João Cidade

De BoyWiki
Version datée du 20 octobre 2019 à 21:40 par Calame (discussion | contributions) (Création de la page "João Cidade")
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Cet article est une ébauche. Vous pouvez aider Boywiki en l’améliorant.


Saint Jean de Dieu portant un enfant
ill. pour le livre San Juan de Dios, 1969

João Duarte Cidade, né le 8 mars 1495 à Montemor-o-Novo (Portugal), mort le 8 mars 1550 à Grenade (Espagne), est un saint portugais plus connu sous le nom de saint Jean de Dieu (São João de Deus en portugais, San Juan de Dios en espagnol). Fondateur en Espagne de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Dieu, il fut canonisé en 1690.

De son enfance à sa mort, toute la vie de Jean de Dieu est traversée par la figure du garçon : lui-même d’abord, enfant puis adolescent ; l’Enfant Jésus ; les garçons qui se moquent de lui dans les rues de Grenade ; et enfin les petits miséreux ou orphelins qu’il secoure. Il pourrait aussi en avoir connu d’autres, de façon moins « vertueuse », notamment au Maroc.

L’époque

João Cidade est l’exact contemporain du souverain ottoman Soliman le Magnifique, né le 27 avril 1495 et mort le 7 septembre 1566. Cette époque est agitée de nombreuses convulsions guerrières et religieuses, de découvertes exceptionnelles, d’un grand renouveau de la pensée et des arts.

Ceuta a été conquise par le Portugal en 1415. Gutenberg meurt en 1468. En 1477 la prise de Nancy met un terme à la guerre de Cent Ans. En 1487 Bartolomeu Dias double le cap de Bonne-Espérance.

En 1492, trois ans avant la naissance de João Cidade, la Reconquista espagnole s’achève par la prise de Grenade, dernier royaume musulman d’Espagne. La même année, Christophe Colomb découvre l’Amérique.

Les dominicains Savonarole et Torquemada meurent en 1498, année où Vasco de Gama arrive aux Indes. Le 22 avril 1500, Pedro Alvares Cabral aborde au Brésil et en prend possession au nom du roi du Portugal Manuel Ier (1495-1520).

[Section à réviser et à trier]

Les vies d’un saint

Saint Jean de Dieu et les malades
image pieuse

João Cidade eut tour à tour plusieurs vies très différentes : enfant, vagabond, berger, soldat, libraire, fou, religieux…

Ses biographies sont également fort diverses, depuis la première écrite une trentaine d’années après sa mort, et qui ne dissimule pas certains aspects étranges, voire énigmatiques, jusqu’à des hagiographies tardives, dont l’objectif est plus de façonner la légende d’un saint que de respecter la vérité historique.

Cette vérité, il est difficile aujourd’hui de la reconstruire : manifestement João Cidade n’a jamais voulu tout raconter de son enfance et de sa jeunesse. C’est pourquoi la prudence, sur certains points, commande de s’en tenir à des questions et à des hypothèses, plutôt que de prétendre apporter des réponses précises. Mais encore faut-il oser poser clairement ces questions, proposer ces hypothèses, au lieu d’afficher un conformisme assez peu crédible.

Enlevé à huit ans par un gyrovague

João Duarte Cidade, fils d’André Cidade et de sa femme Teresa Duarte, naît en 1495 à Montemor-o-Novo au Portugal, au sein d’une famille pieuse autrefois aisée, mais appauvrie.

En 1503, à l’âge de huit ans, il disparaît avec un clerc inconnu que sa famille venait d’héberger. Sa mère, minée par l’angoisse et le chagrin, meurt vingt jours plus tard. Son père se retire dans un monastère franciscain de Lisbonne, où il mourra en 1520.

Qui est ce mystérieux clerc, apparu soudainement, et presque aussitôt reparti avec le jeune garçon ? Le petit João l’a-t-il suivi de force (ce qui est peu vraisemblable) ? Ou a-t-il été séduit par sa personnalité ? Peut-être aussi souhaitait-il fuir la fermeture d’esprit d’une famille dévote…

C’est en tout cas la première manifestation d’un trait de caractère qu’il gardera toute sa vie : l’esprit d’aventure, ce mélange de goût du risque et d’attrait pour l’inconnu qu’on trouve souvent chez les garçons attirés par les hommes.

Éduqué par un « homme de bien »

On ne connaît rien de la vie de João au cours des quatre années suivantes : il reparaît en Espagne à l’âge de douze ans, en 1507. Abandonné par le clerc qui l’avait emmené ? Ou celui-ci était-il mort, ou peut-être incarcéré ? Ou le garçon s’est-il à nouveau enfui ?

Quoi qu’il en soit, il est accueilli à Oropesa (dans la province de Tolède) par Francisco Cid, dit « El Mayoral », au service duquel il devient alors berger. Il garde, dans la campagne environnante, un troupeau de moutons dont le seigneur local a confié la responsabilité au Mayoral.

L’aventure militaire

À l'âge de 28 ans, en 1523, João s’engage dans l’armée espagnole et participe à de nombreuses guerres, la dernière en 1532 dans l’armée de Charles Quint contre les Turcs. C’est pour lui une rude expérience.

Abandonnant la vie militaire, il redevient berger à Oropesa, à Séville, à Ceuta et à Grenade.

Malgré sa pauvreté et son manque de relations sociales, João refuse d’épouser la fille du Mayoral, que celui-ci lui proposait. Que signifie cette générosité, de la part d’un homme qui l’a élevé depuis ses douze ans, et peut-être même avant ? Surtout, pourquoi ce refus d’un mariage particulièrement avantageux ?

Attiré par la société islamique

Alors qu’il travaille à la construction des remparts de Ceuta, João est frappé par la conversion à l’islam d’un de ses amis. Très tenté de le suivre, il s’en ouvre à un prêtre, qui lui conseille fortement de retourner sans délai en Europe.

Ce désir de conversion pose question. Le motif était-il purement religieux — ce qui est difficilement imaginable ? João n’avait-il pas plutôt pour but de s’intégrer dans la société musulmane du Rif, traditionnellement très tolérante à l’égard des pratiques pédérastiques ?[1]

Converti par l’Enfant Jésus

Jean de Dieu et l’Enfant Jésus
image pieuse, 2014

Après de nombreuses vicissitudes, João rentre chez lui. Mais apprenant que ses parents sont morts, il décide de repartir. Il fait peut-être le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui aurait exalté son esprit religieux.

La légende dit qu’un jour, ayant secouru un jeune garçon pauvre, celui-ci se révéla être l’Enfant Jésus, qui lui tendit une grenade en affirmant : « Grenade sera ta croix ».

Un grand pécheur

Lors de sa conversion, João s’accabla d’accusations et de pénitences très lourdes. De quoi s’estimait-il donc à ce point coupable ? Selon ses biographes, il n’était ni meurtrier, ni voleur, ni particulièrement porté vers les femmes.

Le libraire

Le « fou » de Grenade

À Grenade, ayant entendu les sermons du père Jean d’Avila, João confesse publiquement toutes les erreurs de sa vie passée. Pour clairement montrer son repentir, il parcourt la ville en se frappant la poitrine avec des pierres et en salissant son visage avec de la boue. On dit même qu’il aurait divagué nu dans les rues, où des groupes de garçons se moquaient de lui…

Vu son état, il est déclaré fou et interné dans un hospice, où il reste de nombreuses années.

Au service des pauvres et des orphelins

Saint Jean de Dieu (détail)
Agapit Vallmitjana i Barbany, 1883

Documents secrets

À ce jour, plus de trois siècles après l’avoir proclamé saint, l’Église catholique refuse toujours l’ouverture au public des pièces du procès en canonisation de Jean de Dieu.

Représentation artistique

Saint Jean de Dieu secourant les malades dans l’incendie de l’Hôpital Royal
Manuel Gómez-Moreno González, vers 1880

Saint Jean de Dieu est souvent représenté avec un ou plusieurs jeunes garçons, que ceux-ci soient sujets principaux ou accessoires de l’œuvre.

Voir aussi

Bibliographie

  • Historia de la vida y sanctas obras de Iuã de Dios, y de la instituciõ de su  ordê, y principio de su hospital / côpuesta por el Maestro Frãcisco de Castro. – Granada : Antonio de Libríxa, 1585.
  • San Juan de Dios : primicias históricas suyas / dispuestas y comentadas por Manuel Gómez-Moreno. – Madrid, 1950.

Articles connexes

Notes et références

  1. Voir en particulier Le Maroc inconnu d’Auguste Mouliéras.