Quand mourut Jonathan (81)
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Si la vigueur de Serge contrastait avec la légèreté neuve de son apparence, il avait ses heures, ou plutôt ses minutes, de désincarnation, pendant lesquelles il fallait que Jonathan, en contrepartie, reprenne tout son poids.
Ce n’est pas que, aux autres moments, Jonathan tînt absolument à s’effacer. Mais il avait la certitude qu’en se montrant, en étant tel quel, il nuirait à l’enfant. Les adultes fiers de l’être, et même les meilleurs d’entre eux, n’ont, pensait-il, que des miasmes à répandre : autorisés — par l’amour, par l’intérêt qu’autrui leur porte — à se manifester, à être libres, à jouer les épanouis, ils ne sauront étaler qu’un épouvantable fatras d’infirmités, de sincérités grotesques, d’affectivité maladive, de possessivité maniaque, de narcissisme avide. L’époque ne permettait que cela, en guise d’humanité : mieux valait le savoir et, à défaut d’y pouvoir remédier, s’interdire d’en engluer ceux qu’on aimait — et surtout les enfants.