Au nom du fils (Vincent Lannoo)
Au nom du fils | |
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Réalisation | Vincent Lannoo |
Pays | Belgique |
Langue | français |
Musique | Michelino Bisceglia |
Production | Lionel Jadot, Toni Productions, Hands UP |
Tournage | La Hulpe, Paroisse de Saint-Guidon à Anderlecht, Rochefort, Autun, Praz-sur-Arly |
Sortie | 29 septembre 2012 |
Durée | 80 min |
Type | 2,39:1, couleur |
Genre | Comédie noire |
Garçons | |
Zacharie Chasseriaud, 15 ans : Jean-Charles de La Baie, 13 ans Albert Chassagne-Baradat, 12 ans : Albert de La Baie Théo Dardenne, Lucas Moreau : garçons à l’église | |
Adultes | |
Astrid Whettnall : Élisabeth de La Baie Achille Ridolfi : le père Achille Philippe Nahon : le père Taon Lionel Bourguet : le père Charlebois | |
Au nom du fils est un film du réalisateur belge Vincent Lannoo, sorti en 2012. Il met en scène, de façon à la fois grotesque et dramatique, les terribles bouleversements que provoque dans une famille catholique la découverte d’une liaison entre un prêtre et l’aîné des garçons.
Cette « comédie noire », antireligieuse et anticléricale, n’a pas pour thème principal « la pédophilie dans l’Église », comme certains l’ont cru trop hâtivement, mais plutôt les incohérences, les erreurs et les mensonges de la religion, ainsi que le risque d’enfermement que courent adultes et enfants qui s’y soumettent.
Synopsis détaillé
Le père Taon et le vicaire Achille enregistrent une annonce télévisée réclamant aux fidèles du diocèse de Sainte-Croix un grand nombre de dons et de contributions, parmi lesquels l’accueil de prêtres pendant au moins trois ans.
Le père Achille emménage dans la maison familiale de Marc et Élisabeth de La Baie, où vivent également leurs deux fils Jean-Charles, treize ans, et Albert, d’un ou deux ans plus jeune.
Livre 1
Élisabeth et le père Achille animent bénévolement l’émission « Parole vivante » sur Radio Espoir Chrétien. Un auditeur les questionne, avec une certaine agressivité, sur la responsabilité de Dieu dans les catastrophes naturelles et dans les souffrances humaines. Puis une auditrice exprime son désarroi devant l’éloignement de son fils adolescent pour la religion.
À l’insu d’Élisabeth, qui les croit en retraite spirituelle, Marc et Jean-Charles font un stage à La Source, un camp paramilitaire et religieux intégriste dirigé par le père Charlebois. Ils s’entraînent entre autres à donner l’assaut sur des mannequins d’Oussama Ben Laden et autres terroristes.
Le prêtre fait ensuite un bref rappel de l’épître de saint Paul affirmant « car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité ; et si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés, et par conséquent ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus »[1]. C’est à ce moment qu’en essayant de réparer son pistolet, Marc se tire une balle dans la tête et meurt sur le coup. Selon le père Charlebois, « il est mort en martyr ! »
Revenu chez lui, Jean-Charles doit expliquer la mort de Marc à sa mère et à son frère, en présence du père Taon, oncle et parrain d’Élisabeth, et du père Achille : pour préserver le secret des séjours à La Source, il raconte une histoire de chasse au chevreuil assez peu vraisemblable.
La nuit suivante, Albert descend contempler les étoiles dans le jardin, bientôt rejoint par leur mère.
Lors d’une journée de jardinage à l’église, Jean-Charles se montre très agressif envers trois jeunes Arabes immobiles de l’autre côté de la rue, les traitant de « kamikazes » qui « tuent les curés » et « vivent dans la haine ». Il fait le simulacre de tirer sur eux. Le père Achille, après lui avoir donné une petite gifle pour arrêter cette diatribe, lui fait la morale :
— C’est pas ça qu’on enseigne ! Où sont tes valeurs de tolérance et de pardon ? Notre devoir est d’aider les gens à trouver la lumière, en aucun cas de les tuer. […] Je comprends que tu sois blessé, mais… je te promets que c’est pas en blessant les autres que ça ira mieux.
Le soir, le prêtre emmène Jean-Charles dans un restaurant marocain. Coiffés de chéchias, ils mangent un couscous en regardant une danseuse du ventre. Le père Achille explique au garçon la valeur des contacts avec d’autres civilisations, et la fraternité humaine au-delà des différences. Sa main se pose amicalement sur celle de Jean-Charles, qui semble intrigué par ce contact affectueux.
Élisabeth lit à Albert un article d’une revue catholique, qui place tout phénomène naturel sous la volonté de Dieu. Ensuite elle recommande à Jean-Charles de ne pas oublier sa prière — ce qu’il refuse. Puis elle fait une prière dans sa chambre. Le père Achille la rejoint, pose une main sur son épaule. On ne sait si leurs relations vont plus loin.
Livre 2
Le père Achille, solitaire dans sa chambre, interprète assez mal une chanson intitulée Chanter en anglais. Cette scène, sans lien direct avec les autres épisodes, montre son côté très humain, sensible, presque fragile.
Lors d’une de ses émissions, Élisabeth annonce que le père Achille ne participera plus, car il a décidé, six mois après la mort de Marc, de partir sous d’autres cieux, et elle lui rend un vif hommage. Une auditrice s’interroge sur la nécessité ou non d’être baptisé pour aller au paradis ; Élisabeth répond tant bien que mal, tout en étant consciente de l’insuffisance de ses arguments. Au terme d’un intermède musical (des paroles pieuses et niaises chantées sur l’air du Boléro de Ravel), on annonce à Élisabeth un nouvel interlocuteur prénommé « Julien » :
— Nous avons Julien au téléphone. Bonjour Julien.
— [Une voix très juvénile] Bonjour.
— Oh là ! Mais… vous avez quel âge, Julien ?
— Bientôt quatorze.
— Et vous n’êtes pas à l’école, à cette heure-ci ?
— Non. Je… sèche les cours. [Élisabeth, à voix basse : « C’est mon fils »] Mais je vous appelle pas pour ça. Je voudrais dire quelque chose à ma mère, mais je n’ose pas.
— Mais, est-ce que vous croyez vraiment que c’est à la radio qu’il faut le faire ?
— Mon père est mort. Je pense que je suis amoureux d’un autre homme.
— Quoi ?
— Je suis amoureux d’un homme et… je suis désespéré parce qu’il vient de partir… et… et je crois qu’il ne reviendra jamais.
— Pardon ?
— Ma mère l’aime beaucoup, elle est très proche de lui. C’est aussi pour ça que j’ose pas trop lui dire. Vous croyez que mon péché est si grave ? Que ma mère va le pardonner un jour ?
— Attendez, je ne comprends pas…
— Je lui ai tellement menti, ces derniers mois ! Nous faisions croire à ma mère que… on allait à la chasse avec mon père…
— Attends, Jean-Charles, c’est qui ? De qui tu parles ?
— Le vicaire. [Un long silence]
— Écoutez-moi, jeune homme. Ne mentez plus. Et ne téléphonez plus jamais ici, dans cette émission…
— Maman…
— … pour raconter des horreurs et des mensonges.
— Maman…
— Parce que c’est très grave ! Et Dieu ne le pardonnera pas, et votre mère non plus.
— Maman…
— Non, je suis désolée, ça non ! Ça non !
— Maman… [Elle fait un geste de refus et se détourne du micro. Il crie] Maman !… Maman !
Élisabeth rentre d’urgence chez elle, monte dans la chambre de Jean-Charles, ouvre la porte et voit son fils avec le canon d’un fusil sous son menton. Il regarde sa mère, et se tire une balle dans la tête. Elle s’effondre à terre.
Dans la scène suivante, Élisabeth tente désespérément de laver sur le mur le sang de Jean-Charles, tout en récitant des prières.
Lors du rassemblement de la famille, une femme assure à Élisabeth, d’un air illuminé, que finalement elle a de la chance, car cette épreuve va la rapprocher de Dieu ; puis elle lui récite ardemment un poème mystique de sainte Élisabeth de la Trinité, sur les joies de la douleur, avant de s’écrouler devant l’assistance. Les gens rient.
Livre 3
(Retour en arrière : le père Taon se dirige vers un salon dont il ouvre la porte, découvrant le père Achille allongé et Jean-Charles sur lui. Le garçon se relève, et remet ses chaussures, tandis que le père Taon frappe le père Achille et le traîne à terre.)
En voiture avec Élisabeth, le père Taon prétend qu’il n’était pas au courant de la liaison entre le vicaire et Jean-Charles, ni de la raison du départ d’Achille « en mission » ; il dit avoir tout appris en même temps qu’elle — ce que la scène précédente dément.
— On ne sait pas jusqu’où a été cette… cette merde, dit-il.
Ils parlent du suicide du garçon, mais uniquement sur le plan de la foi et du salut.
— Et la question de l’homosexualité ? demande Élisabeth.
— Si Jean-Charles était homosexuel, c’est qu’il était dérangé mentalement. Il était malade, il souffrait de cette maladie, et, honteux de lui, il s’est enlevé la vie.
Élisabeth remet au père Taon le fusil de Jean-Charles.
Lors d’un repas avec sa mère, Albert demande à aller dans un camp « pour jouer au soldat comme Jean-Charles et papa ». Élisabeth soutient qu’ils allaient à la chasse, et tente de le faire taire, mais l’enfant répond qu’elle ment, qu’il a tout vu sur des vidéos.
Élisabeth et Albert regardent ensemble ces vidéos, où elle découvre la vérité sur les prétendues « chasses » de son mari et de Jean-Charles.
Lorsqu’elle en parle au père Taon, il lui déconseille formellement d’aller au Camp de La Source : « Ce sont des dangereux ». Et il ajoute : « Tu ne dois pas aller voir l’évêque : c’est un con. C’est un vieux con. »
L’évêque sert une tasse de thé à Élisabeth. Il lui explique qu’elle ne peut accuser sans preuves le père Achille, ce qui serait une calomnie et un double péché, à la fois contre la vérité et contre la charité. Élisabeth proteste :
— Je sais et je comprends que pour l’Église il est très difficile de nommer la pédophilie. Mais moi je pense qu’au contraire aujourd’hui il faut en parler. Et qu’en tant que chrétiens on se doit de protéger les plus faibles. Le père Achille est dangereux. C’est un malade.
L’évêque est d’avis que si les faits reprochés au père Achille sont vrais, une correction fraternelle serait plus efficace ; en outre, il explique qu’une telle accusation ferait souffrir tous les proches du prêtre, retourné dans sa ferme familiale en Italie. Élisabeth insiste :
— On parle ici de la vérité !
— La vérité… Vous croyez que votre souffrance vous donne le pouvoir de parler plus qu’une autre de la vérité ? [Il sort une liste de prêtres accusés, par calomnie selon lui.] J’ai choisi la charité plutôt que la médisance pour aider une âme à changer. […] La brebis égarée n’est pas le loup. […] J’écoutais votre émission lorsque votre fils vous a appelée. Que s’est-il passé en vous cet après-midi-là ? Vous n’avez pensé qu’à l’horreur de sa perversion, son péché. Vous avez été sourde à son appel au secours. Pire : vous l’avez accusé. […] La vérité, c’est la vérité que vous voulez, mais la vérité que vous ne voulez pas entendre. La vérité c’est qu’il y a des enfants malades, manipulateurs pervers. Et leur perversion peut entraîner les prêtres, parmi les plus prometteurs. La vérité, c’est que ce fils n’a pas sa place au ciel, car il s’est enlevé la vie, cette vie que Dieu lui a donnée. Et parce qu’il était un homosexuel.
— Taisez-vous ! Taisez-vous ! La victime c’est mon fils.
— Vous voyez bien que pas plus qu’une autre vous ne voulez entendre la vérité.
— Parce que ce n’est pas la vérité !
— Ma fille, vous savez bien que Jean-Charles n’était qu’une petite tante, qui bandait en montrant son joli petit cul au premier homme d’Église venu. […] Les enfants ne sont pas des anges. Alors la vérité…
Élisabeth assomme l’évêque avec la théière ; elle s’acharne avec fureur jusqu’à lui démolir le crâne. En partant, elle emporte la liste des prêtres accusés.
Elle se lave les mains, avec en fond sonore un extrait de son émission, où elle conseille une autre femme qui a des problèmes relationnels :
— Je crois que nous devons avoir l’humilité d’accepter de ne pas savoir, et d’être à l’aise avec cette situation. Parce que c’est le principe même de la foi, ne pas savoir. Accepter de ne pas savoir : quel challenge !
En fouillant le bureau de son mari, elle trouve des balles, des photos du camp paramilitaire, le boîtier du pistolet.
Livre 4
Élisabeth rêve qu’elle est devant le tombeau de Jean-Charles. La photo de celui-ci s’anime :
— Maman !… Maman !… Non, maman !… Maman !…
Elle se réveille en train de présenter son émission en compagnie d’un nouveau prêtre, très caricatural.
En coulisse, Albert lit un livre sur Jésus, et demande :
— Vous croyez qu’il existe ?
Élisabeth se rend en voiture, avec Albert, au Camp de La Source, en pleine forêt. Ils y rencontrent des hommes à l’exercice, qui les ignorent. Finalement ils trouvent le père Charlebois, organisateur du camp et chef des « Croisés de Pie XII ». Il envoie Albert jouer sur le terrain d’exercice, puis donne à Élisabeth sa vision de la religion catholique :
— L’Église est morte. Elle pourrit de l’intérieur, rongée par le sida de la corruption, de l’homosexualité et du secret. Les infidèles sont partout, et de plus en plus nombreux. C’est comme un cancer.
Il attribue le meurtre de l’évêque à des musulmans. Puis il évoque Jean-Charles :
— Ton fils, je vais être franc avec toi, c’était un incapable, efféminé, il aurait pas été foutu de porter les munitions.
Il rend à Élisabeth le pistolet de Marc, qu’elle lui a demandé « pour se protéger » ; puis il lui propose de laisser Albert au camp, ce qu’elle refuse.
Après une tombola paroissiale à laquelle assiste Élisabeth, elle se rend dans une église désaffectée, où elle se livre à un combat à mort contre un prêtre, tandis qu’Albert l’attend à l’extérieur dans la voiture. Le prêtre la terrasse ; il demande :
— Pourquoi ?
Puis il s’empare du pistolet et tire à plusieurs reprises en direction d’Élisabeth. Il monte sur un échafaudage ; elle le fait tomber. Le prêtre reste accroché à la croix :
— Madame de La Baie, qu’est-ce que je vous ai fait ?
Élisabeth retourne prendre des balles dans sa voiture, revient dans l’église, et abat le prêtre après avoir énuméré des prénoms :
— Julien, Jérôme, son frère Romain, et Antoine… voilà, mon père, ce que vous avez fait.
Elle dit une prière.
Lors de son émission, elle étudie attentivement une carte, sans répondre à l’auditeur qui soulève une question sur l’impossibilité de prouver quoi que ce soit en matière de foi religieuse. Elle reconnaît finalement :
— Je vous dirai juste que je ne sais pas. Je ne sais pas quoi vous répondre.
Au cours d’une partie familiale de scrabble, le père Taon pourrait former le mot PHALLUS, mais il préfère HALOS. Puis il défend l’idée que le monde a bien été créé il y a douze mille ans, comme le dit la Bible, mais que Dieu a pu y inscrire de fausses informations donnant à croire que des fossiles ont plusieurs millions d’années, ceci dans le but d’éprouver la foi des croyants.
Une nuit, Élisabeth arrive en voiture devant un bâtiment où trois prêtres jouent aux cartes : les pères d’Arzac, Mollenthiel et Castel. Elle les abat tous les trois après avoir déclaré :
— Votre évêque a été plus que miséricordieux face aux horreurs que vous avez fait vivre à de jeunes garçons.
— C’étaient juste des petites caresses, se défend vainement Mollenthiel.
Un autre jour, Élisabeth abat une religieuse.
Après être rentré chez elle et s’être occupée d’Albert, elle tue successivement quatre autres prêtres : dans un confessionnal ; en forêt ; dans un réfectoire ; dans une église. Chaque fois, elle raye un nom sur la liste. Puis elle prie.
Après un baptême, elle rencontre un prêtre africain, l’abbé Luangi. Celui-ci explique avec franchise et courage :
— Oui… mais oui !… Oui, je l’admets, j’ai eu des relations quand j’étais au Congo. J’en ai eu aussi quand j’étais au Burundi, et au Tchad. Premièrement ça ne vous regarde pas : vous n’êtes pas mon confesseur. Deuxièmement, chère madame, qu’est-ce qu’on veut dire par ici ? En Afrique, les jeunes filles ont des rapports dès l’âge de quatorze ans, parfois douze ans. Les hommes et les femmes s’unissent naturellement dès que leur physique le leur permet et que leurs sentiments le commandent. Il n’y a pas d’âge légal dans la nature. L’âge du consentement, c’est une invention occidentale, une idée des Blancs. Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? Votre culpabilité de femme blanche vous empêche de tirer sur un Africain ? C’est ça ? On ne tire pas sur un Noir ! C’est ça ? Vous pensez que je ne suis pas assez digne pour subir le même traitement que les autres, à cause de la couleur de ma peau. Bien sûr ! Il est difficile d’affronter son propre racisme.
Après quelques hésitations, Élisabeth abat le prêtre noir.
Dans sa voiture, elle entend la radio annoncer que les Croisés de Pie XII ont revendiqué une explosion contre une mosquée, en réaction à l’assassinat de onze ecclésiastiques au cours des dernières semaines, et qu’en retour plusieurs mouvements islamistes appellent à la vengeance. Alors Élisabeth pleure longuement. Elle est bouleversée, semble avoir compris quelque chose. Elle met le pistolet sous son menton ; mais ne tire pas.
Retournée chez elle, Élisabeth dit n’avoir pas trouvé ce qu’elle cherchait. Albert discute au salon avec le père Taon. Celui-ci vient d’être nommé évêque. Élisabeth lui demande de l’entendre en confession. Elle avoue d’abord des doutes sur l’existence de Dieu ; puis elle affirme que si Dieu a voulu que le père Taon devienne évêque, c’est qu’il a voulu aussi qu’elle assassine l’ancien évêque ; et elle avoue les onze meurtres :
— Je l’ai fait au nom de Dieu, parrain, mais je me suis trompée. Malgré ma prière, je me suis trompée, parce qu’il n’y a jamais eu de réponse. Parce qu’il n’y a pas de réponse !
Elle ajoute que la plupart des prêtres qu’elle a assassinés ont douté avant de mourir. Le père Taon lui impose silence, la renie comme filleule, nièce et amie :
— Il n’y a plus de pardon, plus d’avenir, plus de Dieu pour toi, et pour ta famille, ici, maintenant, et jusqu’au Dernier Jour !
Alors Albert apparaît, armé du pistolet ; il en menace le prêtre, et lui demande de partir. Après avoir accepté, le père Taon se fait remettre le pistolet, le pose, et s’en va. Élisabeth pleure.
Livre 5
(Retour en arrière, sur fond sonore de l’émission d’Élisabeth : on voit Jean-Charles paisiblement allongé sur le père Achille.)
Élisabeth et Albert roulent sur l’autoroute vers les Alpes, jusqu’à la nuit. En Italie, dans une chambre d’hôtel, Albert dort déjà à côté de sa mère. Au matin, ils petit-déjeunent.
En montagne, dans un champ, Élisabeth tient à la main le pistolet, tandis qu’Achille s’approche sur un engin agricole. Elle le met en joue, mais Albert se précipite vers le prêtre :
— Mon père, Jean-Charles est mort ! On a fait tout ce chemin pour te le dire.
Apercevant le geste de sa mère, il s’efforce de la dissuader :
— On ne peut pas tuer quelqu’un !
La mère d’Achille apparaît :
— Non potete far questo davanti a vostro figlio! [Vous ne pouvez pas faire ça devant votre fils !]
Élisabeth hésite longuement, devant Achille immobile ; et finalement son bras retombe.
Épilogue
Albert, au sommet d’une montagne, s’approche de sa mère. Un grondement continu retentit, tandis qu’une épaisse nuée envahit rapidement le paysage, masquant tout, y compris les deux personnages.
— Dieu est en colère, dit Albert.
— Non, c’est la nature… c’est juste la nature, répond Élisabeth.
Les personnages
Élisabeth de La Baie
Personnage central du film, Élisabeth traverse la pire épreuve — la perte d’un fils —, ce qui l’entraîne à passer d’un extrême à l’autre, avant de s’apaiser dans une forme de sérénité. D’abord très conformiste, enfermée dans une croyance omniprésente, une pratique religieuse plutôt ritualiste et une morale étroite, elle dérive jusqu’au crime pour défendre cette vision — exactement comme son mari avait dérivé vers une défense armée de la chrétienté.
Mais une prise de conscience progressive la pousse finalement à s’éloigner du catholicisme, renonçant du même coup à châtier ceux qu’elle avait crus collectivement « coupables » de la mort de Jean-Charles.
Le père Achille
Lors de l’émission radiophonique, le père Achille, d’origine italienne, se montre plus souple et plus psychologue qu’Élisabeth, positif par tempérament et non par automatisme idéologique. De plus, il est doté d’un sens de l’humour, d’une simplicité et d’une humanité qui le rendent sympathique.
Dans ses rapports avec les garçons, il n’apparaît pas uniquement comme pédéraste, mais avant tout comme un excellent éducateur : c’est ce qui ressort de son action intelligente pour éteindre le racisme inculqué à Jean-Charles par son entourage.
Jean-Charles
Lorsque Jean-Charles téléphone à Radio Espoir Chrétien (Livre 2), il dit avoir « bientôt quatorze ans ». Or le père Achille vient de partir, après six mois passés dans cette famille : Jean-Charles avait donc un peu moins de treize ans et demi lorsque le prêtre est arrivé.
Le père Taon
Parrain d’Élisabeth et futur évêque, le père Taon représente ce que la religion catholique et l’Église ont de plus fermé, de plus strict quant à la doctrine et à la morale.
Pourtant, malgré sa soutane et ses opinions peu scientifiques, il n’est pas ouvertement traditionaliste : peut-être le réalisateur a-t-il voulu signifier ainsi que la modernisation entreprise depuis Vatican II reste superficielle, ne changeant rien à la nature profonde de la religion, qui est d’opprimer et d’enfermer l’homme plutôt que de le libérer.
Le père Charlebois
Obnubilé par une conception militaire de la foi, le père Charlebois incarne certaines dérives historiques des religions, chrétiennes ou autres : ainsi son extrême agressivité envers l’intégrisme islamiste le révèle comme un « frère ennemi » d’Oussama ben Laden.
L’évêque
Sur le plan de la foi comme de la pastorale, les positions de l’évêque ne sont guère critiquables : préférer le doute à la calomnie, la charité à la dénonciation, la « correction fraternelle » à une sanction. Bref, une morale positive plutôt que répressive.
Mais il perd finalement cette bienveillance à propos de Jean-Charles, fustigeant son « homosexualité » et lui refusant toute chance de salut, tant pour cette raison qu’à cause de son suicide. Ce double discours, à quelques minutes d’intervalle, questionne sur l’ensemble des positions de l’Église, et sur ses incohérences.
L’abbé Luangi
Ce prêtre africain présente une défense, fort bien argumentée, de la sexualité intergénérationnelle. Ses préférences sexuelles — garçons ou filles — ne sont pas précisées.
Comme ensuite le père Achille, il fait face avec courage au risque d’être tué.
Albert
Personnage secondaire, le petit Albert est cependant presque toujours présent à côté de sa mère. Peut-être lui sert-il d’alibi moral, pour justifier ses crimes au nom de la défense des enfants.
On sent qu’il s’interroge sur la religion, ne prenant pas pour argent comptant ce que les adultes lui en disent. Il représente l’avenir, et aussi une vision saine, simple et équilibrée de la vie.
Pistes d’interprétation
Le sujet du film
Contrairement à une première impression, le sujet principal n’est pas la pédophilie des prêtres, en réalité très peu traitée ici, ni même le silence des autorités ecclésiastiques à ce sujet. Or beaucoup de spectateurs et même de critiques, influencés par le matraquage médiatique ou par leurs présupposés idéologiques, s’arrêtent à cette interprétation.
Un ouvrage traitant de la pédophilie des prêtres aborde généralement au moins certains des thèmes suivants : célibat ecclésiastique, sexualité de l’enfant et de l’adolescent, consentement, confession, enfants de chœur, orphelinats, internats, maîtrises de garçons… Or aucun de ces sujets n’est évoqué dans Au nom du fils. Même l’attitude de l’Église par rapport à cette question n’est traitée qu’assez brièvement (pendant quatre minutes), lors de la rencontre avec l’évêque.
Le thème essentiel du film est plutôt l’enfermement religieux auquel sont soumis, sous diverses formes, tous les personnages — enfermement intellectuel, affectif et moral auquel certains tentent d’échapper.
Jean-Charles refuse de prier à partir du moment où le père Achille lui a fait entrevoir d’autres horizons ; mais devant l’oppression religieuse qui l’empêche d’aimer librement, il voit le suicide comme la seule possibilité de fuite. Son petit frère Albert semble aussi chercher une échappatoire à la religion. Quant à Élisabeth, ce n’est qu’après avoir abandonné la foi qu’elle renonce à tuer ; et, comme le suggèrent ses dernières paroles, qu’elle remplace Dieu, dans son esprit, par la nature.
Par leurs pratiques sexuelles, les prêtres pédérastes rejettent également le carcan de la morale catholique et de leur propre condition (Élisabeth affirme avoir perçu leur doute en matière de croyance).
Les forces négatives
Jean-Charles est d’abord entouré d’adultes manifestement nocifs pour lui : son père, minable, menteur, et raciste d’ultra-droite ; sa mère confite en dévotion ; son grand-oncle Taon, à la religion dure, sclérosée, presque inhumaine ; le père Charlebois, gourou illuminé, violent, complotiste et xénophobe. Le père Achille, au contraire, représente pour lui le début d’une libération — qui passe par l’amour et la sexualité, mais va bien au-delà, lui faisant remettre en cause les certitudes inculquées par son entourage.
Deux personnes sont directement responsables du suicide de Jean-Charles : le père Taon, qui découvre et brise son amour pour Achille ; puis Élisabeth, en refusant de sortir du moralisme catholique pour écouter son fils et pour l’aider. Mais le fusil avec lequel il se suicide est celui utilisé au Camp de La Source, sur la recommandation de Marc et du père Charlebois : symboliquement, c’est cette idéologie haineuse qui le tue.
Le pistolet utilisé par la mère pour assassiner les prêtres est celui-là même qui servait à son mari contre des terroristes virtuels : le lien entre le racisme anti-arabe et l’intolérance antipédophile est établi.
La scène finale évoque la puissance et les mystères de la nature ; mais on peut aussi l’interpréter comme un épais brouillard s’étendant peu à peu sur l’ensemble du monde actuel…
Vision de la pédérastie
Le père Achille, Jean-Charles, Albert et l’abbé africain Luangi sont les seuls personnages importants à n’être jamais présentés comme antipathiques ou ridicules : deux prêtres aux mœurs très libres, donc, et deux garçons. À l’inverse, les personnages antipédophiles ou anti-homosexuels sont souvent odieux ou risibles : Élisabeth, l’évêque, le père Charlebois, le père Taon.
Quant aux pédérastes, ils font plutôt figure de victimes. Aucun d’eux n’est accusé d’actes particulièrement graves, tels que viol, violence ou manipulation mentale.
La liaison amoureuse entre le père Achille et Jean-Charles n’a rien d’un viol. Le garçon désire cette relation, et il en parle ouvertement à la radio devant sa mère. Lorsque le père Taon intervient, il ne découvre pas l’adulte allongé sur le garçon et pesant sur lui ; mais à l’inverse, le garçon couché sur l’adulte.
C’est bien la rupture de cet amour qui provoque le suicide de Jean-Charles, non un imaginaire traumatisme qu’aurait provoqué la relation pédérastique (laquelle, au sens strict, n’est pas « pédophile », puisque Jean-Charles est manifestement pubère).
Pour qualifier la relation entre le garçon et le prêtre, jamais n’est utilisé le terme adéquat de « pédérastie ». Une seule fois, lors de la rencontre d’Élisabeth avec l’évêque, elle emploie le mot « pédophilie ». Mais elle-même, l’évêque, le père Taon et le père Charlebois parlent plus volontiers d’« homosexualité ». On peut considérer que ces choix de vocabulaire expriment l’ignorance des personnes concernées, puisqu’elles confondent trois notions assez différentes ; ou au contraire, que le réalisateur a souhaité mettre l’accent sur le fait que la pédérastie est une forme particulière d’homosexualité, et qu’à ce titre elle pourrait bénéficier d’une certaine acceptation.
L’assassinat d’un ecclésiastique dans l’église désaffectée évoque visuellement une crucifixion : le prêtre pédéraste qui va être tué y prend la place du Christ.
L’argumentation du prêtre africain, l’abbé Luangi, est factuellement juste, et très défendable.
On peut se demander si Élisabeth applique finalement à la pédérastie sa conclusion : « C’est la nature… juste la nature ».
Style et influences
Bien qu’il suive en partie les préceptes de réalisme du mouvement Dogme95, Au nom du fils se caractérise par un scénario complètement irréaliste, voire surréaliste : les prêtres belges y sont encore en soutane dans les années 2000, les demandes du clergé aux fidèles sont très exagérées, l’existence d’une organisation armée d’ultra-droite en Belgique est improbable ; de plus, il n’est guère vraisemblable qu’une femme puisse abattre onze ecclésiastiques en quelques semaines sans se faire prendre.
L’influence cinématographique la plus évidente est l’humour noir de C’est arrivé près de chez vous.
Certaines scènes de Radio Espoir Chrétien rappellent la permanence téléphonique dans Le père Noël est une ordure.
La pochette du DVD évoque un double rapprochement : « “La vie est un long fleuve tranquille” rencontre “Kill Bill” ».
Affiches
L’affiche originale belge, annonçant la sortie nationale pour le 3 avril 2013, est un détournement de la Vierge à l’Enfant, panneau gauche du Diptyque de Maarten van Nieuwenhove réalisé en 1487 par le peintre primitif flamand Hans Memling.
Y ont été ajoutés un collage du visage d’Astrid Whettnall (Élisabeth) regardant vers le ciel, le dessin d’un pistolet braqué vers le spectateur (à la place d’une pomme), une tache de sang sur le fond, et un crucifix doré ancien, aux formes vaguement évocatrices, jaillissant d’une déchirure à l’endroit du sexe de l’Enfant Jésus.
Incidemment, on peut remarquer qu’il existe une copie d’époque du tableau de Memling, peinte par un de ses disciples, avec un arrière-plan enrichi de trois anges assez jolis et très juvéniles : Vierge à l’Enfant avec trois anges musiciens, dite « Madone De Béthune » (Madonna met kind en drie musicerende engelen, ou “Madonna De Bethune”).
Cette version avec trois jeunes garçons aurait mieux convenu pour l’affiche du film, si Vincent Lannoo avait voulu attirer l’attention prioritairement sur le thème de la pédophilie dans l’Église.
Scandale en France
En France, l’association catholique Civitas a tenté d’empêcher la sortie du film, et elle y est presque parvenue : fin avril 2014, l’affiche officielle, identique à l’original belge, est interdite d’affichage public. Le distributeur Eurozoom a donc été contraint de la modifier.
La nouvelle affiche française, tout en reprenant l’œuvre de Memling, présente un visage moins « mystique » de l’actrice, et supprime le crucifix entre les cuisses de l’Enfant Jésus. Outre quelques modification mineures, le nom d’Achille Ridolfi (le père Achille) remplace celui de Zacharie Chasseriaud (Jean-Charles) en haut de l’affiche.
Une seconde version française, portant dans un cartouche la mention « ça arrive encore près de chez vous », annonce la sortie du film pour le 7 mai.
Une troisième affiche, utilisée à Paris, représente la religieuse assassinée baignant dans son sang.
Fiche technique
- Titre original : Au nom du fils
- Traductions : In the name of the son (sous-titres anglais) ; In de naam van de zoon (sous-titres néerlandais)
- Réalisation : Vincent Lannoo
- Scénario : Vincent Lannoo, Philippe Falardeau
- Son : Guilhem Donzel, Matthieu Michaux, Philippe Charbonnel
- Musique originale : Michelino Bisceglia
- Images : Vincent Van Gelder
- Montage : Frédérique Broos
- Décors : Vivian Sassen, Stéphane Vander Meuter
- Costumes : Christophe Pidre, Florence Scholtes
- Cascadeurs : Albert Goldberg, Sybille Blouin
- Effets spéciaux : Jean-Raymond Brassinne, Florence Jasselette
- Armurier : Olivier de Laveleye, SFX works
- Production : Lionel Jadot, Yono Productions, Hands UP
- Pays d’origine : Belgique
- Langue : français
- Format : couleurs, 2,39:1
- Genre : comédie noire
- Durée : 80 minutes
- Dates de sortie publique : le 3 avril 2013 en Belgique ; le 7 mai 2014 en France
Distribution
- le père Achille : Achille Ridolfi
- le père Taon (« parrain ») : Philippe Nahon
- le père Charlebois : Lionel Bourguet
- Élisabeth de La Baie : Astrid Whettnall
- Marc de La Baie : Serge Swysen
- Jean-Charles de La Baie : Zacharie Chasseriaud
- Albert de La Baie : Albert Chassagne-Baradat
- l’évêque : Jacky Nercessian
- La Sainte : Dominique Baeyens
- Christine : Geneviève Baerten
- Le Puissant : Albert Goldberg
- le réalisateur radio : Carlo Ferrante
- la mère de Marc : Marie-Jeanne Maldague
- le père de Marc : Grégoire Baldari
- Olivier : Benoît Van Dorslaer
- l’abbé Luangi : Denis Mpunga
- François Castel : Jean-Louis Cremers
- le père d’Arzac : Pierre Lekeux
- le père Mollenthiel : Bernard Boudru
- la femme para : Christelle Delbrouck
- la mamma (mère d’Achille) : Christiane Rorato
- garçons à l’église : Théo Dardenne, Lucas Moreau
- enfant au baptême : Titouan Joye
- adulte au baptême : Bernard Garant
- le curé : Philippe Grand’Henry
Homonymie
Sous un titre similaire ont été publiés plusieurs livres, bandes dessinées et films, à propos de sujets complètement différents :
- 1960 : Au nom du fils, roman d’Hervé Bazin (Daniel, veuf, éprouve des difficultés avec son fils cadet Bruno, qu’il soupçonne de ne pas être de lui).
- 2007 : In the name of the son, court métrage réalisé par Harun Mehmedinović.
- 2010 : Au nom du fils, pièce de théâtre d’Alain Cauchi (le regroupement d’une famille après la mort du patriarche).
- 2010-2011 : Au nom du fils : Ciudad perdida, bande dessinée en deux tomes, de Serge Perrotin et Clément Belin (Michel, métallo et syndicaliste aux chantiers navals de Brest, décide de partir seul à sa recherche d’Étienne, son fils de dix-neuf ans qui a disparu en Colombie).
- 2012 : Le Scorpion. 10, Au nom du fils, bande dessinée de Stephen Desberg et Enrico Marini.
- 2012 : Yéshoua : au nom du fils, roman historique de Chloé Dubreuil (réinterprétation de la vie de Jésus de Nazareth, y compris pendant son enfance).
- 2012 : Michel Vaillant : nouvelle saison. 1, Au nom du fils, bande dessinée de Benjamin Benéteau, Marc Bourgne, Philippe Graton, Denis Lapière.
- 2015 : Au nom du fils, téléfilm réalisé par Olivier Péray (adaptation de la bande dessinée de Perrotin et Belin).
- 2015 : In the name of the son, roman de Mario G. Huacuja (les relations entre une immigrante mexicaine aux États-Unis et son fils).
Diffusion
Cinéma
- Allemagne : 6 novembre 2014
- Belgique : 29 septembre 2012 (Festival international du film francophone de Namur) ; 3 avril 2013 (sortie nationale)
- Canada : octobre 2013 (Festival du nouveau cinéma de Montréal)
- Danemark : 5 avril 2014 (Copenhague, festival CPH PIX)
- France : 3 octobre 2013 (Nantes, Festival de L’Absurde Séance) ; 21 avril 2014 (Lyon, festival Hallucinations Collectives) ; 7 mai 2014 (sortie nationale)
- Italie : 22 novembre 2013 (Torino Film Festival)
- Pologne : 6 décembre 2013 (Varsovie, Black Bear Filmfest)
- Royaume-Uni : 27 avril 2014 (Édimbourg, festival du film d’horreur Dead by Dawn)
- Suisse : 6 juillet 2013 (Festival international du film fantastique de Neuchâtel)
- République Tchèque : 29 juin 2013 (Mezinárodní filmový festival Karlovy Vary)
Télévision
DVD
- Au nom du fils. – Eurozoom, 2012. – DVD-9, zone 2, PAL : version originale en français, sous-titres anglais et néerlandais ; 80 min.Compléments : Making-of ; L’après-séance au Publicis ; bande-annonce ; Teasers. Livret collector.
Commentaires et reconnaissance
Comptes rendus et critiques
Le critique Pierre-Alain Depauw, du site catholique intégriste Medias-Presse.Info, a compris ainsi le film de Vincent Lannoo :
- « […] un film belge qui prétend être une “comédie sombre” et qui prend la pédophilie comme prétexte pour justifier l’assassinat de tous les prêtres et religieuses. »
Selon Jacky Bornet sur France Culture, Au nom du fils est un « film polémique sur la pédophilie des prêtres », qui est « un sujet résolument tabou » ; Marc « meurt d’un accident de chasse », et Élisabeth, « catholique convaincue, animatrice d’une émission où elle porte ses valeurs », « découvre que son fils de 14 ans est victime du Père Achille » qui « abuse » de lui.
Une partie de cette critique est reprise en copié-collé par le site Amazon pour la vente du DVD.
Jeremie Couston, dans Télérama, n’est guère plus exact :
- « Lorsque son fils se suicide, Élisabeth comprend qu’il a été victime de pédophilie au sein de l’Église. Elle affronte bientôt le silence, quand ce n’est pas la complicité, des autorités ecclésiastiques. […] En bon Belge, Vincent Lannoo carbure à l’humour noir, à la provoc et à la parodie. Sous le vernis de la farce acide, le film dénonce un tabou et un fléau : la pédophilie dans l’Église et l’omerta qui l’accompagne. En prêtre opportuniste, Philippe Nahon est effrayant de bonhomie perverse. »
François Forestier, dans Le Nouvel Obs :
- « Vincent Lannoo, réalisateur bruxellois, ne recule pas, et traite le sujet de front. Servi par une actrice inspirée, Astrid Whettnall, le film ne se perd pas en recherche de style ou en fioritures : il va à l’essentiel. C’est du cinéma de combat, efficace et poignant. »
Arnaud Schwartz, dans La Croix :
- « Vincent Lannoo voulait traiter, autour d’un sujet sensible et sous cette forme extrême, d’un “aveuglement de la foi” qui peut mener à l’injustice et aux extrémismes. Son film pourra légitimement choquer. Au-delà des scènes granguignolesques, Au nom du fils laisse pourtant filtrer une gravité et un propos plus intéressants que sa forme ne le suggère. »
Caroline Vié, dans 20 Minutes :
- « Entre film de genre et dénonciation, Au nom du fils trouve un ton original et séduisant. Son dénouement d’une cruauté incroyable est l’un des plus surprenant qu’on a vu depuis longtemps. »
Goeffrey Nabavian, dans Toute La Culture :
- « Belge, corrosif, intelligent, et très bien mis en scène : ainsi apparaît, dans toute sa blancheur maculée de rouge, le nouveau film de Vincent Lannoo. Laissez-vous surprendre par ses gags sans compromis, très noirs, vecteurs d’une réflexion ouverte bien comme on aime. »
Sandra Benedetti, dans StudioCiné Live :
- « Cette farce sanglante et réjouissante sur la religion aurait mérité plus de développement. »
Laure Croiset, sur ToutLeCiné.com :
- « Dérangeant, Au nom du fils est un film à 100 % belge, en cela qu’il n’hésite pas à nous bousculer dans nos convictions les plus profondes en flirtant avec le burlesque, à la manière d’un C’est arrivé près de chez vous. Animée par la performance ébouriffante de la magistrale Astrid Whettnall, cette comédie noire provoque le rire sur un terrain aussi glissant que la pédophilie et le racisme. […] Étrange, mais efficace. »
Sandra Benedetti, dans L’Express :
- « Vincent Lannoo signe ici un film à l’emporte-pièce, une dénonciation de la bigoterie qui, par son outrance, manque sa cible. »
Noémie Luciani, dans Le Monde :
- « Le film, qui reste imparfait à plus d’un égard, souvent plus maladroit que ses intentions, ne tient pas moins son engagement avec un souffle inattendu au regard des difficultés de l’entreprise : il pose les bonnes questions, ou du moins repose avec des mots nouveaux les questions qu’on est peut-être las de se poser. »
Gilles Renault, dans Libération :
- « Mais, de bonne facture et fort bien épaulé par la composition d’Astrid Whettnall, tour à tour stoïque et déterminée, il se révèle aussi plus subtil qu’il pourrait y paraître dans sa façon de faire tomber tout son petit monde de Charybde en Scylla. »
Christophe Chabert, dans Le Petit Bulletin :
- « Décoiffant, le film est aussi passablement débraillé, seulement guidé par une pulsion anarchiste et hardcore qui jette au feu la rigueur scénaristique et la remplace par un mauvais esprit salvateur. La scène finale, moment d’apaisement et de retour à la réalité, pose toutefois une lueur d’espoir et de raison au milieu du chaos obscurantiste : au lieu de chercher ce qu’il y a au-delà du ciel, il n’y a qu’à en contempler humblement la splendeur terrifiante. »
Commentaires
En 2002, à propos de son premier film Strass, Vincent Lannoo expliquait :
- « Je ne donne pas les questions et les réponses. Je pose les questions sans apporter de réelle réponse, aux spectateurs de le faire. Si on peut faire rire, suivre une histoire avec intérêt et susciter des questions, le pari est gagné. »[2]
Brève opinion de Zacharie Chasseriaud (Jean-Charles) : « Le film est bizarre ».
Lors de la sortie d’Au nom du fils en France, le 7 mai 2014, les réactions sur le forum francophone La Garçonnière se sont limitées à une demi-douzaine de brèves interventions, sans analyse détaillée, ni réflexion en profondeur (messages 359024, 359025, 359026, 359058, 359068, 359142 — les autres messages de cette file concernent des sujets différents). Un seul de ces posteurs semble avoir compris que le film « loin d’être inintéressant […] fait passer un message que l’on peut interpréter d’une façon plutôt à notre avantage ».
Récompenses
- Absurde Séance 2013 : Prix du public
- Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2013 : Méliès d’argent du meilleur long métrage européen
- Magritte 2014 du meilleur espoir masculin pour Achille Ridolfi
Voir aussi
Articles connexes
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des fichiers multimédias sur
Au nom du fils
Notes et références
- ↑ « Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité ; et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ; vous êtes encore dans vos péchés. Par conséquent aussi ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. » Paul, 1 Corinthiens 15:16-18 (trad. de la Bible de Jérusalem).
- ↑ « Lannoo et Lekeux, Strass sans paillettes » / entretien par Jean-François Pluijgers, in La Libre Belgique, 24 septembre 2002.