Paysage de fantaisie (14)
et si vous pensez qu’ils ne sont pas respectés,
veuillez le faire savoir à la direction de BoyWiki,
qui mettra fin dès que possible à tout abus avéré.
cabanes je m’en fous maisons orages dortoir non chat non cuisses non garçons
garçons chiant
non il y a un drap dressé comme une tente canadienne les deux mâts deux têtes deux enfants en pyjama face à face assis sur les talons une lampe de poche dont le halo jaune se déplace ils gesticulent ils se font peur lampe sous le menton tête de mort dents rire sourcils froncés
moi
attaché nu avec des fils d’acier coupants
avec du fil de fer barbelé électrifié chaque pointe s’enfonce d’un demi-centimètre dans ma peau le courant passe grésillements piqûres court-circuit la lampe s’éteint on entend mon cri dans le noir les enfants ont peur jour éclairs lumière blanche éblouissante cris
ma coquine dis-moi
jusqu’au moment où déplacé encore déplacé torturé encore absent cherche-le impossible de rester dans cet état une grille du trottoir air chaud
ma tête sait tourner
peut-être couché mais si plat que je ne sens pas qu’on me marche dessus et personne ne s’en doute une ville un métro
mets-toi là et chie
orage chute de pierres à plein ciel gueule cassée elle réapparaîtra ainsi ou autrement pierres trajet vertical grosseur de deux ou trois pavés mais forme irrégulière choc crâne broyé toujours intact broyé intact la lumière jaunit
d’autres attachés sur d’autres chaises à côté de moi ils sont déjà morts ce sont des enfants laids dont la tête tombe ils sont nus crevés nus sans trace de torture sauf des traînées noires matraquage pas de douleur subtile un écrabouillement et des craquements d’os
profil de la cuisse et du ventre et à leur jointure deux plis de peau courts dodus s’évasant ventre ballonné ils ne sont ni secs ni morts ils dorment empalés sur des couteaux de boucherie désincarnation extase ils rient silencieusement comme des idiots mystiques
sucre d’orge dans le cul sucre jaune citron et rouge framboise sucres enroulés en spirale achevés en pointe de succion sucée très pointue pour se piquer le doigt piquer les joues du voisin dire regarde comme ça pique répondre aïe et sucer de plus belle et dire regarde le mien il pique bien plus
le sien il manque cela et je parlerai détachez-moi rendez-le-moi je dirai tout les fesses bleues les joues vertes les gifles les zizis tout ce qui plaît à entendre à voir à vivre je le dirai mais il faut que je bouge mange respire et qu’on m’aide à y croire
on ne me touche pas les liens tiennent et me scient
pas de témoin pas de bourreau ils me préparent et s’en vont au cinéma séance de quatorze heures film de guerre sous-marins vagues vertes torpilles commandant à sa passerelle il observe dans ses jumelles un périscope qui émerge l’air de la mer en couleurs salle de projection de l’autre côté du couloir ils louent des films sonores
le livre je ne pourrai jamais tendre la main jusque-là le saisir lire l’histoire qui attend sous la couverture illustrée garçon blond enculeur il n’encule pas actes nobles il me ressemblait miroirs parlants
et le soir j’obéis aux messieurs il combat les nazis il est mordu par leurs chiens séduit par leurs garces on l’enferme dans un sous-sol on l’interroge il brise ses liens il assomme les soldats criminels ou ses copains le délivrent il raconte qu’on l’a torturé et qu’il s’est tu les autres trempent des scapulaires dans son caca et les portent à leur chaîne de canif chef de canine ne lui donne rien il va se calmer
sa voix sérieuse presque muée ses mots à lui
plutôt une histoire de tempête corsaires naufrage un héroïque petit marin coupé à la taille par le récit et le bas du dessin rien qui lui fasse mal tandis qu’au même endroit un fil d’acier me
les chaises ne sont pas alignées
leur cou frêle d’une seule main ça craquerait rien qu’en tournant un peu ils ont de grandes oreilles
on se parle on se voit on a tous la culotte aux chevilles et le bout de bois enfoncé dans le cul chacun sa grosseur ce n’est pas un supplice on s’y installe pénard on se moque
ce froussard vise un peu comme i fait moi j’suis déjà assis
oui mais il est plus gros le mien
on parie ? ils échangent les chaises et après peu importe assis par terre pas d’édifice autour ni de paysage pas de sol dessous et personne dessus je suis enroulé en boule parfaite demeurer ainsi
impossible à rouvrir réussir ou suffoquer on me regarde mes tentatives les amusent mes genoux sont repliés contre ma tête mes mains touchent mes pieds la corde en double prend mon cou puis les chevilles puis elle passe entre les jambes enserre ma taille repart et se divise pour lier mes poignets avant de revenir sur mes reins Défais ça vas-y le seul nœud est dans mon dos une phrase qui ils l’ont dite il l’a dit j’ui ai mis l’nœud dans l’dos ils m’encourageront Attrap’toi l’nœud et tu gagnes
je n’essaie pas de me libérer je me couche sur un côté ils sont mécontents ils me battent je ne bouge pas je ne suis pas leur singe ou leur ballon aucun n’a passé treize ans les rajeunir
mon âge ou d’autres âges des étrangers
le sol de la cave est un bon ciment lisse balayé très froid j’y dormirais s’ils s’en allaient
ma coquinette
on se plaignait à cause des chaises on est bien assez habitué qu’on nous encule il faut réserver ça aux nouveaux nous n’importe quelle bite ça y va pas de chaises obscènes sauf un jeu ils s’asseyaient au réfectoire en faisant mine qu’un truc leur rentrait dam le cul on crie ouillouillouille ils comprennent qu’on a été enculé par un client c’est le code les clients enculent peu ils n’ont pas la patience ils jouissent sur la fente on serre exprès et ceux qui foncent dur on se défile ils n’ont pas le droit d’être brutaux on en profite ils réclament qu’on nous entraîne elle répond Ils s’entraînent bien tout seuls c’est plutôt des manières avec vous pour y couper
forcément des manières les pipes aussi nous on se les taille salées mais avec les clients on prend la petite tête pour qu’ils promettent Je ne jouirai pas je te préviendrai seulement quand le jus vient ils oublient et dès qu’on devine on s’écarte ils déchargent en l’air c’est raté pour eux
une douzaine de lits au grenier certains grands d’autres non
ils payaient et revenaient quand même ils sont dingues et les cadeaux ils n’ont peut-être pas d’enfants ils nous achètent des habits très chers on se les échange ce n’est jamais la bonne taille ils nous imaginent trop grands ou trop petits
c’est là qu’on dort les lits ne se ressemblent pas le nôtre a une cage en fer des presque gentils et des jeunes on n’en voit pas souvent ils sont moins riches dommage on se marre avec on les fait chier tandis que les vieux ils connaissent la musique il faut vraiment y passer gare à tes fesses je raconte au mouflet qu’un après-midi ici ça coûte mille dollars ils paient en dollars il est con il croit n’importe quoi mais le prix j’en sais rien ça doit sûrement être beaucoup vu la bicoque la bouffe les frusques les petits soins tout le luxe c’est juste si on n’a pas des larbins en livrée et perruque pour nous border nous sucrer nous chauffer les panards Si monsieur veut bien avaler une cuiller pour maman une cuiller pour papa Si monsieur veut bien que je lui astique l’organe on dit organe dans le beau monde je l’ai expliqué au mouflet
voilà c’est lui
celui que je crois le pire de tous et l’œuf éclate la forme s’ouvre je suis allongé je dors paisiblement je suis même éveillé ils sont sur moi la foi m’illumine m’abreuve car mes désirs volent bas rampent comme les taupes leurs tumulus dans les prés sous les pattes des vaches je les prenais pour des bouses celui que je croyais simple passage c’est un autre qui le croyait moi j’en crois un autre que celui à qui l’autre croit mais je peux d’abord être l’autre du moment qu’un crétin me souffle ce qui ne sort plus de ma gorge et sans doute n’en est jamais sorti
le grenier est très long et tout lambrissé en bois des îles
celui sous le drap on se connaît sans la bite il tire le drap il s’en recouvre il mugit et
danse comme la mer parce qu’il est en fantôme il m’attaque il me court après et une ligne de
houuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
traverse le dortoir jusqu’à la porte je me verrouille dans une douche il annonce toc
toc ? sur deux notes la seconde plus haute et il répète comme une poule qui glousse clok
clok ? cot cot ? pot pot ? top top ? clop clop ? ensuite tous les cris d’animaux qu’il sait imiter
et après chaque il me demande Ça c’est un quoi ? un cochon Non un jambon et ça ? un
ch’val Non un fiacre et ça ? un poisson rouge Non c’est mon cul
manie de pets buccaux ils n’ont pas de vrais vents je me sens bien j’entends dire bonjour d’une jolie voix
cric crac croc allez sors
d’ac mais tu recules de dix pas dans le couloir non de vingt et après tu dis ça y est
tu jures que tu sors ?
juré il est quand même un peu plus grand que moi ou il le sera moi il ne faut pas moi c’est fini
diz’neuf vingt aillet !
non t’es derrière la porte j’t’entends ! ils sont toujours plus malins que moi on est plus malin que lui pris au filet dans le drap ils s’entassent sur moi je deviens fou j’ai très peur d’être étouffé ils tordent le drap en saucisson autour de moi ils me font casser du sucre contre le parquet ils me lancent sur un lit je tourne et tourne pour me dégager je pleurais je veux me coucher mon lit est en portefeuille
ses pieds se heurtent au cul-de-sac il éprouve un saisissement il a froid aux genoux et aux fesses il sort du lit et défait tout je remets le drap bien
une vingtaine de lits à gros oreiller blanc
pas un seul garçon qui me consolerait bois de lit en ronce d’acajou chaque lit dans une stalle de palissandre et la couronne des filles de l’ogre attend sur la table de chevet
il a peur de tout c’est facile d’inventer il a horreur qu’on le déshabille on le tient à quatre on lui tatoue une tour Eiffel à l’encre sur la pine et une tête de sorcière sur les fesses on dit bonjour à la tête on la taloche on lui enfonce une pipe au bec
ça c’est de la moutarde et ça c’est mes tatanes moi je te les pends à la bite et si elles tombent je te fous toute la moutarde dans le cul t’as intérêt à bien bander compris ? il était obligé de se branler devant nous il n’osait pas
bon la moutarde ! on l’a fichu à plat ventre jambes écartées cul ouvert et il se décide on le relâche
je vais aux douches quand elle y est je reviens
non tu t’enfermerais reste debout ici ou c’est la moutarde vas-y commence peu à peu sa petite pine avec deux doigts il a trop peur elle raidit mal
va je suis bon mec qui qui veut le sucer pour l’aider ? personne ne répond
alors j’accroche les godasses ?
non pas encore attends il se branle sérieux et ça finit par marcher mais les autres T’as vu sa bille t’as vu comment i s’la tient eh i décalotte pas eh il louche eh vise ses roustons comme ça balance
vous êtes dégueulasses vous m’empêchez en plus exprès
on t’empêche de quoi on peut bien parler non ? monsieur faut pas causer quand i s’touche tiens moi j’bande ça me gêne pas
c’est pas pareil
on va pas t’attendre toute la nuit hein il a hésité puis il a repris c’est devenu bien dur
suffit amène-toi j’avais attaché mes godasses ensemble pour les pendre à son clou ça repenchait déjà
arrange ça ça baisse il s’est retâté mais trop fort il l’a brusquement lâchée Ah zut ça y est
ça y est quoi ?
ben c’est fini
quoi t’as joui ?
oui
ah le con allez tant pis la moutarde allez vite
on n’est pas méchant je lui tartine juste la fente Maintenant défense de te laver remets ton slip et tu dors comme ça ses couilles le brûlent nous dès qu’il pleure on ne le touche plus il sort se laver on croirait du caca jaune entre ses cuisses
le pire quand ils rient je ris et ils disent Oh il rit ! Quoi tu ris toi t’as pas le droit ils me giflent au dortoir au réfectoire aux lavabos au jardin partout et un soir je ne rentre pas je pars dans la forêt je rejoins une route on me découvre je suis en prison ou quelqu’un me recueille
disparaître vraiment on m’a donc amené en camion un garçon m’aime et me défend je suis beau et fier et aussi fort que les autres ils choisissent comme victime un petit garçon peureux je l’embête j’invente des idées de supplices sales je les raconte ils applaudissent et dès que j’aurai douze ans je serai un des chefs j’ai eu une dernière heure d’anxiété le directeur entre avec deux garçons chargés de me protéger parce que je suis un nouveau ils sont timides ils me conduisent au cabinet pour voir si elle est longue
le grand s’appelle Jacques Claude Robert ce sont de jolis noms au village ils ne s’appellent qu’Anselme Mathurin Ernest Désiré Nanard Innocent Gustave Anatole Firmin Gaston ou Lulu et je m’appelle Claude Bob Jacky
elle m’explique qu’il faut que je prenne l’habitude de et ce sera ce garçon-là qui et je ne le lui répète pas mais il le savait déjà on se le fait sauf qu’il se met en colère si je ris pendant et moi ça me chatouille de trop
enfin englouti je sens leur force leur poids leur obstination j’ai confiance en eux comme en des pierres qui me recouvrent ou plus gonflée qu’un ventre de parturiente une sphère à multiples naissances la forme translucide de cet oubli je n’oublie rien je suis là eux seuls maintenant eux je tâte ses poils que je trouve rêches il tatouille mon ventre d’un geste gauche il est pressé que je me retourne il va dire le mot qui l’excite