Quand mourut Jonathan (86)
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Début octobre, une lettre de Serge dit que ses parents — profitant, déduisit Jonathan, d’un petit creux dans les activités de Simon — allaient passer une semaine en Angleterre. Sans leur gosse, normalement. Serge s’employait à se faire envoyer chez Jonathan pendant ce temps-là. Il l’avait dit à son père, qui était d’accord. Restait seulement Barbara à convaincre.
Cette lettre était aussi la première à contenir des phrases sentimentales. Elles déroutèrent Jonathan, car l’enfant n’en prononçait jamais : et leur extraordinaire niaiserie n’était pas celle de Serge, mais celle du modèle sur quoi il avait copié. Quand on ne sait pas écrire, tout est beau. Et c’était réellement comme si le garçonnet, pour honorer son correspondant, avait fait une citation latine. Phrases qu’on ne comprend guère et qu’on ne dit pas, mais qui ont bonne réputation. Envoi de fleurs ou de bonbons. Effort, par affection : de sorte que les mots mièvres touchaient leur but. Serge avait voulu dire à Jonathan — oser lui dire — quelque chose : il n’avait, localement, que cette culture à sa disposition. Il s’en était consciencieusement servi. Ce n’était pas de sa faute si les moyens de dire, désormais, étaient si piteux que cela ; et s’il ne s’en rendait pas encore compte.
Le petit voyage des parents était pour la semaine suivante. Jonathan aurait des nouvelles. Qu’il ne bouge pas !