Un romancier du désir

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Interview de Tony Duvert par Jean-François Josselin dans le n° 430 du Nouvel Observateur (5/2/1973), complétée par une critique de Paysage de fantaisie.


Tony Duvert, vingt-huit ans, entré dans la bibliothèque sur la pointe des pieds il y a cinq ans, explose aujourd’hui. « Paysage de fantaisie », son cinquième livre, en est la preuve inattendue. Inattendue parce que le talent s’accompagne la plupart du temps de surprise.

Dans les couloirs de son éditeur, il pulvérise le Duvert légendaire : Genet ? Il l’horripile, c’est un « auteur qui fleurit son derrière »… Le Nouveau Roman (qui a vu le jour, s’est épanoui, vieillit bien aux éditions de Minuit) ? Il éprouve une « grande aversion » pour l’art de Robbe-Grillet et de Michel Butor. La protection d’anonymat orchestrée par Jérôme Lindon autour de ses quatre premiers livres ? Il s’agissait surtout, déclare-t-il, d’une timidité de celui-ci devant des ouvrages sexuels. Lui, Tony Duvert, n’a pas de réticence.

Il se proclame « écrivain » : « Le meilleur état social pour un homosexuel. » Il déteste la littérature romanesque traditionnelle (en fait, il ne sauve, au cours de la discussion, que Proust, Céline et Beckett) parce qu’elle « refuse le corps ».

« Ce qui existe, dit-il encore, c’est le discours. Mais le discours lui-même n’est rien, il est au service du corps. L’écriture est solidaire de la vie amoureuse. Elle incite à aller plus loin. Et puis l’écriture, c’est la liberté infinie : comme les enfants qui jouent à être des Indiens, je joue à être un bourreau. »


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Voir aussi

Paysage de fantaisie