« Un amour platonique (Louis Beysson) » : différence entre les versions

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Cette version a été traduite en anglais par Laetitia Collier et publiée en 2020 toujours par les éditions [[Quintes-feuilles]] sous le titre ''Geri's Secret'', avec une préface de l'Américain James J. Gifford.
Cette version a été traduite en anglais par Laetitia Collier et publiée en 2020 toujours par les éditions [[Quintes-feuilles]] sous le titre ''Geri's Secret'', avec une préface de l'Américain James J. Gifford.
C'est cette même version qui a été traduite en espagnol. Le traducteur, Augusto Prieto, a toutefois préféré adopter pour titre celui de la nouvelle initiale, ce qu'il explique dans sa préface.
==Voir aussi==
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Un amour platonique est un roman autobiographique de Louis Beysson, paru en 1884 à Paris chez É. Dentu. Un narrateur anonyme y relate et commente l’amitié passionnée, dans un internat catholique, entre un élève de seize ans et un garçon plus jeune.

Une première édition de ce récit avait paru en 1876 à Lyon, chez Aimé Vingtrinier, sous la forme plus succincte d’une nouvelle intitulée Geri, ou Un premier amour.

Cette première version a été reprise en 2005 par Quintes-feuilles, sous le titre Le secret de Geri, dans une édition qui rejette les commentaires du narrateur de 1876, mais qui inclut néanmoins les corrections stylistiques apportées par l’auteur.

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Un amour platonique

Louis Beysson

Né à Lyon en 1856, Louis Besson, fils d’un riche courtier en soie, termine ses études secondaires au collège Saint-Michel de Fribourg. C’est dans cet internat suisse qu’il éprouve une vive et soudaine amitié particulière pour un jeune Italien dont le prénom transposé dans la nouvelle est Geri.

Élève de l’École des Beaux-Arts de Lyon, Louis Besson exerce un temps dans le journalisme ; puis à Paris, en littérature, sous le nom de Beysson, avec quelques œuvres sans grand intérêt ni grand succès, qui cherchent successivement leur inspiration dans le naturalisme, l’histoire récente, ou la psychologie catholicisante : Mousseline, Bismarck à Warzin, Napoléon IV, Un fils du Christ. La réédition très modifiée, en 1884, du Geri de 1876 sous le titre Un amour platonique, témoigne soit d’un manque de courage pour affirmer sa différence, soit d’un grand conformisme devant certaines croyances psychiatriques de l’époque.

Revenu à la peinture dans la région lyonnaise, Louis Beysson y trouve enfin un certain succès, se faisant une spécialité des trains, des voies ferrées et des gares. Après un mariage tardif avec une artiste peintre, mère célibataire d’un garçon de onze ans, il meurt le 7 août 1912, à l’âge de cinquante-six ans.

Trois titres pour trois versions

Geri ou Un premier amour (1876)

Louis Beysson n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il publie à Lyon, en 1876, le récit à peine romancé de son amour d’adolescent pour un petit Italien.

Envoyé dans un collège religieux en Suisse, le jeune Victor est pris d’une immense tristesse liée à un sentiment de solitude dont il craint de périr, jusqu’au jour où, après s’être endormi dans un oratoire qui était son refuge, il est réveillé par un garçon d’« une grâce inexprimable » qui lui sourit et lui tient la main. Victor se jette dans ses bras, le presse sur son cœur, et découvre que le garçon comprend mal son langage : il est italien et se prénomme Geri. Leur sympathie et leur amour va d’abord s’exprimer par leurs regards.

Geri, de santé délicate, occupe une chambre isolée dans le pensionnat. Mais les deux adolescents se croisent au réfectoire, et se rencontrent dans le verger du collège. Victor s’éprend à la folie de ce garçon au visage d’ange : « Autour de lui rayonnait un charme inexprimable qui éclairait le ciel le plus sombre, me faisait aimer les arbres, la prairie du verger, en transformant merveilleusement tout ce qu’il approchait. »

Lorsqu’un jour le supérieur annonce aux pensionnaires que Geri va quitter l’établissement, Victor est désespéré : « Un glaive qui m’eût percé jusqu’au fond du cœur ne m’aurait pas atteint plus mortellement que ces cruelles paroles ». Lors d’une cérémonie où lui et Geri échangent autour du prêtre des objets symboliques, Victor, bouleversé par l’expression de tristesse de son ami qui semble lui dire adieu, perd connaissance.

Dès lors, il va tout faire pour que Geri ne quitte pas le collège et surtout, pour le revoir aussi souvent qu’il le peut. À chaque rencontre, Geri exprime son amour, son attachement éternel à Victor, mais il lui cache un secret qui se traduit par des pleurs. Le lecteur découvre avant la fin du roman les raisons des larmes de Geri.

Un amour platonique (1884)

Huit ans après la première édition, Louis Beysson publie à Paris, chez Édouard Dentu, une deuxième version notablement modifiée et augmentée. Si le récit de l’amitié entre les deux garçons reste identique — avec cependant de nombreuses corrections de style —, il est scindé en six chapitres, qui transforment la nouvelle en roman, et s’accompagne d’une dédicace « À Madame de M*** ».

Au cours d’une conversation relatée par un narrateur anonyme, Victor, dix ans après avoir quitté le collège, évoque les tourments de son âme rêveuse et maladive, ainsi que ses échecs tant professionnels que sentimentaux. À ce romantisme compréhensible chez un adolescent, mais quelque peu malsain de la part d’un adulte, s’opposent les commentaires de son interlocuteur, lequel est censé représenter bon sens et normalité.

Ces ajouts expriment les divergences du narrateur et de son « triste héros » à l’égard de la femme : le premier considère qu’elle est « ce qu’il y a de meilleur au monde » ; alors que le second maudit « l’impure qui engendre le repentir, les regrets, les remords, divise ceux que la nature a unis, corrompt l’homme, terrasse, étouffe le génie et, dans sa jalousie, ternirait jusqu’au soleil lui-même ! »

Au terme du récit de son amitié particulière avec Geri, on apprend que Victor a vainement tenté d’échapper à ses démons par un mariage hâtif et raté. Il finira ses jours, jeune encore, dans un « terrible naufrage » dont les causes restent confuses, mais qui n’est pas sans rappeler les affreux et mortels tourments que les médecins du XIXe siècle attribuaient aux malheureux s’adonnant à la masturbation[1] : ici, les tendances homosexuelles et pédérastiques ne semblent guère mieux traitées.

Le secret de Geri (2005)

Jean-Claude Féray, dans la réédition de Quintes-feuilles en 2005, considère les ajouts de 1884 comme des enrobages de précaution, finalement peu sincères. Il rejette donc en annexe les propos du commentateur anonyme, mais conserve les corrections stylistiques du récit principal, ainsi que la séparation en chapitres.

Pour distinguer cependant cette nouvelle version de la toute première, un autre titre est choisi, qui reprend le prénom du petit Italien : Le secret de Geri.

Cette version a été traduite en anglais par Laetitia Collier et publiée en 2020 toujours par les éditions Quintes-feuilles sous le titre Geri's Secret, avec une préface de l'Américain James J. Gifford.

C'est cette même version qui a été traduite en espagnol. Le traducteur, Augusto Prieto, a toutefois préféré adopter pour titre celui de la nouvelle initiale, ce qu'il explique dans sa préface.

Voir aussi

Bibliographie

Éditions successives

  • Beysson, Louis. Le secret de Geri / [avertissement et] postf. de Jean-Claude Féray ; dessin d’Otto Lohmüller. – Paris : Quintes-Feuilles, 2005 (Le Mesnil-sur-l’Estrée : Impr. Nouv. Firmin Didot, novembre 2005). – 136 p. : couv. ill. en coul. ; 21 × 15 cm. (fr)
    Nouvelle version de : « Geri, ou Un premier amour ». Annexe : variantes, de Geri ou Un premier amour (1876) à Un amour platonique (1884), p. 111-129. – ISBN 2-9516023-6-7 (broché)

Articles connexes

Notes et références

  1. Voir par exemple les élucubrations de plusieurs médecins dans le Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens, publié par l’éditeur parisien C. L. F. Panckoucke de 1812 à 1822 ; ou Le livre sans titre : dédié aux jeunes gens, et aux pères et mères de famille, publié à Paris en 1830.