C’est la fusée d’taleure ! Elle est grande, pour cinq éléphants ! Ouais on dit ils ont rétréci. Comme ça c’est normal.
Ils revont dans le ciel. C’est d’autres étoiles, c’est la nuit. Tu sais mon père il a une jumelle, mais des grosses ! Moi j’l’ai pris, des fois à la fenêtre si tu vois la lune, tu regardes avec la jumelle, tu vois tout dessus ! Les grandes taches qui sont bleues. Elle est belle. Si c’est un quartier tu vois pas bien. Mais elle est belle !
J’ai vu les photos de quand ils sont allés dessus. C’est moche, de près. Mais y avait des photos de pierres, en couleurs. C’est secret ils en vendent pas. Des pierres.
Moi aussi je voudrais bien en avoir. Ça fait rien, j’fais tout l’ciel. Le vrai hein, j’t’ai dit.
Çui-là, ben rien. I s’prom’nait. C’est un serpent de mer ! Mais il s’promène dans le ciel, ça doit être une idée qu’il a eue. Il rigole ! Il est pas méchant. Quand même, la fusée où ils sont à cheval, ils ont peur. Il est gros !
Je voulais bien qu’ils se disent bonjour, mais je voulais pas lui faire des bras au serpent comme au poisson, avant. Ce qui aurait été bien, c’est qu’i r’mue la queue comme un chien, mais j’sais pas l’dessiner !
Alors il est mort aussi le chien. Il a pas eu mal ?
Tu crois qu’quand on meurt normalement on a pas mal ? Moi ça m’plairait pas, pas beaucoup. Alors on dort quoi ? C’est comme si on va dormir ?
Mais si tu tues quelqu’un, ça fait mal quand même ? Il le sent ? Avec un fusil, par exemple ?… Et à la guillotine ? En Amérique, ils les tuent avec du gaz. Il paraît que ça dure dix minutes. Ou alors la chaise électrique, eh ! Ça doit être bizarre. C’est marrant l’électricité ça chatouille. T’as essayé, eh, avec une pile ?
Faut qu’elle soit neuve. Pas les rondes, celles pour les boîtiers. Y a deux machins, là, comme ça. Faut les toucher juste en même temps. Avec la langue !
On aurait une torche, on s’baladerait la nuit. »
