Paysage de fantaisie (7)

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je me masturbe comme le type me l’a demandé main à ras des poils pour qu’un long morceau de sexe dépasse au-dessus me pogner sans toucher le nœud ça ne me fait pas plaisir sous son manteau gris son costume est gris chemise grise cravate noire ses cheveux clairsemés gris aussi et son crâne est devenu très rouge il était moins chauve que moi il restait à distance réglait ses lampes avec de légers bruits de bouche impatientés Écarte un peu plus les jambes

c’est long merde vous aviez dit une heure

j’ai dit une pellicule une heure ça me suffit quand les types sont pas trop gourdes mais on t’a vraiment pas gâté à la distribution toi je parle pas de ta queue

on a ce qu’on a j’étouffe avec vos lumières       mais il n’y avait pas de film dans son appareil j’en suis sûr les images il se les prenait dans la tête je servais comme un cauchemar il pourrait se payer de beaux mecs il a préféré un clochard qu’est-ce qui l’excite si je me déshabille on a plutôt envie de détourner les yeux et le nez même autrefois ils ne se gênaient pas pour me le faire comprendre       une carne pareille on perd rien quand on vieillit à part les dents qui manquent et les tifs

vous avez pas un petit coup à m’offrir

tu boiras avec l’argent on n’a pas le temps

si vous vous figurez que c’est facile de bander on se croirait à la morgue       il ouvrait un placard renfoncé dans un mur il sortit un grand morceau de toile bariolé qu’il punaisa derrière moi en montant sur une chaise c’était comme un décor de dessin animé un coin de forêt genre Bambi ou Blanche-Neige

appuie-toi au tronc ici

vous êtes pas un peu compliqué vous

reste comme ça regarde les oiseaux en l’air ne lâche pas ton zob nom de Dieu

Bambi c’est tout moi tiens merde je fous le camp passez-moi le pognon

je n’ai pas terminé je vais en prendre quelques-unes attaché allonge-toi       en réalité il empila des briques sur mon ventre mes cuisses ma poitrine il fit semblant de photographier améliora la construction cela formait un creux régulier autour de mon sexe un vieil arbre rouge raide plein de veines dans une petite cour d’immeuble carrée il photographia de très près en plongée j’aurais rigolé sauf les briques qui pesaient lourd j’avais chaud fumet d’aisselles autour de moi ça me fait bizarre d’être à poil je ne me déshabille plus depuis longtemps les horreurs dehors ça me suffit       un dingue je l’avais jamais vu je ne le reverrai jamais cent francs une chose qui m’empêchera de claquer pendant cinq six jours Vous faites quoi dans la vie vous avez une femme des gosses ?

gérant célibataire t’es trop curieux

j’aime bien me renseigner j’ai que ça à foutre mais je déculotte personne moi vous gérez quoi

des gérances dit-il avec un méchant petit sourire en fil le seul que je lui aie vu

alors si je vous descendais on le saurait pas

pareil pour toi mon bonhomme je me fiche de crever je parie que toi aussi

je m’en fous pas j’aime encore ça bouffer et le reste

quel reste ? te cuiter ? baiser ? ils baisent les mecs comme toi ?

je me l’allonge c’est pas pire       il retirait les briques et les rangeait soigneusement dans le placard où il les avait prises j’aperçus aussi un sac de ciment une truelle une cuvette Moi quand j’étais gosse j’avais des cubes mais en bois y en avait des jaunes des verts les moches couleurs j’ai appris à lire dessus je savais toutes mes lettres à deux ans j’aurais pu être quelqu’un       il haussa les épaules Les briques c’est parce qu’on va murer la fenêtre il y a une pouf fiasse en face elle m’énerve toujours derrière ses carreaux ces pourritures-là quand ça se fait pas tringler ça pense qu’à espionner Vous aimez pas beaucoup les femmes dites donc pour un gérant Quoi un gérant t’es idiot ou quoi       il sortit un moment puis la chasse d’eau a coulé j’ai demandé les gogs j’ai pissé un bock j’aime faire mousser au fond en pissant fort Pire qu’une vache on t’entendrait depuis la rue soupira-t-il mets-toi à plat ventre enfile-toi ça

quoi dans le prose non eh vous

enfile le bout je ne te paie pas pour rien couche-toi

pff allez d’accord et puis c’est pas mon cul qui va m’empêcher de gagner ma croûte c’est bon qu’à chier ces merdes-là ça a pas la parole       j’ai pris la bouteille vide c’était du whisky il restait quelques gouttes qui m’ont brûlé je me rappelle et l’odeur d’alcool et de chiasse rance en sueur je n’ai même pas enfoncé le goulot fallait pas exagérer je rouspétais comme si j’étais en train de me défoncer je singeais je suis putain si j’avais eu l’occasion       à présent il m’avance une chaise et il me tire le portrait je comprends que son appareil photo n’était pas chargé il y met un film sans sortir celui qui est soi-disant fini mais il ne prendra aucun cliché ma chouette petite gueule ça le fascine j’en reviens pas il est paralysé j’ai l’habitude je suis beau gosse moi mais les filles vous lorgnent pas à ce point-là même pas les pucelles il me comptait les pores de la peau les poils de barbe je me surveille d’abord je me déguise en joli avec les genres de tête que j’ai de bien on l’apprend tout jeune ensuite ça me fatigue je laisse tomber lui il respirait très fort il grondait presque il crispait les deux mains sur l’appareil plaqué contre sa poitrine un grand reflex qui coûte des mille ses yeux bougeaient sans arrêt glissaient de ma tête à ma queue remontaient pas affolés mais furieux précis mauvais il grinçait des dents il m’aurait arraché la peau croqué les balloches vitriolé

calme-toi pépère tu me flanques les foies prends tes petites images bien doucement ma parole t’as briffé du céhéresse

pauvre abruti maintenant recouche-toi branle-toi jouis-toi sur la figure craches-en un gros paquet il était hors de lui il parlait sourdement par saccades

minute on avait pas convenu ça je lâche pas ma purée pour cent balles et compte pas que je m’en envoie à la gueule y a des limites hein gros lard

petit crétin fais ce que je dis obéis dépêche-toi ou je te giflerai

t’es jaloux non papa tu te la voudrais bien la tête à claques et pourquoi il t’intéresse mon foutre t’es impuissant c’est ça ? regarde bien alors perds-en pas une goutte renifle-le avale-le à la cuiller c’est du fin choix       je me branlais je l’injuriais parce qu’il me gênait pour jouir je l’envoyais au diable je m’isolais je décharge c’est vite réglé ça part où ça veut j’en reçois sur moi le vieux est content il ne joue plus les photographes il s’avachit il sue il frissonne on dirait qu’on l’a fouetté à mort sa figure se vide et blêmit

alors t’arrives toujours pas à la tirer ta crampe pépé ? t’es bien malheureux va tu ferais mieux de te flinguer       il ne répond pas il a quitté péniblement la pièce en titubant et avec un air de nausée comme s’il allait dégobiller il revient col déboutonné mauvaise odeur de lavande sur son front humide il me tend un billet de cent francs un vrai un neuf je le tâte pour le plaisir puis je réclame de la monnaie à la place et je m’en vais c’est marrant j’avais déjà lu ça sur les pédés maintenant je le sais

il fait bon dans la rue ces nuits de juin tout redevient beau je cherche un square ce serait bien de roupiller dans l’herbe tranquillement avec la lune en haut       je ne connais pas ce drôle de quartier on est venu en bagnole c’est le coin affreux sales petites rues emberlificotées immeubles de brique grise manufactures à moitié écroulées verrières terreuses rails de je ne sais quoi sur les trottoirs et la verdure non pas un brin si au moins je dénichais une pute une grosse lugubre près des usines

je longe une rue qui borde un canal ça pue l’essence l’étron le cadavre ils larguent au jus leurs chiens mourants et des liquides verdâtres rougeâtres gluants paresseux comme du pus qui descendent par des tuyaux pourris une pyramide de sable à béton derrière de grands barbelés des projecteurs sur pylônes et dans l’ombre deux ou trois mioches contre le talus ils se lèvent quand j’approche Vous pioncez là les mômes c’est pas un endroit

t’as pas un franc ?

pas de monnaie non le fric ça se gagne on vous a pas appris

t’es vache ho pour lui lui là il est malade

rideau je connais le truc allez bon vent

attends attends eh

toi moutard à ton âge je tutoyais pas les hommes c’est des façons peut-être ?

parce qu’y aurait une gonzesse on peut vous amener chez elle elle est chiéement bien elle a des doudounes comme ça

des doudounes mouche-toi donc eh c’est ta sœur qu’a des doudounes ?

non une bonne femme on vous jure on a une part si on lui r

ouais le grand frère planqué dans un coin plutôt je connais aussi arrête ça tiens mais il est rien girond votre copain avance un peu oui lui       ouais ouais dis-moi la fille je te file un coup dans la rondelle vous avez dix francs pour vous trois

ils se regardent celui que j’ai montré écoute les autres qui lui chuchotent des histoires il renâcle ils insistent j’entends des mais si mais non puis ils se tournent ensemble vers moi

c’est pas assez cher dit le plus crasseux un noiraud avec des yeux pas droits

hein je marchande pas il le prend pour quoi non son panier merdeux un bouquet de fleurs ?

c’est pas assez cher répète le garçon c’est vrai ça fait mal quoi dis oui

dégage et toi l’autre ta pastille tu t’en sers ? ça t’irait dix francs à toi tout seul ?

faut qu’on partage       c’est pas assez faudrait quinze oui quinze francs mais pas avec moi parce que moi on y arrive pas c’est pas un char même que j’ai des hér

mon œil eh ben c’est pas dommage des petites flottes pareilles ça sait à peine se torcher ça vend déjà son paf comme un vieux calcif ffff tiens pour les dix francs la sœurette fais-moi un pompier un beau nœud comme ça t’en baves hein       il secoue la tête avec une grimace ses yeux ont quitté mon sexe et fixent quelque chose derrière moi il recule en tirant les autres par la manche ils s’évaporent dans le talus des barbelés       une voiture bleue luxueuse suit lentement le trottoir phares en code elle me rejoint je me reboutonne je bouge pas d’un pet un type à l’arrière ouvre sa vitre et me parle poliment

il n’y avait pas des enfants avec vous à l’instant ?

mes frangins vous leur voulez quoi ?

je sais qu’ils dorment souvent ici où sont-ils ?

je vous les fais à deux cent cinquante les trois mais y en a un qui bigle allez je blaguais ils sont là       je montre avec le pouce et deux hommes descendent aussitôt ils se précipitent dans le fossé ils découvrent les gosses qui résistent à peine ils les ramènent le monsieur de la voiture sort la tête et examine les gamins comme un grand-père attendri C’était seulement celui-ci murmure-t-il en désignant la mignonne relâchez ses camarades donnez-leur quelque chose

et moi pour le renseignement ?

à monsieur aussi ajoute-t-il ils passent des gros sous aux moufflets le joli ne s’inquiète plus il contemple la voiture il attend sagement près de la portière du vieux qui lui lance des sourires et les deux costauds me sont tombés dessus ça a cogné de partout j’étais sur l’herbe assommé saigné à moitié mort je me demande où ils ont tapé je ne peux plus rien remuer j’ai la tête et pas le reste quelqu’un s’enfonce dans le fouillis nauséabond qui bourre ce côté-ci de la ville un canal s’ouvre par là un homme gît sur la berge je me penche l’homme est assoupi évanoui ou mort une couverture abîmée le protège un ruisseau de sang coule jusqu’au caniveau le mourant a un visage net et bleuâtre forme raidie immobile sauf ce reptile vermillon et brillant qui s’échappe du corps l’homme se réveille se redresse un peu réclame à boire je recule je le croyais inoffensif comme sont dans l’impasse ces chattes pleines folles de caresses et fantomatiques qui me glissent entre les pieds et me font sursauter je m’agenouille mon pantalon s’imprègne de sang ni chaud ni froid j’hésite à toucher le cadavre une ombre se dégage d’un portail pénètre sous un autre porche et le franchit ou s’y affaisse l’inconnu est bien mort là-bas il y avait un canal une autre victime et plus loin ces maisons tranquilles à grand jardin qui précèdent la campagne un garçonnet demi-nu est assis sur une chaise longue d’osier roux en arrière d’une pelouse sa main aux doigts délicats et petits tient calmement sa pine en l’air ou s’y suspend elle-même une blessure balafre le gras du pouce mais le sang qui jaillit rutilant le long du poignet épargne la bite dodue rose crémeux libre et rieuse comme une joue de polisson débarbouillé tout frais pour un dimanche de printemps dînettes babillardes boissons sucrées qui piquent promenades ombragées de feuillage translucide jeux enfantins au vieux soleil de mai

le ciel se couvre le garçon reculotté est sorti dans la rue avec un avion qui éjecte des parachutes lestés et des balles de ping-pong en guise de bombes je ne me doutais pas qu’on leur fabriquait de vrais avions volants

il tournait au-dessus de nos têtes il y eut des ratés l’avion ralentit hésita oscilla se mit à trembler puis fila tout droit s’écraser contre le mur d’un garage plusieurs petites balles sautillèrent et l’avion rebondit sur le trottoir le gamin était rouge d’envie de pleurer j’aurais bien ri j’aurais dit il est foutu ton bel avion foutu il me l’aurait jeté à la tête il est gêné que quelqu’un ait vu l’accident il ramasse l’avion il fait semblant de ranger les bombes dans leur soute et de redresser les ailes tordues il tripote l’hélice bloquée il se coupe la paume sur une pale il lèche le sang puis ce sont des pleurs une colère il piétine l’avion et les balles claquements de ferraille creuse et de celluloïd qui pète il court vers le jardin en tenant sa main blessée je m’éloigne sans hâte

c’est lui c’était lui je le reconnais ! une cavalcade derrière moi deux flics en uniforme un monsieur chauve une femme maigre et le mioche qui me montre du doigt les flics me ceinturent le papa me dévisage froidement et m’envoie son poing dans le menton la maman aiguise ses griffes les unes aux autres elle me déchire les joues je reçois un sale coup de tatane dans les couilles ils écartent la femelle qui s’acharne avec ses talons aiguille T’es bien sûr que c’est lui ? demande enfin un flic au gosse je gémis Mais quoi moi ? Répète ce qu’il a fait ordonne l’autre flic C’est un sadique il est rentré dans le jardin il a ouvert son froc il m’a couru après il un cinglé y avait personne à la maison je passais chaque bel après-midi seul j’écoutais les enfants des jardins alentour surtout ceux de l’institution il y a beaucoup de garçons ils sont prétentieux ils ne nous parlent jamais je prenais la grande échelle pour cueillir les cerises je l’appuyais au mur mitoyen je regardais leur parc il y avait trop d’arbres je suis monté une fois sur un marronnier que j’ai rejoint par la crête du mur et de là j’ai espionné c’était à ne pas croire ils se la branche a cassé ils m’ont recueilli et soigné je suis l’un d’entre eux personne ne me retrouvera il n’y aura bientôt plus aucun voisin ils rachètent leurs villas et les font démolir ils plantent des arbres ils agrandissent le parc et s’isolent davantage ils ont grignoté tout le coteau derrière eux jusqu’à la forêt et supprimé les maisons du village qui dominaient leurs prairies les enfants se montrent quelquefois dans la rue maussades et vêtus comme des Parisiens moi évidemment on ne me sort pas bien que mes jambes soient guéries si je revenais aujourd’hui je découvrirais que leur sale boîte n’existe plus on a revendu la propriété en parcelles il reste une maison vide et le premier jardin je serais le seul survivant parce qu’on prétend que les garçons disparaissaient un à un et peut-être assassinés je ne l’imagine pas Ce gosse est hystérique je ne suis jamais entré chez vous vous n’avez pas le droit Assez je vais le mettre en bouillie ! glapit la mère indignée un bras vêtu de bleu à gauche un second à droite me saisissaient sous les aisselles et on me poussait sur une chaise les types me torturent pour que j’invente des monstruosités je n’ai plus le droit d’être seul ma mémoire ranime ces corps ces visages les mensonges qu’ils m’ont fait dire j’espérais que c’était un bordel particulier un tourment de faveur une situation que j’avais choisie       je peux m’interdire d’y penser chercher un abri dans mon propre corps il est où je veux il ne subit rien je prends pour des cris le souffle de ma respiration et pour un épuisement le plaisir de dormir je vis dans une tiédeur perpétuelle un calme absolu la grande maison qui m’environne et son activité aux mille rumeurs sont soucieuses de moi placé là impassible essentiel je ne sens plus les corps pourrissants ligotés près du mien je crée une ombre qui les cache la pureté de ce noir où tout s’absorbe et rien ne bougeait plus

celui de mes yeux qui demeure ouvert reçoit des clignotements d’étoiles une silhouette les éclipse soudain cheveux blonds visage invisible où seule la courbe d’un sourcil exprime un peu de surprise et de peur et les place dans le miroitement d’un seul œil le jeune monsieur se baisse il me juge mort puisqu’il ne prononce pas un mot il touche précautionneusement ma peau elle ne peut pas être déjà glacée il va comprendre mais il soulève la couverture et s’allonge sur moi il a vu la source de ce ruisseau de sang mon bas-ventre émasculé il y presse le sien il embrasse mon front en sueur et son sexe durci fouille ma blessure je hurle de douleur au-dedans de moi je suis paralysé il se déchaîne malgré la tendresse de ses traits et de son âge il s’agrippe partout à moi empoigne et tord mes joues mes bras mes flancs puis sa verge a percé quelques peaux dans la bouillie de mon ventre et sonde un trou osseux de mon pubis c’est l’image recomposée qui occupe le rêve où je suis évanoui je me réveille le jeune homme est debout près de moi et nettoie lentement son sexe et ses habits il doit être surpris qu’un cadavre ait tant saigné les plaisirs de la rue l’écœurent tout d’un coup

il remonte la couverture à mon front je tente de déplacer une main pour toucher l’endroit où je suis éventré si j’y parviens distinguerai-je son foutre de mon sang j’aimerais tenir entre mes doigts cette vie gluante qu’il a mélangée à la mienne à ma mort puisqu’il y croyait

j’attends d’autres passants qui sonneront au portail un peu plus loin ils viennent pour ces choses nocturnes ils sont durs et tendus ils visitent le bordel comme un cimetière un mémorial ou est-ce seulement la pénombre d’ici qui m’empêche de lire la gaieté de leur visage

je la partagerais je ne vis plus assez pour avoir mal un bonheur blanc et rond change mon corps en sphère une lumière crève cette coquille je vais éclater

ma chair continuait son travail et me défaisait doucement d’elle minute après minute je me dégageais je pourrai bientôt abandonner la couverture et ce qu’elle dissimule j’époussetterai mes vêtements je pisserai dans un coin ma main affectionnera le membre soyeux et charnu qu’elle tiendra je jetterai un dernier regard il y a un canal plus loin je m’appuierai au parapet d’une écluse je suivrai la rive jusque dans les champs le jour naîtra il s’annonce par des claquements de volets des passages d’automobile et des cornes de brume il n’y a pas d’arbre pour les oiseaux leurs cris sinistres leurs nichées qui font sous les feuillages le bruit d’une famille de rats dans un grenier

les premiers écoliers circulent il y a aussi des fillettes mais je ne m’y intéresse pas je ne laisse rien exister d’inutile

depuis un instant je ne saigne plus c’est un vertige de moins je ne risque pas de perdre conscience tout ce qui était à perdre est déjà perdu des heures passent par moi sans s’écouler

je répands donc cette lumière et j’élève ces silhouettes j’y habite je suis ces murs ce toit cette chair ces végétaux dont la couleur changeante crée l’aube la nuit et les saisons       rien ne survivrait sans les générations de garçons recueillis là et qui répètent à l’infini les seules choses qui entretiennent la fuite des jours et l’immobilité du souvenir je tourne au sein d’une journée elle a ses images qui s’ouvrent en éventail à partir de ce point que je marque d’un corps moribond et le sperme l’urine le sang s’étalent autour de moi comme les entrailles d’une momie dans ses vases canopes ils en avaient dressé une très haute au milieu de l’allée avec des perches entremêlées des chiffons des bâches des caisses en carton un empilement prêt à s’effondrer puis au moment prévu l’autre équipe de garçons se précipita sur la momie c’est défendu d’y toucher il faut deviner s’il y a quelqu’un dedans les chercheurs ont fait plusieurs fois le tour ils se sont mis sur la pointe des pieds nous on les apercevait un peu ils se sont brusquement arrêtés de bouger il y eut quelques chut ! maintenant ils écoutent si nous on s’agite sous notre bazar au moindre bruit ils gagneraient ils n’entendent rien ils commencent à essayer de nous faire rire c’est ce qu’on attendait le plus on se serre l’un contre l’autre je l’étrangle même à un moment où il ne se retient plus il ne lâche qu’un petit gloussement l’équipe dehors ne le remarque pas mais ça ne va pas durer on se marre trop c’est un jeu on n’y joue plus la momie il faut du foutoir et après personne n’est content de ranger mais c’était bien ses couic et quand on s’étouffait pour ne pas rire jusqu’à ce que


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