« Quand mourut Jonathan (33) » : différence entre les versions
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Jonathan substitua, aux représentations de singes que les hommes lui inspiraient, des images de cadavres. Ce travail le captiva au point qu’il monta à Paris exécuter une série d’eaux-fortes. Il ne laissa à personne le soin de graver ses dessins et, les délaissant lui-même, il improvisa placidement ses fureurs dans le vernis du cuivre.
Ce furent les premières œuvres figuratives qu’il osa montrer. Leur férocité plut ; on l’excusa de ce qu’on pouvait juger être une régression artistique ; on l’en félicita. Les gravures eurent du succès et disparurent vite dans le portefeuille des petits investisseurs.
Pendant ce séjour parisien, Jonathan se décida, un soir qu’il était ivre, à sonner chez Barbara. Les arguments qu’il s’était répétés contre une telle visite ne tenaient plus, quand il était si proche du lieu où vivait Serge.
— Il faut que j’essaie. On verra bien, après.
Chance ou malchance, on ne répondit pas. Il griffonna un mot pour dire qu’il était venu, le plia, mit dessus le nom de Serge, le glissa sous la porte.
Mais, cette nuit même, dégrisé et désespéré, il repartit par le train. Il n’en trouva pas pour sa ville, il prit le premier qui pourrait le déposer aux environs, débarqua dans une ville inconnue, endormie et glacée, et, au matin, il rejoignit la sienne par un autorail. Il était surexcité et il regardait les enfants avec un air dangereux. Il lui fallut encore attendre l’après-midi pour gagner son village par le car. Il s’en voulait d’avoir sonné chez Barbara et laissé ce mot ; aussi, il avait tort de boire.
Son humeur s’assombrit encore. Deux jours sur trois, maintenant, il déchirait les lettres sans les ouvrir, en murmurant :
— Alors, ils s’imaginent qu’ils m’écrivent. Salauds.