Abécédaire malveillant : T

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T

TABAC


Je n’ai aucun regret du tabac, que j’ai trop aimé. Je sens la fumée avec dégoût. – Soudain je vois le geste avide, un peu soucieux, de cet adolescent fumeur : et je glisse en lui, je porte cette cigarette à mes lèvres, j’approche le briquet. Un serrement de cœur, un chavirement. La frustration est brève, et le manque n’est pas de nicotine. C’est plutôt comme si, m’étant coupé le sexe pour accomplir un vœu, je surprenais un garçon qui se masturbe bien. Je suis un eunuque jaloux : puis tout s’efface en quelques secondes. Je suis guéri.


TALOCHES


À la porte du monoprix, une mère commune crie à ses gosses de trois et quatre ans, morveux, débraillés, membres sales, qu’elle vient de gifler et qui mangent en pleurant :

— Jamais vous m’dites merci, jamais vous êtes bien élevés !


TANTES


Les vieux efféminés deviennent la mère qu’ils ont haïe.


TÉLÉVISION


Il faut être prisonnier, exténué, décérébré ou grabataire pour se contenter de soirées où l’on regarde un téléviseur.

Sinon on s’active. On reçoit des amis, des ennemis, on sort en banlieue, on se prostitue, on assassine, on étudie les vins, les langues, les sciences, les cancres, le nu calviniste, les postes à galène, on râpe une motocyclette pour la manger au sel, on nage, on sodomise les romancières dont le nom commence par D, on gonfle ses muscles psoas, on adule quatre enfants enragés, on fête minuit au tambour, on écrit ce livre, etc.

La télévision ne s’améliorera donc jamais, puisqu’on l’éteint dès qu’on va mieux qu’elle.


TERROIR


Quand un père vit, travaille, là même où il est né, là où vivent ses proches, ses amis d’enfance, ses voisins de toujours, son fils accorde au monde une confiance unique.

Car cet adulte sait maîtriser les personnes et les lieux, il apprivoise tout ce qu’il touche : il est comme un fauve qui élève ses petits en leur apprenant le territoire et les techniques de chasse. La continuité est capitale de la terre à l’enfant et à l’homme digne d’eux.

La ploutocratie urbaine ignore cela. Elle noie les gosses dans du béton hurleur où des femmes et des flics les harcèlent. On appelle ça éducation : ça ne fait que des victimes cavernicoles, abruties, asociales, haineuses comme des chiens écorchés.


TOLÉRANCE


Celui qui se flatte d’être tolérant ne se demande jamais s’il est tolérable.

Il s’improvise tribunal : et il juge s’il faut proscrire tel homme, telle race, tel comportement, telle idée. Il est bon : il en acquittera plusieurs, il n’en tuera que peu.

Si la tolérance est un pouvoir qu’il s’arroge, en revanche on n’a pas à l’exercer sur lui. N’est-il pas un citoyen neutre, vertueux, généreux, exemplaire ? Il est acceptable de plein droit, il l’est de naissance : c’est l’humble supériorité qu’il se voit sur autrui.

Mais, par cette prétention insane, il invente les « anormaux » mêmes qu’il affirme tolérer, ou qu’il veut qu’on supprime.


TOTALITARISME


Les dictatures sont abjectes non parce qu’elles martyrisent les peuples, mais parce qu’elles leur ressemblent.


TYRAN


C’est en se dressant soi-même qu’on devient tyrannique.

Les « chefs » s’imposent une discipline rigide. On mange maigre, on s’habille utile, on ne boit pas, ne fume pas, on méprise les jeux, le sexe, on s’inflige l’étude comme un cilice et le sport comme un fouet d’acier.

Simple préambule à l’usage de la cravache sur le dos des autres. Je me méfie des austères : un homme qui n’a pas de vices ordinaires en a forcément de pires.


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