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{{Citation longue|— Tu l’avais pas, le lit, avant ?
{{Citation longue|Si Jonathan avait ce sentiment d’étrangeté, Serge, quant à lui, se montrait fidèle à
lui-même.


Environ une semaine avait passé sans que Serge s’intéresse au petit lit. Puis il suggéra à
Il était revenu dans la maison pour y faire à nouveau ce qu’il y faisait deux ans plus tôt :
Jonathan qu’ils le montent dans la chambre. Il aurait bien aimé essayer de dormir tout seul,
et sa première journée de cet été-là aurait pu s’enchaîner à la dernière journée de jadis, sans
mais il voulait être avec Jonathan.
un hiatus, sans la moindre retouche aux anciens rites, aux anciens jeux, aux anciens plaisirs.


Le lit du jeune homme, il est vrai, était très étroit pour deux. Et si le coucher,
Jonathan avait tort : le temps ne s’était pas écoulé. Rien n’avait eu lieu, qu’un long été,
l’endormissement de Serge se faisaient contre Jonathan, son sommeil profond était
commencé autrefois, et qui durerait toujours. La vie même de Serge.}}<br>
indépendant : il s’enfuyait sur l’arête du lit, glissait entre la literie bordée et le côté du
matelas, et passait la nuit dans cette sorte de hamac.
 
Si on enlevait les meubles, il y avait assez de place pour le deuxième lit dans la
chambre. La difficulté était plutôt de le monter jusque-là. Beaucoup de patience le permit.
Quant à la pièce du bas, elle devint atelier, et salle à manger.
 
Simon n’avait pas menti, au sujet de la pudeur actuelle de Serge. Il se déshabillait en
coulant de ses vêtements dans le lit ; et tenait à se laver sans témoin.
 
— Faut pas se montrer, quand on est sale, affirma-t-il. Pourtant, avec Jonathan, il faisait
beaucoup plus que se montrer : et, en de tels instants, il se souciait peu d’être propre ou non.
Mais c’était autre chose.
 
Cette recherche d’indépendance corporelle n’attrista pas Jonathan. Cependant, leurs
accouplements y parurent, à ses yeux, moins naturels : c’étaient des minutes de contact, prises
sur des heures et des heures sans toucher. Le mélange de corps auquel se complaisait Serge
plus petit était révolu. Leurs étreintes, nommables et distinctes des autres choses de la journée,
en devenaient plus intenses et moins pures. Jonathan fut long à s’accoutumer à cela. Il était
très gêné d’être, alternativement, avec et sans sexe, avec et sans corps, selon les désirs de
l’enfant. Puis il se résigna à cette banalisation de leurs amours, et n’en fut pas malheureux.
Serge était extrêmement lascif et hardi : dès que cette chose-là lui venait en tête, il n’avait plus
la moindre pudeur ; son intérêt pour le membre du jeune homme était inlassable et gourmand ;
être caressé ailleurs qu’à son propre sexe l’ennuyait ; s’il était enlaceur, embrasseur et tendre,
c’était plutôt quand il était vêtu et chaussé (avoir les pieds nus le rendait égrillard).}}<br>
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Dernière version du 8 juin 2016 à 17:25

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Si Jonathan avait ce sentiment d’étrangeté, Serge, quant à lui, se montrait fidèle à lui-même.

Il était revenu dans la maison pour y faire à nouveau ce qu’il y faisait deux ans plus tôt : et sa première journée de cet été-là aurait pu s’enchaîner à la dernière journée de jadis, sans un hiatus, sans la moindre retouche aux anciens rites, aux anciens jeux, aux anciens plaisirs.

Jonathan avait tort : le temps ne s’était pas écoulé. Rien n’avait eu lieu, qu’un long été, commencé autrefois, et qui durerait toujours. La vie même de Serge.


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