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{{Citation longue|Sur le pas de la porte, devant le jardinet, chevauchant sa moto et l’excitant à petits coups
{{Citation longue|Quand Jonathan vit Pâques approcher, il décida, à tout hasard, de préparer sa maison. Il
de manette, Simon fit des adieux interminables et bavards. Il finit par coiffer son casque, et il
essaya de s’y prendre mieux que la fois précédente. Il avait en effet le sentiment, ou
accomplit dans la pente un départ impétueux.
l’appréhension, de devoir accueillir un adulte : il faudrait un plus grand confort, des
aménagements moins approximatifs.


Serge n’avait pas attendu cette exhibition pour regagner la maison. Jonathan, gêné,
Il fit à nouveau des voyages à la ville ; il épuisa presque ses réserves d’argent. Parmi ses
malheureux, accablé d’appréhension, dut se décider à l’y rejoindre, quand le bruit de la moto
achats, il y eut même une machine à laver. Il hésita un instant à changer le fourneau :
se fut tout à fait évanoui.
l’appareil était vieux et incommode, mais on y cuisinait à merveille, et les souris le
connaissaient comme elles-mêmes. Il préféra le conserver.


— … Tu viens voir en haut ? demanda aussitôt Serge avec timidité.
Il aurait bien installé une douche, un vrai cabinet de toilette. Mais il craignit la dépense,
les travaux. Il avait peu de rentrées à espérer : son contrat de l’année n’était guère qu’une
charité. Il n’avait d’ailleurs aucun projet d’œuvres. Il fit cependant poser un chauffe-eau
au-dessus de l’évier.


Jonathan, un peu surpris, le suivit.
Enfin, il disposa un second lit, un lit d’une personne, en bas, dans la pièce qui ne servait
à rien, à côté de la cuisine. Car il était sûr que Serge voudrait dormir seul.


— Je te dis rien ! murmura encore Serge, grimpant l’escalier à longues enjambées, qui
Il n’eut plus qu’à exercer sa patience : l’enfant ne vint qu’au mois de juillet.}}<br>
lui levaient le genou au-dessus de la taille.
 
Ils furent dans la chambre. Comme l’avait imaginé Jonathan, les bagages de Serge
n’étaient pas défaits. Mais il avait sorti de son vieux sac un immense rouleau de dessins à
l’aquarelle, collés côte à côte comme un long papyrus, et il l’avait étalé à travers la pièce. Une
boîte de couleurs et un pinceau humide, sur la table de Jonathan, montrait que Serge avait fait
quelques dernières retouches, pendant que son père parlait en bas. Telle était la surprise qu’il
avait mystérieusement préparée pour Jonathan.
 
La magnifique banderole partait du haut de l’armoire : puis les gros personnages, les grosses fleurs, les maisons fantaisistes, les océans, les rivières, les forêts, les ciels brillants
couraient sur le lit, drapaient une commode, chevauchaient la table à dessin, enjambaient deux
chaises et finissaient en larges volutes à leurs pieds. Il y en avait huit ou dix mètres, peut-être
davantage.
 
Serge regarda ses dessins et regarda Jonathan, la figure toute souriante, les bras ballants.
 
— Moi je sais pas dessiner, expliqua-t-il. Mais c’est pour toi ! Si t’en veux. Au début il
est pas bien fait, il faut pas regarder. C’est une histoire ! Je l’ai montrée à personne.
 
Jonathan resta muet.
 
— On va l’accrocher avec des punaises ici, tout autour, dit-il enfin d’une voix blanche.
 
— Non, je le range. C’est vraiment moche, répondit Serge, qui avait mal interprété la
gêne de Jonathan.
 
Jonathan le laissa tirer et enrouler le papyrus, atterré par ce malentendu. Puis il se reprit.
Il devait ravaler son émotion, rejeter ses vieux doutes, s’abandonner à l’enfant. Avoir
confiance en lui, oublier tant de vérité et de ténèbres, croire.
 
— Serge ?}}<br>
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Dernière version du 8 juin 2016 à 17:31

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Quand Jonathan vit Pâques approcher, il décida, à tout hasard, de préparer sa maison. Il essaya de s’y prendre mieux que la fois précédente. Il avait en effet le sentiment, ou l’appréhension, de devoir accueillir un adulte : il faudrait un plus grand confort, des aménagements moins approximatifs.

Il fit à nouveau des voyages à la ville ; il épuisa presque ses réserves d’argent. Parmi ses achats, il y eut même une machine à laver. Il hésita un instant à changer le fourneau : l’appareil était vieux et incommode, mais on y cuisinait à merveille, et les souris le connaissaient comme elles-mêmes. Il préféra le conserver.

Il aurait bien installé une douche, un vrai cabinet de toilette. Mais il craignit la dépense, les travaux. Il avait peu de rentrées à espérer : son contrat de l’année n’était guère qu’une charité. Il n’avait d’ailleurs aucun projet d’œuvres. Il fit cependant poser un chauffe-eau au-dessus de l’évier.

Enfin, il disposa un second lit, un lit d’une personne, en bas, dans la pièce qui ne servait à rien, à côté de la cuisine. Car il était sûr que Serge voudrait dormir seul.

Il n’eut plus qu’à exercer sa patience : l’enfant ne vint qu’au mois de juillet.


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