Quand mourut Jonathan (37)
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— Est-ce que vraiment j’ai l’air fatigué ?… demanda soudain Jonathan.
— Fatigué ? T’es fou non, t’es superbe ! dit Simon. Superbe ! Bien moins crevé qu’à Paris. C’est la campagne, ça, tu dois te rendre compte. Putain, moi, à ta place… Au fait, et le travail ?
— Ça va, oui. Mais j’ai trop fait de dessins, il faut que je recommence un peu à peindre. C’est moins difficile et ça se vend mieux. C’est abstrait, c’est subversif, ça fait riche, les gens payent.
— Moi, ça empêche pas, je t’aime mieux comme peintre, remarqua Simon. Tes dessins, sans te vexer, c’est un peu conformiste, je trouve. T’es peut-être trop doué, c’est ça qui fait académique !
— Oui, il faut croire, dit Jonathan. Tout ce travail, et finalement faire du déjà vu, hein. Mais je te promets de ne plus dessiner. On va dans le jardin ?… Et tes sculptures, au fait ?
— Pfff… soupira Simon. Je m’amuse. Je m’amuse, c’est tout. Pratiquement, y aura rien de sérieux tant qu’il faudra que je fasse un autre boulot. Alors, ça peut durer comme ça jusqu’à la retraite… Soixante ans, soixante-cinq… Pas marrant.
— C’est un bon âge, dit Jonathan. Ça fait gagner au moins dix ans, de commencer à cet âge-là.
Simon éclata de rire.
— Non, je ne plaisante pas, dit doucement Jonathan. Vraiment pas. Mais il se cache, ton fils.
Simon revint dans la cuisine, appela l’enfant et se servit un dernier whisky : l’heure tournait, il devenait temps de partir.