Paysage de fantaisie (9)

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au milieu de la nuit ma respiration s’arrête un ventre maigre se colle à ma figure je le repousse du front j’aspire une grande bouffée d’air lourd obscurité complète où pèse l’odeur fade des garçons plusieurs mains frôlent mon pyjama et cherchent à le défaire je suis à plat ventre je cache la tête sous mon oreiller j’essaie de me rendormir une vague de bras et de jambes court sur moi je donne des coups de pied au hasard je me retourne on tire violemment ma main on la pose sur une bite immobile qui me mouille aussitôt les doigts je dégage mes jambes coincées entre deux cuisses longues et dures je remonte ma culotte de pyjama on me saisit les chevilles j’entraîne mon oreiller je me débats un menton pique mon épaule un corps dodu tout courbé chevauche mes lombes de travers une main se glisse dans mon col et une autre dans ma braguette je suis moite on souffle on rit à voix basse on me prend légèrement les couilles je bondis en arrière trois ou quatre bras m’enlacent on me fait une clef autour du cou je mords une main j’ai le goût de doigts sales sur les lèvres une petite pine me frappe l’oreille son sperme coule le long de ma joue le lit craque et grince un bas-ventre sans poils me cogne le nez je pince un morceau de fesse entre mes ongles je boxe d’autres hanches qui m’écrasent montent descendent contre mon buste je m’assois à moitié mon pantalon de pyjama est arraché ma veste déchirée par une manche j’ai la fièvre je transpire sur les peaux nues qui me pressent       ma figure se heurte à des genoux et des doigts de pied les garçons sautent sur moi boulent se vautrent m’étreignent s’éloignent reviennent disparaissent       des hanches lisses et osseuses s’agitent frénétiquement en bas de mes cuisses une aisselle brûlante se referme autour de mon nez un autre petit bras m’enserre la taille les jambes par couple fouillent les miennes je reçois des baisers furtifs l’orage aiguillonne les garçons ma sueur s’évapore en me rafraîchissant ils ne me font pas mal ils volent des contacts mélangent aux miennes toutes les parts de leur corps nudités rapides trop soyeuses qui jouent comme des souffles et des rumeurs puis se pétrifient ou s’échappent les genoux les coudes les poitrines aux côtes haletantes me submergent j’ai un vêtement de mains de bouches et de ventres crispés dont pointe la pine aveugle je roule au fond du lit je lance à nouveau mes poings dans le noir les corps s’écartent quelques mains m’effleurent très vite comme si elles touchaient du feu je veux remonter mes draps le cercle de garçons se renoue j’attrape et je mords des membres je crache sur des peaux fluides et de longs muscles se tendent m’emprisonnent les garçons nagent autour de moi forment une cage odorante d’entrejambes et d’haleines enfantines je me secoue je suis en eau les bites nerveuses les couilles ballottantes caressent ma figure mes flancs mon sexe je n’en peux plus je tape dans tous les sens ma prison vole en éclats je me lève je cours à la fenêtre j’ouvre vite les volets je respire ils m’ont suivi et je les vois la bite et l’œil luisants

le jardin a un parfum de pluie les feuillages flottent l’air électrique lance des milliers d’épingles nous descendons là j’ai pu mettre une culotte et des sandales ils galopent derrière moi je me précipite dans les buissons où la nuit me cachera

après déjeuner la sieste il faisait très chaud ils n’étaient pas obligés de dormir mais ils devaient rester tranquilles parler doucement ne pas se battre une douzaine de grands se rassemble près d’une fenêtre aux persiennes closes le soleil dévore chaque rainure du métal flammes horizontales blanc jaune bavantes molles déchiquetées ils se groupent étroitement surveillent derrière eux chassent les gêneurs plusieurs stries de lumière tailladent le clair-obscur des garçons et au gré des corps qui piétinent et des têtes penchées ensemble ou divergentes ces zébrures leur jettent des éclats de miroir brisé reflets tournants plaqués anguleux accrocs mobiles et incandescents de la chair nue brasiers de chevelures et d’avant-bras imberbes ils observent une chose au milieu d’eux Jacky leur chef se branle au-dessus d’un verre à dents il lâche un grand jet glauque puis d’autres plus brefs les garçons rient s’écœurent ensuite Jacky passe le récipient à son voisin qui se masturbe à son tour et éjacule en se pliant sur le verre pour ne rien renverser       le verre circule de main en main il se remplit peu à peu gouttelettes tressautantes coulées de bougie furoncles qui crèvent lointains vols de colombes filets gluants qui s’étirent entre le méat des pines et le bord du verre épaisses giclées dont les saccades mal contenues s’écrasent quelquefois au sol et quand chacun a déchargé Jacky reprend le verre il remue le mélange de liquides incolores de flocons blancs de filaments nacrés les garçons se retournent vers le dortoir et marchent sur Yann qui écrivait

il arrache avec les dents le petit bouchon de plastique creux qui ferme l’extrémité mâchonnée de son stylo-bille il suce la cavité du bouchon en aspirant pour faire le vide et le bouchon colle à sa langue comme une ventouse il tire grand la langue il louche dessus il la tourne à gauche à droite et montre l’organe mouillé rose et son clou bleu il rentre la langue détache le bouchon mâchouille suçote refait le vide recolle la ventouse et reprend tout ce manège pendant une petite-heure en dessinant des croquis sans baver       il représente un bateau à voiles un trois-mâts avec tous les détails imaginés il voit les garçons l’entourer il cache rapidement ses feuilles de papier sous le lit il est empoigné renversé mis en croix Qu’est-ce que vous avez ? les grands lui immobilisent la tête forcent et ouvrent sa mâchoire Jacky dit

tiens monsieur d’la pédale c’est c’que t’aimes il verse dans la bouche de Yann tout le verre de foutre l’enfant s’étrangle souffle avale de travers tousse et appelle Claude le sperme coule par ses deux narines son visage est éclaboussé des sourcils au menton sa salive sa morve ses larmes sont du foutre il s’essuie furieusement avec un coin de drap une chaleur lui monte de l’estomac aux tempes et il vomit

tu es extrêmement beau       Claude hoche la tête il tire des boucles de crin par un petit trou dans l’étoffe du fauteuil rouge où il est assis poils noirs et durs boucles de bite l’homme est agenouillé en amoureux il tient une main de l’enfant il n’a pas ôté son pardessus il le garde en toute saison

tu me plais infiniment Claude je ferai beaucoup pour toi

oui répond Claude d’une voix sourde il regarde un paquet enrubanné sur la table à pieds galbés et dorés ce sont sûrement des livres

donne ton autre main       Claude tend une main inerte et bien propre l’homme la baise lentement ses lèvres sont larges et sèches ses longs cheveux gris se hérissent sur sa nuque quand il penche le cou

lève-toi Claude       l’homme saisit les hanches de Claude et embrasse ses vêtements avant de les déboutonner avec délicatesse

je n’avais pas encore vu cette chemise elle te va très bien

on m’l’a achetée mardi       l’homme quitte toujours Claude à six heures l’enfant épie l’horloge de l’église la maison est silencieuse le salon à l’ancienne tout ensoleillé sent les confitures poussiéreuses la cire humide l’insecticide il y a des cafards Claude pense à la piscine sur la rivière et aux camarades qui s’y baignent ou qui jouent au foot dans le pré voisin il y sera tout à l’heure il ne racontera rien on ne se parle jamais ouvertement entre garçons de ce qu’on fait avec les visiteurs dans les petites pièces du château l’homme embrasse l’épaule nue les cheveux la nuque blanche de l’enfant et lourdement il laisse descendre sa figure le long de la colonne vertébrale entraîne le slip et la culotte avec ses mains et plonge entre les fesses de Claude une langue énorme cette caresse dure chaque fois très longtemps et Claude malgré lui bande peu à peu il cambre le derrière son anus s’ouvre et se ferme autour de la langue obstinée et inconsciemment sa main prend son sexe le tord contre une cuisse et l’étreint

va à la fenêtre s’il te plaît       les doubles rideaux sont pourpres galonnés d’or Claude se trouve ridicule tout nu en chaussures basses et chaussettes il les retire en s’appuyant à la commode chargée de bronze l’homme dit Tu as vraiment beaucoup de grâce Claude j’aime tes gestes le bois couleur d’écaillé joue avec le soleil et deux singes automates vêtus en musiciens chauffent sous un globe il y a une poupée Directoire au visage trop rose et aux bras stupides posée sur une console à l’angle de la fenêtre et entre elle et la porte de la salle de billard une longue gravure encadrée montre un bateau à aubes aquarelle taché de brun et dessiné d’un trait filiforme sur des flots en filasse

l’enfant ne bande plus l’homme cherche les yeux de Claude qui évite ce regard aigu et se gratte une fesse l’homme vient à genoux ses lèvres gobent à la fois couilles et bite recroquevillée il les laisse fondre sur sa langue ou marmonne dessus comme un vieillard sans dents sa sueur coule en larmes qui suivent les yeux le tour du nez les rides de la bouche le bord des oreilles d’autres gouttes perlent comme des verrues transparentes sur les tempes les pommettes

j’ai trop chaud excuse-moi dit l’homme il se lève et ôte enfin son pardessus il apparaît en costume noir d’un épais tissu feutré il déboutonne à demi sa veste

ça te ferait un drôle d’effet si je me déshabillais n’est-ce pas ? Claude se retient d’approuver ses yeux inventent et projettent sur la cheminée une silhouette d’adulte nu sec très velu elle recouvre l’image oblique et plus petite de l’homme en noir reflété dans la glace Claude a un vague mal de cœur il souhaite que l’homme ne se déshabille jamais un type bizarre il n’ouvre même pas sa braguette il traite Claude d’une manière autoritaire mais pleine d’égards il apporte à chaque visite deux fois la semaine un cadeau sérieux et il est encore plus passionné depuis que l’enfant a un peu de sperme Vlà l’père Ventouse pense Claude tandis que l’homme réapplique la bouche à son trou du cul et entretient l’érection du gamin en pinçant adroitement son prépuce et ses couilles

ton sexe est de plus en plus beau quel âge as-tu maintenant ? il suce chaque couille trop fort comme s’il mangeait des dragées des fruits tendres à noyau la douleur détend la bite de Claude elle plie par le milieu et se coude en robinet il dit douze ans

non Claude tu les avais déjà quand on s’est connu

oh douze ans et demi un peu plus

six mois et combien ?

on est le treize non ?

oui Claude

alors attendez ça fait euh       neuf jours

neuf murmure l’homme avant de resucer

le jardin au soleil avec ce petit garçon qui a franchi une porte une brèche du mur il s’approche timidement il est du village et les riches pensionnaires lui font peur tous beaux tous tout

regardez cet idiot qu’est-ce que tu fous ici ?       petites fleurs dans sa main bleuets bourrache mouron rouge colza pimprenelle des horreurs feuilles avortées tiges ligneuses des fleurs oui pour un cadeau

je suis Serge je viens voir un garçon qui s’appelle Claude

qui ça Claude y en a trois       et aussi Claudette la vieille cuisinière sa face moustachue de musaraigne son sourire par le nez ses bandeaux mal faits

c’est pour lui là tes fleurs ?       Serge regarde son bouquet avec confusion Je les ai cueillies comme ça dit-il en hésitant

y a aucun Claude ici répète un grand qui commande Et t’as pas le droit d’entrer emmenez-le       ils traînent leur prisonnier à la sortie du parc vers les champs un massif de glycines et de tamaris dissimule le garage ils y cachent leur chaise de torture ils ont vissé au milieu un ancien manche d’outil en bois pansu poli long d’une main et enduit de graisse noire ils arrachent le short et le slip de l’enfant qu’ils soulèvent par les bras et les jambes et qu’ils présentent au pal deux acolytes orientent ses fesses les écartent tâtent l’anus y nichent le bout rond du gros manche ils appuient brusquement sur le ventre de Serge le manche mal lubrifié froisse son trou et le perfore en biais Eh oh c’est mieux que Claude hein ? ils ligotent le mioche très serré ils le jettent à quatre pattes couvert par la chaise comme par un chien qui copule ils tapent des pieds dans le fond du siège ils agitent son dossier et le balancent ils remettent l’enfant d’aplomb s’assoient à tour de rôle sur ses cuisses et y font du tape-cul mais Serge qui braille ne saigne pas assez et ils disent T’as vu cet enculé ça lui fait rien       l’enfant pleure bien plus fort quand ils déchirent ses vêtements et les brûlent sur des chaumes ils prennent un chemin à travers un champ de patates en fleurs qui sent les doryphores et leur suc jaune acre poivré ils atteignent l’esplanade où s’élève une chênaie ils pénètrent sous les arbres l’amoureux du village est attaché nu à un tronc ils se moquent de son corps ils le piquent avec des brindilles ils lui tiraillent la pine Où il est Gérard l’avait pas trouvé une couleuvre à midi ? Si il est en bas il l’a gardée dans un seau Merde au poil qu’i s’ramène et une canne à pêche aussi

ils couraient derrière moi la nuit lourde m’affolait je les ai regardés l’herbe j’y tombe je crie Enculez-moi oh enculez-moi et les chasseurs stupéfaits s’arrêtent net presque tous sont nus un vent puissant courbe les grands arbres Je vais vous sucer oh j’aime vos bites oh j’aime vos couilles Mais il est sinoque le Bob écoute ça       l’enfant est accroupi dans un rayon de lune grise les nuages gonflent et l’obscurité engloutit les garçons queue bandée le corps ivre ils empoignent Robert Tu veux des bites tu veux ma bite tu sens ma bite au cul bouffe ma bite oui ma bite oui pousse-toi vite ma bite je jute ils se l’arrachent ils le violent l’inondent le ciel libère une pluie sauvage qui cingle les peaux blanches l’enfant livré à la meute ouvre ses fesses culbute se branle s’écroule gémit passe la langue sur des queues baveuses de sperme ou chaudes d’avoir foré son cul ou salées d’urine froide mais aux premiers éclairs tout le monde a disparu sauf un garçon qui relève doucement Robert la pluie les écorche leurs cheveux dégoulinent leur ventre pisse les fesses pissent le bout des doigts pisse et les bites pendantes et le nez ils se touchent essuient l’eau qui agglutine leurs cils ils s’enlacent debout leurs jambes ruissellent le petit s’agenouille dans l’herbe spongieuse et suce le membre du garçon frissonnant

seul Gérard ose toucher le serpent il tire du seau une très grande couleuvre rousse poudrée de terre il pique à sa queue un hameçon fort et les garçons attachent le fil de pêche à une branche du chêne où Serge est ligoté le serpent tête en bas se tortille et se cambre à deux doigts du visage de l’enfant ce n’est pas un gamin des fermes mais le fils du tabac ou de la postière il s’agite dans ses liens et tente désespérément d’éviter la couleuvre elle saute par à-coups et fouette la figure muette et livide du petit en sueur les garçons ont une nouvelle idée Gérard détache le serpent il s’installe aux pieds de Serge il pince la tête du reptile pour ouvrir sa gueule et il l’approche du sexe de l’enfant qui hurle sa bite taquinée par ce museau où frétille une langue bifide mais la couleuvre échappe à Gérard et elle mord       ses dents fines la suspendent au pénis elle ondule entre les jambes de Serge jusqu’au sol où sa queue fait des boucles elle tombe enfin et la pine déchirée saigne à gros bouillons

dans l’eau sous les roseaux coupants et un auvent d’ardoises sur ses piliers de bois le lavoir la pente douce de ciment le bassin les vipères glissaient à travers les chemises et les slips savonneux que les femmes secouent dans le courant la rivière crépitante de pluie les lentilles d’eau qui oscillent parmi les pierres mousseuses et le joli garçon du château une chemisette de soie bouton-d’or une culotte noire au pli frais un mioche près de lui short crasseux et en vieilles tennis Claude aimait enculer les plus petits il craignait qu’on se moque il s’était lié en secret au village je rampais dans la broussaille je les épiais tapi à plat ventre ils étaient là malgré l’orage une longue bite lisse comme un cierge et l’amande rose de sa tête je souffre qu’un jeune garçon ait ce beau membre je gratte ma charogne je rentrais au cimetière avec ces images et mes ongles lacéraient les cicatrices de mon bas-ventre       pas un qui m’aurait donné son derrière ou son sexe à manger même le plus laid le plus gras le plus foireux j’aurais connu la chair ma pauvre ordure les met en fuite ou leurs coups leurs pierres leurs bâtons je les reçois comme des baisers j’admire mes blessures de beau sang ils savent en faire jaillir mains de jouvence je ne m’arrache moi-même que du pus

Claude c’est vrai qu’tu connais un mec Serge au patelin ?

un petit oui il m’emmerde

ben dis donc si t’aurais été là d’taleure

un autre enfant joue au lavoir avec des navires improbables on peut les repêcher à l’écluse en contrebas lui m’a vu sans se sauver Yann essayait un galion pataud lourdes voiles en torchon rayé rouge gaillards tours de Babel aux niveaux enchevêtrés de passerelles en allumettes pavillons de papier doré la coque rouge les mâts verts gréements de ficelles disparates canons en tubes d’aspirine pont incrusté de ferrailles écrous et vis molettes de briquet alignées par douzaine griffes de stylo bobines tuyaux agrafes moteurs de rasoir ou d’auto mécanique clous portant des mains courantes de laine à tricoter grosses lampes de radio poulies courroies manivelles rouages de réveil escaladant les mâts ressorts courbés en étranges radars et à la proue des drapeaux multicolores découpés dans un dictionnaire pendent au beaupré que termine un crâne d’oiseau à long bec Il n’a pas de nom ton bateau ?

si mais je le dis pas       Yann répondra d’un ton sec et ne me parlera plus jamais il attend près du lavoir son bateau sous le bras et l’air embarrassé s’il m’aperçoit       chaque été les bandes se reforment moi encore vieilli René à présent commande tous ces galopins sa mère baissait sa barboteuse à petits pois bretelles flottantes et le fessait dans la rue ils attaquent les garçons du château mais ils me cognent aussi dessus je ne bouge plus de l’ancien cimetière terres grasses ravagées tumulus il y a de longs ronciers où je suis à l’abri et assez de pierres pour protéger mon feu je prends dans les ronces quelques oiseaux à la glu c’est ma nourriture et des herbes cuites et le pain des chiens de ferme qu’il faut voler aux grosses chaleurs de l’après-midi j’ai fait cela je ne le peux plus mais je l’ai fait

t’habites là-haut toi ? demande René à l’inconnu

oui dit Yann il a un frisson de vanité il rajuste les ficelles de son bateau et fait cliqueter des engrenages il est marrant ton bateau ça dépend si on s’y connaît réplique Yann vexé les bateaux tout finis qu’on lui offre ne l’intéressent pas même luxueux ni les maquettes à construire il n’aime plus qu’en imaginer ce sont les seuls vrais il éventre les autres coupe perce peinturlure empile cloue ficelle et bricole des bâtis incompréhensibles qu’il leur plante sur le dos ils n’ont pas le droit de flotter avant

t’as déjà été dans l’île ? continue René

je connais pas d’île

celle des châtaigniers après la forêt à l’hospice sur la route au calvaire en bas là tu sais pas ?

non

c’est une île y a une rivière au milieu mais toute petite hein tu l’enjambes c’est comme un canal juste pour des bateaux comme ça on y va en barque nous       Yann très intéressé ne répond rien il ne faut pas aller jouer avec un ennemi René comprend et se retient de casser la gueule au petit il craint des représailles avec eux on en touche un il vous en tombe vingt dessus ils se serrent les coudes ces bêcheurs

je te connais pas       René tente autre chose il se déboutonne       les deux vieilles qui travaillaient aux cuisines ignoraient tout elles admiraient les voitures des visiteurs les gosses vont sans arrêt dans le potager autour de leur cuisine on ne sait pas pourquoi ils s’y plaisent comme des moineaux elles ne sont pas méchantes elles les appellent et leur passent des bouts de viande en sauce tartines beurrées aux cornichons cuillères nappées de mayonnaise ils s’enhardissent entament le pain d’épices de leur quatre heures lèchent le fond des pots de crème glissent leur nez dans les casseroles que touille Claudette volent un œuf ou un petit sachet de sucre vanillé qu’ils se vident dans la bouche ou des fruits confits Bobby justement a un long morceau d’angélique il refuse de partager il y a un garçon malade c’est pour lui Bob frappe et entre sur la pointe des pieds la chambre est sombre le malade ne dort pas son visage souffre il regarde Robert d’un œil vide et anxieux il refuse l’angélique Bobby déçu la pose parmi les médicaments il aime les malades embrasser leurs joues trop chaudes les rides du vieillard se creusent se multiplient ses paupières croûtées chient aux commissures ses mains grattent la terre et l’herbe le long de ses jambes il urine et plus lente que le flot une tache humide envahit son pantalon le soleil de midi éblouit ses yeux clos il essaie de relever la tête cet effort le suffoque il délirait ses lèvres desséchées pendaient bégayaient agonie inaudible dans le cimetière neuf un chien aboie et des cris de femme le font taire

gland épais peau brun clair René debout se branloche et sa bite très durcie lui colle au ventre il se décalotte en surveillant l’effet sur Yann l’anneau fripé du prépuce s’évase glisse et découvre le nœud son bord gercé pâlit Yann observe avec dégoût le dessous du gland l’échancrure en fer de lance que le frein partage filet mince étiré par les vagues de peau qu’il retient et qui roulent sous les deux volutes de ce cœur à l’envers Je te connais pas répète-t-il et il fixe l’écœurant gland tout nu

j’ai un vélo répond simplement René il sait que personne au château n’y a droit ils en rêvent tous Ils se sauveraient expliquait Claudette Mais pourquoi ? demande l’éplucheuse Allons un orphelinat c’est un orphelinat ils ont beau avoir le luxe je vous dis qu’on les surveille       elles cuisinaient très bien et du très bon tant on achète de riche nourriture viandes volailles laitages sucreries fruits fromages légumes fins il leur en passe de l’argent par le bec à ces mômes

un vélo ? dit Yann au bout d’un moment

ouais tout neuf

ah

un dérailleur six vitesses

six

ouais

il est peint en quoi ? en rouge il est rouge ?

ouais       avec un guidon de course

ah

et des cale-pieds

ah

j’l’ai laissé sur le pont viens voir tu l’essaieras       l’abri du lavoir s’adossait à une pile du vieux pont la rivière est celle qui coule dans leurs prairies en amont du village et malgré la piscine on y pêche plus bas et du gros

moi je sais pas monter dit Yann qui rougit en touchant la sonnette


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