« Pétition du 26 janvier 1977 (Le Monde) » : différence entre les versions
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Version du 12 janvier 2020 à 17:59
Le journal français Le Monde publia le 26 janvier 1977 une pétition pour la libération de trois pédérastes incarcérés sans procès depuis plus de trois ans. Ce texte était suivi de soixante-neuf signatures de personnalités.
Texte de la pétition
« | Les 27, 28 et 29 janvier, devant la cour d’assises des Yvelines, vont comparaître, pour attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de quinze ans, Bernard D***, Jean-Claude G*** et Jean B***,[1] qui, arrêtés à l’automne 1973, sont déjà restés plus de trois ans en détention provisoire. Seul Bernard D*** a récemment bénéficié du principe de la liberté des inculpés. Une si longue détention préventive pour instruire une simple affaire de « mœurs », où les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d’instruction qu’ils étaient consentants (quoique la justice leur dénie actuellement tout droit au consentement), une si longue détention préventive nous paraît déjà scandaleuse. Aujourd’hui, ils risquent d’être condamnés à une grave peine de réclusion criminelle soit pour avoir eu des relations sexuelles avec ces mineurs, garçons et filles, soit pour avoir favorisé et filmé leurs jeux sexuels. Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste, d’une part, entre la qualification de « crime » qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés ; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?). La loi française se contredit lorsqu’elle reconnaît une capacité de discernement à un mineur de treize ou quatorze ans qu’elle peut juger et condamner, alors qu’elle lui refuse cette capacité quand il s’agit de sa vie affective et sexuelle. Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier D***, G*** et B*** ne retrouvent pas la liberté. |
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Signataires
Soixante-neuf écrivains, philosophes, médecins et autres intellectuels ont signé cette pétition :[2]
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Auteur
L’auteur de cette pétition est resté inconnu pendant plus de trente-six ans. Le 7 septembre 2013, agacé par l’hypocrisie de quelques signataires oubliant leur engagement d’autrefois, ainsi que par des journalistes qui en parlent sans l’avoir lu, Gabriel Matzneff revendiqua la responsabilité et la rédaction du texte, dans une chronique de son site www.matzneff.com intitulée « Couvrez cette pétition que je ne saurais voir ».[3]
Il y explique les circonstances précises dans lesquelles est née la pétition, résumé d’une chronique parue dans Le Monde le 8 novembre 1976 sous le titre « L’amour est-il un crime ? ».[4]
La quête des signatures fut également menée par Matzneff lui-même, en un temps très court, avec l’aide de Guy Hocquenghem. La plupart des personnes contactées se montrèrent favorables ; il n’y eut que de rares refus (Marguerite Duras, Hélène Cixous, Xavière Gauthier, Michel Foucault entre autres).
Contrairement à certains signataires devenus timorés, en 2013 Matzneff ne renie en rien les valeurs exprimées par cette pétition : « J’en suis très fier et, si je l’écrivais aujourd’hui, je n’en modifierais pas le moindre mot, car elle est encore plus actuelle, nécessaire aujourd’hui qu’en 1977. »
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Conformément à la politique constante de BoyWiki, l’identité des personnes privées toujours vivantes, ou qui peuvent l’être, est réduite aux prénoms et à l’initiale du nom (voir la page d’aide au sujet des noms de personnes sur BoyWiki).
- ↑ On trouve souvent certains noms mal orthographiés : François Chatelet, Jean-Luc Henning, Vincent Montail, Négrepont, Hélène Védrines. Claude d’Allonnes est parfois listé comme « Claude Revault d’Allonnes ».
- ↑ Chronique et réponses de lecteurs : « Couvrez cette pétition que je ne saurais voir : chronique du 07/09/2013 ».
- ↑ Cette chronique est reprise dans C’est la gloire, Pierre-François ! (Paris, La Table Ronde, 2002).