Le Maroc inconnu (extraits) – II-09 Beni-H’ouzmer

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Extraits du second tome du Maroc inconnu d’Auguste Mouliéras : Exploration des Djebala (Maroc septentrional), « Tribu des Beni-H’ouzmer ».


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Tribu des BENI-H’OUZMER

بـنـى حـوزمـر
(les fils de roi) (A)[1]

————



[…]

Les indigènes des Beni-H’ouzmer vivent surtout de la chasse active qu’ils font au gibier de poil et de plume, très abondant dans la région. Les sangliers, chacals, hyènes et renards y sont également largement représentés. La tribu est administrée par un caïd installé à Tétouan. C’était, en 1895, un nommé Es-Slaoui. Le marché le plus important de tout le territoire se trouve naturellement à Tétouan. Les Beni-H’ouzmer y vendent des fusils, de la poudre, des balles, qu’ils fabriquent eux-mêmes. La langue en usage est l’arabe, un arabe se ressentant encore du berbère parlé autrefois dans toute la contrée. Les hommes sont grands, bien proportionnés ; les femmes ont les traits réguliers et fort beaux. Malheureusement les mœurs du sexe laid sont aussi dissolues que partout ailleurs.


[…]


Le derviche et le caïd émigré


[…]

Il y a quelques années, en 1889 à peu près, le derviche, dans une de ses nombreuses apparitions à Tétouan, eut un entretien mémorable avec un haut fonctionnaire de la ville.


[…]

Vers neuf heures, la négresse apporta une telle quantité de plats, une vingtaine environ, que le derviche en fut littéralement stupéfait. Une petite table basse fut mise près du lit, et les deux commensaux se mirent à manger, le voyageur assis sur le tapis, le caïd étendu sur son lit. En gastronome curieux, Moh’ammed touchait à tous les aliments, dans le but, disait-il, de se rendre compte de l’habileté culinaire de la cuisinière. Il fit également honneur au thé anglais, servi, après le dîner, sur un grand plateau de cuivre orné de dessins et de lettres arabes en relief. Les verres à pied, dans lesquels la théière d’argent vidait son contenu, étaient dorés extérieurement. Le caïd avait fait venir son plus jeune fils, un bambin d’une dizaine d’années, pour lui confier les fonctions d’échanson, et ce ne fut pas une sinécure, car les deux hommes avalèrent, jusque fort avant dans la nuit, selon la coutume marocaine, des quantités invraisemblables de thé.

L’heureux derviche passa une vingtaine de jours dans ce petit palais, nourri, choyé, comme il ne l’avait jamais été. Il aiguisait son appétit par d’agréables promenades en ville et aux environs. Il aimait surtout à s’égarer dans les délicieux jardins de la banlieue, où les orangers et les arbres fruitiers les plus divers lui offraient un facile déjeuner. À la nuit tombante, il revenait chez son ami, dont la large hospitalité ne se refroidissait pas un seul instant.


[…]


Mœurs tétouanaises



[…]

Lors de son deuxième séjour à Tétouan, notre voyageur fit la connaissance d’un citadin musulman qui le recevait fréquemment chez lui.


[…]

N’était-il pas évident que Moh’ammed, portant 10 francs sur lui, grosse somme pour un derviche, devait avoir de l’argent caché quelque part ? Immédiatement l’hôte sortit et se mit en chasse. Le soir, vers six heures, il dénicha l’explorateur dans un café maure tenu par un Algérien.

— Comment ! Tu es là ? fit le citadin sur un ton d’affectueux reproche. Et moi qui te cherche depuis midi ! Nous avons préparé en ton honneur un dîner succulent. Viens donc.

Flairant la ruse, mais incapable de résister à l’appât d’une ripaille, le derviche répondit :

— Passe devant, je te suis.

Quand le Tétouanais fut sorti, Moh’ammed s’approcha mystérieusement du cafetier, lui remit son Dalil el-Kheïrat, son trésor, son gagne-pain, car un livre arabe, quel qu’il soit, attire toujours les ignorants désireux d’avoir des talismans, et il lui dit, à voix basse :

— Garde-le moi.

Il sortit du café, tout à fait guilleret, se frottant les mains à la pensée du bon tour qu’il allait jouer à son hôte dans le cas très probable où celui-ci aurait l’intention de le dévaliser. Une mauvaise djellaba, un h’aïk rapiécé, deux vieilles babouches, telle était la maigre proie qu’il réservait au cupide Marocain. Il rattrapa le citadin, et les deux hommes entrèrent à la maison où les attendait en effet un assez bon souper. La jeune femme mangeait avec eux et les servait tour à tour, faisant l’aimable, l’enjouée, disant que Sidi Mouh’ammed ne mangeait pas assez, le bourrant d’aliments, l’empiffrant de son mieux. L’artificieux Berbère, se doutant d’un piège, se laissait dorloter néanmoins en se demandant comment tout cela finirait. Après le repas, l’homme lui dit :

— On donne ce soir une fête dans un jardin, avec giton, chants et musique. Viens-tu ?

— Fiha khéïr (1) (Parfaitement), répondit le derviche.

Ils sortirent, laissant la femme seule à la maison.


[…]


  1. فيها خير littéralement : dans elle du bien, c’est-à-dire dans cette chose-là il y a du bien ; locution marocaine répondant à notre : C’est bien, parfaitement, oui.



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   · Tribu des Beni-Smih’ (R’mara) Tribu d’El-R’arbiya
   · Tribu des Beni-Rzin (R’mara) Tribu des Beni-Mçoouer
   · Tribu des Beni-Zedjjel (R’mara) Tribu d’El-Fah’aç
   · Tribu des Beni-Khaled (R’mara) Tribu d’Endjra
Tribu de El-Branès Tribu du H’ouz-Tit’t’aouin
Tribu des Oulad-Bekkar Tribus de Ouad’ras et du Djebel-el-H’abib
Tribu de Mernisa Tribu des Beni-Gourfet’
Tribu des Beni-Ouandjel Tribu de R’zaoua
Tribus des Beni-bou-Chibeth, des Oulad-bou-Slama et des Beni-Ah’med Tribus des Beni-H’assan et des Beni-Léït
Tribu de Fennasa Tribu des Beni-Ouriaguel
Tribu des Beni-Oulid Tribu des Beni-Ah’med Es-Sourrak’
Tribu de Mthioua Les Djebala vus à vol d’oiseau

Source

  • Le Maroc inconnu : étude géographique et sociologique. Deuxième partie, Exploration des Djebala (Maroc septentrional) : avec une carte inédite de cette province au 1/250.000 / Auguste Mouliéras. – Paris : Augustin Challamel, 1899 (Oran : Impr. D. Heintz, 3 mars 1899). – VIII-814 p. : carte ; in-8.
    « Tribu des Beni-H’ouzmer », p. 199, 208, 211, 215-216.

Articles connexes

Notes et références

  1. Arabe.