« Quand mourut Jonathan (37) » : différence entre les versions
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Si Serge revenait. Mais l’année avançait, et rien de neuf, et déjà les signes du printemps, malgré le froid.
Simon écrivait assez souvent à Jonathan. Il parlait de lui-même, de Barbara, du mariage, certain mais retardé. Il avait déniché, dans les falaises calcaires de la Seine près de Rouen, des blocs curieux, renfermant des silex, et qu’il s’amusait à sculpter sur place, le dimanche. Oh, juste pour s’exercer un peu les bras et prendre l’air : la sculpture est un art sportif.
Il enviait Jonathan d’être célibataire, d’échapper à tous les problèmes des couples, et de gagner sa vie sans sortir de chez lui — à distance, en somme. Un paradis ! Il racontait peu de choses à propos de l’enfant.
Cependant, il s’en occupait davantage : Serge était très bien comme fils, vraiment c’était chouette. D’ici que le gosse ait quinze ou seize ans, ils seraient des vrais copains, ils se comprendraient. Phénomène curieux, Barbara lui abandonnait complètement le petit. Elle devenait végétarienne, d’ailleurs : elle se nourrissait de riz complet, de verjus, de germes de blé, de pollen. Elle suivait des cours d’expression corporelle et assistait à des séminaires de cri primal. Lui, Simon, c’était les steaks-salade et la moto.
Quant à Serge, on lui laissait de l’argent, il se débrouillait, il était pas con. Il s’achetait à manger, ou son linge, ses frusques, ses godasses, ses cahiers. Il avait fumé, une fois. Il était démerdard, il était marrant, à pas dix ans, c’était pas mal. Mais un caractère de cochon. Simon aurait bien aimé avoir autant de liberté quand il était gosse. Aujourd’hui, l’époque était mieux, on pouvait pas dire le contraire. Même l’éducation sexuelle : ça, Simon était pour. À quatorze ans, lui, il croyait que les filles avaient trois trous à la queue leu leu, comme des boutons de veste. Y avait quand même un progrès. Ils avaient un paquet de pornos danois, à la maison : Serge les avait vus, on ne lui cachait rien. Ça ne lui avait fait ni chaud ni froid, évidemment, il était tout de même un petit peu jeune. Enfin, moi, si mon père… disait Simon. Mais on ne naît jamais quand il faudrait, concluait-il philosophiquement.