Les immoralités des prêtres catholiques (extraits)

De BoyWiki
Version datée du 28 avril 2019 à 23:08 par Calame (discussion | contributions) (Création)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Extraits concernant l’éducation et la sexualité, plus particulièrement la pédérastie et la pédophilie, dans le pamphlet anticlérical d’Émile Alexis Les immoralités des prêtres catholiques, imprimé en Belgique en 1868.

Les erreurs d’orthographe et de typographie ont été corrigées ci-dessous.
En revanche, on a conservé les orthographes anciennes mais correctes.

Chapitre premier




LES IMMORALITÉS
DES
p r ê t r e s    c a t h o l i q u e s .


__________


CHAPITRE PREMIER.

Caractère des prêtres catholiques.



Diliges Dominum tuum ex toto corde tuo, et in totâ animâ tuâ et in totâ mente tuâ.

Hoc est proximum et primum mandatum ; Secundum autem simile est huic : Diliges proximum tuum sicut te ipsum.

(Math., XIII. — Marc, XII).      

In is duobus mandatis universa lex pendet et prophetæ.

(Paul, XIII).      


« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. C’est là le premier et le plus grand des commandements. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Dans ces deux commandements, vous avez toute la loi et les prophètes. » Telle est la traduction des quatre versets ci-dessus que donne, à la page 45 de son ouvrage intitulé La Cause Catholique, un Très-Révérend Père de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur.

Qui ne sait que la Charité est, et doit être la base de la Religion Chrétienne, et que par conséquent en y retranchant ce précepte fondamental, cette religion est nulle, et n’a plus aucun effet salutaire pour le bonheur de la Société ? Qui ne sait que les exemples pernicieux finissent par faire douter des choses les plus saintes, même de celles révélées par notre divine Religion et par Jésus-Christ lui-même, et parviennent à en faire négliger l’observance ? Or, la publicité ne faisant que nous rapporter journellement des actes de tous genres contraires aux divins préceptes de cette religion, et surtout émanant de ses propres ministres, et persuadé que sans un changement efficace apporté à un tel état de choses, elle ne peut tarder à tomber et à disparaître à tout jamais, elle cependant qui est la religion par excellence, nous avons crû bon dans son intérêt ainsi que dans celui de la société et de chacun en particulier de faire ressortir, en nous aidant de tous les écrits, jugements, etc., etc., la véritable laideur de la transgression à ses divins préceptes, et de ne plus laisser aucun doute sur les causes réelles qui doivent la perdre inévitablement. Peut-être bien que les prêtres qui veulent passer pour de bons pasteurs, s’indigneront de- voir leur conduite ainsi dévoilée, et crieront à la calomnie et au mensonge ; mais le bien et le maintien de la religion devant, suivant leurs propres paroles, marcher avant tout, et ne voyant pas d’autres moyens de prouver combien nous y sommes attaché, qu’en la défendant contre les attentats que se permet contre elle une partie de ses prêtres, nous croyons remplir notre devoir de bon chrétien en faisant connaître les vrais motifs qui, d’après nous, affaiblissent dans l’esprit des fidèles et surtout des malheureux qui y ont le plus souvent recours, la croyance en l’efficacité de ses préceptes pour le bonheur du genre humain. En effet, la conduite de la plupart des prêtres n’est-elle pas en contradiction évidente avec tous les préceptes de l’Évangile ? Et n’est-ce pas cette conduite qui dégoûte de suivre une religion dont ils donnent un si pitoyable exemple des grâces qu’elle procure ? Combien d’actes scandaleux et immoraux : viols, attentats aux mœurs et à la pudeur, empoisonnements, vols, rapts et captations, finalement tout ce qui se peut trouver de plus cynique et de plus révoltant; combien d’actes contraires à toutes les lois de la nature ne voit-on pas se reproduire à tout instant dans le monde ? Tout cela ne devrait-il pas donner lieu à des réflexions sur la conduite réelle des mauvais prêtres d’avec celle qu’ils devraient tenir ! Toute prévention à part, si l’on examine en quoi consiste la mission du prêtre catholique, on se convaincra facilement quelles sont les véritables fonctions du prêtre, telles que la religion l’exige, telles que les a instituées J.-C.[1]




L’amour de la religion est éteint chez nos prêtres par l’amour des richesses, de la luxure, de la domination, etc. etc., et ils ne s’occupent plus que de leurs passions insensées. Aussi je relus attentivement le chapitre de mon ouvrage qui faisait leur apologie, qui parlait de leur abnégation, de leurs vertus, je le confrontai avec tout ce que je pus lire dans quelques ouvrages qui étaient loin de les louer, ainsi que dans un paquet de journaux que me donna un ami, et le revers de la médaille se présenta tellement ignoble à mes regards, que je me demande encore aujourd’hui comment ces hommes, qui avilissent la sainteté de leur sacré ministère, par le pernicieux exemple de leurs vices qu’ils donnent constamment au monde entier et que la publicité nous rapporte journellement, je me demande encore, dis-je, comment ils osent prétendre et croient encore parvenir à cacher plus longtemps leur odieux caractère. Malheureusement pour eux, malgré toute l’attention et tous les soins imaginables qu’ils mettent à cacher leurs mauvaises passions, celles-ci finissent toujours à percer le voile qui les couvre, et du tableau ineffable que l’on s’était d’abord fait de leurs vertus, on ne voit plus qu’hypocrisie et mensonge. Que cette maxime chinoise est vraie : « l’âme n’a point de secrets que la conduite ne révèle », et il faut convenir que cette maxime trouve place en Belgique comme à Pékin. Le nombre formidable d’actes scandaleux et immoraux qui par vient chaque jour jusqu’à nous, en fait foi. On peut bien garder le masque et prendre un air d’humilité pendant quelques heures, mais cette contrainte serait impossible pendant plusieurs années. À Venise où l’on est masqué pendant la moitié de l’année, on se reconnaît comme si on était à visage découvert. Qu’il est à craindre que si un changement prompt et efficace n’est apporté à l’immoralité des prêtres, leurs pernicieux exemples ne soient les causes, qui finiront par faire rejeter une croyance qui n’aurait dès lors pour fondement qu’hypocrisie, cupidité et mensonge. Quel moyen plus efficace que de dévoiler aux yeux de tous, et dans son intérêt, la conduite réelle de la plupart des membres du Clergé ?

Aussi tout le cours de cet ouvrage n’est qu’un composé de faits très-curieux, sur la manière dont le clergé entend les préceptes dictés par le Très-Haut. On y verra la morale la plus dépravée, l’hypocrisie la plus outrée, le dévergondage le plus ignoble, enfin tous les vices imaginables et l’on devra se dire avec nous qu’une religion si mal enseignée, et dirigée par de pareils ministres ne peut subsister plus longtemps, au grand détriment de la société. Observons cependant qu’il vaudrait mieux ne pas en avoir du tout, que de continuer à ajouter foi à des hommes aussi corrompus.[2]




À quoi bon, d’ailleurs, le clergé, dans les écoles, si ce n’est à pervertir la jeunesse ? (Nous en donnerons des preuves éclatantes dans un autre chapitre.)[3]




Quand les peuples voient des hommes vertueux, dans les ministres de leur religion, ils cherchent à se conformer à ces modèles ; mais aussi quand ils ne voient dans ces hommes que des exemples de la plus hideuse dépravation et de la plus cruelle cupidité, ne doivent-ils pas finir par se corrompre eux-mêmes, et par perdre tout sentiment religieux ? Jetez les yeux sur l’Italie ; n’est-elle pas le pays le plus pauvre de l’Europe, et en même temps le plus dépravé ? Quelle misère de toutes parts ! Que de crimes, de meurtres, de rapines ? Voilà cependant le centre de la chrétienté ! Que doit-on donc augurer des avantages que doit apporter, à la civilisation actuelle, le fanatisme et les mœurs dépravées de ces prêtres, prêchant au nom de Dieu, une religion si belle par elle-même, mais si mal pratiquée par ses ministres.[4]




La religion est-elle diffamée ? Oh ! Oui ! non pas par les libéraux et les francs-maçons, comme ils se plaisent à le dire ; mais par leurs propres scandales. Quelle impression, en effet, ne doit pas faire sur l’esprit des vrais chrétiens, ces crimes, ces captations, ces actes d’impuretés, ces attentats aux mœurs et à la pudeur, ces viols, ces escroqueries, ces vols, etc., etc., que nous rapportent presque journellement les tribunaux et les cours d’assises, où comparaissent si souvent ces prêtres indignes, auteurs de tous ces méfaits ; et n’est-ce pas dégoûter d’une religion dirigée par de pareils ministres ? Nous le disons et le répétons, ce sont eux qui causent la perte de la religion.[5]




Tant de crimes et tant de meurtres avaient besoin d’être préparés par des séductions, des insinuations perfides, des écrits immoraux, des prédications incendiaires :

  2  Jésuites ont fait l’apologie du sacrilège ;

34         »         »         »         du vol ;

  5         »         »         »         du parricide ;

36         »         »         »         de l’homicide ;

  5  Vantent la magie comme une science utile ;

  2  Se font les apôtres de l’idolâtrie ;

17  Protestent que l’adultère, l’impudicité, la pédérastie n’ont rien qui offensent les lois de la nature ;

29  Justifient le faux, le parjure, le faux-témoignage ;

75  Ont écrit sur l’excellence du régicide.[6]




Pendant que je me livrais à des méditations commerciales et très peu orthodoxes à l’égard de ce bon curé, entre un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps. Je lui fais part, comme de juste, de mes mésaventures chez quelques membres du clergé : « Cœurs pervers et hypocrites mon ami, me dit-il ; sois heureux de ne rien leur devoir, pas même une approbation qui ne coûte rien ; car comme le dit très judicieusement d’Alembert, « Un bienfait accordé par eux, est regardé, pour l’ordinaire, comme une espèce de titre, une prise de possession de celui qu’ils obligent, un acte de souveraineté dont ils abusent pour mettre quelque malheureux dans leur dépendance. » Il me dit encore bien d’autres choses, et pour me prouver la véracité de ses paroles il m’envoya le lendemain une kyrielle assez longue de modèles de faits de toute espèce ; ainsi que quelques journaux. Vols, assassinats, meurtres, brigandages, viols, attentats à la pudeur et aux mœurs, empoisonnements, actes de lubricité les plus révoltants, etc., tout y était relaté. Ce sont entre mille, quelques-uns de ces faits que je relate dans mon ouvrage.[7]



Chapitre II





CHAPITRE II.

Abus du culte. — Fausses superstitions. —
Faux miracles, etc.



[……]

Les progrès de l’irréligion qui font l’objet incessant de leurs plaintes amères, ne proviennent-ils pas de la dépravation de leurs mœurs et des exemples pernicieux qu’ils ne cessent de donner ? Ils sont conséquemment les seuls coupables, et c’est avec raison que le savant Montesquieu a dit : « Il y a des mauvais exemples qui sont pires que des crimes ; et plus d’états ont péri parce qu’on a violé les mœurs, que parce qu’on a violé les lois. »

N’abusent-ils pas d’ailleurs du tribunal sacré de la pénitence pour satisfaire toutes leurs passions ? Nous voulons le prouver par un exemple qui fera frémir d’indignation et de dégoût toute personne ayant le moindre sentiment d’honneur :

» Il a comparu devant le tribunal de la ville de Botzen, un curé de Passeier, sous l’inculpation d’avoir commis des attentats à la pudeur sur de jeunes garçons. L’accusé, âgé de 43 ans, a été loué encore récemment par les voix du Tyrol, pour son zèle religieux. Le tribunal a vu des circonstances aggravantes dans les faits signalés, dont le premier remonte déjà à une douzaine d’années. Il a été constaté que le prêtre avait abusé même du confessionnal pour satisfaire ses passions. Il a été condamné au maximum de la peine, c’est-à-dire à 9 ans de carcere duro, aggravés par des jours de jeûne. »

Quelle horreur que ce prêtre, abusant même du confessionnal pour assouvir ses passions brutales et perverses ! Comment la colère de Dieu n’éclate-t-elle pas à la vue de telles infamies ? Comment ne foudroie-t-il pas ce monstre de luxure et de débauche ?[8]



Chapitre III





CHAPITRE III.

Empoisonnements. — Meurtres. — Rapts. — Captations.
Spoliations. — Vols. — Escroqueries. — Abus de con-
fiance, etc., commis par les prêtres catholiques.



[……]

« Les apologistes des couvents contemporains ont vraiment du bonheur, car jamais la nécessité de ces établissements, destinés, d’après M. de Gerlache, à préserver la société du sensualisme, n’a été démontrée avec plus d’éclat que depuis deux ans. Pour ne citer que les faits principaux, rappelons l’affaire Knüffmann, et le spectacle édifiant que nous a offert l’abbaye d’Afflighem, cette abbaye de bénédictins dégénérés et indignes de porter le même nom que les Mabillon, les dom Bouquet, les dom Calmet, ces maîtres de la science historique ; l’affaire De Buck qui a jeté un jour si favorable sur les mystères de la captation ; l’affaire de l’orphelinat des Kulders, que nous nous abstenons de qualifier par respect pour les mœurs, et bien d’autres qu’il serait trop long d’énumérer.[9]



Chapitre IV





CHAPITRE IV.

Impuretés. — Attentats aux mœurs et à la pudeur. —
Viols. — Adultères. — Actes de la plus ignoble lubri-
cité, etc., commis par des prêtres catholiques.



Non Mæchaberis. Fugientes ejus quæ in mundo est concupiscentiæ corruptionem.

Vous ne commettrez point de fornication…. (Exod. 20.)

Fuyant la corruption de la concupiscence qui règne dans le siècle par le dérèglement des passions. (2 Pétr.)

Non vocavit nos Deus in immunditiam, sed in sanctificationem.

Dieu ne nous a point appelés pour être impurs, mais pour être saints. (1 Timoth. 4.)


« Si la chasteté, dit M. de Lamartine, est nécessaire quelque part, c’est dans le service de la Divinité, et l’homme qui s’est dévoué à ses autels y est plus obligé qu’un autre. L’âme d’un prêtre doit être plus pure que les rayons du soleil. Il faut donc qu’un prêtre soit un personnage divin, il faut qu’autour de lui règne la vertu. »

Comme il n’y a point de religion sans sacerdoce, il n’y a point de temples sans ministres des autels. Dans l’Église de Jésus-Christ, l’élévation au ministère sacerdotal est un sacrement qui, par la succession des pasteurs, la fait remonter jusqu’aux Apôtres, et forme une chaîne non interrompue par laquelle sa doctrine se rattache à la doctrine de Jésus-Christ même. Ceux qui reçoivent l’honneur de cet auguste ministère, sont séparés de tout ce qui est profane, par une consécration solennelle, à laquelle ils doivent apporter de longues préparations : car ils ne sont admis à l’Ordre, qu’après des épreuves sévères qui les forment à la perfection qu’il demande.

Des canons multipliés, des peines rigoureuses, des récompenses au-dessus de toute pensée humaine, les regards du public, la sublimité de leurs fonctions : tout, dans les vues de la religion, concourt à élever ses ministres à la haute sainteté qu’exigent les grands devoirs du sacerdoce. Aussi, voyez le bon prêtre : partout où se trouvent des hommes assemblés, il y est comme un pasteur vigilant, fidèle à remplir toutes les fonctions qui peuvent leur être utiles. Intercesseur des hommes auprès de Dieu, ambassadeur de Dieu auprès des hommes, il porte leurs vœux au pied du trône de l’Éternel, et il fait descendre sur toutes les misères de notre infirme nature les remèdes et les consolations les plus efficaces. Il éclaire l’intelligence la plus grossière sur tout ce qui importe au bonheur de l’homme ; il enseigne et inspire avec un admirable succès les vertus privées qui sont le fondement de la société, et les vertus publiques qui la rendent florissante ; il fait observer les obligations spéciales de chaque état ; il fortifie ses leçons par la première de toutes, par l’exemple ; c’est en marchant à la tête de son troupeau qu’il le conduit dans les voies de la justice. Père des pauvres et de tous les malheureux, il en est le consolateur et le soutien obligé ; sa main doit essuyer leurs larmes ; sa voix adoucir leurs amertumes, et rappeler aux puissants et aux riches les secours qu’ils doivent à l’indigent, à la veuve et à l’orphelin. C’est surtout dans les moments cruels qui mettent l’homme aux prises avec la douleur, que le prêtre est son aide, en lui inspirant la patience et la résignation : la croix à la main, il arrête ses murmures ; il lui apprend à bénir celui qui le frappe par amour ; il apaise ses alarmes, en guérissant son âme, il lui rend la paix, et il le remplit d’un doux espoir, en lui montrant dans les cieux le prix éternel de sa passagère souffrance.

Voilà le bon prêtre ; le prêtre tel qu’il devrait être ; mais hélas !

Dans le chapitre premier nous avons fait voir leur manque total de charité et des autres devoirs découlant de cette vertu ; dans le chapitre deuxième, les abus, faux miracles, superstitions, etc., dont ils se rendent sans cesse coupables ; dans le chapitre troisième, les vols, escroqueries, empoisonnements et autres exactions de toutes sortes dont ils remplissent le monde entier ; dans celui-ci, nous allons démontrer qu’il faut absolument que Dieu les ait abandonnés à leurs turpitudes, pour permettre à des ministres mêmes de son culte les monstruosités sans nom qui arrivent si souvent aux oreilles du public. En effet, « Dieu ne permet pas qu’on soit tenté au delà de ses forces », dit Baruch et suivant l’apôtre, « si quelqu’un d’eux manque de sagesse qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement, et la sagesse lui sera donnée. »

Or, s’il en est ainsi, pourquoi Dieu les aurait-il abandonnés à toutes leurs fornications, à toutes leurs impuretés, s’il les trouvait encore dignes d’être ses ministres ? On ne doit donc douter en aucune façon qu’ils soient entrés dans leurs fonctions de prêtre avec les dispositions exigées. Leur conduite nous prouve le contraire. Car un état si saint, par lequel le prêtre déclare qu’il prend Dieu pour son partage, demande de grandes dispositions dans ceux qui veulent l’embrasser ; et la première est d’y être appelé. S’il y a un état où il soit nécessaire de consulter Dieu pour savoir s’il nous y appelle, quelle précaution ne doit-on pas prendre quand il s’agit d’embrasser un état dont les fonctions sont si saintes et si sublimes. « Que personne, dit saint Paul, ne soit assez téméraire pour usurper cet honneur; il ne convient qu’à celui qui est appelé de Dieu. » C’est Jésus-Christ qui a choisi ses apôtres; ils ne se sont pas présentés d’eux-mêmes. « Ce n’est pas vous, leur disait Notre-Seigneur, ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit. » Ses apôtres étaient si persuadés de la nécessité de cette vocation divine, qu’ils s’adressèrent à Dieu pour connaître celui qui devait remplacer le perfide Judas. « Vous, Seigneur, qui connaissez le cœur de tous, montrez lequel des deux vous avez choisi pour entrer dans ce ministère et dans l’apostolat. »

La seconde disposition pour entrer dans l’état ecclésiastique c’est d’être animé du zèle de la gloire de Dieu et du salut du prochain. Malheur à ceux qui n’ont en y entrant que des vues humaines, qui ne consultent que l’intérêt ou l’ambition, qui ne se proposent que de s’y enrichir, et d’y vivre plus commodément ! La troisième disposition est d’être irréprochable dans ses mœurs ; un prêtre doit être, au moment de sa consécration, aussi pur que l’enfant qui vient de recevoir le baptême ; il doit avoir toujours mené une vie édifiante et exempte de reproches. « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, dit le seigneur, parce qu’ils verront Dieu. »

Or, rien n’est plus indigne du prêtre que le vice d’impureté : rien n’est plus opposé à la sainteté de sa vocation ; « qu’on n’entende jamais parler parmi vous de quelque impureté que ce soit », dit l’apôtre saint Paul.

Pour concevoir de ce vice l’horreur qu’il mérite, dans ceux qui devraient nous donner l’exemple d’une pureté divine, il n’y a qu’à considérer qu’il produit en eux la haine de Dieu, l’endurcissement du cœur et l’éloignement des devoirs de la religion. Un prêtre livré à ce vice sait que Dieu l’a en horreur, il ne l’envisage que comme un vengeur sévère des excès que ce vice fait commettre, il conçoit dans son cœur des sentiments d’aversion pour celui qui doit un jour le punir avec rigueur. Les exercices de la religion ne peuvent s’allier avec ce vice honteux ; quand il s’y est une fois abandonné, il n’a plus de goût pour les pratiques de piété ; la prière, s’il osait encore la proférer, l’ennuierait, et il la néglige ; quoique la parole de Dieu ne prononce que des anathèmes contre le prêtre prévaricateur qui s’y livre, il ne l’entend plus ; que de sacrilèges ne commet donc pas un prêtre fornicateur ! Si la conscience, cet instinct divin, n’était pas éteinte en lui, si Dieu ne s’était pas retiré de cet indigne ministre de ses grâces ici-bas, oserait-il continuer les devoirs de son ministère ? D’où vient le célibat auquel il s’astreint ? sinon de la pureté inviolable qu’exige son commerce intime avec le saint des saints. « La volonté de Dieu, dit saint Paul, est que vous soyez saints et purs, et que vous vous absteniez de toute souillure ; car Dieu ne nous a point appelés pour être impurs, mais pour être saints : ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’esprit de Dieu habite en vous : si quelqu’un profane le temple de Dieu dans son corps, Dieu le perdra ; car le temple de Dieu est saint et c’est vous qui êtes ce temple. » Et il ajoute : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Arracherais-je donc à Jésus- Christ ses membres, pour en faire les membres d’une prostituée ? Sachez que nul fornicateur, nul impudique, ne sera héritier du royaume de Dieu. » Or, ces paroles qui doivent paraître sévères à un chrétien, quelle crainte ne doivent-elles point faire entrer dans l’âme du prêtre prévaricateur ; et s’il n’était athée de croyance, oserait-il ainsi braver ouvertement la voix du Seigneur ? Quel crime pour lui de profaner le temple de Dieu, qui fait souvent éclater sa vengeance dès cette vie même sur ceux qui le commettent ; nous en voyons des exemples terribles dans l’Écriture. C’est pour ce crime honteux que Dieu fait périr dans un déluge le monde entier à l’exception d’une seule famille ; c’est pour le même péché qu’il fit tomber le feu du ciel sur Sodome, Gomorrhe et les villes voisines qui furent consumées avec tous les habitants. L’histoire de cette dernière punition renferme pour tous ceux qui l’écoutent, une instruction admirable. Ces peuples avaient poussé le vice de la volupté et de l’intempérance jusqu’à ses dernières limites ; ils commettaient l’adultère avec une effroyable sécurité ; ils brûlaient pour les hommes d’un amour infâme et contre nature. Dieu alors, qui voit tout, et aux yeux duquel aucun crime ne peut échapper, les regarda. Vigilant protecteur de l’homme, il ne vit point tranquillement de si détestables désordres, et comme il punit les pécheurs pour nous empêcher de les imiter, comme il a soin de nous conduire à la vertu par l’horreur du vice, il fit descendre sur ces peuples un feu vengeur qui les dévora eux et leur ville, de peur que si ces impudiques restaient impunis, toute impudicité ne fut désormais sans frein sur la terre. Les flammes qu’il versa du haut du ciel sur cette ville corrompue furent des flammes prévoyantes, qui dévoraient à la fois la volupté présente et les voluptés à venir. À travers ces flammes terribles, nous apercevons les voies du salut. C’est comme si Dieu nous disait : ne péchez point comme ces peuples, vous ne serez point punis comme eux ; en évitant le crime, vous éviterez le supplice.

Ah ! n’avons-nous pas à craindre que Dieu encore plus irrité de l’infâme corruption de nos prêtres et de leurs pernicieux exemples, ne renouvelle dans sa juste vengeance un de ces drames terribles, punition méritée, d’un si grand dédain pour lui et pour ses com mandements.

Et dire qu’il est de ces hommes hypocrites qui, du haut de la chaire de vérité, osent nous prêcher la perte des vertus de notre siècle comme provenant de l’immense corruption des mœurs ! N’est-ce pas à eux-mêmes qu’on doit s’en prendre ? Toute personne sensée ne doit-elle pas convenir que si la religion se perd, si les mœurs se corrompent tous les jours de plus en plus, c’est à eux que nous le devons ?


« Et la religion, mère désespérée,
Par ses propres prêtres sans cesse déchirée,
Dans ses temples déserts pleurant leurs attentats,
Le pardon sur la bouche, en vain leur tend les bras ;
Son culte est avili, ses lois abandonnées,
De ses mystères saints les fêtes profanées.
Voilà donc, cher ami, cet âge si vanté,
Ce siècle heureux des mœurs et de l’humanité !
À peine des vertus l’apparence nous reste. (Gilbert.) »


Hélas ! il n’est que trop vrai ; et cependant des hommes aussi instruits que Mgr de Ségur, viendront nous dire que « les faiblesses sont les faits de l’homme et non du prêtre ; qu’elles ne peuvent atteindre le sacerdoce divin dont il est revêtu. » Et il ose poser cette demande : « le crime de Judas a-t-il souillé son ministère ? C’est la raison pour laquelle les défauts, quelquefois même les vices d’un prêtre (et il dit entre parenthèse) ce qui, Dieu merci est rare, ne doivent point diminuer en nos cœurs le respect, la foi, l’amour de la religion. C’est encore la raison, continue-t-il, pour laquelle la messe, l’absolution, etc., d’un mauvais prêtre sont aussi valides que la messe, que l’absolution, etc. d’un prêtre fidèle. La consécration a lieu par les paroles de l’un comme par celles de l’autre, et les péchés sont remis par celui-ci comme par celui-là ; parce que ces actions sont le fait du prêtre et non de l’homme, et que les péchés d’un prêtre ne lui enlèvent pas le caractère indélébile du sacerdoce. Aussi, en matière d’obéissance religieuse, ne faut-il pas faire attention aux qualités personnelles du prêtre qui nous administre les choses saintes, mais seulement à son autorité légitime, à son caractère de prêtre. Le prêtre prévaricateur est bien coupable, mais son sacerdoce reste toujours le même ; c’est celui de Jésus-Christ, que rien ne peut altérer ni détruire. »

Jusqu’à quand donc entendrons-nous des paradoxes aussi révoltants ? Qui pourrait croire, quoique Mgr de Ségur le dise, que les choses saintes qui nous sont administrées par des prêtres impurs, par des prêtres qui, un moment avant le saint sacrifice de la messe, viennent encore de commettre un de ces crimes qui attira sur Sodome le feu du Ciel ; qui pourrait croire, disons-nous, que l’hostie sainte, par exemple, administrée d’une manière aussi abominable, ait la même efficacité que la communion administrée par un prêtre dont l’âme et le corps répondent à la pureté angélique réclamée par leur saint ministère ? Non ; pas un homme sensé ne le croira ; si Dieu dans sa justice tient compte au fidèle de l’accomplissement de ses devoirs, il doit également dans sa justice, rejeter le culte indigne que ces prêtres infâmes osent lui offrir, et il ne peut accorder la même efficacité à une hostie salie et profanée par de telles mains, qu’à l’hostie qui est offerte par des mains pures et sans tache.

Prouvera-t-il aussi que les scandales donnés par la plupart des prêtres et leurs mœurs dépravées, prouvent la vérité de la prophétie de Jésus-Christ sur la perpétuité de son Église, comme le fait Mme de Sévigné, dans une lettre qu’elle adresse à M. de Coulanges, qui, se trouvant à Rome, lors de la tenue d’un conclave, était indigné de l’immoralité des prêtres.

« Vous vous sentez embarrassé dans votre religion, dit-elle, sur ce qui se passe à Rome et au conclave. Mon pauvre cousin, vous vous méprenez ; j’ai ouï dire qu’un homme d’un très bon esprit tira une conséquence toute contraire, au sujet de ce qu’il voyait dans cette grande ville. Il en conclut qu’il fallait que la religion chrétienne fût toute sainte et toute miraculeuse, de subsister ainsi par elle-même, au milieu de tant de désordres et de profanations. Faites donc comme lui ; tirez les mêmes conséquences, et songez que cette même ville a été baignée autrefois du sang d’un nombre infini de martyrs ; qu’aux premiers siècles toutes les intrigues du conclave se terminaient à choisir, entre les prêtres, celui qui avait le plus de force pour soutenir le martyre : qu’il y a eu différents papes qui le souffrirent, l’un après l’autre, sans que la certitude de cette fin fît fuir ou refuser une place où la mort était attachée ; et quelle mort ! Vous n’avez qu’à lire cette histoire pour vous persuader qu’une religion subsistante, par un miracle continuel, et dans son établissement et dans sa durée, ne peut être une imagination des hommes : les hommes ne pensent pas ainsi. Ramassez toutes ces idées, et ne jugez pas si légèrement ; croyez que, quelque manœuvre qu’il y ait dans le conclave, c’est toujours le Saint-Esprit qui fait le pape : Dieu fait tout, il est le maître de tout. »

Peut-être bien fallait-il qu’elle se vérifiât, cette parole du Sauveur que « dans son champ l’ivraie croîtrait avec le bon grain jusqu’à la moisson » ; et que cette parole serve à prouver à des esprits éclairés : qu’il faut que la religion chrétienne soit toute sainte et toute miraculeuse, pour subsister ainsi par elle-même, au milieu des désordres et des profanations de ses propres ministres, rien de mieux ; mais qu’on vienne nous dire que les désordres de ses ministres ne peuvent lui apporter aucun préjudice, c’est d’une absurdité et d’un cynisme révoltant.

En effet, les gens instruits, à qui l’étude et la méditation ont prouvé la divinité du christianisme pourront bien en tirer cette conséquence ; mais la plus grande partie de la société, n’ayant reçu pour toute instruction théologique ou philosophique que la lettre du catéchisme, ne suivra-t-elle pas les exemples des ministres de sa religion ? Et viendra-t-on nous soutenir que l’inconduite, par exemple, des prêtres ne peut que l’affermir ? Si ceux qui écrivent de telles absurdités, ne cherchaient pas par là, non seulement à persévérer dans leurs vices, mais à diminuer la juste indignation que toute personne vraiment religieuse devrait avoir de leur conduite, ils sauraient ce qui se dit dans le peuple ; ils sauraient que la plupart de ceux qui ont abandonné la religion ne l’ont fait que parce qu’ils ont douté d’une religion enseignée par de pareils hommes. Au lieu de jeter dans le monde leurs écrits incendiaires et leurs absurdités, ne serait-il pas préférable, qu’ils défendent la religion et qu’ils la fassent en même temps respecter, parleurs mœurs et par leurs exemples ? Qui les oblige, s’ils avaient des idées pures et exemptes de tout reproche, de la présenter sous l’habit d’une courtisane décriée ?

Qu’ils cessent donc de faire le parallèle entre eux et les philosophes modernes et de l’antiquité. Voudraient-ils donc sérieusement nous cacher leurs désordres en leur opposant les désordres publics approuvés, autorisés, sacrés chez les nations anciennes, telles que les Grecs, les Romains et autres ; nations dont le dernier des citoyens les surpassait encore en vertus, vu l’état barbare de ceux-ci et leur nom de chrétien, à eux. Qu’ils prouvent plutôt par leur conduite que ce qu’ils avancent est au moins raisonnable ; ils pourront alors faire ressortir leurs vertus chrétiennes, et on les croira. Mais tant qu’ils ne l’auront pas fait, à l’exemple de Mgr Dechamps, dans sa cause catholique, nous leur diront qu’ils ont le droit de se taire ; que leur cause qu’ils appellent grande, grande entre toutes, la plus grande de toutes, et qu’ils confondent entièrement avec celle de la cause véritable, continuera, malgré tous leurs écrits, à se perdre de plus en plus dans l’esprit de la société.

Qu’ils suivent donc ce que leur dit J.-C. par ces paroles « celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres », paroles par lesquelles le seigneur les avertit de régler leur vie et leurs mœurs sur sa conduite, s’ils veulent être éclairés de la véritable lumière et délivrés de tout aveuglement du cœur. Jusqu’à ce qu’ils l’aient fait on se verra en droit de dire, avec Blanchard, à ceux à qui ils cherchent à faire prendre le change sur leur conduite réelle :


« Fuyez les libertins, les fats et les pédants :
Choisissez vos amis, voyez d’honnêtes gens. »


Afin que le public puisse mettre à profit cette maxime, qu’y a-t-il de mieux à faire que de lui faire connaître le genre de personnes qu’il doit fuir dans l’intérêt de ses mœurs ainsi que dans celui de sa religion ? Qu’y a-t-il de mieux que de faire connaître les crimes d’impureté dont se rendent journellement coupables les dignes membres de cette affiliation voluptueuse que nous cherchons à dévoiler dans cet ouvrage ?

La laideur du vice n’étant que plus apparente dans des hommes qui se couvrent du manteau de la religion, ne fera que mieux comprendre à nos lecteurs qu’il est de tout intérêt de les fuir le plus possible et de ne se point fier à leurs faux dehors, car la mauvaise conduite d’un homme consiste moins dans ce qu’il fait paraître, que dans ce qu’il cache. Monseigneur de Ségur aura beau dire que « c’est une pitoyable faiblesse d’esprit que de ne vouloir croire que ce que l’on comprend », nous lui répondrons que la faiblesse d’esprit serait encore bien plus pitoyable de ne vouloir croire ce que l’on comprend ; et comme le peuple ne comprend que trop bien ce qu’il voit, il est utile de lui exposer les choses dans leur plus triste réalité. Par là, on le détournera mieux de tous les vices. Instruire c’est corriger.

Peut-être qu’à la lecture de notre livre plusieurs personnes nous dénieront, et iront même jusqu’à parler de la vertu de ces prêtres voluptueux. Elles leur rendront par là un bien piètre service ; car, jetant un voile sur tous leurs méfaits, ce qu’elles auront dit n’aura servi qu’à les engager à persévérer dans leur mauvaise voie, en leur donnant l’illusion de l’impunité. Quand à vouloir prouver, à toute personne sensée, ce qu’elles débitent, c’est peine inutile ; la vérité révélée par les tribunaux et cours d’assises enlève tout doute à cet égard et pénètre le cœur même le plus incrédule.

Il n’y aurait d’ailleurs rien d’étonnant à ce que quelques écrivains le fassent ; un ancien poëte n’a-t-il pas fait l’apologie de Philénis ; un ancien orateur, celle de Busiris ; Cardan n’a-t-il pas composé celle de Néron, etc., etc. Mais ce qui n’était qu’un jeu d’esprit de la part de ces écrivains est devenu l’étiquette de ceux-ci, et une entreprise sérieuse de la part de ces défenseurs d’une association digne de tous les mépris, et dont ils prétendent justifier tous les méfaits et tous les crimes. Il faut que ces écrivains comptent extrêmement sur l’ignorance ou la crédulité de leurs lecteurs, pour oser leur présenter ces hommes comme vertueux, charitables, désintéressés ; enfin, comme des hommes remplis de toutes les vertus chrétiennes, spécialement de la chasteté. C’est par des faits qu’on doit leur répondre ; c’est par des faits non pas isolés, ceux-ci passent pour ainsi dire inaperçus, mais par groupes que l’on doit faire comprendre au monde que le clergé n’a jamais cessé de se livrer à tous les vices, et qu’autant le célibat ecclésiastique et religieux est innocent, louable et utile, autant le célibat voluptueux et libertin est pernicieux et digne de l’attention de la police.

Ces faits prouveront en outre que pour la plus grande partie de ces hommes de Dieu


Jouir, c’est là tout vivre, et leur philosophie
N’a rien à ces seuls mots qu’elle ne sacrifie.


Pour l’édification de nos lecteurs, nous débuterons par la vie vraiment édifiante de certains papes et princes de l’Église. Nous ferons voir par là, que depuis le 3e siècle et jusqu’à nos jours, l’Église catholique n’a jamais eu que des ministres orgueilleux, pervers, luxurieux, criminels, enfin possédant tous les vices.

Les papes les plus ambitieux défendirent le mariage aux prêtres ; néanmoins l’histoire de l’Église nous apprend que beaucoup de papes ne furent pas de chastes célibataires :

« Sous Sergius III, pape, Théodora, femme de mœurs très-corrompues, gouverna Rome ;

» Jean X fut nommé pape à la faveur de cette Théodora qui était sa maîtresse ;

» Un Jean, fils du pape Sergius et de Marovia, fille de la susdite Théodora, fut pape et vicaire de Jésus-Christ sous le nom de Jean XI ;

» Jean XII fut déposé du saint-siége à cause de son libertinage et ses débauches infâmes.

» Benoît IX, élu pape très-jeune, eût des mœurs très-corrompues, et vendit le pontificat pour de l’argent à Grégoire IV ;

» Alexandre VI pape, souilla la chaire de saint Pierre par un grand nombre de crimes. Après avoir eu cinq enfants de son union sacrilége avec Venozzia, il mourut du poison que lui et son fils naturel, César Borgia, destinaient à deux cardinaux ;

» César Borgia, issu du libertinage de son père, Alexandre VI pape, avec Roza Venozzia, courtisane espagnole qui avait scandalisé Rome par son inconduite, après avoir scandalisé Valence ; César Borgia, disons-nous, fut créé cardinal en 1493 par le pape. Il fut non seulement un tyran cruel, un criminel politique, mais il fut encore un scélérat débauché de la pire espèce. Lucrèce, sa sœur de père et de mère, célèbre par sa beauté, par son esprit, et plus encore par ses désordres, fut sa maîtresse. Pour rivaux, il eût son père Alexandre VI pape et son frère aîné, le duc de Candie, qu’il fit assassiner ;

» Un certain Mundus prêtre sous l’empire de Tibère Claude, convoitait et voulait séduire Pauline, dame romaine, femme de Saturnin, alors gouverneur de Syrie ; ne pouvant parvenir à ses fins, il s’entendit avec les prêtres d’Isis, qui firent croire à Pauline, que le dieu Anubis désirait dans la nuit, avoir un entretien avec elle ; la dame très-dévote et crédule s’y prêta, et se rendit la nuit au temple divin. Mundus satisfit brutalement sa passion, en se déguisant ; mais il eut dans la suite l’indiscrétion de se vanter du piége tendu à sa victime. Pauline blessée dans son orgueil, se crut déshonorée et découvrit cette infamie à son mari. Saturnin en instruisit l’Empereur, qui fit raser le temple, pendre les prêtres et exiler Mundus ;

» Bertrand de Goth obtint la tiare à condition de consentir à la destruction des Templiers. Ce qu’il fit ;

» Saint Ignace, après avoir été un débauché, se fit ensuite soldat et enfin se fit chef de la horde des jésuites ;

» Quatorze papes et un anti-pape ayant nom Clément, ont tous, excepté un seul, Clément XIV, mené une vie déréglée. Les jésuites l’empoisonnèrent en 1774, de ce qu’il avait ordonné la destruction de ceux-ci ;

» Jean La Balue, cardinal, s’éleva de la condition la plus obscure aux plus hautes dignités ; et cette élévation, ce ne fut point à ses services, à ses vertus qu’il la dût ; chaque titre, chaque distinction qu’il obtint, il l’acheta au prix d’une mauvaise action, au prix d’un crime. Nommé exécuteur testamentaire de Juvénal des Ursins, évêque de Poitiers, il abusa de son mandat pour s’enrichir, en pillant une riche succession. Il trahit successivement tous ses bienfaiteurs, et il avait pris une telle habitude de la trahison, elle lui était si profitable, qu’il en arriva à trahir la France et le Roi dans l’intérêt de Rome. Louis XI le fit alors enfermer dans une cage de fer (1469) pendant 11 ans. Il se rendit à Rome, à la sortie de sa prison, et après avoir trempé dans de nouvelles intrigues, et rendu de mauvais services, il fut investi d’un évêché en Italie et de la légation de la Marche d’Ancone. Il mourut en cette ville en 1491, laissant un nom justement flétri.

» Pietri Bembo, cardinal, remplit le XVIe siècle du bruit de sa renommée et serait aujourd’hui complètement oublié s’il ne se présentait comme un exemple de l’effrayante dissolution des mœurs à la cour de Léon X tant vanté. Bembo avait publié les Azolins, poëme érotique, quand il reçut la pourpre romaine ; et pourtant ce livre, empreint toujours d’une blâmable licence, va souvent jusqu’à l’obscénité la plus révoltante. Sa conduite n’était pas plus édifiante : car après avoir été l’amant de Lucrèce Borgia, il vécut publiquement en concubinage avec une femme nommée Morosina, dont il eut deux fils et une fille, qui vinrent augmenter le nombre des bâtards dont la cour de Rome inondait l’Italie. Bembo ne respectait pas davantage la religion dont il était le ministre. Il écrivait au pape : « Fiez-vous aux dieux immortels dont vous êtes le vicaire sur la terre. » Il donnait le nom de déesse à la Vierge Marie ; il conseillait à un de ses amis de ne pas lire les Épîtres de saint Paul, de peur de gâter son style ; enfin il disait à un autre, à propos des actes des Apôtres : « laisse ces niaiseries, elles ne conviennent pas à un homme grave. » Bembo n’en resta pas moins le secrétaire de Léon X et de Paul III, qui lui succéda sur la chaire de saint Pierre. »

Qu’advint-il aux prêtres véritables qui ne craignirent pas, dans l’intérêt de la religion, d’affronter la colère, la haine et la vengeance de ces papes, princes de l’église, prêtres, moines, capucins, religieux, religieuses ; en un mot, ce ramassis d’hommes et de femmes perdus de conduite et de mœurs ? On les faisait disparaître soit par le poison, soit par le feu, soit en les ensevelissant au fond de cachots obscurs pour le reste de leurs jours, soit enfin par tout autre genre de mort. Les moyens sont indifférents au clergé catholique pour se débarrasser de ceux qui les gênent !

Ainsi arriva-t-il quand, l’évangile à la main, Arnaud de Bresse se mit à prêcher, de ville en ville, contre les immenses richesses des ecclésiastiques et contre leur luxe effronté, essayant de ramener Rome si opulente et si orgueilleuse aux temps de la primitive église. Ce fameux moine, dit Maurice Lachâtre, « ne craignit pas de reprocher aux papes leur ambition si funeste aux peuples, leur amour des richesses et de la domination temporelle. Du haut de la chaire, il menaça de la damnation tout ecclésiastique épris des biens de ce monde. Il accusa les prêtres d’usurper le bien des laïques et les signala comme coupables de vol. Il osa dire que la messe, les prières pour les morts, le baptême des enfants, les indulgences dont on trafiquait n’étaient que de pieux expédients dont les prêtres, la religion et les évêques se servaient pour dépouiller les âmes crédules. Il fut condamné par Adrien IV pape, comme rebelle et hérétique, brûlé publiquement, et ses cendres furent jetées dans le Tibre après l’exécution. De mœurs irréprochables, d’un zèle ardent pour le bien, il avait eu le tort de blesser à l’endroit sensible tous ces hommes si bien rentés, qui prêchaient la pauvreté et la mortification au peuple en vue du ciel, mais qui n’en étaient pas moins ardents à la poursuite de tous les plaisirs.

De tout temps il en a été ainsi et M. Llorente, dans son histoire de l’inquisition, dont il était le secrétaire, nous donne un aperçu des crimes et des mœurs dissolues qui régnaient de ce temps parmi le clergé, ou qui se commettaient dans le silence des couvents et autres retraites religieuses de l’Espagne. Nous lui empruntons les quelques passages suivants :

« Un capucin était le confesseur de toutes les femmes réunies dans une communauté de la ville de Carthagène, au nombre de dix-sept ; il avait su leur inspirer une si grande confiance, qu’elles le regardaient comme un saint homme et comme un oracle du ciel. Lorsque le dévot personnage vit que sa réputation était suffisamment établie, il profita de ses fréquentes entrevues au confessionnal pour insinuer sa doctrine aux jeunes béguines. Voici le discours qu’il tint à chacune d’elles :

» Notre Seigneur Jésus-Christ a eu la bonté de se laisser voir à moi dans l’hostie consacrée au moment de l’élévation ; et il m’a dit : Presque toutes les âmes que tu diriges dans ce béguinage, me sont agréables, parce qu’elles ont un véritable amour pour la vertu, et qu’elles s’efforcent de marcher vers la perfection, mais surtout une telle (ici le directeur nommait celle à qui il parlait) ; son âme est si parfaite qu’elle a déjà vaincu toutes ses affections terrestres, à l’exception d’une seule ; la sensualité, qui la tourmente beaucoup, parce que l’ennemi de la chair est très puissant sur elle à cause de sa jeunesse, de sa force et des grâces naturelles qui l’excitent vivement au plaisir ; c’est pourquoi, afin de récompenser sa vertu, et pour qu’elle s’unisse parfaitement à mon amour et me serve avec une tranquillité dont elle ne jouit pas et qu’elle mérite cependant par ses vertus, je te charge de lui accorder en mon nom la dispense dont elle a besoin pour son repos, en lui disant qu’elle peut satisfaire sa passion, pourvu que ce soit expressément avec toi, et qu’afin d’éviter tout scandale, elle garde sur ce point le secret le plus rigoureux avec tout le monde sans en parler à personne, pas même à un autre confesseur, parce qu’elle ne péchera point avec la dispense du précepte que je lui accorde à cette condition pour la sainte fin de voir cesser toutes ses inquiétudes, et pour qu’elle fasse tous les jours de nouveaux progrès dans les voies de la sainteté. »

» Une de ces femmes, âgée de vingt-cinq ans, étant tombée dangereusement malade, demanda un autre confesseur, et après lui avoir fait une révélation entière de ce qui s’était passé, elle s’engagea à tout déclarer au Saint-Office, dans la crainte, comme elle le soupçonnait fortement, que pareille chose ne fut arrivée aux autres femmes de la communauté. Ayant ensuite recouvré sa santé, elle alla se dénoncer à l’Inquisition, et raconta qu’elle avait eu pendant trois ans un commerce criminel avec son confesseur ; qu’elle n’avait jamais pu croire en son âme et conscience que la révélation fut véritable; mais qu’elle avait fait semblant d’ajouter foi à ses discours, afin de pouvoir se livrer sans honte à ses désirs.

» L’Inquisition s’assura que ce commerce avait eu lieu avec douze autres béates de la même communauté. Les autres quatre étaient ou très-âgées ou très-laides.

» On dispersa aussitôt toutes ces béguines dans plusieurs couvents ; mais on craignit de commettre une imprudence en faisant arrêter le confesseur et en le traduisant dans les prisons secrètes, parce que le peuple ne manquerait pas de croire que son affaire était liée avec ces dévotes, destinées dès lors à devenir religieuses malgré elles, sans que l’Inquisition parût s’en mêler.

» On en écrivit au conseil de la Suprême, et on obtint que le coupable serait envoyé à Madrid. Trois audiences ordinaires d’admonitions lui furent accordées : il répondit que sa conscience ne lui reprochait aucun crime sur ce qui regardait l’Inquisition, et qu’il était extrêmement surpris de se voir son prisonnier.

» On lui fit sentir qu’il était incroyable que Jésus-Christ lui eût apparu dans l’hostie pour le dispenser d’un des premiers préceptes négatifs du décalogue, qui oblige toujours et pour toujours. Il répondit qu’il en était aussi de même du cinquième, et que Dieu en avait cependant dispensé le patriarche Abraham, lorsqu’un ange lui commanda d’ôter la vie à son fils ; qu’il fallait en dire autant du septième, puisqu’il avait permis aux Hébreux de dérober les effets des Égyptiens. On lui fit remarquer que, dans ces deux cas, il s’agissait de mystères favorables à la religion ; et il répliqua que dans ce qui s’était passé entre lui et ses pénitentes, Dieu avait eu aussi le même dessein, c’est-à-dire, celui de tranquilliser la conscience de treize âmes vertueuses, et de les conduire à la parfaite union avec son essence divine. Un des interrogateurs lui ayant objecté qu’il était bien singulier qu’une aussi grande vertu se soit trouvée dans treize femmes jeunes et belles, et nullement dans les trois vieilles ni dans la laide, il répondit encore, sans se déconcerter, par ce passage de l’Écriture Sainte : le Saint-Esprit souffle où il veut.

» Il ne restait plus au moine qu’une seule audience avant d’être condamné, et il persista d’abord dans ses premières déclarations. Cependant comme il ne s’agissait de rien moins que d’être brûlé vif, il sollicita une nouvelle entrevue avec les inquisiteurs, et déclara d’abord qu’il était coupable de s’être aveuglé au point de regarder comme certaine l’apparition de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, qui n’avait été qu’une illusion ; mais s’apercevant que les inquisiteurs n’étaient point ses dupes, et qu’ils étaient disposés à le sauver de la relaxation, s’il convenait de son hypocrisie et de ses crimes, il avoua tout et se soumit à toutes les pénitences qu’on lui imposerait.

» Les inquisiteurs firent prendre à cette affaire une tournure favorable à l’accusé, et le capucin, qui avait encouru la peine de mort comme sacrilège, hypocrite, luxurieux, séducteur et parjure, fut condamné seulement à faire abjuration de levi et à subir un emprisonnement de cinq années dans un couvent de son ordre. Il y mourut au bout de trois ans.

» Telle est en abrégé l’histoire du capucin de Carthagène ; je pourrais en ajouter plusieurs autres de même nature; mais je crois qu’elle suffit pour donner une juste idée des mœurs espagnoles du temps où l’Inquisition était à l’apogée de sa rigueur et de sa puissance. »

— « L’Inquisition, voulant célébrer à sa manière l’avènement de Philippe IV au trône, lui offrit, comme un spectacle digne de l’amuser, un auto-da-fé célèbre par la pénitence qui y fut imposée à Marie de la Conception, béate et fameuse hypocrite du règne précédent. Cette femme avait d’abord trompé beaucoup de monde par ses prétendues révélations, sa sainteté simulée, ses fréquentes communions et ses nombreuses extases. Elle finit par donner dans la luxure la plus effrénée avec ses confesseurs et quelques autres prêtres. On l’accusa d’avoir fait un pacte avec le démon, d’être tombée dans les hérésies de toutes les sectes, dans le matérialisme et dans l’athéisme. Elle parut à l’auto-da-fé avec le san-benito complet, la mitre sur la tête et le bâillon dans la bouche. Les bourreaux lui donnèrent deux cents coups de fouet; elle fut ensuite enfermée dans une prison pour toute sa vie. J’avoue que s’il était possible d’approuver l’existence d’un tribunal comme le Saint-Office, ce ne serait que dans le seul cas où il y aurait à punir les faux dévots et les hypocrites, qui ont plus fait de mal à la religion catholique que tous les hérétiques anciens et nouveaux. »

— « Trente religieuses qui passaient toutes pour vertueuses, vivaient en communauté dans un couvent de Madrid qui jouissait de la plus grande réputation. Tout-à-coup plusieurs d’entre elles se trouvèrent dans un état surnaturel. La contagion se répandit promptement, et, sur trente filles, vingt-cinq furent atteintes d’une espèce de fureur qui leur faisait faire les choses les plus extraordinaires. On les reconnut pour être possédées du démon, et leur confesseur restait souvent les nuits entières dans le couvent pour les exorciser. Il est difficile de se faire une idée juste de ce qui dut se passer au milieu d’une communauté de femmes enfermées dans une seule maison, avec vingt-cinq démons en possession de leurs corps ; et il y aurait peut-être de l’indécence à soulever le voile qui couvre la vérité.

» L’inquisition, informée de ce qui avait lieu dans ce couvent, fit arrêter le confesseur, l’abbesse et quelques-unes des religieuses, et entreprit de faire leur procès comme hérétiques illuminés. Le confesseur et les religieuses furent déclarés fortement suspects d’être tombés dans l’hérésie des allumbrados, et condamnés à diverses pénitences. Des consultations furent faites sur l’état de ces filles, et un grand nombre de savants du siècle opinèrent qu’elles étaient réellement possédées du démon. Le confesseur en savait probablement plus que ces savants. »

— « Molinos avait formé en Espagne un certain nombre de disciples qui y répandirent sa doctrine. Les apparences d’une perfection spirituelle, associées à un système qui laissait un libre essor aux désordres de l’âme, séduisirent beaucoup de personnes qui n’auraient jamais embrassé aucune hérésie sans le prestige dont Molinos avait entouré ses erreurs.

» Elle se répandit promptement dans les couvents, où il se passait des choses si scandaleuses et si horribles dans les communautés des religieuses, entre elles et leurs directeurs, qu’on ne pourrait les rapporter sans faire frémir. Le libertinage le plus effréné, les avortements forcés et les infanticides y étaient si fréquents, que chaque couvent en fournissait un grand nombre d’exemples ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que ces horreurs s’y commettaient avec une sorte de bonne foi apparente, qui ne peut être justifiée que par le fanatisme. Ce fanatisme pour les sectes faisait croire aux esprits faibles que tout ce qui était autorisé par les confesseurs, pouvait être fait sans crime ; c’est ainsi qu’on vit dans le couvent de Corella, en Navarre, une supérieure qui avait déjà eu plusieurs enfants d’un provincial de carmes déchaussés, tenir elle-même sa nièce pendant que ce même provincial faisait le premier outrage à la pudeur de cette jeune personne, afin que cette œuvre fut plus méritoire aux yeux de Dieu. C’est ainsi qu’on voyait des religieuses et des moines assister sans honte aux accouchements des autres religieuses, dont les enfants étaient aussitôt étranglés ; et tout cela se faisait avec des jeûnes et mille autres signes extérieurs de dévotion !

» L’inquisition sévit, il est vrai, contre les religieuses de ces repaires du crime ; mais, à quelques exceptions près, les punitions qu’elle leur infligea se bornaient à les disperser dans différentes communautés. Il est surprenant qu’après tant de désordres de ce genre, dont les archives sont remplies, l’inquisition n’ait pas pris le parti d’ôter aux moines la direction des couvents de femmes. »

Nous poursuivrons maintenant par d’autres cas qui pour n’être pas tout-à-fait du caractère de ceux-ci, n’en sont pas moins édifiants, et qui se commettent de nos jours :

« Puisque le Journal de Bruxelles s’occupe maintenant de la question des cas « isolés » et du nombre qu’il en faut pour former une école, nous voulons venir à son aide en augmentant encore d’une unité le chiffre sur lequel il pourra s’appuyer pour nous répondre.

» Le Journal de Huy nous a apporté hier matin le récit, fort curieux et fort édifiant surtout, d’une mésaventure assez fâcheuse qui vient d’échoir au sieur H. S……., desservant de la paroisse de Brouckom, dépendant du doyenné de Looz. Il paraît que ce « vénérable curé », comme l’appelait récemment un journal de Hasselt, avait un penchant désordonné pour les pièces de seigle, émaillées de bluets, de coquelicots et de jeunes moissonneuses. Il advint donc que le susdit curé, s’abandonnant avec trop peu de prudence à ce penchant, fut un beau jour appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel de Tongres, sous la prévention de flagrant délit d’adultère commis, en plein seigle.

» Le Journal de Bruxelles n’en croirait probablement pas notre dire, si le tribunal n’eût condamné le desservant de Brouckom à un an de prison et à cinq cents francs de dommages-intérêts. Nous passons sur les détails révélés par l’instruction de l’affaire et rapportés par le Journal de Huy, seulement nous croyons devoir affirmer au Journal de Bruxelles qu’en fait de « cas isolé, » celui-ci est un des plus intéressants et des plus complets que nous puissions offrir à ses méditations. »

Ah? qu’on pourra maintenant chanter, en toute vérité, la chanson ayant pour refrain :


Monsieur l’ curé n’aime pas ça dans l’église
Mais sur l’ gazon çâ lui fait bien plaiser. (bis)


C’est encore un curé qui nous vaut l’invention de cette chanson que tout le monde connaît et peut apprécier.

! ! !


« La cour d’assises du Luxembourg aura à s’occuper de l’affaire à charge du sieur Outer, vicaire de Gomery, accusé d’attentats à la pudeur sans violence sur des enfants du sexe féminin âgées de moins de 14 ans. L’accusé étant fugitif, l’affaire sera jugée par contumace, c’est-à-dire sur pièces, sans l’assistance du jury, sans audition de témoins et sans plaidoiries contradictoires. »

« Si l’homme savait rougir de lui-même, quels crimes, non-seulement cachés, mais publics et connus, ne s’épargnerait-il pas ? (La Bruyère).

! ! !


« Je ne sortirai pas aujourd’hui du scandale ; en voici un autre dont tout le monde parle assez haut depuis hier. Il s’agit du desservant de la commune de W…., près d’Anvers, qui depuis plusieurs années déjà aurait abusé de l’innocence de très-jeunes filles de la paroisse, aidé dans ses actes coupables par une femme qui a fini par le dénoncera la justice. Le nombre des attentats est, dit-on, considérable. »

« Celui qui a trouvé une femme vertueuse, trouve un grand bien et la source de son bonheur. (La Bible).

! ! !


On lit dans le Journal de Charleroi du 22 :

« À la suite de l’enquête qui a eu lieu hier au parquet de notre ville, le nommé L…., de Sivry, a été mis sous mandat d’arrêt du chef de nombreux attentats à la pudeur qu’on lui impute. L. est âgé de 66 ans, et se distinguait par son zèle dans l’accomplissement de ses devoirs religieux. »

! ! !


Un mandat d’amener a été décerné ces jours derniers contre un père Augustin d’un couvent de Gand, sous la prévention d’attentat aux mœurs. Le prévenu paraît avoir quitté le pays.

« Le méchant craint à proportion du mal qu’il fait. Avec une mauvaise conscience, on peut trouver de la sûreté, mais jamais de la sécurité. On se croit découvert, quoique caché ; on est agité pendant le sommeil ; on ne peut entendre parler d’un crime sans penser au sien ; on ne le trouve jamais assez effacé ni caché, le malfaiteur a quelquefois eu le bonheur, mais jamais la certitude de n’être jamais découvert. » (Sénèque).

! ! !


« Un procès est intenté à la baronne de Dedem-Pruimers pour enlèvement de sa fille mineure qui avait été confiée à un tuteur et au prédicateur van Ryn, pour complicité et tentative de corruption exercée sur un geôlier. Le procureur-général de la Cour d’Overysse vient d’achever l’acte d’accusation. Je ne puis résister au désir d’en extraire quelques lignes sur la moralité des deux accusés ; elles expliquent en même temps les relations qui existaient entre ces deux personnes : « Attendu que la teneur des lettres saisies, écrites en partie en caractères ordinaires et en partie en. chiffres, fait connaître le second accusé comme un viveur égoïste qui vise non-seulement à contenter ses plaisirs charnels, mais, en outre, à des avantages matériels, comme un séducteur persistant qui poursuit sans relâche la victime de son influence pernicieuse, comme un hypocrite sans conscience pour lequel la religion n’est point un besoin du cœur, mais rien qu’apparence et ostentation ; il en résulte en outre que la première accusée a accueilli sans relâche le langage amoureux et dévergondé, ainsi que les cajoleries de son co-accusé, et qu’elle y a répondu avec empressement en l’y excitant même volontiers. »

Le bonheur social vient de la simplicité des mœurs et de la tempérance. (Abbé Aubert).

! ! !


« Le préfet de la Congrégation des jeunes gens est parti furtivement avant-hier, enlevant une jeune vierge de 45 ans. » (Mémorial de Courtrai).

! ! !


« Un des plus honorables négociants de notre ville, entouré de l’estime générale, M. X..., vient de tirer un coup de pistolet sur le vicaire de Saint-Barnabé. Lundi dernier, M. X.., apprend, par une lettre anonyme, que sa femme entretient des relations avec ce prêtre. On lui donne les détails les plus circonstanciés, qui ne lui laissent aucun doute sur l’étendue de son malheur. Il rentre chez lui, fait une enquête auprès de ses domestiques : femme de chambre, valets, jardinier, cocher, etc., tous avouent ce qu’ils savent. Cette intrigue durait depuis quinze mois. M. X... était la fable de tout le quartier, et lui seul ne s’en doutait pas. C’est après cette enquête qu’il a tiré le coup de pistolet contre le vicaire. »


« Vous ne porterez pas un désir sur sa femme,
Car la femme de l’homme est son corps et son âme ;
Dérober ce trésor de son cœur à ses bras,
C’est lui voler sa part de son ciel ici-bas. » (De Lamartine).

! ! !


— On lit dans le Journal de Charleroi :

« Nous apprenons que le R. P. Narcisse, ex-récollet du couvent de Montigny-sur-Sambre, s’est marié ce matin à Roux. Les époux paraissaient très joyeux. »

« Il faut profiter de ses fautes passées pour apprendre à mieux faire. » (Fénelon).

! ! !


— On lit dans l’Impartial :

« L’abbé Augustin Andral, de M..., et Marguerite Bucher, épouse en deuxièmes noces de Pierre Geneste, du lieu d’A…, commune de S…, tous deux âgés de plus de cinquante ans, sont venus s’asseoir au banc des assises sous l’accusation, l’un comme auteur principal, et l’autre à titre de complice, d’une tentative de viol sur la personne de Marguerite Flage, qui n’a pas atteint sa quinzième année, et dont la femme Geneste est la grand’mère naturelle.

» On sait quel retentissement ont eu dans la contrée les faits qui s’y rattachent ; mais le compte rendu doit respecter le huis-clos de l’audience, et ne peut sous aucun rapport en divulguer les détails.

» Il suffit de constater que, en présence des charges accablantes qui s’élevaient contre eux, les accusés ont fini par accepter le récit de la jeune victime de leur indigne complot, et se sont bornés à soutenir que si leurs actes étaient flétris par la morale, ils ne pouvaient, en l’absence d’une violence suffisamment caractérisée, constituer un crime aux yeux de la loi.

» Il est permis d’ajouter qu’Audral n’en était pas à son coup d’essai en fait d’immoralité, puisque, dans les diocèses de Nevers, Bordeaux et Valence, où il a successivement exercé son ministère, il a partout laissé des traces de ses habitudes obscènes.

» Brillamment et chaleureusement soutenue par M. Auzolles, procureur, l’accusation a été vivement combattue par Me Oudoul et par Me Alègre, dont les généreux efforts étaient assurément dignes d’une meilleure cause.

» Le jury, en écartant la tentative de viol, a retenu l’attentat à la pudeur, et il n’a pas cru devoir refuser aux accusés le bénéfice des circonstances atténuantes.

» La Cour a prononcé contre eux la peine de dix ans de travaux forcés. »

! ! !


On nous écrit de Gand :

« La Cour d’appel de Gand, chambre correctionnelle, vient de consacrer deux audiences à l’affaire du père jésuite d’Alost et du tambour poursuivis pour outrage public à la pudeur, et renvoyés de la poursuite, en première instance, par jugement du tribunal de Termonde dont le ministère public a interjeté appel.

— Le jésuite Huyghens comparaît assisté de ses deux défenseurs de première instance, MM. Van Wambeke du barreau d’Alost, et Goethals du barreau de Gand. L’autre prévenu, le tambour, n’a point de défenseur. La cour est présidée par Van Aelbroeck ; M. De Paepe, substitut du procureur-général, occupe le siége du ministère public.

» L’affaire est traitée à huis-clos, dans l’intérêt des mœurs. M. le conseiller de Villegas présente le rapport. Il donne lecture de toutes les pièces, procès-verbaux, rapports, dépositions des témoins, jugement ; après quoi il est procédé à l’audition des témoins à charge.

» À ce moment défenseurs et ministère public approchent du président, et l’on déploie des plans de la station de Termonde et des terrains avoisinants, sur lesquels plans s’échangent diverses observations.

» C’est en effet tout près de la station de Termonde, quelques instants avant son départ par le dernier convoi pour Alost, que le père Huyghens aurait, d’après la prévention, commis le fait du chef duquel il comparaît devant la cour.

» Nous ne suivrons pas les témoins dans leurs dépositions. Les mêmes motifs qui ont fait prononcer le huis-clos, ne permettent pas de tout dire, si nous en avions d’ailleurs les moyens. Donner certains détails, en omettant les autres, serait contraire à l’exactitude et à l’impartialité, puisque l’essentiel serait supprimé. Bornons-nous à dire que les témoins à charge déposent du fait de la prévention d’abord ; puis, deux d’entre eux spécialement, de familiarités suspectes que le prévenu Huyghens se serait permises, à leur égard, et que celui-ci nie aussi énergiquement que le fait pour lequel il est poursuivi.

» La Cour passe, dans la même audience, à l’audition des témoins à décharge qui déposent principalement de contradictions entre les récits que l’un des prévenus, le tambour, a faits à diverses reprises, et ensuite de la haute estime dont jouit partout à Alost le père Huyghens.

» Au sortir de l’audience des sifflets se font entendre. »

« En quoi consiste donc le plaisir du vice, s’il est toujours accompagné d’inquiétudes et de peines. » (Plutarque).

« Craignez les suites funestes d’une passion aveugle. Il n’est pas aisé de s’y exposer et de conserver sa sagesse. Dès que les voluptés se sont emparées de noire âme, elles lui font abjurer toute retenue, et la soumettent en esclave aux appétits déréglés du corps. » (Socrate).

! ! !


« La cour entend encore grand nombre de témoins à décharge. Plusieurs déposent de la considération dont jouit le père Huyghens dans Alost, des services qu’il a rendus, de son dévouement à moraliser les ouvriers, de l’impossibilité pour tous ceux qui l’ont connu, de croire à la prévention qui pèse sur lui.

» Ensuite M. le substitut De Paepe, dans un réquisitoire énergique réclame la réformation du jugement de Termonde et la condamnation des deux prévenus aux peines de l’outrage public à la pudeur. »

« Ne fais rien de honteux en présence des autres, ni dans le secret. Que ta première loi soit de te respecter toi-même. » (Pythagore).

! ! !


« Encore un scandale qui vient s’ajouter au scandale donné par les frères à D… Le desservant d’une petite commune de l’arrondissement de la R…, vient d’être arrêté. Le journal qui annonce cette arrestation dit qu’elle a été motivée par des faits tellement graves, qu’il ne peut se permettre de publier le moindre détail. »

« Quelque soin que l’on prenne de couvrir ses mauvaises passions par des apparences de piété et d’honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles. » (Épictète).

! ! !


« La Gazette d’Augsbourg se plaint de la grande immoralité qui règne parmi le clergé catholique du Tyrol. Un prêtre de la vallée de Passeier va comparaître devant le tribunal de Botzen, sous l’inculpation d’attentat aux mœurs. Pas moins de quatorze jeunes garçons sont cités comme ses victimes. »


« Sortez, voluptueux d’une fatale ivresse ;
Excès, source de maux ; pensez-y bien jeunesse.
On se livre au plaisir; mais qu’il en coûte cher !
Pour quelques moments d’or, combien de jours de fer ! (Ésope).


La pensée d’un Dieu qui voit tout, qui entend tout, cette pensée consolante peut seule te conserver ta pureté, pour laquelle je voudrais t’embraser d’amour. (Marc-Aurèle).

! ! !


« Nous apprenons que le frère de charité Bernard, récemment condamné pour faits immondes à un an de prison par le tribunal correctionnel de cette ville, ne s’est pas pourvu en appel, de manière que le jugement est devenu définitif. »

« Ne fais point un usage trop fréquent de ce que le Créateur nous donne avec épargne, de peur de changer l’ordre naturel des choses, et de trouver, en t’adonnant à l’excès et à la volupté, ton châtiment dans ce qui était fait pour ton bonheur. » (Guillaume Penn).

! ! !


« On vient d’arrêter et d’écrouer sous mandat de dépôt à Bruxelles un prêtre, d’origine anversoise, dit-on, sous la prévention d’outrage public à la pudeur.

» Il paraît que cet ecclésiastique, qui dit sa messe à Vilvorde, serait le même qui déjà, il y quelque temps, fut conduit par la police du Parc au bureau de la permanence sous l’inculpation d’un fait relatif aux mœurs, mais qu’alors il fut relâché à défaut de preuve. »

! ! !


— On nous écrit de Bruxelles :

« L’Indépendance vous aura apporté les détails de certaines propositions faites, il y a quelques jours au Parc à un jeune domestique par un prêtre. Il me revient un détail sur ce personnage qui doit vous intéresser doublement. Il y a cinq ou six ans il fut chassé pour le même fait de votre ville. Il passa en Hollande et c’est à la suite d’une décision récente de Mgr. Sterckx qu’il venait de rentrer cette semaine en Belgique. Eh bien, c’est sur son retour qu’il a posé le nouvel acte qui a motivé son arrestation, qui ne s’est pas opérée sans peine. L’indignation était à son comble parmi les milliers de personnes qui l’ont suivi jusqu’au bureau central de la police. Après avoir subi le premier interrogatoire, le prêtre a voulu rejoindre sa demeure à pied. Mais la manière dont il fut accueilli par la foule qui était restée stationner devant le bureau, lui fit préférer de faire venir une voiture et de partir au grand trot, accompagné des huées de la foule. »

! ! !


« Le tribunal correctionnel de Bruxelles s’est occupé pendant deux audiences, à huis-clos, d’une affaire d’attentat aux mœurs de la plus ignoble nature, à charge d’un ecclésiastique déjà condamné antérieurement pour faits analogues, et d’un individu mal famé, son complice.

» Les détails dans l’affaire sont vraiment révoltants.

» Le tribunal a condamné :

» 1° L’abbé Jean Blereau, desservant à Vilvorde, à deux années d’emprisonnement et à 200 fr. d’amende.

» 2° J.-B. Meyer, ouvrier, à 3 mois de prison et 16 fr. d’amende.

» Tous deux par corps aux frais et à l’emprisonnement subsidiaire en cas de non-paiement de l’amende, etc. »

! ! !


« La cour d’appel de Bruxelles, 4e chambre, vient d’être saisie de l’affaire de l’abbé Jean Blereau, âgé de 53 ans, né à Anvers, desservant à Vilvorde, condamné par le tribunal correctionnel de cette ville à deux années d’emprisonnement et à 200 fr. d’amende, maximum de la peine, pour outrage public à la pudeur commis de complicité avec le nommé J.-B. Meyer, âgé de 25 ans, cocher, né à Bruxelles, demeurant à Molenbeek-Saint-Jean. Ce dernier était condamné à 3 mois de prison et 16 fr. d’amende. La cour a confirmé cette double condamnation, mais en élevant la peine d’emprisonnement pour le paiement des frais et de l’amende. En ce qui concerne l’abbé Blereau cet emprisonnement sera d’une année pour l’amende et de 3 mois pour les frais.

» Les deux inculpés sont condamnés solidairement et par corps aux frais.

» L’abbé Blereau avait déjà encouru, en 1832, une condamnation prononcée par le tribunal d’Anvers, pour semblable délit.

» Les débats, on le comprendra, ont eu lieu à huis-clos, en appel comme en première instance. »

! ! !


— On écrit de Rochefort à l’Écho du Luxembourg :

« L’opinion publique est vivement émue des faits scandaleux mis à la charge du desservant d’un village de notre canton. Ce village, non éloigné de Grupont, a été le théâtre d’attentats que la plume se refuse à décrire, mais qui rappellent les crimes de Sodome.

» L’évêché, éclairé par les plaintes nombreuses qui lui parvenaient, a fini par ouvrir les yeux et par ordonner une enquête sur la conduite du curé.

» N’oublions pas de dire que ce vénérable prêtre, dont le nom figurera bientôt dans toutes les feuilles, était un ardent prédicateur de morale et un plus ardent encore prosélyte de la politique militante. C’est principalement contre l’honorable M. de Moor qu’il dirigeait les foudres de son éloquence.

» M. le Bourgmestre de la commune a entendu plusieurs des jeunes victimes de ce monstre. »


« Hommes, ainsi nous sommes faits ;
Mécontents du voisin, de nous très satisfaits :
Nous voyons, d’un œil net, tous les défauts des autres,
Et nous sommes, hélas ! aveugles pour les nôtres. (Ésope)


« Nous sommes très enclins à censurer les autres, même d’une manière tranchante, et cependant nous ne saurions souffrir qu’ils nous donnent des avis. Rien ne découvre mieux notre faiblesse, que d’avoir de si bons yeux pour voir les défauts des autres, et d’être aveugles sur les nôtres. (Guillaume Penn)

! ! !


« Une affaire affligeante pour la morale et qui pourrait, à plus d’un titre, figurer, dit un journal, parmi les causes tristement célèbres de nos annales criminelles, vient de se dénouer la semaine dernière devant la cour d’assises. Le verdict a été rendu samedi soir. Déclaré coupable de nombreux attentats à la pudeur, l’accusé Lafourcade, ancien desservant de la paroisse de Biarotte, a été condamné à dix ans de réclusion. Les efforts des défenseurs n’ont pu triompher du nombre et de la gravité des preuves qui pesaient sur l’accusé. »

« Quand on ne parle jamais d’un homme, c’est une marque qu’il n’a ni mérite ni vertus. (Livre des Maximes et Conseils).

! ! !


« Nous lisons dans un autre journal que la cour d’assises de la Charente, dans une audience du 3 Mai, vient de condamner aux travaux forcés à perpétuité Vincent-Auguste Arnal, curé de la commune de Saint-Laurent-des-Trubes, pour attentat à la pudeur sur un jeune garçon âgé de moins de quinze ans. »


« Puisse leur supplice en leçons si fertile,
À tant de jeunes cœurs être un exemple utile. »

(Ad. Mathieu).


! ! !


Et après des faits semblables, des écrivains oseront encore demander : Quelle est la chose la plus généralement odieuse aux philosophes, et contre laquelle ils ont entassé des monts de brochures ? Question à laquelle ils répondent eux-mêmes ; que c’est le célibat des religieux et des prêtres qui, d’après eux, est une chose qui ne tient point du tout au corps de la religion, et que c’est précisément un conseil évangélique pour les uns, et un sage règlement pour les autres ; ils se plaignent surtout de ce que cette question apporte un jour trop lumineux sur la conduite de ces Messieurs et disent que sans le célibat le sacerdoce ne peut exister.

Est-il besoin de leur prouver que non-seulement les premiers prêtres chrétiens étaient mariés, et que, en ce temps, la religion était mieux observée et pratiquée que de nos jours ; tandis que depuis le célibat des prêtres la religion va se perdant de plus en plus chaque jour par leur inconduite et leurs immoralités ? À quoi bon ! Tout le monde ne peut-il pas résoudre cette question ? Quant à eux ils n’auraient que des absurdités, des calomnies ou des insultes à nous répondre ; et ils ne cesseraient quand même de crier que jamais il n’y eût au monde une chose plus opiniâtrement répétée ; et que point de livre, point de brochure où il ne soit parlé du célibat du cloître et de l’Église.

Et pour cause !!!

D’ailleurs voici pour finir ce chapitre si édifiant pour la prêtraille, un extrait d’un des sermons de saint Clément d’Alexandrie que nous soumettons à leurs méditations et qui semble écrit expressément pour ceux dont ils ont pris la tâche de défendre, toujours par zèle religieux, nous n’en pouvons douter, toutes les monstruosités dont on les accable à tort, comme dans ce chapitre, par exemple.

Ce sermon est intitulé : De la procréation des enfants :

« C’est aux seules personnes que le mariage unit à juger de l’opportunité de son action. Le but de cette institution est d’avoir des enfants ; sa fin, que ces enfants soient bons : de même que le laboureur sème dans le but de se nourrir, et que la récolte est la fin de son travail. Mais le laboureur qui cultive une terre vivante est bien au-dessus de celui qui cultive une terre morte : l’un travaille seulement pour se nourrir un court espace de temps, l’autre pour entretenir et perpétuer l’univers ; celui-là sème pour lui, celui-ci pour Dieu. Car c’est Dieu qui a dit : Croissez et multipliez » ; commandement d’après lequel il faut sous-entendre que l’homme devient l’image de Dieu, en tant qu’il coopère à la génération de l’homme. Toute terre n’est pas propre à recevoir la semence, ni tout laboureur à ensemencer celle même qui est propre à la recevoir. Il ne faut ni semer sur la pierre, ni outrager la semence, qui est le principe de la génération, et la substance par laquelle la nature se conserve et se perpétue dans les voies que Dieu lui a tracées. S’écarter de ces voies, et transmettre ignominieusement la semence dans des vaisseaux qui ne lui sont pas naturellement destinés, c’est le comble de l’impiété et du crime. Voyez sous quelle figure le sage Moïse défend l’ensemencement d’un sol infertile : « Vous ne mangerez, dit-il, ni de la chair du lièvre, ni de celle de l’hyène. » Dieu ne veut point que l’homme ait rien de commun avec la nature impure de ces animaux, ni qu’il égale leur lubricité, qui est si ardente, qu’elle les excite sans cesse à la satisfaire avec une sorte de fureur stupide. La femelle du lièvre a, dit-on, autant de matrices qu’elle a vécu d’années ; ainsi, en nous défendant l’usage de la chair de cet animal, il nous défend l’amour des garçons. On dit de l’hyène qu’elle change annuellement de sexe, et de mâle devient femelle ; de là vient que la défense de sa chair équivaut à celle de l’adultère. Pour moi, je suis convaincu que le sage Moïse a eu en vue, par ces défenses, de nous interdire toute ressemblance avec ces animaux ; mais je ne crois point à la vérité de ces changements contre nature, dont je me suis servi seulement comme d’une image symbolique.

» La nature ne peut jamais être violentée à ce point. Ce qu’elle a fait, la passion ne peut le défaire. On corrompt l’usage des choses, on n’en détruit point l’essence. Platon, dans le Phèdre, condamnant l’amour des garçons, appelle brutes ceux qui s’y livrent, parce qu’ils s’accouplent à l’exemple de ces animaux, et ensemencent un sol stérile. « C’est pourquoi, dit l’Apôtre, Dieu les a livrés aux passions de l’ignominie ; car les femmes, parmi eux, ont changé l’usage qui est selon la nature en un autre qui est contre la nature. Les hommes, de même, rejetant l’union des deux sexes qui est selon la nature, ont été embrasés de désirs les uns pour les autres, l’homme commettant avec l’homme des crimes infâmes, et recevant ainsi par eux-mêmes, la peine qui était due à leur égarement. »

» La nature n’a pas permis que dans les animaux, même les plus lubriques, le conduit qui sert à l’éjection des excréments pût servir de passage à la semence ; l’urine descend dans la vessie, l’aliment dans le ventre, les larmes dans les yeux, le sang coule dans les veines, les oreilles s’emplissent d’une sorte de boue, les narines servent de conduit à la morve, et le canal intestinal est encore un passage commun aux excréments. Il est donc défendu à l’homme, cela est clair et manifeste, de s’accoupler avec l’homme. Rien ne lui est permis, ni de ces ensemencements stériles ni de ces accouplements contre la nature et dans une situation qui lui est contraire, ni de ces unions monstrueuses tenant de l’homme et de la femme, et n’étant ni l’un ni l’autre ; car la nature avertit l’homme, par la constitution même de son corps, qu’elle l’a fait pour transmettre la semence et non pas pour la recevoir. Lorsque le prophète Jérémie, ou plutôt le Saint-Esprit parlant par sa bouche, dit que la maison de Dieu est devenue semblable à la caverne de l’hyène, cette énergique allégorie veut nous faire entendre que nous devons détester le culte des idoles, qui sont des dieux morts, à qui l’on offre une nourriture morte, et que la maison du Dieu vivant serait profanée par leur présence. Ainsi Moïse a défendu l’usage de la chair de lièvre parce que cet animal, toujours en chaleur, s’accouple en toute saison et qu’il saillit naturellement sa femelle par derrière et dans une position qui paraît honteuse. La femelle conçoit tous les mois et reçoit le mâle pendant même qu’elle est pleine. Après qu’elle a mis bas, elle s’accouple indifféremment avec tous les lièvres, ne se contentant pas d’un seul mâle, et elle conçoit incontinent, quoiqu’elle allaite encore ses petits. Elle a deux conduits dans sa matrice, parce qu’un seul ne lui saurait suffire pour contenir tout ce qu’elle reçoit. Lorsque l’un de ces conduits est plein, l’autre cherche à se remplir par une inclination naturelle à tout ce qui est vide ; de sorte qu’elle désire le mâle et conçoit encore, toute pleine qu’elle est. Le sage Moïse, sous cette figure allégorique, nous défend la violence des désirs, la fornication, l’adultère, l’impudicité. Ailleurs, parlant naturellement et sans figure, il nous dit : « Tu ne commettras point de fornication et d’adultère, tu ne t’approcheras point d’un homme comme d’une femme. » Il faut observer exactement ces ordres fondés sur la raison, et ne jamais rien nous permettre de contraire aux lois et aux commandements de Dieu. Platon, qui avait lu sans doute ce passage du texte sacré : « Ils sont devenus comme des chevaux qui courent et qui hennissent après les cavales », compare les hommes qui s’abandonnent à cette insolente lubricité, et cette lubricité elle-même, à un cheval indompté, furieux et sans frein. Les anges qui entrèrent dans Sodome nous apprendront de quel genre de supplice elle est punie. Ceux qui voulurent les outrager furent dévorés avec leur ville par le feu du ciel, pour nous apprendre, par ce prodige, que le feu est le supplice des impudiques. Les châtiments infligés aux anciens pécheurs sont écrits, comme je l’ai déjà dit, pour notre instruction, afin qu’évitant les mêmes vices, nous évitions les mêmes peines.

» Il faut regarder chaque garçon comme notre fils, et les femmes d’autrui comme nos propres filles. La lubricité et la gourmandise sont des passions violentes auxquelles il est difficile, mais honorable de commander. Si, comme l’avouent les stoïques, la raison ne permet pas au sage de remuer même un doigt seulement, au hasard et sans motif, combien plus les véritables sages, qui sont les chrétiens, ne doivent-ils pas s’efforcer de commander à ces parties du corps, que la nature a destinées à la génération ? On les a, je pense, appelées honteuses à cause qu’il s’en faut servir avec plus de pudeur que de toutes les autres.

» Par dessus tout, il est défendu d’user des hommes comme des femmes. C’est à ce crime que Moïse fait allusion, lors qu’il dit : « qu’on ne doit point semer sur la pierre et sur les cailloux, parce que le grain n’y saurait germer et prendre racine. » Ailleurs encore, obéissant au Verbe, qui parle par sa bouche, il dit ouvertement : « tu ne coucheras point avec un homme comme avec une femme, car c’est une abomination. » Platon qui avait fondé sa loi sur divers passages de l’Écriture, défend d’avoir commerce avec une autre femme que la sienne. N’approchez point de la femme de votre prochain de peur de vous souiller par ses approches. Fuyez tout commerce adultère, et par conséquent stérile. Ne semez point où vous ne voulez point récolter. N’approchez d’aucune autre femme que de la vôtre, qui peut seule légitimer vos plaisirs, par l’intention d’avoir des enfants. Respectez cette participation de l’homme à la puissance créatrice de Dieu, et n’outragez point la semence, qui en est l’instrument, en la répandant contre ce but.

» Mais l’Écriture a soin de nous rappeler que ces vices ne demeurent point impunis. C’est encore pour cela que le sage dit : « Éloigne de tes serviteurs les espérances vaines et honteuses ; éloigne de moi les cupidités ; ne permets point que l’amour de la table et des femmes s’empare de moi. »

» Loin de nous donc les hommes corrompus, leurs maléfices et leur pièges ! Loin de nous les parasites, les fornicateurs, les courtisanes ou tout autre monstre semblable de volupté ! Ce n’est pas seulement la besace de Cratès, mais notre ville encore, qui leur est fermée. Occupons-nous toute notre vie à semer autour de nous de bonnes œuvres. En un mot, il faut, ou connaître les femmes par le mariage, ou ne les pas connaître du tout. Ceux qui marchent sur les traces du saint apôtre ne doivent pas même connaître les noms et les mots qui servent à exprimer des choses obscènes et impudiques : « Qu’on n’entende pas même parler parmi vous de fornication, ni de quelque impureté que ce soit, ni d’avarice comme il convient à des saints. »

L’Écriture sainte nous dit que la femme débauchée est semblable à un sanglier, et que celle qui est au pouvoir d’un mari est un instrument de mort pour ceux qui l’approchent ; elle compare l’amour des courtisanes à un amour de bouc et de sanglier ; elle dit que commettre clandestinement l’adultère, c’est chercher la mort ; elle maudit la maison et la ville où se commettent ces infamies. La poésie même profane tonne hautement contre ces vices : « Ô ville impure et corrompue, dit-elle, ville souillée d’impudicité et de luxure ! » Elle n’a point assez de termes d’admiration pour ceux qui, se conservant purs au milieu de tant de désordres, n’ont jamais honteusement désiré les plaisirs du lit d’autrui ni enfermé des hommes dans leurs infâmes embrassements.

» Plusieurs pensent que les plaisirs contre-nature sont les seuls qui soient des péchés ; d’autres, moins endurcis, avouent que toutes les impudicités sont effectivement des péchés ; mais leurs passions les emportent, et les ténèbres servent de voile à leurs vices. Ils déshonorent la sainteté du mariage, et font eux-mêmes de leur femme une impudique courtisane ; sourds à ces divines paroles : « L’homme qui sort de son lit, méprisant son âme, et disant : Qui me voit ? Les ténèbres m’environnent et les murailles me couvrent, et nul ne m’aperçoit ; qui craindrai-je ! le Très-Haut ne se souviendra pas de mes péchés. » Malheureux ! qui ne craint que les regards des hommes et s’imagine follement pouvoir échapper à ceux de Dieu ! Il ignore ce passage de l’Écriture : « Et cet homme n’a pas su que les yeux du Seigneur, plus lumineux que le soleil, pénètrent toutes les voies des mortels, et la profondeur des abîmes, et l’intime des cœurs et les lieux les plus cachés. » Le Pédagogue les menace encore par la bouche d’Isaïe, leur disant : « Malheur à vous, qui voulez cacher vos projets dans la profondeur de vos cœurs ! vous marchez dans les ténèbres et vous dites : qui nous voit ? » En effet, quelqu’un d’entre eux évitera peut-être la lumière sensible du monde ; mais comment pourraient-ils éviter cette lumière intellectuelle qui pénètre tout ! Est-il possible, demande Héraclite, d’échapper aux rayons d’un astre qui ne se couche jamais ? N’espérons donc pas de lui échapper dans les ténèbres, car la lumière habite en nous, et les ténèbres ne l’ont point comprise. Une pensée honnête et chaste est comme un flambeau dans la nuit. Les pensées des hommes vertueux sont, dans le langage de l’Écriture, des lampes qui ne s’endorment point. S’efforcer de cacher ses actions, c’est pécher, cela est hors de doute; celui qui pèche fait aussitôt injure, non point tant à son prochain, s’il corrompt sa femme, qu’à lui-même, pour l’avoir corrompue. Devenu plus vil et plus méchant, il est aussi plus méprisé.

» Platon, philosophe païen, appelle, dans le Philèbe, impies et ennemis de Dieu ceux qui, en s’abandonnant au vice corrompent, autant qu’il est en leur pouvoir de le faire, le Dieu qui habite en eux ; c’est-à-dire leur raison. Ceux donc qui sont sanctifiés et immortels en Dieu ne doivent plus jamais vivre mortellement.

Rappelez-vous que vingt-quatre mille hommes furent punis pour avoir été impudiques, et réfléchissez que leur châtiment a été écrit pour votre instruction. Écoutez ces avertissements frappants et si souvent répétés du saint Pédagogue : « Ne va pas à la suite de tes désirs, et détourne-toi de ta volonté. Le vin et les femmes font tomber les sages et accusent les hommes sensés. Celui qui se livre aux prostituées sera dans la honte : la pourriture et les vers hériteront de lui, et il sera élevé comme un grand exemple, et son âme sera retranchée du livre de vie. » Ne se lassant pas de nous instruire, il s’écrie ailleurs : « Celui qui hait la volupté se tresse une couronne qui ne se flétrira point. »[10]



Chapitre V





CHAPITRE V.

Éducation pernicieuse donnée dans les écoles dirigées
par des prêtres, religieux ou religieuses.



La bonne éducation de la jeunesse est le premier besoin d’un état. (Abbé Aubert.)

Ce qui sied davantage à la jeunesse, c’est la modestie, la pudeur, l’amour de la tempérance et de la justice. Ce sont là les vertus qui doivent former son caractère. (Isocrate.)


On trouvera peut-être, après avoir lu le chapitre précédent, que nous avons pris peu d’espace pour traiter une question sur laquelle on a beaucoup écrit ; mais qui ne sait que ces cas de lubricité et d’ignobles passions sont permanents chez la plupart des membres du clergé catholique ?

Nous aurions pu, pour prouver la vérité de ce que nous avançons sur la démoralisation et les vices infâmes qui rongent ces êtres vils et impurs, donner encore des mille et mille exemples, mais comme nous nous voyons obligé d’en citer encore quelques-uns dans ce chapitre-ci; nous ne l’avons pas fait craignant d’apporter un trop grand dégoût dans l’âme de nos lecteurs.

Le chapitre précédent, traitant de l’impudicité des prêtres, doit avoir convaincu du tort que leurs exemples doit faire à la religion et par conséquent aux mœurs publiques. Mais nous tenons à prouver, une fois de plus, que leur existence parmi nous, et surtout l’éducation qu’ils donnent à nos enfants, est d’une conséquence si terrible pour la société, que, si les parents continuent à confier leurs enfants à des monstres pareils, les mœurs contre lesquelles ces hypocrites eux-mêmes osent jeter de si pitoyables cris, ne peuvent que disparaître entièrement du sein de la société dont elles sont le plus nécessaire soutien.

En effet, d’après M. Leneveux « l’éducation religieuse, l’enseignement chrétien, ont sans doute pour objet et pour résultat de faire pénétrer dans les cœurs la morale la plus pure et la plus conforme aux besoins des sociétés humaines ; et on s’accorde généralement à comprendre sous le nom d’éducation tout ce qui tend sous une forme ou sous une autre à développer les sentiments affectueux et dévoués du cœur humain, à l’exciter aux grandes choses, aux nobles actions, et à combattre en même temps les instincts dont le développement anormal pourrait être nuisible à la fois à l’individu et à la société. »

Or, les premiers devoirs de ceux à qui sont confiés l’éducation de la jeunesse, sont envers les enfants confiés à leurs soins. Appelés par le père de famille au partage de son autorité naturelle, ils doivent l’exercer avec la même vigilance, et presque avec la même tendresse. Non-seulement la vie et la santé des enfants sont remises à leur garde, mais l’éducation de leur cœur et de leur intelligence dépend d’eux presque toute entière.

En confiant un enfant à l’instituteur, chaque famille lui demande de lui rendre un honnête homme et le pays un bon citoyen, et il doit s’appliquer sans cesse à propager, à affermir ces principes impérissables de morale et de raison, sans lesquels l’ordre universel est en péril, et à jeter profondément dans les jeunes cœurs des semences de vertu et d’honneur que l’âge et les passions n’étoufferont point. La foi dans la Providence, la sainteté du devoir, la soumission à l’autorité paternelle, le respect dû aux lois, au prince, aux droits de tous, tels sont les sentiments qu’il s’attachera à développer. Jamais, par sa conduite ou son exemple, il ne risquera d’ébranler chez les enfants la vénération due au bien. « Les habitudes contractées dans le premier âge, dit Me Campan, dans son traité d’éducation, peuvent avoir une puissante influence sur le reste de la vie » et, dit encore Portalis, « c’est dans le cœur que les premières semences de la vertu ont été jetées, et ce n’est que par le cœur que l’homme peut s’attacher à la vertu, et se rendre capable de tout ce qu’il y a de beau, de bon, de grand. »

S’il en est ainsi, quelle terrible conséquence n’assument pas sur eux les parents qui remettent le soin de l’éducation de leurs enfants à des hommes qui ne peuvent que leur inculquer les vices dont ils sont rongés, et qui abusent même de l’innocence et de la faiblesse des enfants qui leur sont confiés, pour se livrer sur eux à leurs ignobles passions ? N’est-ce pas là une des sources dont découlent, en partie, le relâchement des mœurs et l’abandon de la religion dont on se plaint tant aujourd’hui ?

Nous n’entrerons pas dans de plus longues considérations sur l’éducation de la jeunesse, assez de livres en ont parlé. Mais nous croyons utile dans l’intérêt non-seulement des enfants, mais encore dans celui des parents, de leur dire : mettez-vous en garde contre les louanges qu’on ne cesse de vous chanter sur certaines écoles ; car les exemples des vices que vos enfants y verront et qui leur seront inculqués, ne peuvent que les perdre et vous causer les plus grands chagrins ; et rappelez-vous cette sage maxime d’Ésope :


« On ne réforme point les enfants par la langue ;
C’est l’exemple qui les instruit. »


Or, il y a exemple et exemple. Quoiqu’on ait dit « qu’on peut s’instruire aussi bien par les défauts des autres que par leurs vertus, et que l’exemple de l’imperfection sert presque autant à se rendre parfait, que celui de l’habileté et de la perfection » ; nous croyons que cela peut être bon et profitable pour les adolescents ; mais il est indubitable que les exemples pernicieux de ceux qui sont chargés de l’éducation des enfants, ne peuvent que les porter à imiter leurs maîtres et à s’approprier leurs vices.

Afin de garantir le public contre toutes les louanges non méritées qu’on prodigue, sous le rapport de moralité, à certaines écoles, nous allons citer quelques exemples qui, tout en méritant sa juste indignation, permettront aux pères de famille de juger plus sainement de la nécessité absolue de bien réfléchir avant d’envoyer leurs enfants dans n’importe quels établissements d’éducation, et surtout de se méfier de ceux qui sont les plus prônés par les partisans, adeptes, ou complices de ces hommes impies et voluptueux dont nous parlons dans tout le cours de notre ouvrage.

« Le nommé Hallard (Auguste-Louis), âgé de 32 ans, dit en religion frère Bertin-Marie, convaincu d’attentats à la pudeur sans violence, sur un enfant âgé de moins de treize ans, dont il était l’instituteur, a été condamné, par contumace, à dix années de travaux forcés et aux frais, par application des art. 331 et 333 du Code pénal, et 308 du Code d’instruction criminelle. »

! ! !


« On lit dans l’Écho du Nord :

» Un frère de la doctrine chrétienne, le nommé Héquet, âgé de vingt ans, en religion frère Firmat, attaché aux classes primaires, vient d’être arrêté sous l’inculpation d’attentats à la pudeur du caractère le plus honteux. »

! ! !


« Dans son audience, la Cour d’assises a condamné les nommés Dumoustier et François, frères instituteurs, l’un à cinq ans et l’autre à deux ans de prison pour attentats aux mœurs.

» Les débats de cette scandaleuse affaire ont eu lieu à huis-clos, et après le verdict du jury l’autorité a fait fermer l’école. »

! ! !


« Dans son audience de vendredi, la Cour d’assises du Hainaut, jugeant par contumace, a condamné à sept années de travaux forcés, à l’exposition publique et à l’interdiction indéfinie de toute tutelle et curatelle et de toute participation aux conseils de famille, le nommé Jean-Baptiste Binolland, se disant Jean-Baptiste Alexandre, âgé de 36 ans, né à Limoges, et directeur du collége Louis à Fleurus, fugitif, déclaré coupable d’attentats à la pudeur sans violence sur des enfants âgés de moins de quatorze ans, dont il était l’instituteur.

» On sait que ce malheureux jouissait à Fleurus de la protection ecclésiastique. Le parti clérical n’a vraiment pas de chance ! »

! ! !


« Le frère Teissier, supérieur des frères maristes de l’école de Lorette, vient d’être arrêté sous l’inculpation de nombreux outrages à la pudeur com mis sur des enfants confiés à ses soins. Le sieur Teissier passera aux prochaines assises. »

! ! !


« On lit dans le Journal de Gand :

» Nous apprenons que le frère de charité, poursuivi correctionnellement pour outrages publics à la pudeur commis sur des orphelins de l’hospice des Kulders, en cette ville, est assigné pour l’audience du 19 de ce mois, l’affaire étant portée devant la chambre des vacations par suite de la détention que subit le prévenu. »

! ! !


« Julien Desmarchix, âgé de 44 ans, né et demeurant à Plessé, comparaît devant le jury pour répondre à une accusation d’attentats à la pudeur sur des enfants âgés de moins de onze ans. Membre de la congrégation religieuse de Saint-Gabriel, établie pour l’instruction de la jeunesse, il en sortit en 1844, à la suite des faits dont il a à rendre compte aujourd’hui. Il avait réussi à quitter le pays et s’était réfugié en Suisse. Depuis, en décembre 1863, il fut condamné pour des actes de même nature à huit années de réclusion dans le département de la Haute-Savoie.

» Les débats ont lieu à huis-clos. Déclaré coupable par le jury, Julien Desmarchix est condamné à dix années de réclusion, dans lesquels viendront se confondre les huit années de réclusion prononcées contre lui par la Cour d’assises. »

! ! !


« Deux procès affligent en ce moment nos ultramontains : le premier contre un curé. Cet ecclésiastique est accusé d’un crime contre la pudeur. Quatorze jeunes gens qui lui étaient confiés figurent au procès en qualité de témoins. »

! ! !


« Les débats de la Cour d’assises, dans l’affaire relative à l’accusation d’attentats à la pudeur commis sur des enfants par un frère des écoles chrétiennes de la Miséricorde, sont terminés.

» Déclaré coupable d’un attentat à la pudeur avec violence sur un enfant de moins de quinze ans, dont il était l’instituteur, et de plusieurs autres attentats à la pudeur sur d’autres enfants âgés de moins de treize ans, dont il était l’instituteur, l’accusé Gesbert a été condamné aux travaux forcés à perpétuité. »

! ! !


« Pourquoi faut-il que la chronique du jour nous apporte un nouvel exploit des Petits Frères ?

» Voici ce que nous lisons à ce sujet :

» Un sieur Tripolin (joli nom) frère des écoles chrétiennes, est emprisonné depuis plus d’un mois. Il est accusé d’attentats à la pudeur commis sur des enfants dont il était l’instituteur, et doit comparaître devant les prochaines assises. »

» Encore une nouvelle page à ajouter au livre d’or de l’agiographie cléricale ! »

! ! !


« Un nouveau scandale vient d’éclater à Florent-le-Vieil. En pleine chaire de vérité on avait fait un sermon des plus violents contre l’instituteur laïque parce qu’il n’avait consenti qu’avec peine à se séparer de ses élèves pour les confier aux Petits-Frères à l’époque de la première communion. Des faits épouvantables sont venus bientôt au jour à charge des Petits-Frères, dont on avait exalté, en termes magnifiques, l’abnégation et les vertus. À la suite d’une enquête minutieuse, on découvrit que le supérieur avait été condamné, par le tribunal de Cholot, à 5 années de prison, 1000 fr. d’amende et 10 années de surveillance ; qu’un frère avait été condamné à 3 années de prison, et 300 fr. d’amende ; qu’un troisième frère avait été condamné, par la cour d’assises, à 10 années de travaux forcés ; qu’un quatrième frère avait subi une condamnation identique.

« En d’autres termes l’école des Petits-Frères de Florent-le-Vieil était une succursale du bagne de Toulon et la morale y était enseignée par des galériens. »

! ! !


« On lit dans le Droit : Une série de crimes abominables amène sur les bancs de la Cour d’assises, un jeune frère instituteur de la congrégation de Saint-Gabriel.

» Ce jeune homme n’a rien conservé de son costume de frère. Il est vêtu d’un pantalon et d’un paletot en coutil gris ; il a laissé croître sa barbe en prison. Ses cheveux noirs sont coupés ras ; son front est étroit et courbé ; son visage blême se colore parfois d’une légère rougeur qui traduit une violente émotion. Ses yeux constamment baissés, des aveux complets, même sur les faits de la plus infâme lubricité, lui donnent une apparence d’humilité qu’il conserve pendant tous les débats.

» Collineau (Alexandre), en religion frère Darius, âgé de dix-neuf ans, avait été domestique avant d’entrer au noviciat ; puis, admis comme frère instituteur, il avait été envoyé en qualité d’instituteur adjoint, d’abord à Saint-Fulgent, puis aux Essarts, et c’est dans ces deux localités qu’il a commis les crimes honteux et incroyablement multipliés qui lui sont reprochés.

» Seize à dix-sept jeunes garçons sont appelés comme témoins. Les visages pâles de ces enfants et les faits odieux dont ils ont été victimes font frémir d’indignation.

» La Cour, après la lecture de l’acte d’accusation et l’appel des témoins, a ordonné que les débats auraient lieu à huis-clos.

» M. Merveilleux Duvigneau a soutenu l’accusation, Me de Saint-Meleuc a présenté la défense.

» Après le résumé impartial et plein de dignité de M. le président, le jury a rendu un verdict affirmatif avec admission de circonstances atténuantes.

» La cour a condamné Collineau à vingt années de travaux forcés. »

! ! !


« Des faits de la plus douloureuse gravité viennent de se passer à Dourdan.

» Depuis huit ans, selon le récit de l’Opinion nationale, l’instituteur laïque dirigeant l’école communale était remplacé par des frères appartenant à la congrégation des écoles chrétiennes de la Miséricorde, congrégation qui, à cette époque, n’était pas légalement autorisée, et put cependant être mise en possession d’une école publique.

» Il y a quinze jours, les familles de Dourdan apprirent qu’un assez grand nombre des enfants de l’école avaient à subir de la part de leurs maîtres les plus honteux outrages. Le maire, averti, voulut prendre deux jours de réflexion. Mais le procureur impérial du ressort, averti aussi, se rend sur-le-champ à Dourdan, ouvre une enquête et arrive à constater que sur 140 élèves 82 ont été victimes de la perversité des frères. L’un de ces hommes a été arrêté : c’est un ancien soldat, cuisinier de la congrégation, accidentellement frère adjoint, n’ayant aucun brevet, et âgé de quarante-cinq ans. La gendarmerie eut peine à le défendre contre la trop juste indignation des habitants. Les trois autres frères ne paraissent pas, jusqu’ici, impliqués dans cette triste affaire. Toutefois, l’école a été fermée et ne sera rouverte qu’avec un instituteur laïque.

» Le frère Paul, de l’école chrétienne de Dourdan, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

» On a entendu les dépositions de quatre-vingts enfants.

» Un autre frère, de la même école,. condamné également aux travaux forcés à perpétuité, s’est pendu dans sa prison au moyen de sa chemise qu’il avait déchirée en lanières.

» L’émotion publique n’avait pas encore eu le temps de se calmer qu’on apprenait que le vicaire, informé qu’il aurait à subir un interrogatoire du commissaire de police, avait été trouvé mort dans sa chambre, à l’issue de la messe. La cause de cette mort est encore inconnue.

» Nous n’aimons pas à faire retomber sur toute une catégorie de personnes la responsabilité des actes de quelques-unes. Mais quand on se rappelle combien sont fréquents les faits de ce genre parmi les instituteurs congréganistes, on ne peut s’empêcher de conclure contre l’emploi de ces religieux dans les écoles. »

! ! !


Nous cessons de citer. Le dégoût que nous éprouvons à publier les nombreux exemples de faits aussi ignobles est à son comble. Nous en avons d’ailleurs dit assez pour préserver les parents contre les louanges données à ces écoles, telles que celles ci-dessous que nous lisons dans le Journal de Bruges, et les menaces faites aux parents dans l’Impartial de la même ville :

« On pourrait prouver que dans la ville de Bruges les cléricaux font une guerre acharnée aux établissements d’instruction qui dépendent de l’administration laïque et que c’est notamment à l’École communale des filles qu’ils en veulent. Pour notre part, nous pourrions faire connaître à la Patrie au moins une vingtaine de familles où des ecclésiastiques ont sommé les parents d’avoir à retirer leurs enfants de l’École communale pour les placer à celle des religieuses Maricoles, sous la menace, en cas de refus, de se voir retirer toute clientelle ou tout travail. On va plus loin : Nous avons appris que des maîtres de pauvres s’associent à ces manœuvres honteuses et qu’ils menacent les pauvres de leur ôter tout secours, s’ils persistent à envoyer leurs filles à l’École communale. »

« Sur le mot d’ordre, donné par l’évêché, la croisade a commencé contre la maison d’éducation, pour jeunes demoiselles, que l’administration communale de Bruges vient de créer et qui s’ouvrira le 6 novembre prochain. Vendredi dernier, dans une école de cette ville, un vicaire, chargé d’y donner l’instruction religieuse, a dit :

…. » J’espère donc qu’aucune de vous ne mettra le pied dans ce nouvel établissement de la ville ….. On n’y fera pas même le signe de la croix…. Vous y perdriez toute religion… » et le reste sur le même ton.

» On prêche contre cette école dans plusieurs églises, et non content de cela on fait courir le bruit que la directrice est protestante.

» Tout cela n’empêchera pas l’école de s’ouvrir, d’être fréquentée, de prospérer. Et il en sera ainsi, parce qu’elle répond à un véritable besoin et que l’instruction et la morale y marcheront de pair. »

Aussi quelles louanges ne doit-on pas à ceux qui savent défendre les écoles laïques contre ceux qui s’ingénient, par intérêt, à les faire mépriser ? Quelles louanges à accorder à tous ceux qui agiront comme le conseil communal de Profondeville (Namur) qui a adopté, à l’unanimité des membres présents, la proposition suivante, présentée par M. le Bourgmestre :

« Attendu que la conduite de mademoiselle l’institutrice est édifiante et exemplaire et qu’elle remplit ses devoirs à la grande satisfaction de la commune ;

» Attendu qu’elle a été l’objet d’injures et de brutalités de la part du desservant de la paroisse, injures et brutalités qui ne tendent à rien moins qu’à lui faire perdre son autorité sur ses élèves, l’estime et la considération dont elle jouit dans la commune ;

» Le bourgmestre estime qu’il y a lieu de désapprouver la conduite de M. le curé à l’égard de mademoiselle l’institutrice. »

Ce brave et charitable curé en a été quitte à meilleur marché que l’estimable M. Barnitz dont nous avons parlé dans le chapitre premier. Gare à la prochaine fois ! Si l’institutrice qu’il a injuriée et brutalisée, lit ce livre, et la manière que Miss Nellie Jacobs a employée ; elle pourrait bien, elle aussi, avoir recours au nerf de bœuf et au poivre de Cayenne. Et ce serait poivre bénit !

« Vous le voyez, les provocations viennent toujours de la faction cléricale. L’opinion publique est forcée de rapprocher ces faits de certains scandales tout récents qui vont occuper prochainement plusieurs tribunaux. Vous avez entendu l’autre jour parler du procès scandaleux du P. Théauger. La justice vient de surprendre plusieurs immoralités pareilles. Je ne parlerai pas de la conduite d’un moine arrêté récemment ; ses crimes sont trop monstrueux pour être consignés ici, mais je peux vous signaler un chanoine, qui avait la direction d’un pensionnat de jeunes fillettes et qui leur enseignait tout autre chose que la chasteté ; il est maintenant en jugement : les feuilles cléricales crieront aussitôt qu’on sévit contre les prêtres. »

Mais on sait à quoi tendent ces cris ! Si parmi les écoles instituées par des membres du clergé, il en est quelques-unes où l’on enseigne la morale, il en est malheureusement, il faut l’avouer, un plus grand nombre, où les enfants se corrompent et sont les victimes de la lubricité de ceux qui les dirigent. On ne nous fera jamais croire que le chanoine qui dirigeait ce pensionnat de jeunes fillettes, cherchait, en leur enseignant toute autre chose que la chasteté, à les rendre semblables au portrait que Zénon fait d’une jeune fille, en ces termes : « Que l’air de son visage soit modeste et pur, son regard ferme sans être hardi, sa tête droite, et qu’aucun de ses mouvements ne paraisse ni languissant, ni gêné ; que ses réponses soient pleines de vivacité, et que son esprit retienne facilement tout ce qu’on lui apprendra d’honnête et de vertueux ; que ses manières enfin ne fassent naître dans le cœur des impudiques aucune coupable espérance ; qu’une pudeur toute pleine de douceur et de force brille sur son visage et ne s’y éteigne jamais. »

Que les parents se défient surtout de l’air respectable et de douceur que savent prendre ces hypocrites !

« Une très grave et très délicate affaire amenait hier et a conduit encore aujourd’hui le parquet à Coucy-le-Château, pour instruire une procédure criminelle contre l’abbé Richer, directeur d’un pensionnat d’instruction primaire. L’abbé Richer, âgé de près de cinquante ans, présente un air très respectable. Une abondante chevelure encadre sa figure, qui respire la douceur, et cependant ce prêtre est accusé aujourd’hui d’attentats criminels sur la personne de jeunes enfants confiés à ses soins. »

On aura beau vanter les vertus qu’ils devraient posséder, les parents se désabuseront, et en leur retirant leurs enfants, leur jetteront à la face cette malédiction de N. S. : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive. Væ homini illi per quem Scandalum venit. »

La première éducation de l’enfant, cette instruction dont il n’est pas donné à l’homme d’apprécier l’étendue ni d’évaluer l’influence, consiste en exemples bien plus qu’en leçons directes. Nous avons honte de devoir entrer dans les détails de toutes ces infamies qui se commettent en présence et à l’aide de la jeunesse, au sein même de ces écoles, où les enfants ne devraient recevoir que des leçons de vertu, et où ceux qui devraient leur en donner l’exemple se montrent dans toute l’infamie de leurs mœurs. N’est-ce point là le plus horrible excès où la licence puisse monter ? Quelle plus grande preuve de leur perversité !

Quelle n’est donc pas l’impiété de ces hommes, qui, en déshonorant leur corps, déshonorent Dieu lui-même ! S’ils veulent être réellement ce qu’ils veulent paraître, et être utiles par l’éducation qu’ils donneront à la jeunesse, qu’ils rendent donc belle leur âme, et qu’ils ne se lassent point de l’orner ! Elle en a bien besoin ! On éprouve une profonde pitié pour ces jeunes et malheureux enfants, objets de leurs ignobles passions. Cependant la honte dont ils sont couverts ne leur appartient pas; elle est toute entière à ceux qui en tirent un plaisir criminel. Mais si ces enfants, dont le crime est involontaire, inspirent tant de pitié, quelle horreur ne doivent pas nous inspirer des hommes qui s’abandonnent volontairement, et de leur plein gré, à des infamies qu’ils devraient racheter de leur vie même, si on voulait les forcer à les commettre.

Saint Clément d’Alexandrie, déjà de son temps s’écriait que : « le vice avait désormais dépassé toute limite ; il promène en public, dit-il, ses joies lascives et insultantes, il coule à pleins bords dans nos villes, il est la loi commune et universelle. Les femmes, adjurant la pudeur ; les hommes, adjurant leur nature, vendent publiquement leur corps. Le luxe a fait des sexes un affreux mélange, et couvert les hommes d’opprobre. Il n’est rien qu’ils n’inventent pour rallumer leurs désirs éteints, rien qu’ils ne tentent et n’essayent pour rallumer leur imagination blasée. La nature qu’ils violentent, s’épouvante de leurs excès, et la volupté, devenue une marchandise publique, a pénétré dans l’intérieur des familles et les a souillées. Quel horrible spectacle que cet inceste perpétuel ! Quelle effroyable iniquité, et de quelles tragédies ne sont point la source ces détestables désordres ! Ils appellent facilité de mœurs ce qui est le plus horrible excès de la plus criminelle impudicité. Ils violent la nature, et se croient innocents des souillures de l’adultère. Mais la justice divine ne se taira point. Ils appellent sur leurs têtes d’inévitables calamités. Ni les uns ni les autres ne se souviennent de cette défense de Moïse : « Tu ne profaneras point ta fille jusqu’à en faire une courtisane, et la terre ne se remplira point de fornication et d’iniquité. » Ces paroles prophétiques, prononcées autrefois, s’accomplissent maintenant. Nous le voyons clairement de nos yeux. Toute la terre est pleine de fornication ; toute la terre est pleine d’iniquité. »

Quand on songe que du haut de la chaire, leur feinte humilité et leur hypocrisie vont jusqu’à nous répéter de nos jours ce que disait de son temps S. Clément d’Alexandrie, et que quelques personnes se laissent encore prendre à leurs feintes vertus, pourrait-on ne pas prévenir les parents des dangers que courent la moralité et la santé de leurs enfants entre de telles mains ! Ah ! quand on réfléchit sur les funestes conséquences qu’a, par rapport à la société, la corruption inculquée à de jeunes cœurs ; on ne peut trop reconnaître la justice de la malédiction lancée par J.-C. contre ceux qui scandalisent la jeunesse. « Malheur, dit-il, à ceux par qui le scandale arrive : Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il lui serait plus avantageux d’être précipité au fond de la mer. » En effet, sans considérer les effets du scandale par rapport à la volonté que Dieu a de sauver les hommes, volonté à laquelle on met obstacle, puisque l’on fait périr ceux que Dieu voulait rendre heureux « la volonté de votre Père céleste, dit J.-C., est qu’aucun de ces petits ne périsse », quand on ne considère que les effets désastreux qu’elle porte aux mœurs publiques, les parents ne doivent-ils pas, même sous peine de se tromper, retirer leurs enfants des écoles dirigées par des hommes souillés des vices les plus impurs, et les confier à des personnes plus dignes de leur confiance ; d’autant plus dignes que le célibat ne leur est pas imposé, contre la loi de nature, comme un devoir que les prêtres remplissent d’ailleurs si mal ; à des personnes enfin, qui savent respecter ces âmes à peine émanées du sein de la nature, ces images de la nature, ces images de Dieu, que l’haleine corrompue de la société n’a point ternies encore.

D’après les assertions des personnes qui ont pris la peine d’observer, les enfants se corrompent plus vite dans les établissements dirigés par des religieux, que dans ceux dirigés par des laïques ; d’ailleurs, les parents peuvent facilement se convaincre par eux-mêmes de la vérité de ces assertions. Qu’ils observent leurs enfants ; qu’ils les questionnent avec ménagement ; qu’ils tâchent de savoir la vérité, mais rien que la vérité, sur ce qui se passe dans ces établissements ; sinon par leurs propres enfants, du moins en interrogeant ceux qui leur sont étrangers, mais qui fréquentent ces mêmes écoles en compagnie des leurs. On aura beau dire, mais nous soutiendrons toujours, que dans la plupart de ces écoles, les enfants, nous l’avons prouvé par des exemples, y apprennent le mal qu’ils ignoraient, y reçoivent les plus funestes impressions, et finissent par se livrer eux-mêmes, aux mêmes désordres. Ils deviennent les esclaves des mêmes passions et s’assujettissent aux mêmes vices. Quand on pense seulement que la corruption d’un seul de ces enfants, peut apporter la corruption de tous ceux qu’il fréquente, on frémirait d’horreur et de dégoût. Qui oserait affirmer que les 82 élèves sur les 140 qui se rendaient à l’école communale de Dourdan, dirigée par les Frères de la Congrégation des écoles chrétiennes de la Miséricorde et corrompus par eux, ne soient capables de maintenir, non-seulement dans cette commune, mais encore dans toutes les communes et villes environnantes, la corruption pendant un grand nombre d’années ? Qui oserait douter que les jeunes filles qui fréquentaient le pensionnat du chanoine dont nous venons de parler, ne répandent dans la société les vices dont elles ont été imbues par lui, dès leur jeune âge; et que les enfants confiés à cet abbé Richer, et autres, sur lesquels ils se sont portés à des attentats criminels, ne continuent à répandre l’immoralité et la licence effrénée des mœurs.

Qu’on le reconnaisse donc enfin : ce n’est pas à de tels hommes ou écoles, que la jeunesse doit être confiée.

Si ces hommes dénaturés admettaient un Dieu trop juste et trop saint que pour n’être pas le vengeur du crime, s’ils n’étaient pas dénués de raison, ils ne se porteraient pas à ces excès de folie ; ils ne s’abandonneraient pas aux passions honteuses qui les ont asservis et qu’ils ne pourraient alors satisfaire à leur gré : un juge que rien ne trompe, un maître qui peut et qui doit tout punir, est odieux à ces cœurs vicieux et corrompus ; ils voudraient, s’il était possible pouvoir l’anéantir. Or, des hommes abjects et vils, des athées pourront-ils même avec des talents servir leur pays ? Non, sans doute; ils ne pourront qu’inculquer à leurs élèves les viles passions dont ils sont rongés, ainsi que leur incrédulité à l’existence de Dieu. Cependant comme le dit M. Necker : « c’est à la seule idée d’un Dieu qu’il est facile d’unir toute la législation morale et le système entier de nos devoirs. Elle devient le soutien de notre faiblesse, la sauvegarde de nos principes, et la source de nos plus touchantes consolations. » « Quand est-ce, dit Plutarque (adversus Colotem), que les hommes vivront comme les bêtes les plus sauvages et les plus insociables ? Ce ne sera pas quand ils n’auront plus de lois ; mais quand ils n’auront plus ces grands principes qui sont le fondement et l’appui des lois ; ce sera quand on invitera l’homme à la volupté, et qu’on niera la Providence de Dieu.

« Ce sont ces hommes qui ont besoin de lois, ceux qui regardent ces vérités comme des fables, qui mettent leur bonheur dans leur ventre et dans les autres plaisirs grossiers. C’est pour ceux-là qu’il faut des chaînes, des verges, des rois armés d’autorité pour empêcher des hommes sans frein et sans Dieu de dévorer leurs semblables……

« Qu’ils continuent de s’étendre ces affreux systèmes, dit encore Neuville, dans son Panégyrique de S. Augustin, leur poison dévorant ne tardera pas à consumer les principes, l’appui, le soutien nécessaire et essentiel de l’État…… Dès lors, dans le plus florissant empire, il faudra que tout croule, que tout s’affaisse, que tout s’anéantisse. Pour le détruire, il ne sera pas besoin que Dieu déploie sa foudre et son tonnerre, le Ciel pourra se reposer sur la terre du soin de le venger. Entraîné par le vertige et le délire de la nation, l’état tombera, se précipitera dans un abîme d’anarchie, de confusion, de sommeil, d’inaction, de décadence et de dépérissement. »

C’est aux législateurs à étudier ces vérités et à diriger vers elles l’esprit des lois, et le cours incertain des opinions. Mais c’est trop longtemps s’arrêter sur ces lugubres pensées. Quiconque réfléchira profondément aux malheurs qu’il s’attire, ainsi qu’à sa famille et à sa Patrie, pourra se faire l’idée des torts que doivent leur causer des hommes qui, par leurs vices, leur corruption et leur impénitence, prouvent qu’ils ne croient pas à l’existence de Dieu, dont ils devraient craindre la justice ; et qui, par leurs pernicieux exemples, inculquent l’athéisme aux enfants qui leur sont confiés. D’ailleurs, quelle utilité peut avoir l’éducation donnée par de tels maîtres ? Non seulement les enfants sont scandalisés par leurs mœurs déréglées ; mais ils sont de plus confiés à des hommes ou à des femmes qui se portent sur eux à des actes de cruauté et de férocité plus que sauvages. Si ces actes ne se commettent pas dans toutes leurs écoles, du moins ils se perpètrent dans plusieurs d’entre elles. Voici à titre de preuves quelques exemples en ce genre, qui feront voir que ceux qui les dirigent ne s’éloignent que trop souvent de la douceur dont il faut entourer l’enfance.

« Hier, on enterrait à Binche, un jeune garçon, élève des Frères de la Doctrine Chrétienne de cette ville. De sinistres rumeurs circulent dans le public au sujet de cet événement. Nous ne pouvons nous dispenser de les rapporter.

» Il y a à peu près huit mois, cet enfant fréquentait l’école des Frères, lorsqu’un de ceux-ci, pour le punir d’avoir été dissipé dans les rangs en revenant de la messe, voulut le faire entrer dans une cave en le faisant passer par le soupirail. Telle fut la frayeur du pauvre petit, affirme-t-on, qu’il en contracta la maladie qui l’a conduit au tombeau.

» Il importe que ce fait soit éclairci et afin que le supérieur de l’école des Frères de la Doctrine Chrétienne de Binche soit à même, le cas échéant, de le démentir, nous lui adressons le présent N°. » (J. de Charleroi).

! ! !


« Nous avons reçu, dit l’Union libérale de Verviers, la visite d’un père de famille dont les enfants vont à l’école des Frères ignorantins. Ces messieurs, ont, paraît-il conservé la méthode antique de faire pénétrer l’instruction dans la tête des enfants à la faveur de violences et de coups, car un des enfants du père de famille en question est revenu ce matin chez lui, la tête couverte de bosses et de blessures nombreuses. C’est, nous dit-il, avec un instrument en bois terminé en boule que le cher frère a arrangé de la sorte le petit martyr. »

! ! !


On lit dans le Progrès de Binche :

« Dame Thémis, qui n’oublie jamais rien, vient d’inviter à « comparoir » devant elle le nommé Pierre Desmet, exerçant en notre ville la profession de… « Petit Frère de la doctrine chrétienne » prévenu d’avoir porté des coups et fait des blessures à plusieurs de ses élèves. Ce saint homme a quitté la ville, croyant pouvoir se dérober aux conséquences de sa brutalité. On nous écrit de Sivry que cette commune a l’inappréciable honneur de le compter au nombre de ses habitants. »

! ! !


On écrit d’Arras à l’Écho du Nord :

« Nous apprenons que des poursuites sont exercées par la justice contre un frère de la doctrine chrétienne de notre ville, pour mauvais traitements exercés sur un enfant âgé de sept ans. »

! ! !


« Vendredi, au sortir des leçons de catéchisme préparatoires à la confirmation, de jeunes enfants se livraient devant l’église du Sablon aux espiègleries de leur âge. Un vicaire de la paroisse, le sieur C…, en voulant réprimer ce que ces jeux avaient de trop turbulent, a saisi un des plus espiègles par l’oreille, si malheureusement, que le lobe s’est détaché en partie de la tête. Les parents de la victime de ce fâcheux accident ont porté plainte. »

! ! !


« On nous rapporte, dit l’Union libérale, de Verviers, que, mardi dernier, une bande de petits garçons du quartier dit Café de la Montagne, revenaient en chantant des sérénades données par la garde-civique à son nouveau colonel, M. P. Grosfils.

» Leur chanson était peu orthodoxe, paraît-il ; car un prêtre, vicaire dans une commune voisine, qui s’était dissimulé derrière une maison, fondit sur la bande de chanteurs lorsque celle-ci se trouva à sa hauteur.

» Comme bien l’on pense, nos gamins se sauvèrent, sauf un cependant, nommé Detry et âgé de treize ans et demi, qui, n’ayant point chanté et jugeant au surplus qu’il n’avait rien à craindre de la part d’un ministre de Dieu, de paix et d’amour, était resté bravement sur la chaussée. Mal en prit à ce malheureux, car à peine à portée du gamin, le vicaire lui allongea une grêle de soufflets ; puis, l’ayant empoigné, il le terrassa et le foula aux pieds.

» Une femme, témoin de cette scène de brutalité, voulut intervenir, mais elle fut violemment repoussée et renversée. Enfin, de nouveaux témoins s’en étant mêlés, forcèrent le vicaire à lâcher prise ; il s’esquiva alors poursuivi par les huées de la foule.

» Quand à la victime de ces violences, on la releva hors de connaissance et on la transporta dans le voisinage, où M. le docteur Jacquemain lui donna les premiers soins. Son état semblait assez grave au premier abord ; cependant aujourd’hui il y a du mieux. Plainte ayant été déposée par les parents de cet enfant, la justice est saisie de l’affaire, et une enquête a commencé. »

! ! !


Le Journal de Charleroy publiait hier ce qui suit :

« La brutalité des moyens de correction employés par les Frères de la doc trine chrétienne est de notoriété publique. Il y a quelques jours nous citions le fait d’un ignorantin de Goyssart (Jumet), qui avait indignement battu un jeune enfant de 9 ans, et qui vient de se soustraire par la fuite au châtiment qui l’attendait ; vendredi, c’est un frère ignorantin de Charleroy qui s’est rendu coupable d’un fait du même genre. Le fils de M. P., de la Ville-Haute est rentré chez ses parents, le front couvert de blessures, ainsi que les bras. »

» Cet enfant avait été condamné, nous ne savons pour quelle faute, à baiser cent fois la terre, et comme il ne s’exécutait pas assez vite au gré du cher frère, celui-ci lui cognait chaque fois la tête contre le plancher. Nous ne savons quelle suite sera donnée à cette affaire, mais nous croyons devoir en informer les familles pour qu’elles avisent à ce qu’elles ont à faire dans l’intérêt de leurs enfants. »

! ! !


— Aujourd’hui, la même feuille ajoute :

« On nous assure qu’une enquête est ouverte au sujet des violences exercées par un frère de la doctrine chrétienne de cette ville sur un jeune élève de neuf ans. Si, comme nous n’en doutons pas, cette enquête est faite avec soin, on découvrira sans aucun doute, que ce cher frère est coutumier de pareils actes de brutalité. On nous cite, entre autres, la punition suivante qu’il a infligée ces jours derniers, à un pauvre petit innocent de cinq ans et demi. Après lui avoir ôté sa cravate, il lui en a bandé les yeux ; puis le prenant sur ses genoux, il s’est mis à le fesser d’importance. Après s’en être ainsi donné à cœur joie, le cher frère a poussé le pauvre enfant à genoux, puis l’a relevé brutalement en le soulevant par les bras, pour le repousser immédiatement à genoux. L’enfant en a eu les bras tout meurtris.

» Nous ignorons le nom d’homme de ce brutal ignorantin, nous savons seulement qu’en religion il s’appelle frère « Arthur ».

! ! !


« Un fait des plus regrettables, et qui a produit une grande sensation dans notre ville, vient de se produire à Tourlaville. Trois sœurs de la providence dirigent une école publique dans cette commune. Depuis quelque temps déjà les habitants s’étaient émus des voies de fait dont leurs enfants étaient l’objet de la part d’une de ces sœurs, mais tous se taisaient parce qu’on n’osait parler.

» Un acte révoltant de brutalité, commis la semaine dernière, a fait connaître à tous la façon dont étaient traitées les malheureuses petites pensionnaires des sœurs de Tourlaville. Une jeune enfant de Cherbourg, âgée de neuf ans, est devenue folle à la suite des mauvais traitements dont elle a été victime. Mise au cachot pendant la nuit, cette pauvre petite fille, déjà vivement impressionnée par cette séquestration nocturne, a été effrayée, à diverses reprises, par une des sœurs qui pénétrait dans le cachot, la poursuivait en poussant des cris et la frappait violemment…

» Le lendemain, les parents recevaient chez eux leur enfant dans un état complet d’idiotisme, et, jusqu’à ce jour, tous les secours de l’art ont été impuissants pour rendre la raison à cette malheureuse victime des sœurs de la Providence. La justice a été saisie de cette triste affaire. »

! ! !


« D’après la Gazette, la Cour criminelle aura bientôt à s’occuper de la cause d’une sœur de charité du Limbourg, accusée d’avoir placé un enfant de trois ans sur la platine rougie du foyer, pour le punir de ses mensonges réitérés. Les pieds de l’enfant ont été grièvement brûlés par ce châtiment pédagogique d’une nouvelle espèce. La sœur de charité a avoué son crime. »

! ! !


Il faudrait sans doute être bien aveugle pour méconnaître les funestes conséquences qu’ont ces actes de brutalité, et il serait facile, comme le dit Bernardin de St-Pierre « de démontrer par une foule d’exemples que la dépravation de nos plus fameux scélérats, a commencé par la cruauté même de leur éducation. »

Que ne doivent pas souffrir de la part de ces hommes impitoyables et de ces femmes cruelles, ces pauvres enfants que la misère arrache de si bonne heure à la tendre sollicitude de leur mère, si les enfants de gens aisés sont traités de la sorte ? Ces pauvres enfants, que leur faiblesse, autant que la misère de leurs parents, met complètement à la merci de ces monstres; ces pauvres enfants pour toute éducation morale ne doivent guère recevoir que des coups de corde, des coups de poing, des coups de pied et d’autres cruautés dans le genre de celles dont nous avons donné des exemples plus haut. Quelle triste éducation que de n’entendre que des injures, des mauvais propos; que de ne voir que des exemples de dépravation et de brutalités ! Mais, ce qui surpasse l’ignominie de ces mauvais traitements, c’est l’injustice avec laquelle on les leur inflige. Qu’ils fassent bien, qu’ils fassent mal, pas un coup de plus, pas un coup de moins. Le caprice, l’humeur bonne ou maussade de leurs grossiers maîtres, voilà la seule règle de cette distribution, à peu près, continuelle, de coups, de menaces, d’injures et de mauvais exemples. Leurs larmes et leurs plaintes sont un amusement pour leurs bourreaux, qui n’ont à leur offrir comme consolation que de nouveaux coups, de nouvelles avanies. Il leur faut se cacher pour pleurer comme pour commettre un crime. Encore si ces cruautés étaient propres à donner l’aversion du mal, on pourrait peut-être leur pardonner à demi et dire comme le disait Salomon : « N’éloigne pas le châtiment de l’enfant ; car si tu le frappes de la verge, il ne mourra point ; tu le frapperas de la verge et tu délivreras son âme de la mort » ; mais cette aversion du mal ne peut venir que du goût et de la connaissance du bien, et non des exemples pernicieux et immoraux que ces pauvres enfants ont journellement sous les yeux. La sorte de crainte qu’inspire le châtiment est la crainte d’être puni, non celle de mal faire ; l’emploi fréquent des punitions rend à peu près nul tous les autres moyens et nous n’en connaissons aucun aussi insuffisant au développement de la morale. Il y a d’étranges instituteurs, et dont toute la vie ne semble occupée qu’à préparer aux enfants des raisons de se dégoûter de l’étude, et de n’avoir qu’à parler d’eux et à ne prononcer leur nom, qu’avec un sentiment d’horreur et avec des imprécations. Les maisons publiques de correction et les établissements consacrés aux aliénés ne fournissent-ils pas sans cesse des exemples propres à fournir des commentaires à ce texte ? En effet, combien de fois ces reproches amers pour les fautes les plus légères, ces duretés exprimées avec le ton de l’emportement ou même des menaces et des coups, n’exaspèrent-ils pas une jeunesse fougueuse, produisent des penchants pervers, précipitent dans l’idiotisme ou dans une aliénation déclarée, les pauvres victimes de ces atrocités ? La crainte que leur inspirent ces traitements atroces équivaut d’après M. de Fénelon « aux remèdes violents que l’on emploie dans les maladies extrêmes ; ils altèrent le tempérament et usent les organes. Une âme élevée par la crainte est toujours plus faible….. »

Nous n’entrerons pas dans de plus longues considérations à cet égard, d’autant plus que cet ouvrage n’a pour but que de donner des exemples frappants de l’immoralité de la plupart des ministres de notre religion, exemples qui portent à la perdre dans nos esprits, ainsi que de la fausse et funeste éducation que les enfants reçoivent dans les écoles dirigées par ces hommes. Que les parents se prémunissent donc contre les illusions qu’ils pourraient se faire à cet égard. Beaucoup de personnes ont d’ailleurs approfondi tout ce qui a rapport à l’éducation de la jeunesse et ceux qui désireraient être plus longuement renseignés peuvent consulter les ouvrages écrits sur ce sujet. Ils pourront se convaincre que c’est surtout sur les exemples que repose sa première condition de réussite. Les exemples pernicieux, tous les vices contre nature qui se commettent dans beaucoup d’établissements dirigés soit par des ecclésiastiques, des religieuses ou des frères de la doctrine chrétienne, etc., méritent la réprobation universelle, quoique ces écrivains soi-disant désintéressés qui les défendent s’ingénient à nous faire croire que si Dieu permet le mal c’est toujours pour un plus grand bien. S’ils parviennent jamais à nous persuader que les exemples d’impudicité, de vols, d’escroqueries, de transgressions à toutes les lois de la nature et de l’Évangile, de cruauté, d’ivrognerie, etc., etc., servent à préserver la jeunesse de ces mêmes vices, oh ! alors nous n’aurons plus qu’à nous incliner devant leur profonde science du cœur humain et leur génie ! Mais les stupidités débitées dans tous leurs ouvrages, montrent assez clairement qu’ils ne s’adressent qu’aux ignorants, et qu’aucun homme, ayant l’ombre du bon sens, ne peut croire à toutes ces faussetés et à toutes ces bassesses. Qu’on demande aux parents raisonnables et ayant à cœur le bien-être de leurs enfants, s’ils voudraient que non-seulement ceux-ci soient témoins de choses aussi odieuses, mais encore que leur innocence soit profanée par ces indignes maîtres, sous prétexte que ce que Dieu fait est bien fait, et que, s’il permet le mal, c’est toujours pour un plus grand bien ? La question est résolue d’avance et la réponse ne saurait être douteuse !

Et puis, qui pourrait par exemple croire que des faits comme ceux relatés dans l’Organe de Mons, comme celui ci-dessous, soient utiles à être vus par la jeunesse, pour son éducation ?

« Nous avons parlé, il y a quelques jours, dit ce journal, de l’arrestation d’un prêtre en état d’ivresse, qui troublait le repos public dans la rue de Berlaimont. Nous avons pu obtenir quelques renseignements au sujet de cette algarade, et nous les publions en assurant leur parfaite véracité. Nous pouvons, si on osait nous contredire, citer les noms de certains témoins de ces scènes scandaleuses.

» Cet ecclésiastique, curé à H….., à quelques lieues de Tournai, s’était rendu vers le soir dans un petit estaminet de la porte de France, enseigné À la Gaieté. Il paraît que l’enseigne n’était point menteuse, car, au bout d’une heure, M. le curé devint très gai, plaisanta agréablement quelques personnes qui se trouvaient dans l’établissement, jusqu’au moment où il jugea bon de se prendre de querelle avec l’une d’elle. La querelle s’envenimant, on jugea bon de mettre dehors M. le curé, qui ne tenait plus guère sur ses jambes, et qui entreprit une promenade en zig-zag dans la rue de Berlaimont.

» Il pouvait être alors dix heures et demie du soir. M. le curé, quoique voyant trouble, sut apercevoir néanmoins des jeunes filles qui prenaient le frais sur la porte de leur habitation ; et, rendu téméraire par les copieuses libations qu’il avait faites, il les accosta, leur faisant des demandes à faire rougir le moine le plus débauché, et y ajoutant des propositions d’autant plus honteuses qu’elles tombaient de la bouche d’un de ces hommes dont les masses doivent pouvoir au moins respecter le caractère. Parmi ces jeunes filles, il s’en trouvait qui n’avaient pas même atteint leur quinzième année.

» Mal accueilli comme ou le pense bien, hué par les témoins de toutes ces scènes scandaleuses, M. le curé s’éloigna en trébuchant à chaque pas et en brandissant, comme le tambour-major du Caïd la respectable canne dont il était porteur. Il arpenta quatre ou cinq fois la rue de Berlaimont dans toute sa longueur, puis se perdit dans les ponts de la porte de France.

» La rue était redevenue tranquille, un majestueux silence planait sur ce coin de notre cité, quand, vers minuit et demi, on entendit tout-à-coup un singulier fracas : c’était M. le curé qui s’amusait à casser à coups de canne les vitres de la Gaieté, parce qu’on lui refusait l’entrée de la maison. Il y avait encore quelques personnes dans l’établissement; elles sortirent et se mirent à la poursuite du respectable prêtre, qui avait pris la fuite et qui fut atteint près de la barrière du faubourg de Berlaimont. Il se défendit à outrance, blessant même, mais légèrement, une des personnes qui voulaient l’arrêter ; enfin, vaincu par le nombre et désarmé, il cessa toute résistance et se laissa porter sur un brancard au bureau de police, où l’on dressa procès-verbal des faits relatés plus haut. Puis, comme la loi est une pour tous et les réglements de police également, on n’eut garde de confiner le brave homme dans le trou où les ivrognes tapageurs cuvent ordinairement leur vin ; un agent, le sieur Defaucold, le conduisit au couvent des capucins où il acheva la nuit si bien commencée. Le lendemain il vint prier M. le commissaire de ne pas donner suite au procès-verbal ; puis, prenant le train, il regagna son village en passant par Tournai, mais sans aller cependant confier ses impressions de voyage au journal de Mgr Labis.

» En terminant ce récit, nous répéterons qu’il est parfaitement exact et qu’il défie toute contradiction. Si quelque doute perce néanmoins dans l’esprit du lecteur, il pourra s’assurer de la réalité des faits en s’adressant rue circulaire de Berlaimont, n° 2. »

On l’a dit avec grâce et justesse : « L’excès du vin produit l’ivresse, qui enfante à son tour l’impudence crapuleuse, les dégoûts pesants et pénibles à eux-mêmes et ces mouvements imprévus de la tête et des membres que la raison ne gouverne plus » ; « l’homme ivre, dit encore le poète tragique, est vaincu par la colère et abandonné par la sagesse; ses discours, pleins de folie, l’ont plus tard le sujet de sa honte. »

On ne nous fera jamais croire que ces exemples crapuleux soient nécessaires pour engager les enfants à se préserver de ces mêmes vices. Si les Lacédémoniens, qui avaient une juste horreur du vice de l’ivrognerie, forçaient leurs esclaves à s’enivrer et à paraître devant eux dans cet état, c’était afin que les actions basses et ridicules que l’ivresse leur faisait commettre, fussent pour les maîtres un salutaire enseignement, qui les empêchât de tomber dans le même vice et de se couvrir de la même honte ; ils avaient un soin tout particulier de préserver leurs enfants de pareils spectacles. En effet, s’il est des hommes qui ont besoin de l’influence des exemples pour se bien conduire ; s’il en est d’autres d’une nature plus forte et plus généreuse qui, de leur propre mouvement, embrassent et suivent la vertu ; il n’en est pas moins incontestablement vrai que la jeunesse, chez qui la passion a plus de prise, ne finisse par se dire que l’ivrognerie n’est pas un vice, vu que des prêtres même se soûlent, et traînent dans la boue leur robe sacrée.

Il en est de même de la luxure, de la lubricité, des vices contre nature, de la rapacité, du désir effréné des richesses, de luxe et de convoitises de toutes sortes, dont ils donnent journellement de si désastreux exemples. « Quiconque se livre à ces vices, nous dit l’Écriture, ne sera jamais sage. » Il est donc très aisé aux parents de suivre ces mots de l’Écriture et de savoir à quelles personnes ils doivent confier l’éducation de leurs enfants.[11]



Conclusion





CONCLUSION.

__________



Quelle conclusion tirer de tous ces actes du clergé ? C’est que les prêtres qui n’accomplissent pas strictement tous les devoirs que leur impose leur sacré ministère sont, non-seulement inutiles au bonheur des peuples, mais leur sont encore on ne peut plus nuisibles, car ils les corrompent et les portent à négliger leurs devoirs de piété.

C’est que tant que ces prêtres fanatiques, intolérants, impudiques, hypocrites, trompeurs et immoraux auront de l’influence sur les peuples, par leurs fausses superstitions ou supercheries et leurs semblants de vertus, la misère et la discorde régneront toujours parmi eux.

C’est qu’étant incorrigibles, malgré toutes les remontrances qui leur ont été faites depuis le 3e siècle de notre ère, ils persistent à vouloir, aux dépens des sociétés, maintenir leur suprématie du pouvoir et des consciences, en usant des préjugés, des faux miracles et des mensonges les plus absurdes ; espérant encore couvrir tous leurs méfaits des ténèbres les plus opaques. Aussi, n’a-t-on pas vu, pendant des siècles, l’ignorance la plus honteuse régner dans tous les pays sous leur domination. Eux seuls étaient riches, opulents ; le reste languissait dans la plus profonde ignorance. Mais qu’importent la puissance et le bonheur des nations à des hommes qui ne s’occupent point de leur félicité en ce monde ; qui, pour les autres, trouvent que les richesses sont nuisibles ; qui prêchent un Dieu pauvre, qui recommandent l’abjection d’âme et la mortification des sens, tandis qu’eux s’emparent de la plus grande partie des richesses, vivent dans la splendeur, et que le reste des hommes font leur salut dans la misère. En effet, leurs fondations ridicules et nuisibles à la société, ne font-elles pas subsister dans l’aisance une foule de fainéants qui la dévorent sans lui prêter aucun secours et qui, par leurs pernicieux exemples, perdent la religion, qui est son plus nécessaire soutien. Les peuples ne sont-ils pas tourmentés par des sangsues qui leur font acheter chèrement des sacrements, des prières qu’ils font négligemment, ou plutôt qu’ils ne font pas du tout ; et tandis que l’homme à talents, le savant industrieux, l’ouvrier, languissent dans l’indigence ou n’ont tout au plus de quoi ne pas mourir d’inanition, des moines paresseux et des prêtres oisifs, ne jouissent-ils pas d’une abondance honteuse, et ne se livrent-ils pas à tous les vices et à la licence la plus effrénée ?[12]




Quant aux exemples d’ignoble impudicité qu’ils donnent à la société ; vu leur opiniâtreté, leur effronterie à défendre leur célibat honteux et voluptueux, et puisque Monseigneur de Ségur à la page 52 des réponses aux objections contre la religion, nous jure qu’ils n’ont d’ailleurs pas le moins du monde envie de se marier, et nous demande depuis quand on marie les gens malgré eux, nous répondrons et nous concilierons qu’il n’est qu’un seul moyen efficace de préserver les enfants, les particuliers, les familles et les peuples en général, de la dissolution des mœurs et de la licence qu’ils inculquent nécessairement à tous ceux qui les approchent ; et c’est d’exiger que ceux qui se destinent au sacerdoce soient, au moment de leur admission dans les ordres religieux, soumis à l’opération qu’on fait subir aux eunuques avant de leur permettre l’entrée du sérail, opération qu’on nomme communément la Castration.

Jésus-Christ lui-même a parlé avec éloge de ceux qui se sont faits eunuques pour le royaume des cieux ; et Origène a pris à la lettre ce conseil et ce précepte. Les prêtres d’Astarté en Syrie et de Cybèle en Phrygie, étaient eunuques. Pourquoi les prêtres catholiques ne le seraient-ils pas ?

Si la Circoncision, établie parmi les Juifs et même parmi les premiers chrétiens et les premiers Apôtres et Pères de l’Église, était une loi de Dieu, pourquoi la Castration ne pourrait-elle être une loi de l’Église ?

Cette loi d’ailleurs, ne serait-elle pas dans nos prêtres, bien mieux que la Circoncision, le signe d’une alliance divine, et s’ils tiennent tant à se distinguer du reste du peuple et à se faire regarder comme des hommes particulièrement consacrés à Dieu ; si, au moment où ils reçoivent les ordres, ils sont sincèrement décidés à pratiquer leur vœu de chasteté, que peut leur faire cette particularité qui, comme la Circoncision chez nos premiers parents, ou plutôt chez le peuple spécialement choisi de Dieu, sera une marque incontestable de leur innocence. Or, pourquoi Dieu a-t-il voulu que son peuple fut distingué par une cérémonie aussi singulière que celle de la circoncision ? N’est-ce pas, quoique quelques philosophes anciens, tels que Philon, aient essayé de nous en donner des raisons physiques, que ce rite, suivant les saints Pères, était très propre à avertir les Juifs de se garder de la corruption générale des mœurs qui infectait le monde, et de se distinguer des autres nations par le retranchement de tout ce qui violerait la sainteté de la loi divine. (Equidem præter jam dictas rationes, per circumcisionem significari arbitror duo quædam valdé necessaria. Unum excisionem voluptatum, non unius tantùm hujus generis, sed omnes per unam. Phil. de circum. Bernard. Serm. I. de circum. Dom. — Cyprianus de circum. etc.)

Or, s’il en est ainsi, la Castration est une loi qui, bien mieux que la Circoncision, serait éminemment utile aux prêtres, dont les mœurs sont si corrompues de nos jours ; tant pour les préserver des vices qui les rongent et qu’ils communiquent à la société, que pour les distinguer des autres hommes, et leur faciliter à mettre en pratique leur vœu de chasteté, et à se retrancher de tout ce qui violerait la sainteté de leur sacré ministère et la loi divine.

Alors nous aurions de bons prêtres. Alors nous aurions des prêtres qui ne recevraient le sacrement de l’Ordre que lorsqu’ils seraient fermement décidés à remplir toutes les obligations et les devoirs qu’il impose, et dont la chasteté sacerdotale qui les entourerait d’une sorte d’auréole et qui les élèverait, comme le dit toujours de Ségur, au dessus de leurs frères, leur permettrait d’attaquer plus librement leurs vices, particulièrement l’impureté et le libertinage.

Demandons donc à nos gouvernants qu’ils proposent cette loi si salutaire, et quand toutes les nations, qui doivent en reconnaître l’incontestable utilité pour le maintien des bonnes mœurs, en auront fait la demande à N. T. S. P. le pape Pio nono, nul doute qu’il n’en reconnaisse également l’urgente nécessité, et qu’il n’illustre son Pontificat par la création de la loi sur la Castration des Prêtres catholiques. Amen.[13]



Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 9-10.
  2. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 21-22.
  3. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 44.
  4. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 45.
  5. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 47.
  6. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 73.
  7. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 79.
  8. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 123-124.
  9. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 188-189.
  10. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 201-229.
  11. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 231-251.
  12. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 253-254.
  13. Les immoralités des prêtres catholiques, p. 257-259.